Elle tapotait l’écran tactile de son téléphone portable, connaissant par cœur le numéro de la coopérative de taxis de l’île. Toutefois, alors qu’elle s’apprêtait à appuyer sur le bouton « dial », la voix de Carlisle se fit entendre, lui sommant de ne pas faire appel à ce service de transport en commun. Visiblement, il était hors de question pour le richissime play boy de tolérer que sa compatriote aldagoon ne puisse faire usage d’un taxi comme une pauvre petite citoyenne lambda. Non. Elijah allait faire appel à l’un de ses chauffeurs et deux gardes du corps pour les accompagner, elle et Kallatriel, dans leur périple au CHU Ste-Marlène. Si Primerose appréciait cette délicate attention de prime abord, le fait qu’on la traite un peu comme une potiche fragile ayant besoin d’être enrobée dans un papier bulle l’agaçait légèrement. Enfin, après, ça découlait forcément d’une bonne intention, elle ne pouvait pas lui en vouloir réellement pour ça...
- À voir la mauvaise mine de notre compagnon ici présent, je crois qu’il aura davantage besoin de ma protection que de l’inverse, si vous voulez mon avis... Se contenta de rétorquer la beauté en jetant un regard en coin en direction de son client normalement régulier.
Oh ce n’était pas une pique qu’elle balançait à l’être céleste! Seulement, il avait vraiment l’air de vivre un sale quart d’heure avec cet étrange poison dans les veines... De toute façon, le principal intéressé ignora complètement sa réplique, se contentant de répondre au bellâtre infernal avec un ton acerbe qui ne lui était pas attribuable, d’ordinaire. Franchement, elle ne savait pas trop si elle appréciait ou pas ce changement de comportement chez l’emplumé. Ça lui faisait étrange pour dire vrai, même si elle appréciait malgré tout les mecs avec beaucoup de répartie. Si ça se trouvait, elle allait finir par s’habituer et même apprécier ce nouveau Kallatriel!
Détournant son attention du groupe, Elijah Carlisle décida de jeter son dévolu sur le mioche, troquant son apparence soignée et sexy pour celle de sa forme originelle. Cette attitude drôlement osée de sa part eut ce chic de surprendre la démone qui, avouons-le, sursauta devant tant d’audace. C’était la première fois qu’elle posait son regard sur la réelle forme de son collaborateur et, bien qu’elle n’en fut pas effrayée, elle dut malgré tout réprimer un léger frisson en constatant toute la hargne qui habitait le gentleman en cet instant précis. Pour dire vrai, ce culot incroyable dont faisait preuve à l’instant Carlisle avait de quoi lui plaire. Les aldagoons avaient une petite tendance à se reconnaître entre eux et le voir ainsi faisait vibrer les fibres démoniaques de la belle, laquelle sut malgré tout se contenir.
À priori, cette démonstration bestiale ne semblait pas trop ébranler le mioche qui se contenta de farfouiller sa cavité nasale à la recherche de petits trésors salés qui avaient ce talent de dégouter profondément la prostituée... D’autant plus que Nun effectuait cette délicate opération de forage avec SON APPARENCE À ELLE. C’était la première fois qu’une vision d’elle-même la rebutait à ce point... Et franchement, elle espérait ne plus avoir à revivre cette expérience insolite. Venait-il d’enfourner son résidu nasal entre ses lèvres?! Alors là, ça lui donnait envie de vomir! Fort heureusement, les véhicules firent rapidement leur venue, forçant la rousse à détacher son regard de la scène dégoûtante qui se déroulait sous ses yeux. Alors qu’Abraham venait de s’engouffrer dans l’un des véhicules, Nun, pour sa part (et une fois sa collation improvisée terminée), accrocha le regard de la catin et se contenta de répondre à sa question par l’affirmative, opina du chef tout simplement. Bon... Au moins, elle savait maintenant que sa copine était toujours vivante... pour l’heure.
Échangeant un hochement de tête entendu avec le trio démoniaque qui prenait place dans la première voiture, Primerose se détourna finalement et s’engagea vers le nouveau véhicule mis à leur disposition. L’un des gardes du corps était sorti pour ouvrir la portière devant la jolie femme, lui permettant de s’installer confortablement sur la banquette arrière. Enfin... confortablement était un bien joli mot, puisque Kallatriel et elle étaient coincés comme des sardines entre les deux colosses qui leur serviraient désormais de protection.
Le silence était lourd dans l’habitacle, Primerose laissant son magnifique regard vert scruter le paysage qui défilait devant ses yeux. Dans sa main droite trônait un scotch préalablement suggéré, proposition qu’elle n’avait pu refuser. Après tout, avec les événements de ce soir, elle sentait que ce genre de petit remontant ne pouvait que lui faire du bien. Pour le moment, c’était une catin bien songeuse et soucieuse qui se trouvait là, à observer la succession des lampadaires d’un air presque absent. Elle ne portait aucune attention à ce cher Kallatriel, non pas par mépris, mais uniquement parce qu’elle s’imaginait mille scénarios dans lesquels elle retrouvait Alex : certaines ayant une fin presque heureuse, d’autres étant plus grotesques les unes que les autres.
Inutile de préciser que la voix du chauffeur la fit sursauter, lorsque ce dernier annonça tout haut qu’ils étaient arrivés à destination. Zut, elle n’avait pas bu une seule goutte de son scotch... Tant pis, elle finirait le tout cul sec! Levant la main pour avaler le contenu de son verre, la beauté fut stoppée par le geste soudain que posa l’ange à son égard : il lui agrippa (sans férocité quand même) le poignet, histoire de l’arrêter. Forcément, la catin lui jeta un regard interrogateur, sursautant au passage en notant à quel point son compagnon semblait avoir de plus en plus mauvaise mine.
- Franchement, tu vas avoir besoin d’un sacré fond de teint et d’un bon cache-cernes pour te donner meilleure mine... Si tu veux, je connais certaines marques de cosmétiques qui font des miracles... Fit-elle en détaillant les traits tirés (et les yeux étranges, tiens!) de son compagnon. Il avait l’air si malade...
... Et elle comprit enfin, sans même qu’il n’ait à parler, le but de l’intervention de l’ange. Petit futé! L’homme en question était désireux d’utiliser sa piètre condition pour leur permettre d’entrer à l’intérieur du bâtiment sans attirer trop l’attention. Sourire entendu aux lèvres, l’enfant de Sullustéhan enfourna une main dans l’une de ses poches et y soutira une fiole, laquelle semblait conçue pour causer des vomissements.
- Mais qu’est-ce que tu fous à te trimballer ça dans les poches? Fit-elle en haussant un sourcil, un peu perplexe.
Bon après, c’était peut-être au cas où il croisait des gens en détresse, ayant pris de trop grandes quantités de drogues ou s’intoxiquant avec quelconque substance illicite douteuse/nébuleuse... Kallatriel était un incorrigible altruiste après tout. C’était si gentil de sa part de vouloir faire dégobiller des gens... Bref. Weird, but convenient at the time. Faisant part de son plan à la jolie démone, l’ange suggéra qu’elle utilise son verre d’alcool pour l’asperger alors qu’il ingérerait le contenu de la fiole pour se donner des airs d’ivrogne et de junkie bien défoncé. Normalement, les urgentologues se contenteraient de l’installer sur une civière, un peu à l’écart, pour lui permettre de dégriser dans un endroit « sécuritaire » avant de simplement le laisser partir dès qu’il semblerait en état de le faire. Primerose, pour sa part, n’avait qu’à être son accompagnatrice et personne ne poserait de questions. Une façon simple et efficace d’infiltrer les lieux sans trop de souci. Après, pour les gardes du corps... bah tant pis pour eux, ils n’auraient qu’à rester derrière. Visiblement, les bougres n’appréciaient pas trop cette manière cavalière de se débarrasser d’eux, mais que pouvaient-ils faire d’autre? Il était peu probable que ces deux gorilles soient autorisés à rester au chevet de Kallatriel en plus de Primerose, pas vrai?
- Brilliant! Let’s do that! S’exclama l’Américaine qui, sans attendre, lui balança simplement son verre d’alcool au visage. What? Way too soon, maybe?
Visiblement, Kallatriel ne s’était pas attendu à recevoir le tout in extremis... Primerose se contenta de hausser des épaules et somma au colosse près d’elle de se tasser, histoire de lui permettre de sortir du véhicule. Une fois chose faite, elle jeta un regard rapide au CHU Ste-Marlène... trouvant soudainement que l’endroit semblait plus lugubre que préalablement escompté. Qu’allait-il trouver lors de leurs recherches? Quelle statue macabre allait-elle encore une fois s’offrir à eux?
Kallatriel à ses côtés, la rousse hocha de la tête, alors que ce dernier s’empressait d’avaler le contenu de la fiole-qui-fait-vomir. Franchement, c’était impressionnant de constater à quel point ce truc pouvait faire effet : ce jet de vomi avait de quoi rendre jaloux n’importe quel anorexique chevronné! Si elle avait pu, elle lui aurait attribué une note de 10/10, puisqu’en plus, il avait eu la galanterie de ne pas dégobiller lamentablement sur ses escarpins (parlez-moi de romantisme à l’état pur!).
Pendant que l’ange était occupé à se vider complètement comme un arrosoir, Primerose se composa son air le plus inquiet, notant la présence de l’équipe de nettoyage qui s’affairait à la tâche un peu plus loin et qui, visiblement, venait de les remarquer. Faisant fi de son dédain évident pour la coulisse de vomissure et d’alcool qui trônait sur la veste de son compagnon, Primerose tenta de lui agripper le bras pour l’aider à se relever.
- Ça va aller, mon chou! Fit-elle d’une voix chevrotante alors qu’elle l’aidait à se mouvoir avec l’efficacité d’une tortue sous sédatif en direction de la grande porte indiquée « Urgences » en lettres luminescentes. Je vous en prie! Aidez-moi! C’est mon mari!
Encore une chance, les gorilles d’Elijah avaient quitté les lieux avec la voiture, se garant plus loin dans le processus. Le duo insolite demonico-angélique[NOTE : avouez que vous ne connaissiez pas ce terme! AH!] avait heureusement attiré l’attention des employés en sous-traitance du CHU Ste-Marlène, lesquels s’étaient approchés par curiosité ou souci de prêter main-forte.
- Il... Il était en soirée avec des potes pendant que je sortais avec des copines... Ils l’ont retrouvé comme ça dans les toilettes du bar et ils m’ont appelé... Ils étaient tous trop bourrés pour l’assister... Je vous en prie, aidez-moi à le faire entrer à l’intérieur! Pour dire vrai, Kallatriel jouait à merveille les ivrognes! À croire qu’il en connaissait un rayon sur le sujet... Non mon amour! On ne rentre pas à la maison! Tu dois voir un médecin, je ne t’ai jamais vu comme ça... Non, ne vomis pas sur la dame, ne vomis pas sur la... Oh bon sang, je suis désolée! Elle avait même réussi à faire rouler des larmes d’inquiétude sur ses joues. Angelina Jolie pouvait se rhabiller avec son petit jeu d’acteur, va!
En contrepartie, quel magnifique jet effectué en toute crédibilité! Ça, c’était du talent! Fort heureusement, le tout fut suffisamment convainquant pour que deux types acceptent de porter son ivrogne de mari à l’intérieur, suivi de près par une Primerose qui avait du mal à contenir toute son inquiétude et ses pleurs.
À partir d’ici, les choses risquaient de se corser...
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I'm bulletproof, nothing to lose Fire away, fire away Ricochet, you take your aim Fire away, fire away Shot me down but I won't fall I am titanium
Elijah eut le temps de voir Nun hocher de la tête pour répondre à la question posée par Primerose. Au moins, mademoiselle Vesperati était vivante. Mais pour combien de temps ? Si ce qu’on racontait à propos de la « mère » de l’adolescent était vrai, il était surprenant que son employée respire toujours. À moins que la démone n’ait un plan particulier en tête, une mise en scène élaborée afin de créer une pièce maîtresse visant manifestement à attirer l’attention du milliardaire. Sinon pourquoi avoir choisi l’Éden ? Depuis bien longtemps, l’homme d’affaires ne croyait plus aux hasards. Il savait qu’avec suffisamment de préparation et des ressources, tout était possible. Il ne doutait pas un instant que son adversaire soit en possession des moyens qui lui permettraient de parvenir à ses fins. Si l’entrepreneur usait de son intelligence, de son charme et de sa sournoiserie, « maman » possédait quant à elle des capacités physiques qui lui permettaient de mettre hors d’état de nuire n’importe quel humain. Et sans doute n’importe quel Adlagoon. Quoi qu’il en soit, bien que plus fort qu’un être humain, Elijah n’était pas ce qu’on considérait un homme fort si on le comparait à d’autres démons. Sa force, c’était son intellect, sa connaissance, pas ses bras. Il se douta bien que s’il voulait avoir une infime chance de survivre à l’artiste qui avait décidément choisi d’établir sa résidence à l’Éden, il allait devoir être plus rusé qu’elle.
Knowledge is power, se plaisait-il à se répéter. Pourtant, les informations que l’on possédait à propos de « maman » s’avéraient bien maigres. En fait, une source d’informations possible venait tout juste de prendre place à ses côtés dans le VUS. Le démon prit une grande inspiration pour retrouver son calme. Le môme lui tapait sérieusement sur les nerfs, mais il fallait se rendre à l’évidence. Il était l’informateur dont il avait besoin s’ils voulaient tous s’en sortir vivants. Il ne tenait pas particulièrement à mourir ce soir, récupérant à peine d’une cuite. Le début de la soirée lui paraissait si loin. Et dire qu’il aurait pu rencontrer « maman » s’il était resté plus longtemps au club. Un frisson lui parcourut l’échine sans qu’il puisse l’empêcher. Il ferma les yeux et tenta de se calmer. Il ne devait pas laisser la colère prendre le dessus. Cela ne le conduirait nulle part. Il avait bien remarqué que sa petite démonstration n’avait absolument rien provoqué chez le mioche. Cela ne voulait dire qu’une seule chose : sa mère était beaucoup plus terrifiante que lui. Et cela ne le rassurait en rien, puisqu’il savait que son apparence démoniaque était en général plus horrifiante que celle de beaucoup de ses congénères. Fucking hell. Dans quoi s’était-il embarqué en décidant lui-même de s’impliquer dans la recherche de mademoiselle Vesperati ? Certes, il avait beau se dire que la démone aurait probablement tout de même choisi l’Éden pour son « exposition », mais il ne pouvait s’empêcher de se dire qu’elle les surveillait sans doute et que le choix de l’Éden était le résultat de son implication personnelle.
Devant lui, sur la banquette de son VUS privé, Abraham, son fidèle assistant, discutait avec l’équipe en charge d’obtenir les vidéos de la boîte de nuit. Fidèle à son mantra, il était hors de question qu’il se pointe dans son club sans avoir au moins un aperçu de ce qu’il pourrait y trouver à l’intérieur. Elijah garda le silence pendant que son second continuait son appel téléphonique. Il révisait dans sa tête les meilleurs scénarios à mettre en place pour ce qui l’attendait dans quelques minutes. Il avait déjà décidé que de faire une démonstration de force ne ferait qu’attiser le désir de « maman » de tous les massacrer. Après tout, n’y avait-il pas là quelque chose de poétique ? Elijah Carlisle retrouvé mort dans son club [ajouter ici mise en scène macabre choisie par la « mère »]. N’importe qui d’un tant soit peu intelligent verrait là la beauté dans l’ironie de la situation. Et puis, même s’il n’avait généralement pas tellement de scrupule à sacrifier des humains pour ses conquêtes personnelles, il n’allait tout de même pas faire exprès de les donner en pâture à la prédatrice.
La voix d’Abraham le tira de ses pensées, comme cela arrivait si souvent. Ainsi, mademoiselle Vesperati se trouvait désormais à l’Éden. Il s’en était bien douté lorsque Nun avait dit qu’elle ne se trouvait pas au CHU et que son second avait reçu l’appel concernant sa boîte de nuit. Nun avait-il envoyé Primerose et Kallatriel sur une piste qui ne mènerait à rien ? Si oui, pour quelle raison ? Le téléphone portable d’Abraham apparût dans son champ de vision. Les premières captures d’écran venaient de lui être transmises. La première photo lui fit serrer des mâchoires. Enfin, il pouvait voir à quoi ressemblait « maman », si c’était bien elle. Pourtant, le frisson qui accablât Nun, assis à ses côtés, lui confirma qu’il s’agissait bien d’elle. La seconde image le prit par surprise et il fallait dire que cela n’arrivait pas souvent. Il cligna des yeux à plusieurs reprises pour s’assurer qu’il n'hallucinait pas. Était-ce vraiment Sélène Salvatori, la maire de Roanapur ? What the fucking bloody fuck ?
« Madame la Maire, murmura-t-il d’une voix suave, mais que faites-vous dans mon club en compagnie de cette démone ? »
Il croisa le regard de son bras droit qui semblait tout aussi perplexe que lui.
« Contactez toutes nos équipes d’informateurs. Je veux connaître le lien entre madame la Maire et cette démone. Et je veux recevoir l’information sur mon téléphone portable en même temps que vous la recevrez. »
Il se mit à réfléchir un instant. Il lui fallait toute l’aide possible. Avec un soupir découragé, il regarda Abraham.
« Dites à quelqu’un de contacter ce Tony. Il a dit qu’il serait utile derrière un ordinateur, et bien qu’il participe à la recherche d’informations. Trouvez son prix et arrangez-vous pour qu’on puisse le payer – idéalement en n’impliquant pas mademoiselle Primerose sans son consentement. »
La présence de madame la Maire sur les lieux du crime en compagnie de « maman » signifiait non seulement qu’elle était au courant de sa présence sur l’île, mais qu’elle l’aidait. Une conclusion logique se fit dans l’esprit du milliardaire : Sélène Salvatori était ne Adlagoon. Une hypothèse se forma ensuite : et si les deux she-devil avaient entrepris un partenariat quelconque ? Mais dans quel but ? La voiture allait bientôt s’arrêter devant le club. C’était maintenant qu’il fallait partir à la pêche aux informations.
Elijah prit un petit moment pour détailler l’adolescent qui – étonnamment – n’avait pas pipé mot depuis le début du trajet. Il chantonnait à présent une chanson, plus pour lui que pour les autres, contrairement aux autres refrains qu’il avait entonnés plus tôt dans la soirée. L’entrepreneur se souvint alors de son hypothèse que les chansons consistaient en des indices. Qu’avait-il déduit jusque-là ? Un désir de liberté, d’émancipation face à sa mère ? Les paroles qu’il chantait à présent renvoyait certainement à celle qu’il qualifiait de « maman », surtout après le frisson qui l’avait parcouru lorsqu’il avait aperçu la photo sur le portable d’Abraham. Manifestement, Nun n’avait aucune envie de se retrouver auprès de sa mère.
L’entrepreneur ouvrit un compartiment qu’il se trouvait incrusté dans le siège entre lui et Nun. Ses voitures étaient toujours parfaitement équipées. On pouvait y trouver de l’alcool, des bouteilles d’eau, mais généralement aussi des barres de chocolat, l’un des péchés mignons du milliardaire. Il en choisit une au hasard et la tendit à l’adolescent démoniaque, puis se para de tout le calme et l’amabilité dont il était présentement capable.
« Écoute Nun, je sais que tu n’as aucune envie d’entrer dans ce club et de revoir ta mère, alors je ne t’obligerai pas à le faire si tu n’y tiens pas. En retour, j’aimerais bien qu’on cesse de jouer quelques instants. Je pense que tu as bien saisi que je n’ai pas d’autre choix que d’aller rencontrer ta mère dans ce club et j’aimerais bien en ressortir vivant. Est-ce que tu aurais des informations à me donner pour que ta mène de m’ajoute pas à sa collection artistique ? »
Déjà, l’adolescent avait accepté la barre de chocolat, ce qui semblait déjà un bon signe. Soudoyer le mioche avec de la nourriture avait fonctionné au début de la nuit, il espérait que cela donne encore des résultats positifs. Il tiendrait sa parole, si Nun ne voulait pas entrer dans le club, il ne l’y obligerait pas. Il était un gentleman après tout et il se doutait bien que le môme était vulnérable en ce moment, ce qui constituait l’instant parfait pour essayer d’obtenir des informations.
Nun n’avait pas encore répondu à sa question lorsque la voiture se gara devant l’Éden. Toutefois, contre toute attente, il descendit de la voiture en compagnie d’Elijah, Abraham et les deux gardes du corps. Tout était noir sauf l’enseigne qui brillait encore. Il nota rapidement les traces de pas incrustées dans le béton. « Maman » était définitivement plus puissante physiquement que tous les membres de cette petite escouade. Cela lui confirma qu’il ne faudrait pas employer la force brute comme première offensive : ils payeraient de leur vie. De l’entrée, on pouvait déjà voir les silhouettes statufiées. On n’avait pas été capable de les identifier encore. Mais que foutaient ses équipes ?
« A-t-on des nouvelles de Primerose et Kallatriel ? », demanda-t-il à Abraham.
Se composant un visage autoritaire, il s’adressa à ses hommes.
« Gardez vos révolvers dans leurs étuis. Laissez-moi d’abord lui parler. Je ne veux aucune manifestation de violence ou de force, me suis-je bien fait comprendre ? Si quelqu’un tire sans mon consentement, il le regrettera amèrement. »
Son ton était dur et ne donnait pas lieu de discuter. Des « Compris Monsieur Carlisle » retentirent et il fut satisfait. Puis, il se retourna vers l’adolescent.
« Et bien Nun, si tu as des informations importantes, c’est maintenant que j’aimerais beaucoup les entendre. Si tu veux retourner dans la voiture ou bien quitter les lieux, libre à toi. Mais j’aimerais bien avoir un as dans ma poche lorsque je jouerai au jeu que ta mère a planifié. »
Et finalement, il entra dans le club. La dernière partie allait commencer.
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« The kid has got a darkside, Best believe it Push too far you'll see The kid has got a darkside, Back against the wall La la la la la The kid has got a darkside, Best believe it's the Last trick up his sleeve The kid has got a darkside, That you don't wanna meet at all. »
Ça n'allait pas du tout, décidément ça n'allait pas du tout.... Kalla coincé côté fenêtre, dans le véhicule aimablement prêté par Sir Elijah bellâtre faux-cul, était séparé de sa partenaire par deux colosse assis au milieu sur la banquette arrière.
Cet interlude un peu particulier faisait baisser ses ressources d'adrénaline, et maintenant qu'il se posait pour la première fois depuis le début de cette aventure, il commençait petit à petit à ressentir toute la puissance des effets de la morsure du petit Adlagoon couler dans ses veines.
Il avait l'impression d'être fiévreux et de faire des crise d'arthrite sévère, de plus, les os de son bassin lui faisait mal, comme si il avait été tamponné par une voiture au niveau d'un passage piétons et que ses fémurs et crête iliaque avaient volé en éclat.
Il avait aussi l'impression d'avoir une puissante rage de dents, qui le faisait saliver en abondance. Si il continuait à saliver comme ça, il risquait d'avoir des envies de vomir.... En parlant de vomit. Il se souvint soudain, qu'il lui restait une petite fiole de vomitif, qui pourrait s'avérer fort utile dans ses poches-médicales. Il y avait aussi dans ses dites poches, des médocs pour calmer les crises d'hypoglycémie sévère, des aspirines, du désinfectant et un kit pour recoudre des plaies..... déformation professionnelle bonjour....
Les vomitifs avaient été ajoutés récemment à sa trousse de fortune, ce n'était pas quelque chose qui d'ordinaire ce serait retrouvé sur lui, si il n'avait pas dû faire face à des circonstances bien inhabituelles et très spécifiques....
Récemment sur l'île paradisiaque une drogue de fêtard qui s'appelait « dreamless slumber » (qui n'était parfois pas si dreamless bien au contraire) avait fait son apparition sur les plages de la Lagoon Promenade proche de chez lui. La consommer était basiquement comme s'adonner au jeu de la roulette Russe. Un môme sur dix sur l'île en mourrait, et apparement c'était ça le thrill of it....risquer sa vie....
Cette drogue était parfois spiked avec un composant hautement chimique bien plus ravageur, et la personne ciblée se retrouvait avec des visions intense, comme un feu d'artifice de neurones avant le grand final.
Kalla avait été le malheureux témoin de ce phénomène. Et s'étant senti grandement impuissant quand le spectacle avait conclu sur une fin tragique, s'était juré d'intervenir le plus possible, dans cette histoire et d'en faire son cheval de bataille.
Apparement cette drogue d’ingestion lente et qui se prenait directement par voie orale, siégeait un temps dans l'estomac avant d'exploser dans tout l’organisme dans un cas sur dix, et rendait les jeunes léthargiques pendant les premières 30 min.
Il en avait retrouvé un ou deux, de jeunes « navires » échoués sur la plage, et avait décidé d'intervenir, avec l'aide des secours de côte, arrivant un peu plus tard pour des transport illico-presto à l'hôpital.
Ok.... Il avait donc que cette option sous le bras, qui était loin de le réjouir, l'idée même de se vider devant Primerose le rendait déjà rose de honte. Mais le CHU-Sainte Marlène était une forteresse impénétrable, il le savait bien.
Quant à passer la barrière de la porte, il n'y avait qu'un seul moyen.... Un geyser foudroyant....
-CHU Sainte Marlène!
Avait annoncé le chauffeur, tirant les deux surnaturels de leurs pensées.
Ok c'était le moment pour l'ange de faire part à la belle dame de son plan. Au moment ou la jeune femme allait faire un mouvement du coude pour vider son verre cul-sec, Kalla, l'agrippa par l'avant bras, sans mettre trop de pression mais tout de même immobilisant son geste. Au moment ou la belle se retournait pour lui faire face un peu perplexe, il lui lança un regard sans équivoque.
- Franchement, tu vas avoir besoin d’un sacré fond de teint et d’un bon cache-cernes pour te donner meilleure mine... Si tu veux, je connais certaines marques de cosmétiques qui font des miracles...
Elle mis un peu de temps à comprendre, mais en regardant une seconde fois ses traits tirés, elle attrapa l'idée au vol. Il sortit la fiole de son veston et la tendit devant ses yeux.
- Mais qu’est-ce que tu fous à te trimballer ça dans les poches?
Trop long à expliquer, il sauta se détails pour aller à l'essentiel.
-Notre seule porte d'entrée est les urgences, impossible de passer la porte principale. Si j'arrive dans cet état aux urgences, rien que l'état de mes yeux vont donner envie aux médecins de me faire un full-check-up. Il nous faut un subterfuge -agitant la fiole et montrant l'étiquette à Prime- quelque chose de suffisamment répulsif pour qu'ils aient envie de nous refourguer dans un coin. Croyez-moi je connais les urgences, si j'arrive avec l'apparence d'une grosse cuite, une fois hors de danger, ils vont me mettre dans une chambre à l'écart pour dégriser, vous pourrez me tenir compagnie. Nous aurons champ libre.... Croyez-moi ça ne me plaît pas bien mais qu'elle autre option avons nous? -Puis la regardant un peu ironiquement d'un air plus qu'entendu- Que vous la buviez à ma place?
- Brilliant! Let’s do that!
La jeune femme avait bien évidemment omis la dernière remarque du pauvre homme et pour toute autre réponse elle lui balança son verre en pleine figure.
- What? Way too soon, maybe?
What??!! Mais c'était un peu abrupte quand même! Il avait été pris par surprise! Il ne s'attendait pas à recevoir ça en pleine pomme à l'intérieur de la voiture! Il pensait qu'il aurait quand même un peu le temps de rassembler son courage et d'y penser à deux fois, mais apparement, si il avait eut envie d'avoir le loisir de changer d'avis, Primerose avait fait le choix pour lui.
Il la suivit sortant de la voiture encore tout perlé de gouttelette de Scotch. Et il posa enfin ses yeux sur l'immense édifice de style nouveau qu'était le CHU Sainte-Marlène, qui s'érigeait comme un titan en face d'eux. Cet hôpital l'avait toujours mis mal à l'aise.... Il avait l'impression qu'il pouvait l'engloutir à chaque instant.
Il était maintenant temps de mettre leur plan à l'oeuvre, il n'en avait absolument pas envie! Ça pomme-d’Adam se serra au moment ou il dé-bouchonnait la fiole. Alea jacta es.... et il engloutit le contenu d'un trait.
Il ne fallu pas longtemps pour que le liquide frappe son estomac, il fut pris de spasme et senti immédiatement tous le contenu de son estomac se soulever de manière incontrôlable. Il ne pouvait plus le contenir, et à vrai dire il ne chercha pas! Il se pencha immédiatement en avant pour contrôler la direction de cette explosion presque volcanique et très coloré! Évitant de justesse les escarpins de Primerose.
Si il ne se souvenait plus de ce qu'il avait mangé la veille, là, il avait des relents de flashback très suggestifs avec beaucoup de matière! Et apparement ça n'avait pas l'air de vouloir s'arrêter là.
Il avait à peine le temps de prêter attention aux manigances de Primerose, tellement la douleur était saisissante, il espérait simplement qu'elle ait un scénario tangible, pour leur éviter tout soupçons.
La jeune femme attrapa sa manche d'aborde du bout des doigts, essayant de trouver une prise pas trop humide et écoeurante, elle glissa son bras sous le coude de l'ange à un endroit plutôt sec et sans trop d'éclaboussures, et l'aida à se redresser et se rapprocher de l'entrée des urgences. L'actrice hors paire pris une voie plus que chevrotante et appela à l'aide.
- Ça va aller, mon chou! Je vous en prie! Aidez-moi! C’est mon mari!
Les employés en sous-traitance furent les premiers à prêter mains forte, suivi de près par un petit groupe d'infirmières. Kalla fut très vite entouré par un petit groupe de personnes, mais une infirmière se rapprocha en premier. L’habile Primerose orienta Kalla dans sa direction d'un coup d'épaule discret, maintenant un Kalla titubant pile dans la direction voulue.
- Il... Il était en soirée avec des potes pendant que je sortais avec des copines... Ils l’ont retrouvé comme ça dans les toilettes du bar et ils m’ont appelé... Ils étaient tous trop bourrés pour l’assister... Je vous en prie, aidez-moi à le faire entrer à l’intérieur! Non mon amour! On ne rentre pas à la maison! Tu dois voir un médecin, je ne t’ai jamais vu comme ça... Non, ne vomis pas sur la dame, ne vomis pas sur la... Oh bon sang, je suis désolée!
L’habile, manigance! Kalla se retrouva volontairement nez à nez avec la jeune infirmière et dégobilla directement dans son corsage. La pauvre se retrouva recouverte de vomissures, ce qui eut l'effet de repousser toutes les autres infirmières à quelques mètres pour ne pas se prendre d'éclaboussures. C'était le baptême du feu et cela avait eu l'effet escompté, les autres infirmières considérèrent que la pauvre baptisée serait responsable de Kalla pour la soirée. Clever Primerose..... really clever.....
Avec l'aide de deux vigiles, la jeune infirmière couverte de souillures prit son courage à deux mains, et avec un long soupir de lassitude, emmena Kalla et Primerose à l'intérieur des urgences. Kalla ne s'arrêtait toujours pas de vomir, ce qui avait jeté une confusion dans la salle d'attente des urgences et une équipe de nettoyage s'empressa de nettoyer derrière leur passage.
L'infirmière installa l'ange étourdit et la jeune rose dans une chambre au bout du couloir un peu à l'écart. Après l'avoir branché rapidement à un moniteur, et à trépied avec une perfusion pour le réhydrater, elle s'adressa ensuite à Primerose.
Elle arriva au point qui lui avait été indiqué. Elle voyait la funèbre statue de cendres à quelques pas d'elle et avisa les alentours. La silhouette noire du phare se dessinait dans le ciel qui se parait du rose de l'aube. Quelques nuages moutonnaient paresseusement le ciel. L'ange s'émerveilla qu'ils lui fassent si bien penser à la Cité Mère. Elle allait pouvoir se remettre au travail.
Séréna de Sullustéhan confirma sur la Flotte Ruche qu'elle allait pouvoir poursuivre le boulot.
Une bulle orangée gonfla de ses lèvres puis éclata dans un 'poc' inaudible au milieu du vacarme des vagues s'écrasant sur les rochers entourant le phare. Scrollant parmi ses deux milles musiques, elle lança Carry You de Fleurie feat Ruelle. Allez. Encore deux mois à tirer avant de rentrer définitivement. Après les cinq ans ici, c'était rien deux mois. Pourvu qu'aucune affectation dangereuse ne lui soit donnée d'ici là. Mourir si près de rentrer à la maison serait si bête...
L'ange posa sa malle à outils au sol. Elle étudia la nouvelle statue qui lui était donnée de voir. Elle était moins impressionnante que la première, mais cette façon de s'agripper la poitrine à s'en déchirer le col était saisissant de vérité. Allez. Il fallait en faire du gravier avant de retourner tout ceci dans la mer. Ni vu, ni connu.
Enfin elle passa des grosses lunettes de protection, un masque sur son nez et des gants en caoutchouc et posa la pointe de son outil sur le corps. Deux victimes tuées d'une même main griffue démone. Avec style. Voilà qui n'était peut-être pas si commun à Roanapur... D'autant qu'elle recevait déjà un autre message pour lui annoncer qu'il y aurait sans doutes une nouvelle statue...
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Irina était nerveuse. Son service avait débuté il y a tout juste vingt minutes, et le rush qu'elle avait attendu n'était toujours pas présent. Elle trépignait d'impatience, ayant bien du mal à faire semblant de faire des photocopies pour une chambre quelconque. Sa référente de stage l'avait planté ici en lui disant de se rendre disponible... Or, tous les cas étaient déjà pourvus. N'importe qui y aurait trouvé satisfaction à bénéficier d'un instant avec soi-même sur son lieu de travail. Mais Irina n'était pas n'importe qui ! Ayant validée son cursus d'anesthésiste, elle avait tout fait pour travailler ici, sachant pertinemment qu'il n'y avait pas meilleur infrastructure sur le reste de l'île. Et la voilà qui faisait à présent le pied de grue dans l'attente d'un cas qui se présente. Un tel calme n'était pas habituel, elle le savait. Mais elle n'aimait pas attendre sans rien faire. Sinon elle repensait à Fabio, à ses bras, la chaleur de son corps et... AH MAIS QUEL CONNARD !!! Quel chien que d'avoir fini dans le lit de... Et voilà... Elle y revenait encore...
Soudain un groupe se présenta en passant les battants de portes automatiques. Le personnel et une demoiselle fort présentable soutenaient un pauvre hère à l'air aussi lessivé que ses atours à la vie manifestement trop longue. Irina s'avança aussitôt mue par l'empathie pour son prochain et son désir d'arrêter de se faire chier dans son coin, bon ! Elle s'apprêtait à s'enquérir de l'identité du malade, et du contexte ayant conduit à son état, lorsqu'elle reçu au corps une gerbe chaude de vomi à l'odeur âcre ! Splaf ! Eurk ! Tout sur le corsage ! Elle sentait les coulures liquides parsemées de morceaux non-identifiables glisser le long de son ventre et tremper sa chemise. La stagiaire ferma les yeux et poussa un soupir pour ne pas s'irriter de la situation. Cela n'était pas la faute de l'homme, cela n'était pas la faute de l'homme... Encore un coup du patriarcat blanc, ça !
Comme par magie, la référente de stage s'était téléportée là avec des collègues, mais elle lui fit signe qu'elle pouvait s'occuper de ce cas. Irina savait que ça n'était pas un cas difficile, c'était bien pour cela qu'on lui laissait ce cas. Jubilant de pouvoir mettre en pratique tout ce qu'elle avait appris, elle guida le duo improbable vers une chambre à part. Fort heureusement, ce matin il y avait de la place ! A juger des dires de la demoiselle, il s'agissait d'une banale soirée arrosée qui ne demandait qu'à ressortir d'un ventre trop plein. Au fond, l'infirmière débutante aurait espéré cas plus palpitant, mais il fallait bien démarrer avec des cas simples.
Elle installa le monsieur et fit le tour dans sa tête des procédures à suivre. Tout d'abord réhydrater l'éméché qui sinon aurait un mal de crane épouvantable dans quelques heures. Un sceau aussi pour recueillir tout ce qui ne serait pas retenu par son estomac et sa vessie. A bien y réfléchir il n'y aura pas bien longtemps à attendre avant de pouvoir le faire vider les lieux. Il faudrait qu'elle nettoie ensuite la salle pour qu'elle soit prête pour un réel cas. Tout du moins quelque chose de plus pressant.
S'affairant, elle brancha le monsieur et se présenta brièvement avant de rassurer la compagne de l'ivrogne. Elle apporta un sceau accompagnant normalement une serpillière, et pris le parti de s'absenter afin de se changer. Hors de question de soigner qui que ce soit dans cet état ! Elle précisa à la demoiselle qu'elle revenait sous peu et s'absenta, essayant d'oublier que la dégueulasserie était devenue tiède et qu'elle s'essayait à couler maintenant plus bas que sa ceinture...
Dans la chambre, le duo se trouvait maintenant en présence de matériel somme toute assez classique pour une pièce d'hôpital. Une télévision accrochée au mur dominait la pièce, et juste en-dessous une table parée de roue pour la déplacer à l'envie. Dans les tiroirs se trouvait une certaine quantité de seringues d'épinéphrine, de Propofol, ainsi que du matériel de premier secours. En dehors du lit pour Kallatriel et deux chaises, il n'y avait pas grand chose d'intéressant. Mais l'intérêt résidait dans le fait que le couloir était à leur disposition et qu'ils pouvaient déambuler en liberté à présent.
Après avoir subtilisé ou non du matériel (c'est à votre bon vouloir) le couple contre-nature chercha à se repérer dans les couloirs de l'immense hôpital. A cette heure-ci, heureusement il n'y avait que bien peu de promeneurs, et encore ceux-ci s'entendaient de loin. Le produit n'avait pas non plus fait du bien au corps angélique, mais sa compagne du moment lui donnait la force de poursuivre. Ils touchaient au but !
S'il s'avéra vite que l'ascenseur ne serait pas leur allié, l'usage d'un escalier gris et blanc leur fit descendre dans les entrailles du monde, direction les morgues du bâtiment. Malgré une structure assez large, l'endroit éclairé de ces néons blancs sans âme rendait le milieu quelque peu claustrophobe et peu engageant. Surtout lorsque l'on s'attendait à tomber sur un cadavre statue.
Une solide porte en acier devait auparavant bloquer le passage à qui ne possédait pas de clé adéquate. Mais cela, c'était auparavant. Maintenant, devant les deux surnaturels, on ne voyait plus qu'un trou béant dans le mur, avec les gonds arrachés, vestiges honteux de leur échec à empêcher un adlagoon de passer ici. Une odeur de viande cuite parvenait à leurs narines. Trois mètres plus loin, reposait sur le sol la porte blindée de soixante-douze centimètres d'épaisseur. Elle était froissée au centre, éventrée par une patte qui était passée au travers comme dans du beurre. A l'intérieur nulle lumière ne permettait de se repérer sinon au fond de la pièce, où un néon défaillant produisait une lueur timide par à coups chaotiques. Une masse sombre se dressait là.
Quelle chance que les deux individus puissent voir dans le noir ! L'endroit était rangé avec une hygiène maladive. Tout était propre à l'extrême, du bureau dans le coin à gauche, aux trois tables prévus pour étendre des corps. Le carrelage de l'endroit scintillait sous la lumière occasionnelle dans un silence pesant. La statue se trouvait bien là. Debout devant ce mur de frigos aux portes ouvertes. Sept corps occupaient les espaces pourtant au nombre de quinze. Et cette statue alors ? Il s'agissait d'un homme. D'un homme même extrêmement familier malgré la mandibule qui manquait à son visage. Figé à tout jamais, il était inondé d'or liquide qui refroidissait encore.
L'ange renégat était à genoux, et devant lui étaient posées les sucettes qu'il affectionnait tant auparavant. L'échec de son braquage l'avait condamné à mourir de l'or même qu'il n'était pas parvenu à amasser. Sans sa mâchoire, et sans sa vie, il ne pourrait plus jamais révéler ses secrets. Ni même les occupants des box dont la mandibule leur avait été aussi ôté. En y regardant de plus près, Kallatriel reconnu même l'un des visages mutilés. Une femme, la quarantaine. Pas de doutes possible, c'était l'une des deux anges disparus qui lui avaient été demandé de retrouver. La montre de son collègue envoyait toujours un signal depuis le Sins District, mais elle, il 'avait retrouvé. Restait à se demander comment faire rapatrier son corps. Bon, ça n'était pas au forgeron de la cité de le faire, mais il devrait au moins laisser un message.
Quant à la statue vomissant de l'or, il était encore gravé un message dans les coulures précieuses.
'Marchander n'a été d'aucune utilité. Alors vous avez embrassé votre dépression. Elle s'est insinuée dans toutes vos pensées, vos veines, poison distillant le nectar des fleurs du mal. En y goûtant vous apercevez alors la lumière. Est-ce l'Eden qui vous ouvre ses portes ? Il n'y a aucune place pour l'Eden des anges sur Terre. Et encore moins là où mûrissent les pêchés.'
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Abraham avait beau harceler son réseau d'informateurs, pour le moment aucun ne parvenait à tracer un lien logique entre une femme répondant au prénom de Méléna, et madame Salvatori. Elles n'avaient jamais été vu ensemble, et ne semblaient ne s'être jamais trouvé dans le même pays si l'on se fiait aux données extrêmement rares que l'on pouvait trouver sur elles. Mais ce qui était sûr, c'était que les faibles informations trouvables sur l'une et l'autre était suspect.
Il avait informé monsieur Carlisle que l'ange et l'adlagoon étaient bien entrés dans le CHU Ste Marlène et lui marchait à la suite de son patron. Tout le club était plongé dans le noir, ce qui lui ne le dérangeait pas, mais obligeait bien un des hommes de main à allumer sa lampe torche pour y voir quelque chose. Le rayon de lumière trouait les ténèbres, cherchant de gauche et de droite à la recherche de menaces potentielles.
La grande majorité des statues avaient dû être placées à l'entrée car en s'aventurant dans le bâtiment, on n'en croisait de moins en moins. Rien ne semblait spécialement avoir été touché ou abîmé. Nun, lui marchait aux côté du groupe, le regard s'aventurant d'une porte à l'autre, furetant de ci de là. Il ne paraissait pas en mener large le gamin incontrôlable et la perspective de retomber sur Méléna lui avait définitivement fermé le clapet. Il avait simplement jeté un regard vide à Elijah lorsque celui-ci lui avait demandé de lui fournir plus d'informations sur l'adlagoon artiste. Il n'était plus question de jeu à présent.
En se rapprochant de la réception VIP, des éclats de voix étouffées commencèrent à parvenir aux oreilles du groupe. Une bien connue. Alexia. Et une autre. Glacée. Faussement amusée. Ils pressèrent le pas, tachant de rester silencieux afin de conserver un effet de surprise si cela s'avérait nécessaire. Une porte entrouverte séparait maintenant le responsable de l'Eden, de son employée, et peut-être, de son destin.
De l'autre côté madame Vesperati implorait, la voix brisée par un sanglot.
-" Je vous en prie ! Je ne dirais rien, je vous le jure ! Je partirais loin, vous n'entendrez plus parler de moi, vous n'êtes pas obligé de faire ça ! "
Un silence.
-" Non, non, tu es très bien ici, avec moi. J'en ai besoin comprends-tu ? Pour le plan. Pour me régénérer. Et aussi pour envoyer un message... "
Cette voix était rauque. Presque à bout de souffle. Et chose plus spéciale encore, elle était double. Glacée et comme chuchotante, et en même temps, fumée, comme cassée d'avoir trop hurlé au stade.
Plus loin, une voix était audible. Un petit chant était entonné lèvres fermées. Une autre pièce. Une suite en fait. Visiblement les deux adlagoons prenaient leurs aises, croyant avoir encore du temps.
Elijah interrompait-il quelque chose ? Les deux gardes du corps échangèrent un regard perplexe. Abraham non plus ne comprenait de quoi il retournait. Pour sa part, Nun fixait étrangement l'infernal anglais. Une de ses deux prunelles s'était à présent colorée d'une teinte hémoglobine sans que l'on puisse expliquer pourquoi.
Une exclamation de douleur d'Alexia claqua soudain. Quoi que l'homme d'affaire prévoyait, il pouvait encore se permettre de patienter encore un peu sans risquer la vie de son employée. Cependant, il y avait fort à parier que dans l'heure qui suivrait, tout aurait trouvé une conclusion...
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Voici qui marque la fin du tour 7. Le dénouement final est proche ! Il était prévu au départ 15 tours avant la mort d'Alexia. Arriver à la moitié du temps est un bon timing. Cependant ça n'était que la première partie de l'enquête ! La question qui se pose à présent : Que faire ? D'autant que le groupe est divisé.
Encore un peu de courage et de ténacité !
Pour rappel, voici les Compétences dont vous disposez :
Kallatriel : Premiers Secours / Soins Intensifs/ Vol
Primerose : Attitude Langoureuse (qui ne sera pas d'un grand intérêt ici) / Régénération Maudite
Elijah Carlisle : Visage Insondable
Si vous avez besoins d'informations spécifiques vous pouvez me contacter par MP sur le forum ou sur discord.
La fin du huitième tour sera le dimanche 04 Septembre à 23h59 (heure française).
-Votre mari est branché à une machine, ne vous inquiétez pas, si jamais il se passe quoique ce soit nous serons averti, sinon ici, au cas ou, il y a un bouton d'appel d'urgence -Elle montra un bouton sur le mur à côté du lit- Nous arriverons immédiatement. Je vous laisse un seau à disposition au cas ou il aurait encore besoin de se vider. Et voici une blouse propre de l'hôpital, s'il vous plaît aidez-le à se changer, je reviens vous voir d'ici quelques minutes pour lui donner des calmants pour l'estomac et l'aider à dégriser tranquille. Je suis désolé, je pars me changer cela ne devrait pas être long.
Celle que Kalla avait prise pour une infirmière était en fait une jeune interne, sans doute sur son premier quart de travail. Il n'avait pas vraiment eut l'occasion de détailler son accoutrement, tellement il avait été malade, à peine eut l'opportunité de relever la tête....La doc quitta la pièce, laissant la rose et l'ange céruléen seuls dans la chambre.
-Nous n'avons que peu de temps.
Kalla s'empressa de se saisir du seau et vida le dernier contenu de son estomac.
-ça devrait être bon....
L'ange avait encore des hauts le cœurs et des hoquets, mais visiblement plus de contenu dans ses entrailles.
Il s'avança difficilement dans la pièce et chercha autour de lui. Dans la chambre, à part son lit avec deux chaise et un rideau attaché à une tringle faisant le tour du lit pour obtenir de l'intimité, il y avait aussi une télé accrochée au mûr, et en dessous de celle-ci, une table parée de roues, déplaçable, et dans celle-ci se trouvait du matériel médical, dont un deuxième set de blouse d'hôpital.
Il se tourna nonchalamment vers Primerose et lui tendit les loques.
-Changez-vous.
Lâcha t-il d'un ton morne.
Devant le dédain sans équivoque d'une Primerose qui tirait la tête d'une chroniqueuse fashion de Vogue dégoûtée devant la-dite tenue, Kalla pris l'expression peu avenante d'un gorille renfrogné et jeta la tenue sur l'épaule droite de la jeune femme. Il la fit pivoter délicatement, en posant ses mains sur ses épaules, et la poussa légèrement en avant vers le bord du lit à la frontière des rideaux. Il tira les rideaux de séparation derrière elle et il lâcha une deuxième fois sans ménagement :
-Changez-vous!
Puis se retourna à son tour et entrepris de se changer....
Quand la jeune femme réapparu, elle portait une blouse blanche à micro-points bleu, s'arrêtant à mi-cuisses et très certainement ouverte vers l'arrière et tirait une tronche de six pieds de long. Elle jeta un regard plus que noir à Kalla qui portait la même blouse.
Se détournant de la demoiselle boudeuse et se dirigeant enfin vers la porte il entendit cependant un son suspect qui le fit se retourner immédiatement. Primerose avait encore ses escarpins aux pieds.
-Non vous ne pouvez pas porter ça! Vous allez nous faire repérer!
Depuis peu, il avait recommencé à la vouvoyer dans un essai désespéré de prendre un peu de distance avec elle, suite à leur nuit passé à deux. Non pas qu'il ne voulait plus la revoir, mais il essayait tant bien que mal de se racheter aux yeux de son frère. Et cela devait passer par un éloignement....
Devant le second regard noir sans équivoque de la rose à épine, il se ravisa.
-Bon ok... gardez les, mais si quelqu'un approche dans les couloirs bazardez les rapidement!
Il fallait quand-même qu'elle y mette un peu du sien, il venait de se taper le plus dur du travail!
Kalla empoigna son trépied à perfusion, et ouvrit la porte de la chambre, il jeta un regard en arrière à Prime qui n'avait pas de trépied.
-Restez à quelques pas, suivez-moi d'un peu plus loin pour ne pas donner l'impression que nous allons au même endroit, allons-y, ne trainons pas.
Le mouvement lui donna un dernier haut le cœur et il s'arrêta un instant pour reprendre ses sens. La jeune femme un peu énervée par son accoutrement passa devant lui, sans lui lancer un regard.
Elle avait cependant omis un petit détail en passant devant lui comme ça, et c'est là qu'il entrevit, vers le creux de son dos de porcelaine blanche, l'échancrure arrière de sa blouse d'hôpital qui s'ouvrait directement sur un joli tanga en dentelle noire fin.... Oh la vision n'était pas pour lui déplaire! Il eut un petit sourire en coin avant de détourner le regard.... C'était là le premier moment plaisant depuis qu'ils avaient mis les pieds à l'hôpital, voir même le premier moment sympa de toute la soirée au complet.
Ils se dirigèrent ensemble, mais à bonne distance l'un de l'autre à travers les couloir de l'hôpital. Heureusement pour eux, il n'y avait pas âme qui vive dans l'hôpital à cette heure-ci.
L'hôpital paraissait désertique. Les couloir étaient sombres, baignés seulement de petits néons blanc à quelques mètre de distance les uns des autres au plafond. Les lumières de la ville filtrant à travers la grande fenêtre en arc tout au bout du dernier couloir.
À quelques mètre de la fenêtre, Kalla chuchota à Primerose devant lui de s'arrêter. Ils s’arrêtèrent ensemble devant un grand ascenseur fonctionnant avec une carte d'accès. Cet ascenseur n'était pas une option. Mais à moins d'un mètre de distance ils trouvèrent l'escalier de service et descendirent deux étages plus bas.
Le plus dure, serait ensuite de passer inaperçu devant le personnel de nuit de la morgue. Il faudrait qu'il trouve une salle de change et voient si ils pouvaient se procurer des blouses de légistes, Enfin c'est ce que pensait Kalla, mais en arrivant plus bas, il se rendit compte que le scénario était tout autre.....
Au bout d'un couloir sur-éclairé par des néons jaunâtres, qui donnaient un ton lugubre à l'endroit, se tenait un trou béant de porte arrachée. Les murs aux alentours avaient fissurés tellement la force de frappe avait été violente, des morceaux de bétons c'étaient même décrochés à certains endroit, et deux charnières de portes renforcées pendaient mollement sur leurs vis, à moitiés sorties du murs..... Plus loin gisait la porte à quelques mètres d'eux.... Enorme porte blindées, complètement froissée en son milieu par ce qui ressemblait à une emprunte de pied de vélociraptor acéré. Nulle autre qu'un Adlagoon à l'époque des temps modernes n'aurait pu faire ça.
Le reste de la pièce était plongé dans la pénombre d'un unique néon faiblard, fonctionnant par intermittence.... Mais bizarrement Kalla y voyait comme en plein jour! Étrange! Était-ce dû au venin du petit sacripant de Nun?
Au fond de la pièce se dessinait une silhouette. L'ange aux allures de cinquantenaire fatigué et la rouquine sur talon avancèrent vers leur destination finale.... finale pour ne pas faire de mauvais jeux de mots, au niveau des frigo de la morgue, tous ouvert....
Le spectacle était des plus horrifiques..... Ce tenait là devant eux, figé dans une position éternelle, le Phoebus de la Visitation!! coulé dans l'or! À genoux devant ses précieuses Chupa Chups!
Des gerbes d'or ressortaient de la mâchoire de l'ange à la chevelure autrefois carmin. De par son manque de mandibule, les coulures d'or s'étaient infiltrées sur les côtés de ce que fut autre fois une mâchoire complète et étaient ressortis en gerbe puissante vers l'avant. Cette vision attaqua l'estomac encore trop fragile de Kalla, et il se retrouva une dernière fois à dégobiller sur les sucettes colorés en avant, les dispersant au passage.
Se redressant tant bien que mal, l'ange à la chevelure céruléenne se retourna de quelques pas vers les sept corps exposés sur les tables des frigos.
Il l'avait retrouvé! Sa consoeur angélique manquante gisait là, elle aussi privée de sa mandibule. Kalla s'arrêta un instant la contemplant avec grande peine..... Au moins il l'avait retrouvé! Elle pourrait être rapatriée auprès des siens, son cercueil passerait l'arche des héros de retour à la cité mère.
Faisant dos à Prime qui était sans doute occupée à envoyer des photos de la statut d'or à leur collaborateur démoniaque, Kalla se connecta à la ruche et envoya son rapport.
Consoeur de Sullustéhan retrouvée morte sans mandibule dans les frigos de la morgue du CHU-Sainte Marlène, s'il vous plait, envoyez une équipe de rapatriement dès que possible....
Quant au deuxième ange disparu, son signal apparaissait toujours dans le Sin District, la destination qu'ils devraient prendre pour se rendre à l'Eden. Il y avait fort à parier qu'il s'y trouverait.
L'ange s'en alla vers sa comparse Adlagoon pour observer la statut d'or de plus près. Dans le flot de coulures était engravé un message :
'Marchander n'a été d'aucune utilité. Alors vous avez embrassé votre dépression. Elle s'est insinuée dans toutes vos pensées, vos veines, poison distillant le nectar des fleurs du mal. En y goûtant vous apercevez alors la lumière. Est-ce l'Eden qui vous ouvre ses portes ? Il n'y a aucune place pour l'Eden des anges sur Terre. Et encore moins là où mûrissent les pêchés.'
Pour la première fois depuis qu'ils étaient arrivés devant ce spectacle, il osa jeter un regard en direction de son acolyte, il ouvrit la bouche timidement.
-On dirait que Phoebus, Chupa Chu..hum hum.... que notre ami angélique du casse de la Visitation, s'était mis à la solde d'une Adlagoon. Ce n'est pas la première fois que les deux factions travaillent ensemble....Quant au message, il est somme toute assez claire, il est temps de rejoindre Mr.Carlisle à l'Eden.
Sa main parfaitement manucurée plaquée sur ses lèvres carmines, Primerose détaillait la tenue d’infirmière de la pauvre employée qui avait osé venir s’enquérir de l’état de Kallatriel. Le jet de souillure avait fait un joli bull’s eye directement sur la poitrine de la jeune femme, à une hauteur qui laissait sans équivoque le fait que quelques coulisses aient pu s’immiscer dans son soutif. Chaud et grumeleux... Primerose ne doutait en rien du dégoût intense que devait ressentir la représentante du personnel médical qui, sans grande surprise, avait reculé soudainement de plusieurs pas. D’ailleurs, elle n’était pas la seule : ses consœurs ne s’étaient pas fait prier pour mettre de la distance entre elles et l’ivrogne au talent de geyser.
- Oh bon sang!! Je suis désolée!! S’était écriée la rouquine qui farfouillait frénétiquement son sac à main à la recherche de lingettes... lesquelles s’avéraient littéralement inefficaces, vu la quantité de vomi. Gilbert!! Fais gaffe quand même... Vomir sur madame...
Primerose faisait des pieds et des mains pour servir de support à ce pauvre Kalla qui, franchement, n’en menait pas large. Une fois sa zénitude retrouvée, l’infirmière fit signe à deux vigiles de lui donner un coup demain et escorta le duo insolite à l’intérieur des murs de l’urgence. La catin rousse gardait le silence, conservant son regard inquiet alors qu’elle détaillait les environs et jetait des œillades nerveuses en direction du principal intéressé.
Rapidement, ils atteignirent la pièce qui leur fut attribuée, puis l’infirmière s’empressa de brancher l’ange de partout, soucieuse de le garder hydraté et de faire preuve de professionnalisme malgré l’incident de plus tôt. Un sceau fut installé près du lit et franchement, l’aldagoon n’avait pas besoin qu’on lui fasse un dessin quant à l’utilité du récipient. La jeune femme termina sa besogne, puis se présenta gentiment à la rouquine, faisant preuve d’un tact incroyable malgré la souillure de sa tenue. Elle avait l’air vraiment gentille et tout à fait avenante. Cette dernière allait s’absenter quelques minutes (pour se changer et se nettoyer, surement!) et prévint le duo qu’elle reviendrait pour s’enquérir de leur état.
- Je vous remercie infiniment et je suis encore navrée pour l’incident... Prenez tout le temps dont vous aurez besoin...
Finalement, la jeune femme quitta la pièce, au plus grand soulagement du duo improbable qui n’attendait que ça pour se mettre en action.
- Franchement, bravo pour ton rôle du type ivrogne! Fit-elle avec un sourire en coin, fortement amusé. Antonio Banderas n’aurait pas pu faire mieux! Je la plains un peu, la pauvre, tout de même...
Visiblement, son homologue angélique n’avait pas l’intention de traîner plus longtemps. Se redressant maladroitement, il se bascula malgré tout sur le côté et se saisit prestement de la chaudière, dégobillant joyeusement les tréfonds de son estomac avec moult bruits peu avenants. Inutile de préciser que la catin avait marqué la distance entre eux de plusieurs pas, peu envieuse à l’idée de ressembler à cette pauvre infirmière souillée... surtout que son décolleté était pas mal plus plongeant... alors imaginez l’étendue des dégâts!
- T’es sûr? Se contenta-t-elle de demander alors qu’il prétendait que l’effet du médicament préalablement ingéré s’estompait.
Se redressa en position debout, l’homme décida de se saisir de sa tenue d’hôpital. Toutefois, avant de l’enfiler, la voix enrouée de son compagnon se fit entendre, lui sommant sans cérémonie de se changer.
Pardon? Il voulait qu’elle enfile ce truc morne, sans éclat, servant uniquement à écorcher davantage l’égo déjà malmené des pauvres prolétaires ayant eu le malheur d’entrer en ces lieux en temps que patients? QUE NENNI, monsieur!! Avait-elle la tronche d’une cancéreuse? D’une lépreuse?! S’il avait l’air d’un zombie ambulant, ce n’était certainement pas son cas à elle! Était-ce humainement possible pour elle d’avoir l’air davantage outrée qu’en ce moment? Absolument pas! D’ailleurs, elle papillonna des paupières plusieurs fois, ayant même cru un instant qu’elle avait mal compris l’ORDRE que lui balançait l’emplumé devant elle. Visiblement, Kallatriel ne semblait pas enclin à se répéter 15 fois et se contenta simplement de lui balancer l’horreur en textile sur l’épaule, la poussa délicatement vers la zone protégée par le rideau à la couleur horripilante et répétant son ORDRE d’un ton plus sec cette fois. Si elle avait pu, Primerose aurait feulé. Mais pour QUI se prenait-il celui-là?!! Sa pseudo-métamorphose lui montait à la tête ou quoi?! S’il croyait qu’elle allait se laisser impressionner par lui! Il pouvait bien s’enfoncer sa fiole de vomitif profondément dans le rectuml!!
... Et pourtant, elle était en train de faire glisser la fermeture éclair de sa jolie robe avant de la retirer pour enfiler cette HIDEUSE jaquette d’hôpital. Mais pourquoi obtempérait-elle de la sorte? Peut-être parce qu’au fond d’elle-même, elle savait que Kallatriel avait déjà fait plusieurs sacrifices alors qu’elle... meh. L’Aldagoon était fidèle à sa race, mais un semblant de conscience trônait quand même quelque part dans son magnifique crâne bouclé et diabolique.
Une fois la tenue-de-la-honte enfilée, Primerose tira brutalement sur le rideau coulissant, affichant son plus bel air blasé en direction de son partenaire angélique du moment, lequel s’était également changé. Dire qu’elle lui jetait un regard noir était un euphémisme : la noirceur elle-même ne pouvait rivaliser avec ses prunelles assassines du moment! Fort heureusement, l’enfant de Sullustéhan décida de n’émettre aucun commentaire et se détourna dans le but évident de se diriger vers la porte. Mâchoire serrée, la catin s’avança à sa suite, puis sursauta alors que son vis-à-vis se retournait de nouveau brutalement en sa direction. Assurément, le claquement de ses escarpins avait importuné le pauvre petit dindon susceptible qu’il était! Alors qu’il lui sommait de se déchausser, la démone se contenta d’émettre un grondement furieux typiquement félin, signe qu’elle risquait de ne plus ménager ses propos s’il insistait encore davantage à vouloir l’humilier. S’il avait l’habitude d’être déglingué et de n’avoir l’air de rien, pour sa part, elle refusait littéralement d’atteindre un niveau aussi bas que le sien.
De toute évidence, la mauvaise foi était une caractéristique commune unissant les deux partenaires d’affaires qu’étaient Elijah et Primerose! Tant pis si on considérait qu’elle agissait en gamine! Elle n’enfilerait pas ces pantoufles horribles fournies par l’hôpital! OH QUE NON!
Regard hautain et tête haute, la beauté passa devant le faux ivrogne avec son déhanchement naturel, ne faisant absolument pas attention à la vision de son string en dentelle qu’elle offrait à ce dernier... Respectant donc la distance préalablement établie entre eux, Primerose s’avança dans le couloir immaculé, cherchant du regard des indications sur leur destination de prédilection. Logiquement, les morgues se situaient plus profondément dans les entrailles de l’hôpital, donc il leur suffirait de trouver un escalier ou un ascenseur pouvant les mener à bon port. Encore heureux, vu l’heure tardive, le couloir était plutôt tranquille... Après, mieux valait rester loin des unités de soin, là où les infirmières et préposées devaient s’affairer comme de bonnes petites fourmis.
Le chuchotement de Kallatriel se fit entendre, attirant forcément l’attention de la catin qui se contenta de jeter un regard par-dessus son épaule. Son compatriote lui indiqua un ascenseur, lequel semblait requérir une carte d’accès pour être activé. Toutefois, plus loin se trouvait un escalier de secours... lequel donnait forcément accès à tous les étages. Jetant un bref regard tout autour, la prostituée aldagoon ne se fit pas prier pour pousser l’immense porte qui claqua derrière leur passage.
- En as-tu vraiment besoin? Fit-elle en indiquant le trépied que se trimballait toujours Kallatriel. Si oui, je peux t’aider à le descendre si tu veux.
Elle était peut-être orgueilleuse, mais pas forcément sans cœur. S’assurant que l’ange soit suffisamment stable pour descendre les marches sans trébucher, la démone s’engagea également dans l’escalier, lequel les mena aisément à l’étage de leur choix.
Le sous-sol était tranquille, presque lugubre même. À priori, aucun employé ne brillait par sa présence, ce qui était curieux quand même. Jetant un regard au bout du couloir, Primerose comprit pourquoi le sous-sol était si calme : devant elle, les lourdes portes métalliques donnant accès la morgue avait été éventrées, comme le flanc d’une biche par les crocs d’un loup. Les gonds avaient été arrachés avec une force surhumaine et les parois métalliques servant autrefois de portes gisaient sur le plancher de linoléum autrefois immaculé et luisant. Visiblement, un représentant de son espèce particulièrement puissant était passé par ici, laissant dans son sillage une ambiance bien glauque. Les néons peinaient à accomplir leur besogne, clignotants à la manière d’un stroboscope particulièrement paresseux... rien pour égayer les lieux.
Marchant en direction de la morgue, un air à la fois prudent et curieux au visage, Primerose fut néanmoins reconnaissante d’être dotée de la fabuleuse capacité de nyctalopie. C’est grâce à cette faculté qu’elle n’eut aucun mal à noter la propreté impeccable de la morgue, comme si tout avait été nettoyé et rangé avec minutie. Personnellement, elle se serait attendue à des débris, de la poussière, du sang peut-être... Pourtant, l’endroit était nickel. Tout au fond de la pièce, se trouvait une statue couverte d’or, face à un mur de portières complètement ouvertes. Sept cadavres s’y trouvaient... Y avait-il là une signification profonde? Sept... Comme les sept péchés capitaux? Comme les sept jours de la semaine? Quelle journée était-ce, déjà?
Sourcils froncés, la démone s’approcha de la statue au même rythme que son compagnon, glissant immanquablement une main sous sa jaquette d’hôpital pour déloger son téléphone, coincé entre la chair de sa hanche et l’élastique de son string. Elle prit plusieurs clichés : des sept cadavres et de leur positionnement dans les portières, de la statue... qu’elle reconnut instantanément comme l’ange Chupa Chups de La Visitation. Tiens, qu’avait-il bien pu faire encore pour trouver la mort de cette façon? Recouvert d’or fondu, le bougre serait figé à tout jamais, tel une œuvre d’art macabre... D’ailleurs, Primerose tendit la main en direction de la matière luisante qui recouvrait le terroriste du centre commercial sans toutefois la toucher. Encore un peu de chaleur s’y dégageait, comme si le métal était en plein refroidissement.
- C’est récent... Fit-elle tout bas en photographiant les écriteaux à l’arrière et faisant fi de la nouvelle vomissure de l’ange (c’était presque usuel, à ce stade-ci!). Visiblement, il était suffisamment détestable pour se faire des ennemis haut placés... Ou alors il était à la recherche de cette mère et a récolté son courroux?
Kallatriel s’était approché des cadavres, lesquels suscitaient encore beaucoup d’interrogation pour la démone. Profitant de ce moment d’accalmie, la belle balança la série de photos qu’elle avait en main à M. Carlisle, histoire de le mettre au courant de la nouvelle découverte macabre qu’ils venaient de faire. Sur l’un des clichés, le texte gravé était mis bien en évidence. Un petit message accompagnait le tout : « Nouvelle découverte. Faites gaffe à l’Éden, vous devez être près du but. Mama n’est surement pas loin. » Elle savait qu’Elijah se rendait sur place à la suite d’une problématique survenue et ce n’était pas bien difficile de comprendre de quoi il en retournait.
- Sept cadavres... Continua-t-elle songeuse. Pourquoi sept? Et lui, l’ange à la sucette... Ça faisait un bail qu’on avait entendu parler de lui. Sept... Les sept péchés capitaux? L’avarice peut-être? Elle indiqua le mort doré d’un mouvement du menton. Et si ça se trouve, l’Éden représente la luxure... Elijah peut-être? Rien de rassurant... Sept... Ça me fait un peu penser aux sept jours du Seigneur, non? La résurrection du Christ, le dimanche, le septième jour. Est-ce un message ironique que cette putain de mama nous envoie? Comme pour nous préparer à son retour où je ne sais pas trop? Un pied de nez dirigé directement envers votre pseudo déesse, peut-être? Parce qu’à le voir lui, je comprends que les anges sont forcément impliqués... Et l’Éden... Considérant la signification biblique de ce terme... jeu de mots excellent d’ailleurs, j’ai toujours aimé l’esprit de Carlisle à ce niveau! Bon, cette dernière réplique était balancée à la volée, puisque Primerose détaillait ouvertement le fil de ses pensées. De toute façon, tu as raison, nous devons retourner à l’Éden!
Tournant les talons et s’assurant que l’ange la suivrait, Primerose détala dans le couloir dans le but évident de revenir chercher ses effets pour ensuite quitter au plus vite. Alors qu’elle gravissait l’escalier rapidement, la belle balança un nouveau texto à son partenaire d’affaires pour l’aviser de leur venue imminente. La suite se passa très vite : le duo revint à la chambre de Kallatriel malgré les protestations de ce dernier (ils n’avaient pas le temps pour ça, visiblement) et Prime s’empara à la volée de sa tenue laissée à l’abandon sur une chaise. Ne prenant absolument pas le temps de se changer, elle sortit en trombe à nouveau, puis grogna en retirant ses escarpins qui, franchement, étaient d’une nuisance totale lorsque venait le temps de courir. Tous ses effets dans ses bras, elle indiqua à Kallatriel la porte d’urgence située au détour d’un couloir alors qu’une infirmière les hélait visiblement, cette dernière devant faire un examen de routine sur l’ivrogne.
- Merci pour votre excellent travail!! Cria Primerose à son intention. Il va beaucoup mieux et refuse les soins que vous désirez lui apporter! Bonne soirée!!
Le duo se rua vers la porte de sortie d’urgence, ignorant au passage si le simple fait de l’activer allait déclencher quelconque alarme de sécurité ou pas. De toute façon, dès qu’ils mirent le bout du nez à l’extérieur, il fut aisé de repérer la voiture noire, garée plus loin et toujours mise à leur disposition par Elijah, depuis un petit moment déjà.
VITE, ils devaient se rendre à l’Éden!
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I'm bulletproof, nothing to lose Fire away, fire away Ricochet, you take your aim Fire away, fire away Shot me down but I won't fall I am titanium
So, the kid can’t shut the fuck up when you want him to, but when it’s time to talk, he doesn’t say a fucking thing. That’s bloody fucking great. Elijah avait été surpris devant le mutisme de l’adolescent démoniaque. Lui qui normalement se plaisait à hurler à tue-tête ou simplement à parler pour absolument aucune raison avait jugé que maintenant était un bon moment pour se taire. Fucking hell. Manifestement, l’homme d’affaires s’était trompé sur les intentions du môme. S’il avant avancé l’hypothèse que Nun désirait s’émanciper de sa mère, ce qui pourrait tout de même encore s’avérer, il n’avait aucune intention de le faire maintenant ou bien d’aider quiconque à s’en débarrasser. Peut-être aurait-il dû l’envoyer avec Primerose et Kallatriel à l’hôpital plutôt que le forcer à venir avec lui. En même, temps s’il avait été coopératif, le mioche aurait constitué une mine d’informations indispensable. Il avait parié et il avait perdu. Cela lui arrivait rarement, mais cela n’était pas impossible. Après tout, il avançait dans cette aventure à moitié aveugle, ce qu’il ne faisait jamais normalement. Mais « maman » voulait jouer selon ses termes à elle. Il savait ce qu’il avait à faire : il fallait jouer sur ses termes à lui. Après tout, ils étaient à sa boîte de nuit, sur son territoire. Cela signifiait que s’il agissait intelligemment, il pourrait obtenir l’avantage.
Abraham lui avait signifié d’un signe de la tête que ses informateurs n’étaient toujours pas parvenus à trouver des informations qui pourraient lui être utiles sur la mairesse et « maman ». Que faisaient-elles ensemble ? À quelle entente étaient-elles parvenues ? Il était fort à parier que « maman » ou Méléna de son nom aidait Madame Salvatori à conserver son pouvoir politique. En échange, cette dernière passait sous silence la présence de Méléna sur l’île ? Elle lui procurait des victimes pour ses démarches artistiques ? Les statues qu’ils avaient trouvées avaient-elles un lien entre elles ? Était-ce seulement des humains ou bien les créatures angéliques et démoniaques y passaient-elles aussi ? Tant de questions demeuraient sans réponse alors qu’il avançait lentement dans l’obscurité du club. Bien sûr, sa nyctalopie lui permettait d’avancer sans aucun problème, mais ce n’était pas le cas de ses gardes du corps humains qui avaient besoin de lumière pour voir où ils allaient.
L’entrée était jonchée de statues. Qui étaient ses pauvres personnes ? Ne voulant rien dire afin de ne pas être repéré, il sortit son téléphone portable et écrivit un texto à Abraham. Lorsque on aura dérushé toutes les vidéos, je veux qu’on identifie les victimes. Et je veux savoir s’il existe un lien entre elles. I want all hands on deck. Find me something. Ce qui signifiait qu’il ne voulait pas simplement son équipe de recherche, mais également les informateurs dans les postes de police, dans les agences de renseignement et même Tony. Si on omettait que les statues étaient de véritables êtres vivants (enfin étaient) et qu’il s’agissait de reproduction, peut-être pourrait-il un lien. Les statues avaient-elles été réalisées sur place où les avait-on déplacées ? Les victimes se trouvaient-elles sur place où avaient-elles été déplacées pour ensuite être statufiées. Et quel était la signification de toutes ces statues ? Avaient-ils à faire à une Méduse des temps moderne, qui transformait en pierre tous ceux qui croisaient son regard ?
Une voix retentit alors qu’ils arrivaient près de la section VIP. Elijah fut soulagé pendant une seconde, reconnaissant la voix de mademoiselle Vesperati, signifiant qu’elle était encore vivante, même si elle s’évertuait à plaider pour sa vie. La seconde voix, cependant, glaça le sang dans ses veines. D’abord parce qu’elle était inhumaine, mais ensuite parce qu’on aurait dit qu’elle appartenait à deux personnes différentes. La forme démoniaque et la forme humaine ? Deux personnalités répondant à l’unisson ? Pourtant, ce qui perturba le plus le milliardaire ne fut pas cette voix à la dualité inquiétante, mais plutôt les propos qu’elle tenait. À quel plan faisait-elle allusion ? À son entente avec la mairesse peut-être ? Et c’était quoi cette connerie de se « regénérer » ? Il jeta un coup d’œil à Abraham qui semblait tout aussi perplexe que lui. Cependant, à ces mots l’image de la mairesse captée sur les caméras de surveillance lui revint en tête. N’avait-elle pas l’air plus jeune que la dernière fois qu’il l’avait rencontrée ? Se pouvait-il qu’il existe un moyen de se regénérer ou bien de rajeunir en prenant la vie d’autres êtres vivants ? Ça relevait purement de la fiction, mais après tout, les humains croyaient également que les anges et les démons appartenaient au domaine de l’imaginaire. Sauf pour les plus croyants d’entre eux. Comme le disait si bien Sherlock Holmes « when you have eliminated the impossible, whatever remains, however improbable, must be the truth. » Il était donc prêt à admettre que cela puisse être possible. Quant à la dernière partie de la réplique de Méléna, et bien, Elijah avait l’étrange impression qu’il était le destinataire du message à passer.
Le groupe progressa plus loin puisqu’une autre voix se faisait entendre sous forme de chant. Un rituel ? Il s’agissait sans doute de la mairesse, à moins que d’autres personnes aient réussi à se faufiler dans le club sans être captées par les caméras ? Il y avait bien sûr une autre entrée à l’arrière pour les livraisons. Cependant, les deux femmes, trois si on comptait mademoiselle Vesperati, semblaient être seules dans l’établissement – hormis le groupe d’Elijah et les statues, évidemment. Maintenant, il fallait décider d’une marche à suivre. L’impératif était bien sûr de récupérer mademoiselle Vesperati saine et sauve. Cependant, il était bien curieux de connaître l’implication de madame Salvatori dans toute cette histoire. Le regard insistant de l’adolescent tira le l’entrepreneur de ses pensées. Pourquoi le fixait-il aussi intensément tout à coup ? Et que se passait-il avec son œil ? Se transformait-il lorsqu’il était à proximité de sa mère ? Ou bien faisait-il partie du plan tout le long, le menant en bateau avec ses chants de liberté ?
Un cri de mademoiselle Vesperati retentit. Décidemment, Méléna se plaisait à les faire hurler. À moins qu’elle fût au courant de leur présence et qu’elle les prévenait de ce qui les attendait ? Non. Il osait bien croire que pour l’instant, ils avaient encore l’avantage de la surprise. Comment procéder alors ? Son téléphone portable vibra dans la poche de son pantalon. Des nouvelles de Primerose. Kallatriel et elle avaient bien trouvé quelque chose à la morgue du CHU. Le message laissé était bien clair : le point culminant de leur enquête se déroulerait dans sa boîte de nuit. « Il n’y a aucune place pour l’Éden des anges sur Terre. » Est-ce une déclaration ouverte envers la faction angélique ? Il envoya les informations communiquées par la rouquine à son second afin que celui-ci les transfère à leur équipe d’informateurs. L’heure était maintenant venue de prendre une décision quant à la façon de procéder. Nul doute que le duo constitué de Kallatriel et Primerose se dirigeraient à l’Éden dans les plus brefs délais. Serait-il plus sage de les attendre ? Assurément. Mademoiselle Vesperati ne semblait pas encore à l’article de la mort, mais il ne voulait tout de même pas attendre qu’elle y soit avant d’intervenir. L’homme d’affaires était d’avis les activités présentes des deux femmes étaient liées. Toutes les deux se préparaient pour la prochaine étape et elles ignoraient leur présence dans le club. La surprise leur fournissait un énorme avantage qu’il ne fallait pas négliger.
Cependant, toutes les deux femmes étaient d’origine démoniaque. Il ne pouvait donc pas envoyer ses gardes du corps se charger de l’une des deux pendant qu’Abraham et lui s’occupaient de l’autre. Il fallait manifestement que les deux Adlagoons se séparent s’ils voulaient avoir une chance. Et puis, il y avait Nun qu’il fallait prendre en compte. À moins qu’ils focussent leur énergie sur une femme à la fois. Madame la mairesse consistait certainement en une adversaire moins terrifiante et plus aisément vaincue. Toutefois, peut-être pourrait-il gagner du temps en distrayant Méléna en attendant que Primerose et Kallatriel arrivent. Après tout, le but de leur entreprise était de sauver mademoiselle Vesperati.
Son téléphone portable vibra une nouvelle fois. Primerose l’informait qu’ils étaient en route. Le CHU était tout de même à une bonne distance du Sins District. Même si les routes ne devaient pas encore être très encombrées, le duo ainsi que leurs gardes du corps n’arriveraient pas tout de suite. Il créa une conversation avec la rouquine et son assistant. Faites le moins de bruit possible lorsque vous entrerez dans le club. Passez par la porte arrière, mes hommes vous guideront. Abraham, occupez-vous de la suite VIP avec les hommes. Je vais tenter de gagner du temps avec Maman. Primerose et Kallatriel, allez prêter main forte à Abraham s’il n’a pas la situation en main. Si la suite VIP est maîtrisée, rejoignez-moi en passant par la porte de service située dans la section VIP. Je ne pense pas que maman soit au courant de son existence. Nous pourrons la surprendre ainsi.
Elijah sentit tout de suite le regard de son second sur lui lorsqu’il eut lu le message. Voyant qu’il s’apprêtait à protester, le milliardaire lui jeta un regard qui l’en dissuada tout de suite. Fidèle employé qu’il était, Abraham opina du chef et fit signe aux hommes de le suivre. Il ne restait plus que Nun et lui. Il ne pouvait pas prendre de décision pour le gamin. L’entrepreneur se doutait bien que le jeune n’avait aucune envie de revoir sa mère, mais il s’en foutait. Qu’il fasse ce qu’il veut. Il espérait seulement qu’il ne le trahirait pas s’il décidait de l’accompagner. En même temps, il n’avait pas participé à l’échange du plan. L’Adlagoon se retourna vers l’adolescent et lui demanda silencieusement s’il voulait le suivre. Voyant l’incertitude du mioche, il tourna les talons et se dirigea vers la section VIP où se trouvaient Méléna et mademoiselle Vesperati.
Il se composa un air nonchalant calculé et s’accota au cadre de porte qui donnait accès à la section. Il se dessina un sourire charmeur et mis les mains dans les poches de son pantalon. Alexia était toujours consciente. Il fallait maintenant gagner du temps. Heureusement, il pouvait parler pendant des heures. Il suffisait seulement que son adversaire veuille bien jouer le jeu.
« Vous savez mademoiselle Méléna, si vous vouliez vous entretenir avec moi, il existait des moyens beaucoup plus simples d’y parvenir. »
Venait-il de se jeter dans la gueule du loup ? Assurément. Allait-il s’en sortir indemne ? Cela dépendrait. Il venait cependant de jouer son coup sur l’échiquier. C’était maintenant au tour de son adversaire.
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« The kid has got a darkside, Best believe it Push too far you'll see The kid has got a darkside, Back against the wall La la la la la The kid has got a darkside, Best believe it's the Last trick up his sleeve The kid has got a darkside, That you don't wanna meet at all. »
Il venait de pousser la porte et de s'appuyer nonchalamment au côté, se parant d'un sourire ravageur. Il avait lancé sa tirade d'un ton assuré, se fendant d'une assurance seulement à moitié feinte. Le battant s'était ouvert sur la grande salle VIP, et malgré la capacité formidablement adlagoon d'Elijah à s'adapter à l'obscurité, il avait grand peine à reconnaitre les lieux. Les lumières gisaient au sol, brisées. Les ornements et mobiliers reposaient fracassés dans un coin, comme si l'on avait 'balayé' le tout en toute hâte. Le bar imposant, l'estrade et le balcon supérieurs étaient encore en place et une aile angélique ensanglantée reposait sur le comptoir débarrassé des bouteilles d'alcool. Il ne restait des miroirs jadis présents que des débris tranchants semés un peu partout au sol.
Une lourde table de bois de charme datant de l'époque médiévale française avait volé dans les airs, se fracassant au mur et reposait là, debout. Contre sa surface à l'intégrité fragile, la jeune Alexia. Vêtue d'une splendide robe rouge malheureusement déchirée aux jambes et au buste, elle semblait avoir perdu ses souliers depuis le début de la nuit. Son maquillage coulait piteusement de ses yeux et sa chevelure habituellement si ordonnée et structurée tenait plus de la crinière rebelle du lion. Des griffures mineures couraient le long de ses avant-bras. Et devant elle, à seulement quelques centimètres de son visage se tenait une silhouette féminine présentement de dos. Une longue chevelure de jais habillais presque littéralement sa peau de craie. Elle avait un corps très fin, frôlant à peu de choses la maigreur révoltante des mannequins de la mode. Sa peau nue était striée de lignes noires courant comme des veines empoisonnées. Ces lignes grimpaient de bout de ses pieds et de ses mains s'effaçant à mi-cuisses, ou au milieu des bras. Plutôt petite, elle ne paraissait si monstrueuse qu'on avait bien pu imaginer en premier lieu.
Un œil peu scrupuleux n'aurait rien vu. Cependant, Elijah était ici chez lui. Et son attention acérée. Le balayage rapide qu'il fit des lieux lui apprit deux choses. En premier lieu que le vers jonché au sol n'était absolument pas placé au hasard. Vu du ciel, les éclats de verre devaient former quatre spirales complexes partant sensiblement du centre de la pièce. Et dans un second temps, le patron du club privé discerna une respiration faible au-dessus. Quelqu'un était attaché par les poignets au balcon de la salle, son corps pendu dans le vide. Le sang au sol laissait penser que c'était l'ancien détenteur de l'aile inutile sur le comptoir du bar.
Pivotant sans hâte sur elle-même, Méléna Urgull fit face à Elijah la tête légèrement basse, comme une écolière frappée de timidité face au quater-back de l'équipe de son université. Et si ses cheveux interminables masquaient une partie de son visage, rien ne saurait voiler le sourire trop large qu'elle lui offrit. Un sourire de prédateur rallongé jusqu'aux oreilles. Une véritable bouche d'alligator, et il y avait fort à parier que ses dents devaient tenir du même animal.
Ses yeux s'agrandirent alors qu'elle laissait pencher sa tête sur sa gauche.
-" Oh oh ! Le voilà qui se présente à moi. Cela n'était pas prévu... "
Encore une fois, la voix qui roulait hors de la poitrine de la dangereuse adlagoon sortait double. Cassée, et à la fois aussi douce que la respiration d'un nourrisson.
-" Sang de mon sang ! Il y a un problème... Zut, elle ne doit pas m'entendre, toujours à prendre ses stupides bains. Nun, mon petit, voudrais-tu bien aller dire à Sélène que son invité est là ? "
Mais l'enfant était figé. Ses pieds comme des blocs de glaces ancrés au sol refusaient de bouger alors qu'il lançait un regard effrayé à la femme artiste vêtue dans son plus simple appareil. Derrière la porte, cachés par le couloir et Elijah, les gardes du corps et Abraham lui-même étaient de plus en plus nerveux. L'humain du groupe avait même les mains tremblantes. De la sueur perlait de son menton, et il semblait avoir grand peine à ne pas prendre immédiatement ses jambes à son cou.
Alexia tourna sa tête dans la direction d'Elijah et étouffa une exclamation de surprise ainsi que d'espoir. Elle se mordit la lèvre pour s'intimer au silence.
Derrière Elijah, dans le couloir, on pu entendre le bruit d'une poignée de porte que l'on abaisse. La voix chantait auparavant avait cessé. Le propriétaire du club menaçait de se retrouvé entre deux demoiselles aux intentions biens mystérieuses.
-" 'Léna, as-tu fini ? J'arrive ! "
Soudain le petit adlagoon sursauta comme fouetté par une lanière invisible. Il trotta, passant devant Elijah et son groupe et fonça dans le couloir allant au-devant de, osons parier, madame la maire.
-" B'soir tata ! Attend, regarde, je peux te montrer un truc que j'ai volé ? Maman s'amuse avec la dame ! "
L'enfant entra dans la pièce et referma derrière lui. Elijah bénéficiait, pour le moment, d'une possibilité de retraite. Mais pour combien de temps ?
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Le moteur vrombissait doucement. Les téléphones portables des deux gardes du corps n'avaient de cesse de vibrer dans leurs poches, sans pour autant qu'ils leur accorde un œil réellement intéressés. Les deux semblaient tendus. Dans la voiture, un silence pesant régnait et le duo surnaturel pouvaient le meubler, ou laisser le vide emplir l'espace et/ou leurs cœurs.
La scène dont ils avaient été témoin les accompagnait encore, comme encrée dans leur rétine pour un long moment. Le chauffeur annonça dix minutes avant de parvenir à l'Eden. La circulation des matinaux se rendant au travail commençait à encombrer les routes.
Un message discret effleura la conscience de Kallatriel sur la Flotte Ruche.
'Message bien reçu, le nécessaire sera fait pour nos collègues tombés. Une équipe est en route. Nous sommes toujours derrière vous. Pourquoi vous ne vous sentez pas bien ?'
La voiture se fraya un chemin dans la ville. Enfin les portes du club furent en vue, et d'ici on pouvait imaginer que rien de positif ne saurait découler de tout cela.
Le chauffeur fini enfin par garer la voiture en face de l'Eden. Tous sortirent de l'automobile. Le bâtiment était fin prêt à tous les engloutir...
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Voici qui marque la fin du tour 8. Le groupe va probablement bientôt se reconstituer. Mais il reste encore divisé. Elijah s'est lancé dans un pari, il doit maintenant jouer le jeu jusqu'au bout. La mise est posée, les dés sont jetés, rien ne va plus les jeux sont faits.
Encore un peu de courage et de ténacité !
2 jets de dé ont été fait durant ce tour :
Elijah a subi un teste de Vigilance afin de trouver la présence de l'ange, caché à son regard, ainsi que pour déceler que les débris de verres ne sont guère déposés au hasard de la destruction. Il devait obtenir un 5 ou plus, et avec son résultat de 4 plus les deux points natifs de sa Vigilance, il a obtenu un 6 retentissant !
Nun quand à lui a dû lutter contre la peur qui le paralysait. Avec un 6, signe de la réussite critique, il parvient à retrouver du courage momentanément, et même à faire quelque chose d'utile !
Bravo à nos courageux adlagoons sur ce tour !
Pour rappel, voici les Compétences dont vous disposez :
Kallatriel : Premiers Secours / Soins Intensifs/ Vol
Primerose : Attitude Langoureuse (qui ne sera pas d'un grand intérêt ici) / Régénération Maudite
Elijah Carlisle : Visage Insondable
Si vous avez besoins d'informations spécifiques vous pouvez me contacter par MP sur le forum ou sur discord.
La fin du huitième tour sera le dimanche 18 Septembre à 23h59 (heure française).
À peine s’étaient-ils jetés sur la banquette arrière de la voiture noire que l’engin s’était mis en marche, faisant crisser les pneus sur le bitume légèrement humide par la rosée. Jaquette d’hôpital par-dessus sa tête alors qu’elle avait perdu l’équilibre (faute d’avoir eu le temps de s’attacher), Primerose exhibait sa lingerie de manière totalement fortuite. Franchement, oui ils étaient en hâte, mais elle ne s’était pas douté que les goons se seraient dépêchés à ce point.
- Mon petit doigt me dit que vous êtes déjà au courant de ce qui se passe à l’Éden! Grogna-t-elle entre ses dents serrées, replaçant sa tenue moche d’hôpital tout en bouclant sa ceinture. Avez-vous reçu un compte rendu de M. Carlisle? Que se passe-t-il, au juste?
Le silence de plomb entre les deux gardes du corps en disait davantage que tous les mots du monde. Jetant un regard en coin vers son compatriote angélique (ou du moins, pour ce qui reste de réellement pur chez lui...), Primerose semblait sur la même longueur d’onde que ce dernier : ça sentait mauvais cette histoire... Et rien à voir avec l’odeur corporelle douteuse de Kallatriel; merci à l’arôme de vomissure persistante. L’inquiétude la gagnait un peu plus alors qu’elle fit main-basse sur son téléphone portable où elle put remarquer une notification provenant du numéro de son partenaire d’affaires. Tapotant l’écran tactile, elle afficha l’intégralité du message qu’elle ne se fit pas prier pour lire à voix haute, histoire de mettre Kallatriel au parfum.
- Il est écrit : Faites le moins de bruit possible lorsque vous entrerez dans le club. Passez par la porte arrière, mes hommes vous guideront. Abraham, occupez-vous de la suite VIP avec les hommes. Je vais tenter de gagner du temps avec Maman. Primerose et Kallatriel, allez prêter main-forte à Abraham s’il n’a pas la situation en main. Si la suite VIP est maîtrisée, rejoignez-moi en passant par la porte de service située dans la section VIP. Je ne pense pas que maman soit au courant de son existence. Nous pourrons la surprendre ainsi.
La jeune femme releva son regard émeraude vers son client régulier. Que pouvaient-ils faire d’autre que de suivre les consignes du milliardaire? Il était le mieux placé pour donner des indications, lui qui connaissait l’Éden comme sa poche.
- Ça n’a pas l’air de tout repos... Marmonna-t-elle. Et si tu veux mon avis... on fera belle figure, tous les deux, dans ces tenues hautement appropriées... Elle esquissa un petit sourire amusé, cette fois, désignant leur apparence mutuelle. L’avantage, c’est qu’on aura l’effet de surprise de notre côté...
Depuis l’avant du véhicule, les téléphones portables des employés de Carlisle semblaient vibrer sans cesse. Si les deux fiers-à-bras ne daignèrent pas y jeter le moindre regard, la tension palpable qui les habitait parlait d’elle-même. Visiblement, les choses semblaient tourner au vinaigre.
Soudainement silencieuse, la catin faisait défiler devant ses yeux les clichés qu’elle avait pris au cours de la soirée, relisant sporadiquement les écriteaux figurant sur les diverses statues qu’ils avaient rencontrées. Les souvenirs de la morgue refaisaient immanquablement surface : de la porte métallique éventrée, à la statue d’or fondue, au paquet de Chuppa Chups étalé au sol, aux portières mortuaires ouvertes [quelle énumération hétéroclite quand même...]... Pourquoi diable se donner autant de mal? Quel en était le but premier? Et Alexia... pourquoi avait-elle été mêlée à tout ça? Sa copine cachait peut-être bien des choses?
Primerose releva rapidement la tête alors que le conducteur annonça l’approche du bâtiment pris d’assaut par « Mama ». Franchement, elle n’avait aucune idée à quoi s’attendre et ça l’énervait profondément. Elle était si prise par ses pensées qu’elle en oublia même l’urgence de devoir renfiler sa somptueuse tenue de plus tôt.
Au bout d’un moment, la voiture se gara enfin et le quatuor descendit du véhicule... pour tomber nez à nez avec les portes grandes ouvertes du domaine de Carlisle, lesquelles étaient ornées de statues éparses. À voir l’ambiance bien glauque qui y régnait, la démone n’eut aucun mal à s’imaginer à quel point ça devait être la merde, là-dedans.
- En tout cas, on ne peut pas douter que nous sommes au bon endroit... Marmonna-t-elle en croisant les bras sur sa poitrine enfermée dans ce textile hospitalier de mauvais goût. M. Carlisle nous demandait de retrouver Abraham... Commençons par suivre ses indications, ensuite nous... improviserons, je suppose? Elle tourna la tête en direction de son compatriote angélique-plus-si-angélique-que-ça-vu-sa-nouvelle-attitude-sassy-as-fuck-et-ses-yeux-louches... À voir comment ça s’est passé devant le CHU Ste-Marlène, on peut dire que l’impro, ça nous connaît bien, pas vrai Kallatriel? Non, je ne crois pas que vomir comme un geyser soit encore nécessaire... quoi que, ça avait eu le mérite d’attirer l’attention!
C’était la nervosité... ça lui faisait dire des bêtises parfois.
Se raclant la gorge en constatant qu’elle était peut-être la seule à se trouver drôle, la catin aux cheveux bouclés jeta un regard aux deux goons qui les suivaient comme de bons petits gorilles. Ils ouvraient la voie ou pas? Après tout, c’était leur QG à eux... Regard insistant au visage et mouvements de tête volontaires afin de les inciter à avancer d’eux même, Prime dut finalement se résoudre à admettre qu’ils ne semblaient pas enclins à entrer dans l’établissement par eux-mêmes. Ils avaient la trouille, pas vrai? Tssss, elle allait devoir prendre les choses en main, tout compte fait! Poussant un soupir, la catin prit donc les devants de cette démarche absolument pas assurée, slalomant parmi les sculptures de cendre avant de s’arrêter devant la porte d’un seul coup. Shit... entrer par la porte de devant n’était peut-être pas une bonne idée? C’était anti-subtil, en tout cas... Ou alors ils s’attendaient, à l’intérieur, à ce qu’ils passent tous par l’accès de service? Auquel cas, prendre la porte de devant était la façon la plus sûre de progresser... Mais pourquoi elle hésitait, tout à coup?! Avait-elle... peur? Pffffffff! Baliverne! Pas parce qu’elle avait soudainement envie de faire pipi que, FORCÉMENT, elle avait peur... La fraîcheur du soir, toussa, toussa...
Marmonnant des propos inaudibles pour quiconque tentait de suivre le fil chaotique de ses pensées, Primerose tapota son téléphone pour répondre à la conversation écrite incluant Elijah et Abraham. Elle demanda simplement au sbire distingué de Carlisle des indications quant à son emplacement et à la façon la plus stratégique de le rejoindre. Évidemment, les employés du richissime bellâtre lui jetèrent un regard un peu interrogateur, songeant peut-être que le moment était bien mal choisi pour tapoter un clavier de téléphone portable, comme ça, debout à moitié à poils et string saillant, parmi des statues étranges...
- Je ne glande pas sur Facebook, je demande des conseils à Abraham sur la meilleure façon de le rejoindre... fit-elle en soupirant, notant au passage qu’on la méprenait peut-être pour une petite conne superficielle (enfin pour le superficiel, ce n’est pas totalement faux non plus...). Le plus prudent serait peut-être de passer par un accès secondaire, tout compte fait... Messieurs? Pouvez-vous nous guider, moi et mon cher ami ici présent, afin que nous ne passions pas bêtement la porte d’entrée comme j’allais le faire sans personne pour daigner me retenir? Je vous en saurai gré, merci.
Si ça se trouvait, ils étaient tous trop occupés à mâter son cul et son string en dentelle... Boys will be boys! Après, il était sublime son cul, donc elle ne pouvait pas leur en vouloir... BREF. Les hommes de main d’Elijah ouvrirent la marche avec une rapidité et fluidité étonnante pour leur gabarit et la prostituée les suivit aux pas de course, comme une pro, sur ses escarpins qu’elle avait bêtement renfilés et qui commençaient à lui faire atrocement mal (quoiqu’elle ne sentait presque plus ses orteils, au point où elle en était...). Si ce n’était de l’aube naissante, il aurait été bien difficile pour quelconque humain lambda de pouvoir avancer avec assurance dans cette allée très très sombre située sur le flanc de l’Éden. Il fallait dire que la lumière extérieure d’ordinaire en fonction semblait grillée... Coïncidence ou pas? Heureusement, la nyctalopie naturelle de Primerose lui permit de noter la présence d’un petit escalier métallique, devant eux, donnant accès à une sortie assurément de secours...
Okay, d’accord... Là, elle commençait à se sentir nerveuse.
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I'm bulletproof, nothing to lose Fire away, fire away Ricochet, you take your aim Fire away, fire away Shot me down but I won't fall I am titanium
What the hell did she fucking do to my club ? Ce ne fut que des années de pratique à afficher sur son visage une tout autre émotion que ce qu’il ressentait qui permit à Elijah de conserver son sourire charmeur aux dépends de la fureur qui s’emparait rapidement de lui à la vue de son club. Non seulement, Méléna avait eu l’audace de faire de sa boîte de nuit le X final sur sa carte de chasse au trésor, mais elle s’était même permise de mettre les lieux dans un état lamentable. Rénover l’Éden allait lui coûter une fortune. Bien sûr, l’argent n’était pas un problème, mais cela consisterait tout de même en un montant qu’il avait prévu mettre ailleurs. Et qu’allait-il pouvoir dire à la presse lorsqu’on saurait que l’endroit était fermé ? Parce qu’il fallait être honnête, la presse allait définitivement être mise au courant de la déchéance de la boîte de nuit plus rapidement qu’autrement. Les journalistes avaient toujours un don de récolter les informations qu’on cherchait à garder sous silence. Et malgré le nombre d’entre eux qui étaient sur son payroll, cela ne suffirait pas à tuer l’histoire. Il était déjà parvenu à cette conclusion auparavant, mais il se la répétait : tout cela avait manifestement quelque chose de personnel, auquel cas le lieu de rendez-vous n’aurait pas été son club : l’établissement qu’il appréciait le plus. I’m gonna make her fucking pay. Pourtant, il demeurait là, nonchalamment appuyé sur le cadre de la porte, armé de son sourire le plus charmeur. « Maman » ne semblait pas prompte à lui faire face tout de suite, on voyait déjà qu’elle aimait particulièrement prendre son temps et faire les choses à son rythme. Il s’en foutait. Il était patient lui aussi, et ce sourire séducteur, il pouvait l’afficher aussi longtemps qu’il le désirait. We are in my playground, love, and there’s no way you’ll win this game.
Alors que le milliardaire parcourait la place du regard pour se rendre compte de l’ampleur des dégâts, son regard s’attarda d’abord sur une aile unique, couverte de sang, qui reposait sur le comptoir. Avait-elle rapporté un trophée ou bien le propriétaire de ce plumage se trouvait-il lui aussi quelque part dans son club. Sure, by all means, make yourself home, ravala-t-il. Heureusement que les Adlagoons ne possédaient pas de capacités télépathiques, parce qu’on aurait rapidement compris que ses pensées ne reflétaient que très rarement ce que projetait son non-verbal. Son regard passa aussitôt du bar à sa table médiévale, fracassée contre le mur qui reposait debout. Sa mâchoire se serra pendant une microseconde, seul signe de son mécontentement. Se faisait-elle un point d’honneur de ruiner ses artéfacts les plus coûteux ? L’alcool, les miroirs et même le bar, il s’en fichait complètement. Mais il s’était fait un point d’honneur de récolter et de préserver ses reliques du passé et voilà que l’une d’entre elle servait maintenant d’instrument de torture pour son employée. Il pria intérieurement pour qu’elle n’ait pas réussi à s’introduire dans son bureau. Bien sûr, sa colère augmenta de plus belle lorsqu’il vit mademoiselle Vesperati contre cette table. Heureusement, son employée paraissait encore en vie. Elle était quelque peu amochée, mais rien de très grave pour le moment. L’homme d’affaires s’intima alors de se calmer et de chasser le courroux qui l’avait envahi. Il le savait, il performait mieux lorsque ses émotions n’entravaient pas son jugement. Il remercia ses origines britanniques qui lui avaient fourni l’habilité de réprimer toutes émotions. Pour une fois qu’un cliché s’avérait utile !
Après s’être assuré que la vie n’avait pas quitté mademoiselle Vesperati, il poursuivit son enquête visuelle et c’est à ce moment que ses yeux se posèrent sur son adversaire. S’il n’avait pas en tête toutes les rumeurs qui couraient à son sujet – et surtout après avoir vu son exposition artistique pendant une partie de la soirée – Elijah aurait pu trouver Méléna presqu’attirante, sinon captivante. Sa longue chevelure d’ébène contrastait parfaitement avec sa peau opaline. Les sillons sur son corps, rappelant les tatouages de guerre, ajoutait à l’exotisme de la femme, mais provoquaient sans doute des frissons aux plus peureux de ses observateurs. L’entrepreneur en avait vu d’autres, après tout. Voyant qu’elle lui faisait toujours dos, l’Adlagoon en profita pour rapidement effectuer un tour d’horizon du reste de la section VIP, d’abord pour en évaluer les ravages, mais aussi pour repérer des informations qui pourraient lui être utiles. Il ne fut pas déçu et il se félicita de ce réflexe. S’il n’avait d’abord pas prêté attention aux multiples fragments de verres parsemant le sol, il constata rapidement qu’ils formaient une forme quelconque. Il aurait apprécié être plus en hauteur pour bien la décerner, mais il fut tout de même en mesure de comprendre qu’il s’agissait de quatre spirales. Qu’est-ce que cela pouvait-il bien représenter ? L’idée de rituel lui était passé en tête quelques instant plus tôt. Cela en faisait-il partie ? Ou était-ce simplement le canevas pour la pièce finale de l’exposition artistique de « Maman » ? Ou peut-être même les deux. Il se fit une note mentale : s’il sortait vivant de cette soirée, il allait donner à Abraham la tâche de lui fournir un dossier complet sur les rituels démoniaques. Comment pouvait-il en savoir si peux sur la race dont il faisait partie ?
Le bruit d’une respiration faible le tira de ses pensées et il leva lentement le regard en direction du plafond. Oh, voilà qu’il venait de trouver le propriétaire de l’unique empennage qui trônait macabrement sur son bar. Décidemment, le pauvre angelot n’en menait pas large. Attaché par les poignets au balcon, le chérubin se vidait lentement de son sang, gracieuseté de la privation de son aile. Encore quelque chose qu’il faudrait considérer : le sang n’était pas une substance qu’on nettoyait facilement, il en savait quelque chose. Le spectacle ne suscita rien chez l’entrepreneur – après tout, si l’ange mourait, ça en ferait toujours un de moins – mais il devait se rendre à l’évidence : il trépignait d’impatience de comprendre à quoi tout ce cirque rimait. Une pensée lui traversa l’esprit… Et si ce rituel nécessitait un ange, un humain et un adlagoon ? Venait-il de se jeter de se dans la gueule du loup et de fournir le dernier élément en voulant jouer au pseudo-héros afin de laisser le temps aux autres d’arriver ? Avait-il si naïvement tombé dans un piège longuement orchestré qu’on lui avait tendu ? Avait-on prévu qu’il tenterait de gagner du temps ? Si c’était le cas, ses ennemis le connaissaient plus qu’il le désirait. De plus, madame la mairesse était impliquée dans cette histoire. Avait-elle récolté des informations sur lui de la même façon qu’il se plaisait à le faire pour tous ses opposants ? Après tout, n’avait-il pas lui-même un propre dossier au sujet de la mairesse ? L’espace de quelques secondes, il se défit de son sourire charmeur, sourire qu’il dessina sur sa figure lorsqu’il vit que Méléna commençait à tourner la tête dans sa direction.
Il fallait se rendre à l’évidence, « Maman » était beaucoup plus attrayante de dos que de face. En fait, n’eut été de son sourire complètement animal, elle aurait encore pu susciter quelque attraction… quoi que certaines personnes dussent apprécier la bouche de prédateur. Tous les goûts étaient dans la nature après tout. Personnellement, bien qu’il appréciât une certaine sauvagerie, il n’était pas certain que la bouche à l’allure de gavial de son adversaire réussisse à lui procurer quelques papillons. Cependant, cela ne voulait aucunement dire qu’il n’allait pas user de tout son charme pour retarder les projets de la démone et de sa complice. Mentir était une seconde nature et il avait plus d’une arme dans son arsenal.
Méléna ouvrit finalement la bouche pour s’exprimer. Tiens tiens, avait-il déjoué le plan ? Avait-on parié qu’il irait plutôt dans le salon VIP où se trouvait la mairesse ? Il réprima toutefois un frisson au son de la voix. Mais comment pouvait-elle être double ? Était-ce parce qu’elle avait combiné ses deux apparences physiques : adlagoon et humaine ? Comme il détestait ne pas avoir de réponse à ses questions. La suite lui donna un indice sur la relation entre les deux femmes. Sang de mon sang. Blood of my blood. Maintenant qu’il y pensait, il était vrai que toutes les deux se ressemblaient. Quel était leur lien de parenté : sœurs, mère-fille, cousines ? La suite aussi de cette réplique s’avérait intéressante. Toujours à prendre ses bains… Se baignait-elle vraiment dans le sang des victimes de Méléna ? En quoi consistaient ces bains ? Était-ce la raison de sa jeunesse apparente sur la vidéo des caméras de surveillance ? Son invité est là. Pour une fois, une de ses suppositions s’était révélée juste : c’était la mairesse qui avait tenu à sa présence. De plus, manifestement toute cette charade semblait le concerner. Ne montrant pas sa surprise, il demeurait confortablement appuyé au cadre de la porte, même s’il avait voulu sursauter en entendant « maman » s’adresser à Nun. Oh, il l’avait suivi ? Il s’était attendu à ce qu’il prenne la poudre d’escampette lorsqu’il s’était dirigé vers la section VIP. Après tout, la réticence de l’adolescent face à une rencontre avec sa mère avait été palpable depuis un bon moment. Se donnant un air désintéressé, il jeta un coup d’œil au môme. Allait-il vraiment aller chercher Sélène ? S’il le faisait, il ruinerait le plan. Abraham et ses hommes devaient se charger de maîtriser la mairesse. C’était précisément pour cette raison qu’il avait décidé de faire cavalier seul et de se jeter en plein dans les bras de la directrice artistique de la soirée. Il n’allait certainement pas permettre à Nun de gâcher tous ses efforts.
Pourtant, le mioche semblait s’être transformé en l’une des statues si savamment construite par sa mère. Il ne bougeait pas et jetait des coups d’œil à celle qu’il avait désigné comme « maman ». À ce moment précis, Elijah n’avait aucune idée de la façon dont réagirait celui qui avait été leur insupportable guide. Faisait-il partie du plan ? Avait-il été placé sur leur route pour le guider jusqu’à son propre club ? Ou bien s’était-il volontairement placé sur leur chemin pour les en empêcher. L’adolescent s’était tu aussitôt qu’il l’avait forcé à entrer dans le VUS. Tout portait à croire qu’il ne voulait pas se réunir avec sa mère et pourtant l’homme d’affaires l’y avait obligé. Allait-il se venger et en finir ? Si la mairesse sortait du salon VIP, il serait pris en souricière et il n’aurait aucune chance d’en sortir en bon état. À moins qu’Abraham et ses hommes interviennent, ce qu’ils allaient forcément faire. Mais dans un pareil cas, ils perdraient un autre élément de surprise.
Le bruit de la poignée de porte qui menait au salon VIP se fit entendre suivi de la voie de madame Salvatori. Elijah serra imperceptiblement des dents. Fuck. Ils allaient perdre leur avantage, du moins si avantage ils possédaient. Assurément, elle allait tomber sur le groupe d’Abraham, alors que le milliardaire voulait leur faire croire qu’il était seul avec l’adolescent. Mais, contre toute attente, Nun ressurgit de son mutisme et de son inertie et se dirigea vers le salon VIP dans l’objectif évident de distraire celle qu’il venait de désigner comme « tata ». Ainsi, Méléna et elles étaient sœurs. L’homme d’affaires reporta son attention sur son adversaire tout en réprimant tout au fond de lui le soulagement qui tentait d’émerger. Way to go kid ! Il venait de choisir son camp. Manifestement, Nun ne voulait pas que le plan de sa mère et de sa tante ne réussisse et il était prêt à aider ceux à qui il avait mis des bâtons dans les roues pendant toute la soirée. Ainsi, une autre hypothèse se confirmait : Nun n’avait pas été mis sur leur chemin et il avait été la plus emmerdante des plaies sans doute pour leur éviter de se retrouver à l’Éden. S’ils sortaient toutes vivants de cette soirée, il allait devoir réfléchir à une façon de le remercier… à moins que tout ça ne fasse partie du plan et que le mioche fasse diversion volontairement. Fucking hell. Le démon ne savait plus quoi penser et surtout quoi croire.
Il décida plutôt de continuer à retenir l’attention de l’artiste. Il ne voulait surtout pas qu’elle sorte chercher madame Salvatori elle-même. Se redressant, il garda tout de même les mains dans ses poches de pantalon et fit mine de regarder autour.
« En toute honnêteté, je dois vous avouer ne pas être très amateur de la nouvelle décoration. Je préfère les choses en bon état, mais j’imagine que l’environnement chaotique consiste en un choix artistique. »
De sa main droite, il désigna gracieusement l’ange accroché au balcon.
« En revanche, je dois avouer que cela fait un moment que je n’ai pas torturé d’ange et que cette mise en scène s’avère tout à fait trépidante. Les affaires, vous voyez. Je n’aurais pas pu vous offrir pareil canevas si on avait découvert une collection d’anges torturés chez moi. » Il sourit malicieusement. « Je vois que vous avez tout de même épargné quelques-unes de mes bouteilles d’alcool. Je prendrais bien un whisky. Puis-je vous offrir à boire ? »
Voyant qu’elle ne semblait pas s’objecter à ce qu’il se déplace vers le bar, il s’y dirigea tout en continuant d’observer la démone. Une bouteille d’un très bon whisky avait survécu au grabuge, malheureusement pas de verre. Il déboucha la bouteille et la leva tout en adressant un signe de tête à son adversaire.
« Cheers, love. »
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« The kid has got a darkside, Best believe it Push too far you'll see The kid has got a darkside, Back against the wall La la la la la The kid has got a darkside, Best believe it's the Last trick up his sleeve The kid has got a darkside, That you don't wanna meet at all. »
« Ensardiné » dans la voiture, encore une fois séparé de la splendide fleur d’hôpital par deux gorille en costume et oreillette d'espionnage, Kalla se sentait de retour à ses jeunes années d'internat au NHS de Londres.... C'est à dire que gueule de bois et mal de crâne étaient de mise, même si dans ce cas-ci, il n'avait pas bu. C'était en général, l'état dans lequel il se retrouvait le week-end après une semaine à l'hôpital fort chargée. Même la couleur de cette blouse hideuse de patient, lui rappelait la couleur de son scrub de travail.
Et voilà qu'un départ sur les chapeaux de roues avait culbuté Primerose sur le côté, mettant en évidence ses atouts les plus précieux qu'étaient ses magnifiques jambes graciles et ses hanches extrêmement bien soulignées dans ce magnifique string en dentelle noire....Pendant que les gorilles se rinçaient l'oeil de manière assez ostentatoire et que la belle rose essayait tant bien que mal de rabattre sa maigre blouse de rat de laboratoire sur ses parties privées, Kalla détourna un moment la tête (contre son gré) pour ne pas faire atteinte à sa pudeur et se mit à regarder le paysage défiler, pensif.
Heureusement pour lui, il n'avait plus de haut le cœur, malgré l'odeur de vomit qui lui collait encore au corps, sinon le trajet en voiture aurait pu être éprouvant....
Il fut extirpé de son court fils de pensées, par la voix suave de sa comparse de fortune,
-Mon petit doigt me dit que vous êtes déjà au courant de ce qui se passe à l’Éden! Avez-vous reçu un compte rendu de M. Carlisle? Que se passe-t-il, au juste?
Il se pencha vers elle et la regarda d'un air entendu, tout cela ne profilait rien de bon. Il l'écouta avec attention, lorsque celle-ci lu à voix haute le message envoyé par le bellâtre milliardaire. Il n'avait aucune idée de la disposition géographique du club de Mr. Carlisle, l'Eden, n'était aucunement le genre d'endroit qu'il avait l'habitude de fréquenter. Il se devrait de porter une attention particulière aux directives de Primerose qui ne devait pas être une inconnue de l'endroit, loin de là, au vu de son accointance avec le beau ténébreux snob. Quoiqu'il n'était pas garanti qu'elle-même connaisse l'Eden comme sa poche.....
- Ça n’a pas l’air de tout repos...Marmonna-t-elle. Et si tu veux mon avis... on fera belle figure, tous les deux, dans ces tenues hautement appropriées...Elle esquissa un petit sourire amusé, cette fois, désignant leur apparence mutuelle. L’avantage, c’est qu’on aura l’effet de surprise de notre côté...
Il ne pu réprimer un petit sourire accompagné d'un soupir en regardant son accoutrement respectif.... Si l'échancrure en arrière du dos de la belle s’entrebâillait légèrement à chaque fois qu'elle marchait, il n'avait aucun doute sur le fait qu'il devait lui aussi apparaître les fesses à l'air à chaque pas qu'il faisait. Son slip trempé par les vomissures ayant été retiré avec le reste de ses vêtements, c'est maintenant qu'il regrettait ce choix.... après s'être détourné à nouveau de l'échange de regard moqueurs et taquin avec sa complice. L'habitacle retomba dans le silence. Les gardes du corps étant plus que peu loquace, et Kalla se tournant vers la fenêtre pour regarder les rues défiler, fut rappelé à ses pensées.
Pourquoi toute cette mise en scène? Pourquoi Chupa Chups l'ange déchu? Bien évidemment ils en étaient tous arrivés à la conclusion que ce «travail d'artiste» qu'ils suivaient depuis ce soir, était celui d'un Adlagoon, mais qu'est-ce qu'un ange pouvait bien avoir là dedans? Est-ce que le casse de la Visitation n'était que la première partie d'un plan? Il en était presque sûr, aucun n'ange ne se serait tourné de lui-même contre des humains, ni même contre les règles de sa déesse en faisant un casse pareil, si il n'était pas sous influence autre. Qu'il soit là ce soir là, après sa disparition de tous les radars, était tout sauf anodin.
Cela avait-il un lien avec l'histoire d'Aemulus, survenu quelques années auparavant à Sullustéhan. Il avait eut vent de cette histoire par son jeune frère Alliel qui le qualifiait de traitre à la Cité. Était-ce une menace bien réelle? Est-ce que quelques anges renégats s'étaient associés au démon dans la guerre qui faisait rage? Bien sûr lui-même n'était pas sans faute, après l'aventure qu'il avait eut avec sa magnifique partenaire d'enquête. Mais prêter mains forte à se genre de barbarie envers des humains et une de ses consoeur, lui paraissait totalement abjecte.
Cependant la mise en scène de la morgue avait l'air d'un couronnement morbide, avec des témoins, (ceux-là même entreposés dans les réfrigérateurs de la morgue) comme il était de coutume lors du couronnement d'un monarque. Etait-ce cela qui avait été promis à l'ange carmin si il avait réussi sa mission? Un couronnement d'une quelconque sorte? Apparement il avait échoué, pour connaître une fin aussi cruelle.
À ces idées, Kalla fut parcouru d'un frisson, il se devait de retrouver le deuxième ange en mission, disparu avant qu'il ne soit trop tard.... à ce moment-là il fut prévenu par un message discret de la part d'un de ses confrères.
'Message bien reçu, le nécessaire sera fait pour nos collègues tombés. Une équipe est en route. Nous sommes toujours derrière vous. Pourquoi vous ne vous sentez pas bien ?'
il remercia mentalement le messager pour cette notification et répondit à la hâte :
Ce sont les vomitifs pour faire avancer l'enquête qui m'ont laminés le ventre....
Et à vrai dire la réponse n'était pas fausse, car au présent moment il n'avait encore aucune idée de ce qui était en train de lui arriver et se préoccupait plus du bien-être de son estomac que de ses courbatures et autres douleurs dans les os. Après tout il n'avait pas envie d'arriver au club de son confrère de nationalité, le gentleman pompeux britannique, en pleine apothéose de l'intrigue de la soirée et de se retrouver à vomir lamentablement le fond de bile qui lui restait dans l'estomac devant tout le monde. Ça, plus la tenue d'hôpital dans laquelle ils allaient arriver et l'humiliation serait complète. L'image mentale de lui-même penché, cul nu, la glotte en avant sous le regard mi-effaré, mi-amusé d'Elijah, le mettait définitivement de mauvaise humeur....
C'est pourquoi il s'abstenu tout bonnement de s'emparer d'un bouteille d'eau disposée dans le véhicule, malgré qu'il avait une soif d'enfer. Présentement il se sentait bien et il ne voulait pas prendre le risque d'ingurgiter aucun liquide qui pourrait s'avérer traitre dans la suite de leur aventures.
La voiture fit un arrêt net, ce qui lui causa de s'enfoncer la tête dans le siège avant et le tira immédiatement de ses rêveries. Ils étaient arrivés à l'Eden. Ils sortirent tous de la voiture pour se retrouver en face de l'entrée du club huppé qui arborait maintenant plus une version apocalyptique du chic qu'une version bien ordonnée. Les portes étaient grandes ouvertes et l'on pouvait déjà voir une armée de statut grisâtre se diriger vers la sortie en une mise en scène macabre.
Kalla eut l'impression que si ils empruntaient la porte principale ils se jetteraient tout droit dans l'entre de Méduse et ça lui paraissait loin d'être une bonne idée. Oh comme la situation avait tournée stressante d'un coup!
Cependant, après une boutade lâchée, avec maladresse sur l'improvisation et le geyser de vomi de plus tôt par Primerose (qui fit rougir Kalla d'embarrassement jusqu'au oreilles, même si ce n'était pas peu vrai que l'impro de l'ange avait été mémorable dans le plus mauvais sens du terme) la démone décida, d'un pas mal assuré qui se voulait assuré, de se jeter dans la gueule du loup à la surprise générale et de slalomer entre les statuts....pour finalement s'arrêter à mi-chemin et commencer à texter??
L'ange n'y comprenait plus grand chose, mais les gardes du corps eux non plus n'étaient pas d'une grande aide, il y en avait même un qui lorgnait la tenue de la rose à épine. Le céruléen dont le comportement commençait à entamer une transformation nouvelle, s'approcha du gorille et lui fila un petit coup de coude dans les côtes en réprimande discrète pour lui ordonner d'arrêter de lorgner.
-Je ne glande pas sur Facebook, je demande des conseils à Abraham sur la meilleure façon de le rejoindre...Le plus prudent serait peut-être de passer par un accès secondaire, tout compte fait... Messieurs? Pouvez-vous nous guider, moi et mon cher ami ici présent, afin que nous ne passions pas bêtement la porte d’entrée comme j’allais le faire sans personne pour daigner me retenir? Je vous en saurai gré, merci.
Ah tiens? Finalement on allait pas rentrer par la porte de devant. C'était plutôt rassurant.
La jeune femme emboita le pas des goons qui s'étaient enfin décidés à servir de guide, et Kalla les suivit dans l'allée étroite et sombre qui bordait l'Eden. Encore une fois il fut surpris par cette habilité nouvellement acquise de pouvoir voir dans l'ombre comme en plein jour! That came in handy!
Il commençait à avoir froid, mais pas forcément le froid de se trimballer cul nu, plutôt la chair de poule de ne pas savoir ce qui les attendait....
Mayron avait vraiment un mauvais pressentiment. Il servait le patron depuis le début et avait vite obtenu une place d'honneur à servir dans son service de sécurité. Jusqu'ici rien n'était jamais partit autant en cacahuète ! Pire, personne n'avait la moindre idée de qui s'en prenait à Monsieur Carlisle, et pourquoi. Et dans quelles proportions. Les informations circulaient peu, tout était segmenté. Lorsqu'il tentait d'obtenir des renseignements sur son cellulaire on ne lui répondait que des informations contradictoires. Là-haut ils devaient sans doute savoir de quoi il retournait. Mais lui n'avait foutrement aucune idée de ce qu'il se tramait exactement ! Il avançait dans le noir, et Greg semblait autant nager dans le flou que lui.
Déjà qu'il ne comprenait pas bien pourquoi le patron s'enquiquinait avec des guignols comme ceux dont il avait la charge ! L'espèce de clodo avait failli saloper la caisse en se mettant à dégobiller comme un geyser l'intérieur de ses entrailles et la rouquine l'avait emmené à l'hosto... Et les deux gardes les avaient vus revenir en chemisette de soins, comme de rien !
Et maintenant ils étaient là à vouloir contourner l'entrée principale pour passer par des issues de secours. Peuh ! Comme si cette grognasse allait lui apprendre son boulot !
Dégainant son revolver de son holster, Mayron saisit la rousse avec fermeté et la repoussa sans ménagement derrière lui. S'il arrivait quoi que ce soit aux invités du patron, ça allait barder ! Un ordre avait été transmis via les talkie walkie de ne pas faire usage de la force contre une éventuelle menace. Facile à dire ! C'était la base que de se mettre soi ou sa charge en sécurité avant de s'inquiéter de celle des hostiles. Une mission bien casse gueule ! Grimaçant, l'homme de main prit la tête du groupe et s'avança vers la porte principale.
-" Greg, assure la protection à l'arrière. Je préviens Abraham que nous nous apprêtons à recoller au groupe. "
En déglutissant, Mayron s'aventura entre les statues foutrement réalistes et laissa pointer le canon de son arme dans le couloir principal avant de risquer une œillade. Rien. Il alluma la fonction lampe de son portable et s'en servit pour trouer les ténèbres devant eux. En file indienne, ils progressèrent dans le club privé. Plus rien n'était reconnaissable et tout baignait dans un silence étouffant. Et plus ils avançaient, plus il sentait un sentiment étrange l'étreindre. Cette bonne vieille peur refermait ses doigts griffues sur son cœur qui battait anormalement vite. Sans qu'il n'y ai de raison évidente. Ce qui était réellement une première !
Il s'assura bien que les deux zigotos en tenues de patients le suivaient toujours. Oui. Parfait. Quelque part, même si c'était à lui d'assurer la sécurité, voir qu'il n'était pas seul le... Rassurait, en quelques sortes. Lorsqu'il tourna à nouveau son regard devant lui, il pu voir que le faisceau lumineux de son appareil illuminait un homme pâle au regard dur.
Cet homme aux cheveux blonds eu une moue ennuyée.
-" Veuillez virer cette lumière de mon visage. "
Les sens de Mayron s'affolèrent. Ce gars là n'était pas un type ordinaire. Ses yeux bleus étaient trop... Bleus ! Il n'avait rien à foutre ici et les... !
Mayron sentit une douleur insoutenable lui exploser dans le bras ! Tout à coup il était au sol en se tordant de douleur, le coude cassé, le revolver au sol ! Il ne comprenait pas ce qu'il venait de se passer mais une prise lui avait pété le coude ! Comment... ?!
L'autre s'était déjà avancé et observa Primerose sans rien dire avant d’ôter son veston et de le lui passer sur les épaules. Il allait dire quelque chose lorsque Greg s'emporta. De ses mains ne demeuraient que des pattes griffues noirâtres. Un corps volcanique et musculeux venait de déchirer son costume si élégant et ses yeux tels deux roches portées à incandescence brillaient d'une lueur mauvaise.
-" T'es qui toi enfoiré ?! Recule ! RECULE JE T'AI DIS !!! May', ça va ? "
Les sens de la démone comme de Kallatriel s'alarmèrent. Un être surnaturel que cet homme. Et sa nature éclipsait même l'origine démoniaque du dénommé Greg. L'autre vint poser sa main sur l'épaule de Kallatriel de Sullustéhan avant de continuer à s'avancer vers le démon qui lui intimait pourtant de faire des pas en retrait.
-" Tient donc, un frère ? Bien le bonsoir, que la Déesse veille sur toi, mon ami." "
Greg appuya sur la touche d'urgence de son portable. Il n'eut que ce temps avant que l'inconnu n'arrive sur lui. Un battement de cil. Et voilà que le démon était secoué de spasmes au sol. Un gémissement étouffé sortait de sa poitrine sans que l'on distingue bien ce qui avait pu le mettre dans cet état.
-" Vous n'étiez pas attendu ce soir. Mais je vais vous demander de me suivre à présent. Ne craignez rien pour ces deux là. Je ne les ai pas tué et ça n'est guère mon intention. "
Et sans plus de considération pour ses deux victimes gisantes, mais belles et bien en vie, l'inconnu avança dans le couloir en s'assurant qu'il était bien suivi.
La connexion à la Flotte Ruche de l'ange l'informa d'un nouveau message reçu. En l'ouvrant il perçut la stupeur de l'ange qui l'avait contacté.
' Je rêve ! C'est Aemulus, le traître à la Cité ! Suivez le, suivez le ! '
Le traitre ainsi nommé demanda sur le ton de la conversation.
-" Et vous n'avez pas froid à vous promener ainsi ? Je ne connaissais pas cette mode. Ai-je raté une nouvelle tendance ? " "
Ils passèrent devant une porte derrière laquelle le duo étrange d'ange et d'adlagoon aurait juré entre parler le petit agaçant Nun. En face se tenaient un groupe un peu plus important. Trois individus. Abraham était fort reconnaissable.
-" Et voici que tout le groupe est au complet. Me trompé-je ? "
A quelques pas de là, et dans une tout autre ambiance, le propriétaire des lieux discutait avec une assurance affichée avec une adlagoon qui ne prenait pas grand soin de cacher son vrai visage. Il s'était rapproché du bar où il avait trouvé une heureuse bouteille de Whisky Macallan survivante du massacre qui avait ravagé les lieux. La levant afin de saluer sa 'gracieuse' invitée, il se fendit d'un avenant sourire.
Méléna, elle, observait Elijah. Elle avait ce regard passablement intéressé de l'araignée épiant un papillon innocent. Elle se triturait le bout des doigts pensivement, oubliant pour un temps sa victime humaine. Ses yeux gris avaient une teinte dorée cerclée autour de sa pupille, ce qui rendait ses yeux très expressifs et reconnaissables. Un léger toc vint lui faire pencher subitement la tête sur sa droite, comme si elle avait prit un caillou sur le coin de la tête.
Elle n'avait rien à omettre à ce que son homologue adlagoon ne se servit une rasade d'alcool, aussi se contenta-t-elle de le garder au centre de sa vision un instant. C'était comme si elle le jaugeait. Le scannait. Parcourait sa tête à la recherche de ce qu'elle savait ou voyait de lui en vue de se faire une opinion sur quelque problématique obscure qui occupait son cerveau sans doute dérangé.
Soudain alors même que ses lèvres restaient résolument fermées, la voix grave et rocailleuse qui accompagnait la voix cassée se fit entendre. Mais seule. Elle vibrait lourdement, menaçante.
-" Tu n'apprécies pas qu'on t'appelle 'love'!! "
Méléna baissa la tête. Ses sourcils se froncèrent et son expression se fit menaçante. Elle serra ses griffes et les décontracta machinalement, à l'instar d'un taureau hargneux prêt à charger.
- " Je n'apprécie pas qu'on m'appelle 'love'. Carlisle tu as fais une erreur. Il est dangereux de provoquer plus fort que soi. Et je vais te montrer pourquoi... "
Son regard fixe ne le lâchait plus. Une de ses griffes s'allongea soudain de façon disproportionnée, donnant maintenant l'impression qu'une lame d'escrime prolongeait son doigt délicat. Méléna passa pensivement la pointe de son arme organique sur ses lèvres avant qu'un sourire lugubre ne vienne les étirer.
Elle commença à marcher vers le riche propriétaire, consciente qu'il n'aurait pas grand chose à lui opposer physiquement.
Dix pas. Neuf. Huit. Sept. Six. Cinq. Quatre...
Aemulus entra dans la pièce suivit par Kallatriel, Primerose, Abraham ainsi que les deux gardes qui ne s'étaient pas fait rosser.
-" Madame, il faudrait songer à écourter. Le soleil se lève déjà, il est temps de s'éclipser. "
Un léger toc vint lui faire pencher subitement la tête de la démone sur sa droite, comme si elle avait prit un caillou sur le coin de la tête. Elle s'arrêta non sans considérer Elijah Carlisle un temps.
- " Zut, je ne vais pas avoir le temps de le mettre en scène alors. Il serait pourtant si beau, la peau étirée sur tout un mur de la salle ! Il deviendrait ainsi la pierre démoniaque sur laquelle s'est construit l'éden. J'aime bien cette idée. Le beau ne peut se construire que parce que la pire engeance en est le support. "
Alors elle nota le petit groupe qui était amené avec l'ange renégat.
-" Qu'est-ce que tout cela ? Ils ont relevé mes énigmes ? Ils ont de la chance, ils pourront être les témoins de mon œuvre ! "
Cette perspective semblait réellement la ravir. Si l'on ôtait de l'équation son regard fou à tirer une joie malsaine à tout ce qu'il se passait, elle était réellement aux anges que de s'adonner à sa passion, donner du sens à la souffrance qu'elle produisait. Dans quel but, cela demeurait encore un mystère. Mais la Reine de l'Ombre avait demandé. Et ce qu'elle demandait exigeait réponse.
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Voici qui marque la fin du tour 9. Le groupe s'est retrouvé. Mais un nouvel élément s'est ajouté à l'adversité déjà complexe à appréhender. C'est le choix des mots ici qui saura vous tirer de ce guet-apens. Il y a de multiples solutions, de multiples réponses à obtenir, saurez-vous les trouver ?
Encore un peu de courage et de ténacité !
De multiples jets de dé ont été fait durant ce tour :
Un test de Chance afin de voir si Primerose et Kallatriel pourraient se promener autour et dans l'Eden sans se faire repérer. Avec un 1, la chance n'est pas au rendez-vous et c'est donc Aemulus en personne qui croise la route des infiltrés. Mais cette malchance permet au groupe de révéler un nouveau secret du lore d'Angeli ex Inferno ! Cet ange exilé est de mèche avec Méléna !
En parlant d'échec au dé, Elijah Carlisle malheureusement échoue à donner à Méléna une apparence de décontraction. La femelle adlagoon connaît bien la peur, le trac, l'inspirant comme un jeu à ses victimes. Consciente de la nervosité qu'elle lui inspire, elle se permet de le malmener un peu plus. Quelle réponse aura-t-il ?
Enfin les informateurs du riche propriétaire ont obtenus quelques informations sur la présence de madame la maire dans les locaux ainsi que Méléna. Abraham n'ayant pas encore l'ouverture pour en faire part à son supérieur, ces éléments supplémentaires ne sont pas encore disponibles mais arriveront sans doute à la fin de l'event, lorsque la tension sera retombée !
Voici que nous entrons dans la dernière ligne droite ! C'est bientôt fini ! Pour Alexia Vesperati !!!
Pour rappel, voici les Compétences dont vous disposez :
Kallatriel : Premiers Secours / Soins Intensifs/ Vol
Primerose : Attitude Langoureuse (qui ne sera pas d'un grand intérêt ici) / Régénération Maudite
Elijah Carlisle : Visage Insondable
Si vous avez besoins d'informations spécifiques vous pouvez me contacter par MP sur le forum ou sur discord.
La fin du huitième tour sera le dimanche 09 Octobre à 23h59 (heure française).
Malgré son hésitation sporadique devant l’ambiance bien glauque qui s’était installée à l’Éden (et qui se ressentait jusqu’à l’extérieur, pardi!), Primerose décida de ne pas se laisser impressionner... du moins en apparence! Menton levé, air fier-semi-inapproprié sur ses traits la pas-si-brave-que-ça démone leva une main pour glisser ses doigts sur la rampe métallique qui bordait les quelques marches de l’escalier menant à l’accès secondaire, juste devant elle. Elle allait s’engager sur cette voie quand une poigne ferme vint lui saisir le bras droit, la faisant couiner de surprise au passage. Non, mais ça n’allait pas la tête?! Lui faire peur de la sorte! Crétin!!
Un air superbement boudeur au visage, l’incendiaire jeune femme laissa le gorille à la solde d’Elijah passer devant elle, avec ses manières rustres et son expression bourrue à la con. Était-elle de mauvaise foi? Juste un brin... Visiblement, c’était une caractéristique plutôt commune chez bien des êtres surnaturels! De toute façon, en faisant fi de son ego déplacé, il était somme toute très logique que le type chargé de sa sécurité prenne les devants... non?
Quelques ordres furent balancés à la volée via le réseau de walkie-talkie et l’employé de M. Carlisle ne se fit pas prier pour interpeller son compatriote (surnommé Greg, à en croire ses propos) afin qu’il assure la défense arrière du groupuscule. La tension était palpable et Primerose jugea maintenant plus opportun de fermer sa gueule et de se faire petite... si elle ne souhaitait pas voir un destin funeste se dessiner devant ses yeux.
Une fois à l’intérieur, la prostituée serra machinalement ses bras autour de son corps en un geste de protection futile qui en disait long sur son sentiment d’insécurité. Après, sa tenue n’aidait en rien, concentrant encore davantage la sensation de vulnérabilité qui l’envahissait au fur et à mesure que le temps s’écoulait. Prudemment, le groupe évolua dans les entrailles d’un Éden déchu, tendant l’oreille dans l’obscurité afin d’être à l’affût des allées et venues potentielles. Clic! Une lampe de poche fut allumée, à la plus grande insatisfaction de Prime, dont les yeux s’étaient aisément habitués à l’obscurité. Momentanément aveuglée, la belle grogna de frustration en protégeant ses yeux de son bras. Pour la subtilité de leur présence, ils allaient repasser, hein!
Mais... le gorille en question n’était-il pas d’origine Aldagoon, également? N’était-il pas nyctalope comme tout le monde, cet enfoiré? Ou alors elle s’était trompée sur l’aura qu’il dégageait et confondait avec Greg? Malgré tout, la catin garda ses commentaires envenimés pour elle, se contentant de conserver la file indienne qu’ils avaient instinctivement créée. Le silence était de plomb et l’ambiance était toute aussi lourde. L’angoisse était bien présente et forcément ressentie par tous les partis de ce groupe improbable. La progression était lente, très prudente même.
Arrivé au détour d’un couloir, le chef de tête pivota pour s’engager un peu plus loin dans les entrailles de l’établissement, quand il stoppa net sa démarche, effectuant malgré lui un effet domino derrière lui : Primerose buta dans son dos, puis au tour de Kallatriel et du fameux Greg. Relevant machinalement le regard vers l’obstacle qui leur barrait la route, la catin hoqueta de stupeur devant l’individu albâtre qui se tenait devant eux, à l’instar des statues de plus tôt, mais le visage ennuyé cette fois. Ah ouais, il n’était pas forcément heureux de constater leur présence, visiblement. Eh bien, c’était réciproque, pardi! La requête de l’étranger à l’épiderme couleur de plâtre et aux yeux trop bleus fut, somme toute, plutôt légitime : retirer le vaisseau lumineux de son visage. Fair enough. Toutefois, avant même que le gorille ne puisse piper le moindre mot, l’inconnu sembla poser un geste (trop rapide dans la pénombre pour que quiconque puisse réagir) en direction du chef du minuscule peloton, cassant ainsi instantanément le bras de ce dernier (du moins, le craquement sonore témoignait d’une telle brutalité).
Le regard émeraude de la belle rousse se riva sur l’immaculé qui, sans autre considération pour le type au bras cassé, s’avança naturellement vers elle. Un mouvement de recul instinctif se fit sentir chez Primerose, laquelle fit un pas en arrière et gronda à la manière d’un chat terrorisé. Allait-elle être la prochaine sur sa liste? Elle se défendrait bec et ongles... même si au final, elle n’opposerait qu’une piètre résistance devant un individu de sa trempe. Toutefois, contrairement à ses attentes, l’aldagoon incendiaire fut surprise de constater que son vis-à-vis choisit plutôt de l’entourer de son veston, désireux de préserver cette pudeur qu’elle ne possédait réellement pas.
- T-Thanks, I guess…? Souffla-t-elle du bout des lèvres, visiblement craintive.
L’homme à l’apparence éthérée ouvrit la bouche pour articuler quelconque propos, mais fut interrompu par le gorille de derrière. Succombant à la colère, Greg perdit le contrôle de lui-même et explosa cette apparence banalement humaine pour revêtir cette forme originelle typiquement démoniaque. Si elle pouvait le comprendre d’avoir opté pour ce choix effectué sous la pression, Primerose ne put s’empêcher de craindre qu’une telle provocation puisse vite contribuer à la dégénérescence de la situation... et son instinct se trompait rarement...
Déglutissant, la beauté recula de nouveau jusqu’à ce que son dos ne rencontre le mur près d’elle, laissant ainsi passer l’inconnu à l’aura si puissante qu’elle en avait presque le vertige. Un ange, c’était évident. D’autant plus qu’il venait de saluer Kallatriel de manière presque chaleureuse...
La suite se passa si vite que l’aldagoon féminin n’eut d’autres choix que d’admettre qu’elle avait raté l’essentiel de l’action en cours. Elle couina de surprise et détourna rapidement le regard alors que Greg n’eut visiblement aucune chance. Secoué de spasmes et hors d’état de nuire, son compatriote infernal gémissait, gisant au sol à l’instar d’un mourant... mais l’était-il vraiment? Dans tous les cas, Prime avait le cœur qui débattait, sa crainte étant accentuée par l’aura si puissante de ce redoutable ange qui aurait peut-être encore envie de tâter du démon, pour peu qu’elle le sût.
Il revint vers eux, articulant quelques propos de sa voix calme, désireux de les rassurer sur l’état des deux victimes qui, visiblement, ne verraient pas poindre leurs derniers instants dans l’immédiat. Invités à le suivre, les deux compagnons improbables n’avaient d’autres choix que d’obtempérer, bien que Prime eût plutôt envie de détaler en courant. Serrant de nouveau ses bras graciles contre elle, la jeune femme combattait une nausée découlant de son angoisse grandissante. Elle avait envie de retirer ce veston de ses épaules et de le jeter au loin, mais le cas échéant, allait-elle attiser le courroux de cet emplumé albâtre? Elle devait se ressaisir et user de sournoiserie si elle désirait s’en sortir en un seul morceau... toute provocation inutile se devait d’être proscrite pour l’heure...
Un seul regard terrorisé fut balancé en direction de Kallatriel avant qu’elle ne se mette en marche, ses escarpins claquant sur le sol autrefois lustré. Son compagnon avait l’air aussi tendu qu’elle, pour dire vrai...
- C’est une longue histoire... le genre qui se mérite d’être relatée autour d’une bouteille de vin rouge, en toute honnêteté... Rétorqua-t-elle à l’interrogation de l’être menaçant, sa gorge étant terriblement sèche tout à coup.
Ils passèrent devant une porte ouverte d’où la catin put entendre la voix du mioche, en pleine discussion avec un individu lambda. Était-il complice de toute cette histoire? Qu’avait-il fait de M. Carlisle? Si l’envie de l’empoigner et de le secouer comme un prunier se fit ressentir, la fleur incendiaire se contenta de poursuivre sa trajectoire, notant sans mal la présence d’Abraham devant eux, accompagné d’autres employés du richissime entrepreneur. Un seul regard fut échangé avec ce dernier, laissant entendre que la situation tournait davantage au vinaigre qu’initialement escompté. Elle secoua légèrement de la tête, témoignant ainsi du fait qu’elle n’avait pas été malmenée ni blessée. Elle resta mutine à la question du guerrier poulet céleste et se contenta de resserrer ses bras encore un peu plus contre son corps.
En fait... le groupe n’était pas tout à fait entier... Ne manquait-il pas Moutain Dew Boy? Elle avait son numéro, non? Peut-être pourrait-il appeler les services d’urgence pour qu’ils rappliquent à l’Éden... Si d’emblée, de simples humains ne pouvaient peut-être pas faire grand-chose contre maman et ses sbires, la diversion créée pourrait leur être utile, non? Maintenant que l’ange Superman leur faisait dos pour visiblement ouvrir la porte qui les séparait de la pièce principale, Primerose glissa une main sous le veston pour récupérer son téléphone portable. Laissant toujours sa main sous le textile pour masquer la lumière de l’appareil, elle tapota rapidement l’écran pour sélectionner le dernier contact ajouté. Un simple texto, composé de deux mots : ** SOS. Éden**.
Elle espérait que le bougre soit suffisamment futé pour appeler les flics ou elle ne savait trop quoi. La catin suivit le groupe, passant en revue à la volée les clichés qu’elle avait pris plus tôt avant de rapidement ranger son appareil électronique.
La pièce principale de l’Éden fut dévoilée : détruite et ensanglantée. Un ange était suspendu à la mezzanine, aile en moins et dégoulinant depuis son perchoir. D’ailleurs, n’était-ce pas son pennage, là, sur la surface de bois poli qui servait de comptoir? Au centre de la pièce se trouvait une créature à l’apparence typiquement démoniaque, laquelle fut aisément identifiée comme étant « maman ». Si Primerose avait déjà entendu parler de cette dernière vu la terrible réputation qu’elle s’était taillée, son nom, quant à lui, lui échappait. Si à priori elle voulut l’appeler « Crocs » comme cette marque de chaussures abominablement laides représentée par un logo de crocodile bon enfant, la catin décida de garder sa remarque pour elle, non sans l’avoir dévisagé un instant. Tout près de Crocs se trouvait Alexia qui, au grand soulagement temporaire de la catin, était toujours vivante – quoique mal en point. Puis, non loin d’elle, se trouvait un M. Carlisle visiblement indemne, verre de whisky à la main. Ah ouais, c’était CE genre de mood? Parce que franchement, si tel était le cas, il pouvait bien ramener la bouteille, elle serait preneuse...
L’ange Robocop s’adressa à Crocs, lui sommant avec politesse d’accélérer les choses, puisque visiblement, le soleil jouerait bientôt en leur défaveur. Ah, ils étaient donc ensemble, tous les deux... Joli duo... Prise d’un toc surprenant, Crocs tourna rapidement la tête à la manière d’une possédée, avisant Elijah au passage. Visiblement, elle avait eu de sombres desseins pour l’entrepreneur, désireuse d’en faire la pierre démoniaque sur laquelle s’est construit l’Éden. Que de belles métaphores, comme tout le reste de ses œuvres. D’ailleurs, elle semblait particulièrement fière de ces dernières, à voir la passion qui l’animait. Une artiste... Et les artistes ne souhaitaient-ils pas, de manière générale, la reconnaissance de leurs œuvres? Passer un message à travers leur art était souvent primordial... Craignant qu’Alexia ou Elijah ne soient les prochains canevas, Primerose tenta de calmer les choses, de gagner du temps...
- Si vous me permettez, madame... Et elle s’abstint bien évidemment de l’appeler Crocs... Vos énigmes étaient plutôt bien ficelées, je dois l’admettre. Cette façon que vous avez eu de travailler la matière était plutôt remarquable. Utiliser des canevas vivants pour appuyer la poésie de vos propos était du jamais vu, il faut bien l’admettre. Puis-je souligner la finesse de votre travail quant à l’utilisation de l’or en fusion pour statufier cet ange de manière à la fois glorieuse et un peu cauchemardesque? Vous avez très bien su marquer le vice que ce dernier cultivait pour les richesses, comme en ont pu témoigner ses actes lors de l’attentat de La Visitation. Une sculpture parfaite de l’Avarice incarnée! Personnellement, j’ai été obnubilée par la scène, je dois l’admettre. Quelle belle manière de mettre en lumière les traits tout à fait humains dont peuvent être affublées même les créatures célestes! Un pont tangible entre deux mondes bien distincts. Après, il s’agit d’une interprétation personnelle, j’espère ne pas vous manquer de respect en vous en faisant part. J'admets être néophyte en la matière.
Le pire? Elle ne mentait pas entièrement. Toutefois, Primerose savait faire usage de la flatterie. Courtiser et flatter l’ego était la base même de son métier et elle n’hésitait jamais à en faire usage. Détaillant les environs, elle remarqua les spirales de verre éclaté jonchant le sol, le tout travaillé tout en finesse. Puis cet ange ensanglanté qui trônait au-dessus de la scène et sa pauvre amie, coincée sur le sol, à la merci de cette folle... Un regard bref fut balancé en sa direction, d’ailleurs. Primerose ne pouvait se permettre de lui accorder plus de temps visuel, de peur de trahir son attachement pour elle.
- L’Éden, un véritable paradis. Une douce ironique, puisqu’avec une aile manquante, celui-là n’y aura plus accès, fit-elle en indiquant le pauvre volatile humanoïde d’un simple mouvement de menton. Et cette femme? Ève qui a croqué la pomme interdite offerte par le serpent? Les spirales... formes inspirées dudit animal mythique, peut-être? Et je suppose que M. Carlisle ici présent allait représenter le Malin biblique, la corruption à l’origine de la chute de l’Homme. L’ange et le démon guidant la conscience de l’être humain... Enfin, j’extrapole et m’émerveille en même temps, je vous demande pardon si je ne saisis pas correctement le message véhiculé par cette nouvelle œuvre. L’art est un peu subjectif pour celui qui l’admire. Dans tous les cas, c’est très poétique tout ça.
Est-ce que Tony allait capter son message pour faire diversion ou pas? Primerose était bien déterminée à se prêter à ce jeu orchestré par Crocs, mais en cas d’attaque, elle ne servirait strictement à rien... du moins, le croyait-elle. Garder et maintenir le calme était primordial pour éviter tout éclat stupide qui allait immanquablement les mener à leur perte.
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I'm bulletproof, nothing to lose Fire away, fire away Ricochet, you take your aim Fire away, fire away Shot me down but I won't fall I am titanium
Fuck. Fuck. FUCK ! Apparemment, Méléna n’avait pas apprécié le surnom dont il l’avait affublée. Il fallait l’avouer, cela consistait en une première. Généralement, les femmes fondaient devant son accent britannique et la façon dont sa voix grave prononçait le mot love, mais il avait mal joué ses cartes. Il était évident que « Maman » n’appartenait pas au commun de la gent féminine et ne tomberait pas sous son charme aussi facilement. Pourtant, elle n’avait pas semblé réagir à son assurance affichée lors de ses premières interactions. Vraisemblablement, il s’était aventuré trop loin et il allait maintenant en payer le prix de sa vie. En effet, après lui avoir signifié qu’elle avait perçu son qualificatif comme une provocation, l’une de ses griffes s’était considérablement allongée, prenant la forme d’une arme encore plus redoutable qu’elle pouvait déjà l’être. Et voilà que Gollum s’avançait maintenant vers lui dans la très évidente intention de le dépecer, le poignarder ou l’égorger. FUCK ! Elijah était un homme particulièrement terre à terre, il était parfaitement conscient qu’il n’avait aucune chance de l’emporter physiquement face à elle. Certes, elle paraissait menue, mais il n’allait certainement pas commettre l’erreur de la sous-estimer. Six pas, elle s’approchait de plus en plus. Sa main se serra autour de sa bouteille de whisky afin de dissimuler les tremblements qui l’assaillaient. Oh fuck it. There’s no way I’m dying like this, in my own club for fuck’s sake. Environ quatre pas les séparaient maintenant. Au dernier moment, il prendrait sa forme démoniaque, sous laquelle il possédait plus de puissance. Il pourrait lui balancer la bouteille de whisky au visage, tenter de dévier la griffe-épée et même parvenir à la blesser. Come on, you bitch, I’m ready.
Cependant, le milliardaire n’eut pas l’occasion de prendre sa forme originale. Alors que Méléna s’apprêtait à diminuer l’espace entre eux d’un pas, un individu fit irruption dans la pièce, suivi de personnes dont il reconnaissait parfaitement le visage : Kallatriel, Primerose, Abraham et deux membres de son équipe de sécurité. La tension dans ses épaules se relâcha presqu’aussitôt. En termes de timing, il n’aurait pas pu demander mieux. L’individu au regard beaucoup trop azuré savait-il seulement qu’il venait de lui sauver la vie ? Voilà maintenant qu’il aurait une dette envers ce qui semblait être une créature angélique… Hell no ! Il fut toutefois soulagé de savoir Abraham et Primerose en vie – leur sécurité lui importait après tout – mais l’apparition de l’ange aux allures de grand-père ne lui fit ni chaud ni froid. What the fuck are they wearing ? L’homme d’affaires n’eut pas le temps de se pencher davantage sur la question que la voix de l’homme au regard céruléen retentit. Ainsi, le possible ange faisait-il office de laquais auprès de « Maman ». Après tout, il s’adressait à elle en tant que Madame et son ton semblait empli d’un certain respect. Ange et démon travaillant ensemble dans un but commun, peut-être ? Intéressant. Manifestement, comme il ne réagissait pas à la vue du pauvre bougre suspendu au-dessus de leurs têtes, il paraissait sûr de supposer que le he-angel ne figurait sans doute pas sur le tableau d’honneur des meilleurs suck-up de leur foutue Déesse.
Ce qu’il dit, néanmoins, s’avérait intéressait. Pourquoi fallait-il impérativement quitter avant que le soleil ne soit complètement levé ? Méléna devait-elle éviter le soleil à son zénith ? Après tout, en y réfléchissant, il était vrai qu’elle œuvrait plutôt de nuit. Une idée lui germa en tête. Et s’ils tentaient de gagner du temps jusqu’à ce que le soleil soit entièrement levé ? Peut-être qu’à leur groupe, ils réussiraient à prendre le dessus sur elle et à l’exposer à l’astre du jour ? Cependant, cela revenait à baser un plan complet sur une hypothèse non-vérifiée. Et c’était sans compter que le he-angel opposerait sans doute une résistance, tout comme Madame la Mairesse qui se trouvait toujours dans une autre pièce. Il plaça cette réflexion dans un coin de sa tête. Peut-être que d’autres indices viendraient confirmer ou infirmer sa supposition… advenant qu’ils vivaient jusque-là.
Un toc le tira de ses pensées et il vit que le regard de « Maman » le couvrait toujours. Toujours près du bar, Elijah réprima un frisson lorsqu’il entendit les plans – malheureusement interrompus – que Méléna lui réservait. Elle avait l’intention de le « mettre en scène », « d’étirer sa peau sur tout un mur de la salle ». Dire qu’il l’avait échappé belle ne décrivait même pas le soulagement qu’il ressentait à présent. La suite des paroles de la démone attisa sa curiosité. Tout ce qu’elle avait fait, depuis le début de son exposition artistique nocturne, avait été scrupuleusement planifié et mis en scène. L’entrepreneur ne douta pas un instant que le choix des mots qu’elle utilisa par la suite avait été aussi minutieusement sélectionnés. « La pierre démoniaque sur laquelle s’est construit l’Eden ». So we’re going biblical now ? Une dernière énigme avant la scène finale ? L’homme d’affaires en avait plus qu’assez de jouer, mais il ne pouvait pas le montrer. Leur seule porte de sortie était de jouer le jeu, cela était d’une clarté limpide. « Maman » remarqua enfin la présence des autres membres du groupe et cela sembla l’enchanter. Avoir des spectateurs dignes paraissait lui plaire. En effet, suivant son raisonnement, seuls ceux qui avaient pu résoudre ses énigmes étaient dignes d’apprécier son œuvre. Comme n’importe quel artiste, elle voulait se sentir comprise. Elle désirait que ses œuvres parlent à quelqu’un. Elle voulait un public qui puisse saisir la portée de son art. Quoi de mieux qu’un groupe d’élus qui avait su déchiffrer la mappe semée d’énigmes qu’elle avait si méticuleusement mise en place. Elijah espérait seulement qu’il faisait dorénavant parti des spectateurs et non pas du projet d’art de madame l’artiste. Toutefois, cela semblait encore être à déterminer. Quelque chose jouait en sa faveur, en revanche : il était un collectionneur d’art. Il savait apprécier l’art sous toutes ses formes. Elle voulait être acclamée et comprise, elle aurait certainement ce qu’elle voudrait. L’important était simplement de faire sortir tout le monde vivant – enfin, ceux qui se trouvaient de son côté.
Primerose arriva aux mêmes conclusions que lui. Prenant d’abord la parole, elle usa aussitôt de flatterie pour amadouer « Maman ». Il avait toujours vanté l’intelligence de la prostituée et encore une fois, elle ne le déçut point. Pendant que tous les regards étaient posés sur la rouquine, Elijah retira lentement son téléphone portable de la poche de son pantalon. S’assurant de le conserver près de sa jambe qui était près du bar, il toucha l’écran pour le mettre en marche. En effet, il avait senti l’appareil vibrer à quelques reprises depuis qu’il était entré dans la pièce. Son équipe de recherche avait-elle trouvé des informations pertinentes ? Il lut rapidement les messages envoyés puis remit son téléphone en place avant de reporter son attention sur celle qui y allait d’analyse en analyse. Ce qu’elle dit sur l’ange et son avarice résonna en lui. Après tout, les péchés avaient fait partis de presque tous les indices de la soirée. La première statue avait été brûlée. N’associait-on pas le feu à la colère ? La seconde victime, Bob le gardien du phare, avait été gavé de ciment. Pouvait-on y voir une forme de gourmandise ? Cela étant, il n’est pas difficile de constater qu’il pouvait lui-même faire office du péché d’orgueil alors qu’Alexia pouvait très bien représenter la luxure. Il ne restait que l’envie et la paresse. Lequel des péchés représentait l’ange accroché au plafond ? Avait-il été envieux ? Après tout, les péchés empêchaient d’accéder au Paradis Terrestre. Punissait-elle seulement les pécheurs ? Discriminait-elle ? Ange, démon, humain ? Était-elle juge, jury et bourreau de toutes les races habitant sur l’île ?
Voilà que Primerose y allait d’une autre interprétation. Fucking hell ! The woman is the most feared Adlagoon of all and she has fun making fucking biblical allegories. Celle qui témoignait manifestement d’un sérieux God complex semblait apprécier l’attention que lui donnait la prostituée. Il fallait l’avouer, la rouquine se débrouillait parfaitement bien. Elle maniait la flatterie aussi bien qu’elle se déplaçait sur ses souliers à talons hauts de marque. Une phrase servant d’indice lui revint en tête « Levez les yeux au ciel. Et constatez les mensonges. » On avait retrouvé cette phrase sur la statue de Bob le gardien du phare. Voulait-elle montrer au monde que la Déesse et sa religion n’était qu’un tissu de mensonges ? Après tout, Méléna se plaisait depuis le début de la soirée à jouer avec les codes bibliques, alliant péchés, condamnation et art. Voulait-elle réécrire l’histoire du monde ? Ou bien était-elle plutôt dévote ? Il fallait l’avouer, elle avait puni ceux qui avait dérogé à leur rôle, notamment le fameux ange doré dont Primerose venait de parler. Trouvait-elle plutôt qu’on ne punissait pas ceux qui méritaient de l’être ? L’ange suspendu avait-il commis une faute ? Si c’était le cas, l’ironie de la situation s’avérait particulièrement délicieuse. Après tout, ne tuait-elle pas ? Ne voulait-elle pas le dépecer quelques instants auparavant ?
S’il était le Mâlin corrupteur et qu’Alexia devait jouer le rôle d’Ève, où se trouvait Adam ? Allait-il apparaître dans les prochaines minutes ? « Le beau ne peut que se construire que parce que la pire engeance en est le support. » Elle faisait de l’art avec des pécheurs ! Elle transformait ceux qui ne méritaient pas d’accéder à l’Éden, au Paradis en les transformant en œuvre pérenne, transcendante. Ainsi, ne gagnaient-ils pas tout de même l’éternité ? Elle leur assurait en quelque sorte l’immortalité de cette façon. Après tout, combien d’objets d’art conservait-on qui étaient aussi vieux que l’Homme.
Voyant que Méléna gardait le silence après l’intervention de la rouquine, Elijah se râcla discrètement la gorge.
« Je ne puis qu’abonder dans le même sens que mademoiselle Primerose. Vos allégories religieuses, si je puis m’exprimer ainsi, sont absolument fascinantes. Cela nous pousse à réfléchir, vous savez, et c’est là la qualité des plus grands artistes à mon humble avis. Je vous lève mon chapeau. Puis-je me permettre une question ? Il faut dire que j’adore discuter avec les artistes pour comprendre leur propre conception lors de l’élaboration d’un projet artistique. Est-que tous vos… canevas étaient des pécheurs ? Mademoiselle Primerose a bien élaboré au sujet de l’ange doré, mais était-ce le cas pour les deux autres ? L’homme calciné et le gardien cimenté ? Sans compter la foule de sculptures qui sillonnent maintenant l’Éden. Si oui, il faut dire que c’est un coup de génie. Vous servir de pécheurs – de personnes mauvaises, si je puis m’exprimer ainsi – pour en tirer quelque chose d’aussi beau qu’une œuvre d’art, mais quelle belle façon de montrer une forme de rédemption. En plus, on peut même y déceler un certain souci didactique. Était-ce l’un de vos buts ? Inculquer des leçons ? »
Il espérait la faire répondre à sa question afin qu’elle ne quitte pas l’Éden. Deux de ses gardes du corps, Greg et Mayron, n’étaient pas entrés dans la pièce avec les autres. Peut-être étaient-ils morts, mais peut-être ne l’étaient-ils pas. S’ils étaient toujours en vie, Elijah misait un peu sur leur présence d’esprit pour contacter les secours. De plus, il fallait toujours considérer que la mairesse se trouvait dans une autre pièce avec Nun. Il n’avait aucun doute qu’il ne réussirait pas à la retarder très longtemps.
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« The kid has got a darkside, Best believe it Push too far you'll see The kid has got a darkside, Back against the wall La la la la la The kid has got a darkside, Best believe it's the Last trick up his sleeve The kid has got a darkside, That you don't wanna meet at all. »
Aemulus de Sullustéhan!!...... Si on pouvait l'appeler encore ainsi..... Et était apparu comme un portrait dans le faisceau lumineux du dénommé Mayron. L'ange d'ivoire, aux allures d'un autre temps se tenait là comme un Barry Lindon angélique....
Kalla n'en croyait plus ses yeux. L'ex-ange fantastique ayant passé l'arche des héros en semi-dieu, des décennies auparavant, se tenait devant eux avec son port altier. Ses vêtements arboraient encore le style vestimentaire de la Cité Mère. Un veston bleu royal aux épaulette de général dorée, avec une chemise de flanelle ou mousseline noire très élégante. Ses cheveux blanc banquise tiré en arrière et ses yeux bleu glacier plongés tour à tour dans ceux des ses vis-à-vis.
Le petit ange Céruléen en comparaison de son très grand et très princier homologue se sentit soudain tout petit en face de cette aura si puissante.
Tout ce qui s'était passé, juste avant : s'engouffrer dans le club sombre à la suite de Prime et entouré des deux garde du corps, circuler entre la mise en scène de statuts de pierre et essayer de ne pas trop dévoiler ses attributs à travers sa chemisette d’hôpital, lui paraissait un lointain mirage. Il osa un regard choqué en direction de Prime qui n'en menait pas large du tout. Celle-ci n'avait pas l'air dans son assiette non plus.
La statut grec s'avança à leur encontre. Et commença par purement et simplement péter le bras du pauvre garde du corps en première ligne.... So much for a front line defense.....
L'éthéré d'ivoire se retourna ensuite vers la rose incendiaire et d'un air courtois se défit de son veston puis le posa avec délicatesse sur les épaules frêles de l'Adlagoon femelle.
Il eut à peine le temps d'ouvrir la bouche, qu'un Greg affolé repris sa forme originelle et cria en sa direction. Après se bref interstice qui eut le don d'irriter un peu l'ange, celui-ci s'avança vers Kalla qui déglutit sa salive péniblement et s'adressa à lui avec chaleur, lui posant une main amicale sur l'épaule. Tiens?« que la Déesse veille sur toi »??
Aemulus venait il réellement de faire référence à la Déesse comme si il était encore son fidèle serviteur?Avait-il encore un quelconque sens de fidélité ou d’allégeance envers Sullustéhan? Cette main si chaleureusement posée sur l'épaule de Kalla, le rendait complètement perplexe. Il n'eut pas le temps d'y réfléchir longtemps, Greg faisait toujours des siennes et gueulait à tu-tête en direction de son adversaire. Si ils avaient voulu être discrets, c'était définitivement raté.
L'ex-général des armés angélique, pas le moins du monde inquiété mais fortement agacé d'être interrompu, continua d'avancer vers sa cible. L'homme de main chargea comme un rhinocéros aveuglé par la peur. Il fut maitrisé d'un geste bref par l'ange avec la même rapidité et la même indifférence dont il avait fait preuve pour maitriser l'ami et collègue de travail de celui-ci.
L'ange d’albâtre leur intima de le suivre. Ce qu'ils firent sans broncher. Primerose lançant au passage à Kalla un regard presque suppliant.
L'ange à la chevelure de neige avait dû remarquer que ses deux ôtes étaient tendus, car il commença un début de conversation sur un ton presque jovial. La démone rétorqua en mentionnant une histoire beaucoup trop longue sans être racontée autour d'une bonne bouteille de vin et l'ange au pennage céruléen, ne pu s'empêcher de dévoiler un demi-sourire dans sa barbe à cette réflexion plus que pertinente. Il se disait qu'il aurait bien besoin d'une bonne rasade d'un bon Malbec d'Argentine pour lui remonter le moral et apaiser ses nerfs à ce moment précis.
Avançant lentement, sans rien dire et toujours médusé, Kalla observa Primerose, toujours les épaules recouverte par la veste de général, se trémousser tranquillement et sans trop de bruit, pour atteindre son téléphone coincé dans l'élastique de son string et texter un court message. Au même moment, un message céleste lui cogna le coin de la tête :
' Je rêve ! C'est Aemulus, le traître à la Cité ! Suivez le, suivez le ! '
Sérieusement....comme si il n'avait pas remarqué tout seul qu'il s'agissait du traitre à la cité, et comme si il n'avait d'autres choix que de le suivre.... Kalla ne répondit rien et ce contenta de suivre les ordres de ses supérieurs de Sullustéhan et du dit traitre, qui étaient tout simplement de suivre le mouvement.
Son cœur se serrait à chaque pas. Dans le corridor sombre, ils entendirent résonner la voix du petit Nun, qui s'adressait indistinctement à quelconque personne dont on n'entendait pas la voix....
Ils arrivaient bientôt devant la porte de la section VIP, et celle-ci fut poussé sur ce qui apparaissait comme une mise en scène d'exposition horrifique dans un musée.
Le salon VIP avait était ravagé, saccagé dans tous les sens. Une grande table d'allure médiéval, gisait à moitié fracassé, le bord d'un de ses flancs accoté au mur. Des formes circulaire avaient été confectionnées au sol avec des débris et des éclats de verre.
Dans un coin de la pièce se tenait Alexia, l'amie de Primerose, grandement amochée mais encore en vie et tremblante comme une feuille, et proche du bar, monsieur Elijah Carlisle, aussi blanc qu'un fessier qui n'a jamais pris le soleil, essayait de se racheter une composition calme et décontracté de James Bond de film de catégorie B devant ce qui semblait être une sorte de Chimère croisée entre une femme rachitique et un alligator??
Après, pour la défense du Bellâtre, Kalla n'aurait pas répondu non plus de sa composition en face de pareil horreur menaçante....Le pauvre homme serrait le goulot de sa bouteille de Whisky tellement fort que ses phalanges en étaient blanches nacre.
Au dessus d'eux, le spectacle qui s'offrait aux deux nouveaux venus fendit le cœur de Kalla.... Son confrère disparu gisait tout en haut attaché au dessus du bar comme une sirène de bois à la proue d'un navire, une aile pendante et l'autre arraché, échouée sur le comptoir du bar, près d'Elijah. Du sang avait giclé de partout. Ce pauvre ange devait être en super anémie, si il n'était pas déjà mort. Kalla essaya de le notifier mentalement de sa présence et attendit une réponse, quand tout à coup, le général des armées au port altier à leur côté, s'adressa poliment à la femme serial killer.
Ah bon? Madame craignait l'aube et la lumière du jour? Un quelconque lien génétique avec les vampires? Ces petits animaux de cavernes qui ne sortent que la nuit sucer le sang de quelques troupeaux de bétails? Comme la démonstration que l'agaçant Nun avait fait plus tôt sur sa jugulaire?
L'adlagoon artiste réagit d'une bien drôle de façon. Un toc invisible vint frapper le côté de sa tête, qu'elle inclina légèrement, comme-ci elle avait reçu un cailloux ou.....Une notification??
Une notification? L'ange d'Azure se posa la question. Une notification? Comme celle des anges? Quelqu'un communiquait-il mentalement avec elle, comme les anges? Etait-ce un tant soit peu plausible? Il n'avait jamais entendu parler d'aucune sorte d'Adlagoon possédant un esprit de ruche? Ou bien est-ce que cela voulait dire que goons et anges avait des traits d'ADN en commun?
Il n'eut pas le temps d'aller plus loin dans ses réflexions, la jeune rose incendiaire à ses côtés ouvrit la bouche pour couvrir littéralement son homologue démoniaque de louange, comme une ruche de miel percuté par un coup de patte d'ours alléché, viendrait répandre son doux mais écoeurant nectar directement dans la bouche de l'affamé. Elle la gavait littéralement de compliments. Et Carlisle se lança dans l'entreprise pour faire de même, du bonbon pour ours friand. How clever....
C'était parfait. L'ange se tût un instant et observa leur manège. Que pouvait-il faire d'autre than wait and see? Après tout ils étaient déjà à deux sur son cas.
Par contre, vu qu'il s'agissait de gagner du temps avant l'aube, il fallait qu'il trouve un moyen de ralentir Aemulus dans son empressement à partir. Cependant il se devait d'être prudent, le traitre à la Cité n'avait fait preuve d'aucune empathie devant le spectacle de leur confrère uni-ailé agonisant. Comment pouvait-il détourner son attention? Il décida d'observer un moment comment le reste de la scène allait se jouer. Il fallait faire preuve de prudence. Le moindre faux-pas risquait de les expédier vers une mort apparement plus que douloureuse.
Le mystérieux hacker se fendit d'un sourire. Enfin il était parvenu à l'objet de sa quête ! Et ça n'avait pas été une mince affaire. Retrouver la secrétaire de madame la maire, s'était révélé une tâche ardue. Mais elle apparaissait sur la vidéo d'une ouverture de musée aux côtés de madame Salvatori. Un peu d'OSINT et la machine était lancée ! En observant bien, la consultante allait au Starbucks rue des Lilas. De cet élément il ne restait qu'à dégotter les commandes, les comparer avec l'heure d'apparition dans le registre et en trouver une information capitale ! Le numéro du cellulaire qui avait passé l'achat. Puis rien de plus simple. En retraçant les bornes et relais satellites on pouvait suivre chaque déplacement de l'appareil. En recoupant cela avec les heures et en accédant aux caméras de sécurités qui quadrillaient les rues, on obtenait facilement des films affichant la femme, parfois en compagnie de la grande mairesse de la ville. Et il sembla que son emploi du temps était réglé comme du papier à musique ! Mais en analysant le flot de données qui défilaient sur l'écran on pouvait noter une anomalie flagrante remontant à quelques semaines. Le portable de la secrétaire avait réservé un avion en provenance du Mali vers quatre heures du matin. Un billet pour dans quelques heures seulement. Et cela incluait absolument toutes les places assises de l'appareil. Et aucun bagage. Le genre de requête extrêmement suspecte. Peu de temps après, une chambre à l’hôtel Carlton de Roanapur avait été réservée pour le jour même. Quelqu'un de marque arrivait. Mais rien ne figurait dans la presse. En fait, madame la maire ne s'était ni rendu à l'aéroport, ni ne s'était rendue à la chambre. En revanche elle avait fait annuler tous les rendez-vous de sa journée. Il y avait donc fort à parier qu'elles s'étaient vu à cette occasion. L'homme croisa ses doigts et tendit ses bras pour détendre les muscles de son dos. Où et pourquoi ? Il avait encore du pain sur la planche. Mais il envoya un message privé à son commanditaire. Ce soir il allait se faire beaucoup d'argent !
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Le mystérieux hacker se fendit d'un sourire. Sa main boudinée déchira le papier des Cheetos Cheese et une poignée des précieuses chips s'engouffra dans sa bouche avide. Il avait dû faire de sérieuses recherches pour découvrir qui était la maire de la ville de Roanapur ! Oui, LA maire ! Rendez-vous compte ! Une femme ! Avec un style vestimentaire particulièrement douteux d'ailleurs. Ce genre de déguisement et maquillage de vampire était bon pour Halloween, mais franchement, là c'était bizarre. A la demande de la belle Primerose, il s'était jeté sur son navigateur internet, voir ce qu'il pouvait trouver. D'abord, Facebook ! Son fil d'actualité se matérialisa sous une flopée des derniers posts de toutes ses actrices et youtubeuses préférées. Lui n'avait qu'une seule photo. Un copain avait prit sa tête pour la coller sur un corps de surfeur, c'était son image de profil. Le reste, c'était juste pour suivre des belles femmes dans leur vie quotidienne. Quel hacker il était quand-même ! Houlà là ! Il y en avait des bikinis à la plage là ! Oh ! Et Léna Guillou avait rompu ! C'était sur Insta' ! Mais quelle histoire ! Donc il avait finalement une chance avec elle ! Quelle aubaine ! Tony lika la publication du cœur brisé ainsi que du smiley qui pleure. Mais il n'en pensait pas moins... Le panda dans sa chaise de gaming papillonna d'un article à l'autre, d'une story à l'autre. Puis, il tomba sur des fanarts des demoiselles. Intéressant ça ! Il parcouru la liste, sautant d'un lien à l'autre avec ferveur. Il n'avait pas cliqué autant de fois par seconde depuis sa dernière game de Star Craft II. Il voulu ouvrir dans un nouvel onglet une image de la splendide Amouranth mais se trompa de miniature ! Vingt minutes plus tard, lorsqu'il ouvrit cet onglet il sursauta dans sa chaise ! En lieu et place d'une beauté dénudée, sexy au regard enflammé, il découvrit un groupe privé de fans d'art. La bannière était totalement noire, et le dessin qui s'affichait représentait un couloir obscur. Du fond du couloir s'approchait une forme de femme terriblement menaçante. Le dessin était cauchemardesque. Les traits de crayons brutaux. Le noir et le blancs gagnaient sur quelques lignes vertes couleur de bile. Tony allait fermer la fenêtre aussi sec lorsqu'il reconnu un visage parmi les miniatures des créations. Plissant les yeux, l'homme se pencha en avant, faisant gémir de supplice sa chaise. Zut, il fallait s'inscrire pour avoir accès aux images ! Il se créa en quelques clics un compte et pu accéder aux informations. Ouvrant le faciès qu'il attribua à Madame la Maire, il observa le dessin. Il sembla qu'il s'agissait d'une peinture. Et assez curieusement toute d'encre rouge sang. Le groupe qui recouvrait toutes ses images semblait n'avoir que des thématiques assez glauques. Ici on pouvait voir une image laborieuse de prison. Ici on voyait plutôt un bâtiment en flammes. Là, on voyait un dessin d'un genre de démon japonais, la face grimaçante. En survolant les commentaires, Tony compris laborieusement qu'il s'agissait d'une dame qui était au centre de l'attention du groupe de fans. Un genre d'artiste subversif qui cherchait quelque chose. Quelque chose d'important et que ce truc permettrait de se venger des anges. Tony interrompis sa lecture. Des anges. Quelle absurdité ! Voilà qui sentait le vieil Alternate Reallity Game d'horreur comme on savait si bien les faire sur youtube ! Bref. Un message datant d'il y a trois semaines affirmait que la 'reine' avait trouvé ce qu'elle cherchait. Qu'il faudrait lui apporter son soutien. Tony se dit qu'il s'agissait d'une demande d'argent pour poursuivre les pistes qu'elle lançait. Ce qui était étrange. D'habitude les lanceurs d'ARG ne demandaient pas d'argent. Ils se contentaient de faire des pistes fumeuses en attendant de voir qui résoudrait leurs énigmes. Quoi qu'il en soit, il garda le lien de la page et le retourna au monsieur séduisant qui lui avait demandé de faire des recherches. Après tout, il y avait une image de madame Salvatori non ? Donc ça avait forcément à voir avec ce qu'il avait demandé. Il lui résuma ce qu'il avait lu et vu et fit partir le tout. Qu'est-ce qu'il était doué pour résoudre les enquêtes, tout de même !
Il se resservit une poignée des succulentes chips au goût délicieusement industriel de fromage, et arrosa son gosier de Mountain Dew. Lorsque son portable vibra et il lu, abasourdi un SOS provenant de l'Eden...
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Elle considéra un moment la femme en tenue de patiente. Plus celle-ci tentait des analyses de son œuvre, et plus le sourire carnassier de Méléna s'agrandissait. Peut-être en fin de compte qu'il resta sur cette planète des personnes douées de jugeote, et surtout de cœur. Il avait été si difficile pour elle de trouver quelqu'un qui puisse comprendre tout ce que pouvait raconter un corps vide de vie. C'était ce vide qui ironiquement en disait le plus. Cette femme avait-elle l'esprit pour concevoir et comprendre son message ?
Lentement la longue griffe qu'elle avait formé se rétractait, lui permettant de se tapoter la joue, d'un doigt songeur tout en écoutant ce que sa création inspirait à ces intéressants inconnus. L'une cherchait à deviner. Et l'autre à deviner.
L'adlagoon artiste était gênée. Elle n'était pas du tout habituée à parler aux gens, ou même à leur expliquer sa pensée. A dire vrai, elle avait un peu peur des contacts avec les autres depuis... Et puis elle n'avait plus beaucoup de temps. Devait-elle finir ceci ? Ou expliquer ses motivations ? Après tout, elle avait déjà prit tant de vies ce soir. Aurait-elle le temps de sacrifier toutes celles ici puis de leur donner un sens ? C'était la seconde partie du travail qui lui ferait défaut. Autant tenter de leur faire comprendre l'inimaginable. Après tout, ils étaient parvenu jusque là. Peut-être que ce qu'elle pouvait dire les ferait réfléchir. Les yeux de Méléna s'étrécirent lorsqu'elle posa son regard sur l'ange lui aussi en tenue d'hôpital. Une grimace défigura ses traits. Une grimace de haine qui l'espace d'un instant failli annuler le peut de contrôle qu'elle semblait avoir sur sa forme humaine. Sa mâchoire se scinda en deux, chaque partie s'agitant comme deux crochets d'une araignée vorace. Sa double voix s'éleva, sur un ton bien plus menaçant.
-" L'emplumé doré était un incapable. J'avais besoin de lever des fonds pour mon entreprise et même cela était trop compliqué pour cet empoté. Voyez, j'ai dû moi-même trouver une solution pour y remédier. "
L'adlagoon qui inspirait la crainte jeta un regard dégoûté ensuite à Alexia.
-" Personne ne saurait représenter Eve ici bas. Surtout pas une simple humaine. Seule moi peut l'incarner. Il m'avait choisit vous savez ? Il m'avait choisit. "
Une vague incontrôlable de haine gonfla dans la poitrine de Méléna. Se penchant vers l'avant elle eu un cri qui comme une onde de choc vint faire voler en éclat la bouteille dans la main d'Elijah tandis que par réflexe tous se jetaient au sol, comme pour s'abriter de la puissance dégagée par l'adlagoon en furie.
-" IL M'AVAIT CHOISIT !!! " -" Je t'ai choisit. "
Seul Aemulus, semblant expérimenté à ces crises intempestives paraissait ne subir aucune crainte. Il s'avança vers la femme qui se tenait la tête à deux mains en grognant des choses incompréhensibles.
-" Madame. Nous devons y aller. La lumière croît. "
Mais maintenant Méléna semblait abasourdit de chagrin et se lamentait en répétant pour elle cette seule phrase.
-" Il m'avait choisit. Il m'avait choisit. Raevalon. Il m'avait choisit... "
Et Aemulus d'ajouter sur le ton de la simple explication d'un fait connu de tous.
-" Raevalon était le dieu des humains. Avant que la Déesse ne... "
-" TAIT TOI !!! "
Cracha soudain dans un cri cinglant la seconde voix de Méléna.
Pendant ce temps, dans la tête de Kallatriel, les humeurs et les messages affluaient. Des dizaines de pensées se mêlaient. Ce qu'il se passait là avait dépassé le simple groupe de la mission. Si le médecin avait bien fermé son esprit pour ne pas que ce qu'il voyait se transmette en continu, quelqu'un d'autre devait diffuser. Et ce quelqu'un était Aurelion, le blessé privé de son aile, et qui tentait tant bien que mal de ne pas perdre connaissance pour faire suivre les informations qu'il captait.
L'esprit de Valérian, chargé de la sécurité de Kallatriel s'échauffait. Le niveau de danger de la mission explosait littéralement et deux de ses compatriotes étaient en danger immédiat. De plus le plus grand traître à la Cité se trouvait non pas là comme d'un homme en cavale, se faisant petit pour échapper au juste courroux des siens... Mais servait visiblement comme second les plans machiavéliques de Méléna ! Et de surcroît il racontait des mensonges sur la magnificence de la Sainte Déesse ! S'en était trop !!
Valérian appela à des renforts d'urgence ! Il ordonna à son groupe de donner l'assaut pour mettre hors de danger les anges menacés ! D'autres frères et sœurs annonçaient déjà leur arrivée imminente !
Abraham quant à lui avait fait parvenir au cellulaire d'Elijah ce qui avait pu être regroupé. Il avait reçu un message d'urgence de Mayron, puis plus rien. La situation perdait absolument tout contrôle ! Entre la folle, les serviteurs KFC de l'autre déesse tarée, et maintenant le club en miettes, il faudrait un miracle pour que la situation prenne un tournant qui leur serait favorable. Foutu pour foutu il se dit qu'il devait absolument analyser ce qu'il se passait et tenter de faire une synthèse des savoirs utiles qu'ils possédaient à présent pour qu'Elijah puisse en tirer un quelconque avantage. Il l'avait fait à maintes reprises, et si lui physiquement ou intellectuellement était clairement surclassé, il ne pouvait que s'en remettre à l'intelligence de son patron. Et le protéger. Aussi se détachât-il des autres pour revenir à sa place, à quelques pas en retrait de son employeur.
Son SMS restait clair :
'Méléna est de retour du Mali. Elle y a trouvé quelque chose d'important. Un groupe d'illuminés semble essayer de deviner qui elle est, et suivent ses agissements dans le monde. Certains sont clairement des démons et appellent à se ranger à ses côtés. Le lien avec la maire Salvatori n'est pas encore clair, mais c'est elle qui lui a payé une chambre en hôtel de luxe, et un billet d'avion pour qu'elle vienne à Roanapur. Méléna ne s'est jamais présentée à l'hôtel, et était seule dans l'avion. Je ne sais pas ce qu'elle a trouvé, mais ça craint !'
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Voici qui marque la fin du tour 10.
Le tour 11 sera probablement le dernier ! Il va sans doute falloir pour vous trouver un compromis entre votre envie d'obtenir plus d'informations, ou vous mettre en sécurité. Méléna est de plus en plus instable, et une nuée d'ange s'en vient pour secourir un blessé, ainsi qu'un médecin en danger. Sans compter pour essayer de régler son compte au plus grand traitre de l'histoire ange. Et possiblement s'en prendre à Méléna. Et à plus forte raison, on peut croire que tout adlagoon présent deviendra une cible.
Quel sera votre parti ? Allez vous vous même commencer à prendre parti ? Chercher à en savoir plus ? Battre en retraite prudemment. C'est à partir d'ici que l'Histoire d'Angeli ex Inferno peut-être modifiée par vos actes. Marquez le forum de votre emprunte !
Pour rappel, voici les Compétences dont vous disposez :
Kallatriel : Premiers Secours / Soins Intensifs/ Vol
Primerose : Attitude Langoureuse (qui ne sera pas d'un grand intérêt ici) / Régénération Maudite
Elijah Carlisle : Visage Insondable
Si vous avez besoins d'informations spécifiques vous pouvez me contacter par MP sur le forum ou sur discord.
La fin du huitième tour sera le dimanche 23 Octobre à 23h59 (heure française).
Bras croisés sur sa poitrine et avisant l’œuvre en construction qui prenait forme sous les doigts habiles de Crocs, Primerose tentait de faire taire son petit cœur qui se débattait dans sa poitrine. Cherchant d’autres propos flatteurs à vomir sur la créature instable qui tirait visiblement les ficelles de ce jeu macabre, la catin tentait de jouer de ses neurones au maximum. Fort heureusement, M. Carlisle avait compris ses intentions et avait profité du moment pour sauter à pieds joints dans cette valse de charme que dansait la rouquine en solo depuis tout à l’heure. Dire qu’elle était rassurée qu’on abonde enfin en son sens était un euphémisme. Bon sang, il était temps que quelqu’un l’appui! Fin connaisseur en matière d’art, Elijah semblait baigner dans son élément, et ce, malgré la menace constante de se faire bouffer tout rond parce ce crocodile humanoïde qui, avouons-le, semblait aussi stable que le cœur de la centrale nucléaire de Tchernobyl. Marcher sur des œufs était une expression bien légère, lorsqu’on faisait allusion à leur situation, et c’était peu dire!
- Inculquer des leçons ou mettre en lumière, au grand jour, la nature pourrie de l’homme dans son intégralité, laquelle est commune aux anges qui, nous n’en doutons en rien, sont réellement loin d’être aussi purs que ce qu’ils veulent bien prétendre... Fit-elle en valsant habilement sur les propos de son richissime compagnon. J’espère ne pas vous offenser dans le processus, surtout.
Cette dernière phrase était destinée au Captain America ailé qui se trouvait tout près d’eux. Tiens, la griffe disproportionnée de madame Crocs venait de perdre de l’ampleur. Était-ce signe que leur petit plan improvisé portait fruit? Maintenant songeuse, Mama semblait malgré tout fort intéressée par leurs théories théologiques. Encore heureux, ils avaient su suffisamment piquer sa curiosité pour repousser l’exécution à un peu plus tard! Prise dans ses pensées, la terrible aldagoon décida de porter ses pupilles perçantes sur Kallatriel et pendant un bref moment, Primerose eut crainte pour la sécurité de ce dernier. D’autant plus que son dégoût pour les poulets était littéralement indéniable. Ah tiens! Mama et Carlisle avait donc ce point en commun! Ils étaient faits l’un pour l’autre, pardi!
Si d’emblée la situation semblait sous contrôle (une magnifique illusion, à priori), voir le visage de madame Crocs arborer un rictus malsain avant de se séparer en quatre à la manière d’une araignée eut ce chic de faire sursauter Primerose. En fait, elle ne s’attendait pas à ça du tout! Hum... Ew??
Sa voix d’outre-tombe au timbre cinglant et menaçant eut tôt fait de rectifier la situation concernant Chuppa Chupps Boy. Un incapable selon la principale intéressée, laquelle avait donc eu affaire à lui à quelques reprises. D’ailleurs, elle venait d’admettre ouvertement être à l’origine de l’attentat de La Visitation, ayant besoin de fonds pour un projet assurément mystérieux et fort probablement macabre. Hum... Savoir de quoi il en retournait n’était assurément pas du luxe, puisqu’à moins de se faire coincer, là tout de suite, les chances de récidives de la part de Crocs étaient plus que probables.
Le monstre aracho-reptilien tourna son faciès répugnant en direction de la pauvre Alexia (laquelle était assurément tétanisée devant toute cette scène surréaliste, devait-on le souligner?), crachant presque son mépris quant à l’éventualité que la pauvre humaine puisse jouer un rôle aussi crucial que celui de la Mère de l’Humanité. Attendez... quoi? Il l’avait choisi? Qui ça, il? Sourcils froncés, la prostituée dévisageait la démone instable, tentant de comprendre de quoi il en retournait : déception amoureuse? Trahison émotionnelle? Assurément, elle traînait un mal de vivre qui l’avait rendu complètement cinglée.
Ouvrant la bouche pour tenter une approche, la rouquine dut changer brutalement de stratégie en constatant l’instabilité encore plus présente chez sa vis-à-vis. Imbibée par la haine de la tête aux pieds, la folle se pencha vers l’avant pour hurler son mal être à pleins poumons, faisant éclater le verre et obligeant les individus présents à s’écraser sous l’onde de choc verbal. Mains plaquées sur les oreilles, la rose incendiaire était maintenant à genoux au sol, espérant vainement se protéger de quelconque assaut invisible.
Le Rambo aviaire, pour sa part, ne semblait en rien ébranlé par ce débordement émotif. Calmement, il se rapprocha de la créature maudite pour tenter de la calmer, lui rappelant l’urgence de la situation qui leur pendait au nez. Telle une enfant blessée, Mama-Crocs chignait et se lamentait en répétant sans cesse la même phrase, comme si tout son mal ne tenait qu’à ce simple fait : la trahison par Raevalon. Pour dire vrai, Primerose n’avait aucune idée de qui était ce type. Fort heureusement, l’albâtre se fit un point d’honneur à rectifier le tir, précisant que ledit Raevalon était le dieu des humains. Toutefois, avant même qu’il ne puisse élaborer davantage sur le sujet, Mama démontra encore une fois toute l’étendue de son instabilité en lui hurlant de se taire, ce qui poussa Prime à plaquer à nouveau ses paumes sur ses oreilles. Étrangement, l’ange en question semblait ressentir de la compassion pour la torturée, laissant entendre qu’il y avait peut-être plus à cette histoire qu’une simple folle assoiffée par des pulsions sanguinaires.
Primerose réfléchissait toujours plus intensément, se rappelant les différents passages qu’ils avaient trouvés sur leur route jusqu’ici :
Artiste incomprise qui pointe la vilenie de ce qui détruit vos vies... Éprouvé la noyade, englouti par les tourments de la vie... Levez les yeux vers le ciel et constatez les mensonges... Après le choc et le déni, vous avez connu la douleur... Embrassez votre dépression. Elle s'est insinuée dans toutes vos pensées, vos veines, poison distillant le nectar des fleurs du mal. En y goûtant vous apercevez alors la lumière...
Aucun doute, cette femme avait été trahie, détruite jusqu’au plus profond de son être pour que seule une haine si violente persiste. Elle disait qu’aucune humaine ne pouvait être Ève. Quelle était la seule à pouvoir l’incarner. IL l’avait choisi, avant de la trahir. Raevalon, le dieu des hommes... Adam? Le Père de l’Humanité? Adam avait une femme, avant que Ève ne se trouve sur sa route, pas vrai? Ou alors elle confondait plusieurs histoires, ce qui n’était pas impossible... Mais la première femme d’Adam... c’était Lilith, non?
Une... démone... La Mère des Démons? OH WAIT, NUN L’APPELAIT MAMAN, NON?!! Les yeux de Primerose s’agrandirent alors que des associations s’effectuaient beaucoup trop vite dans sa tête bouclée. Okay, c’était absurde, non?! Crocs ne pouvaient PAS être celle soupçonnée par Prime... À moins d’être Dieu en personne, l’immortalité n’existait pas. Et pourtant... BEAUCOUP TROP de trucs concordaient tout à coup. Son cœur se débattait si fortement dans sa poitrine alors que toutes ces idées farfelues se bousculaient dans son esprit à la manière d’une adepte aguerrie de théories complotistes, ce qu’elle n’était absolument pas, à priori.
- Adam a trahi sa première femme pour s’unir à Ève.... Balança-t-elle du bout des lèvres, comme si son cerveau comprenait des choses qu’il n’aurait pas dû comprendre. Elle n’avait aucune idée si sa théorie se tenait vraiment, mais quelque chose lui disait qu’elle n’était réellement pas si loin du ressenti de Maman. Laquelle a été glorifiée par la bible en un tissu de mensonges... Triturant nerveusement sa tenue d’hôpital, l’aldagoon prostituée déglutit avec difficulté. Lilith...
En fait, elle venait plutôt de dire tout haut ce qu’elle pensait tout bas. Était-elle la seule à avoir tiré ces conclusions ou ses compagnons en étaient venus au même consensus? Si sa théorie était la bonne, elle comprenait pourquoi Nun l’appelait « maman » et pourquoi il avait si peur d’elle. Si Crocs était Lilith (ou, sévèrement atteinte mentalement, croyait l’être), alors il y avait matière à avoir réellement peur d’elle. Oh bon sang, elle voulait sortir d’ici, tout à coup. Avisant Alexia, la rouquine décida qu’il était temps pour elle de la sortir de l’Eden au plus vite. De toute façon, selon le complice de Lilith, ces deux-là devaient foutre le camp avant l’arrivée du soleil, l’astre étant sur le point de faire son apparition.
Tendue comme un arc, Primerose évalua la meilleure façon de faire main-basse sur son amie quand soudain, un frisson terrible lui parcourut l’échine, à l’instar d’un mauvais pressentiment. D’instinct, elle tourna sa tête bouclée vers Kallatriel et crut comprendre, par l’expression de ce dernier, qu’un truc ne tournait par rond.
- Qu’est-ce que...?
CRAAAAAAAAAAAACK!!!
Le plafond vola en éclats, créant un chaos infernal pour tout individu présent dans la pièce. C’ÉTAIT QUOI CETTE MERDE, BON SANG?! Évidemment, Primerose hurla de terreur, assurément imitée par sa compagne humaine, laquelle était aux premières loges pour assister à cette scène tout droit venue d’une œuvre de science-fiction. Il ne fallait pas être un génie pour comprendre que la Sainte Cavalerie venait de faire une entrée plus que remarquée.
- ELIJAH!! Se contenta-t-elle de hurler en une tentative peu pertinente de le pousser à se ressaisir malgré cohue, et ce, pour qu’il réagisse.
Il ne fallait plus traîner!! Poussée par la peur et l’adrénaline, Primerose se releva d’un seul coup, abandonnant ses précieux escarpins dans le processus alors qu’elle usait de toute sa vivacité pour se ruer sur Alexia. Elle empoigna la jeune femme à pleines mains et, forte de son rush d’adrénaline, la tira à sa suite pour l’obliger à se lever.
- Viens!!! On se barre!!!
Ni une, ni deux, la rouquine prit les pieds à son cou et détala à l’instar d’un lièvre poursuivi par un loup. Elle emprunta le chemin par lequel elle était arrivée, courant à en perdre haleine à travers les couloirs. Fort heureusement, les pas derrière elle indiquaient que l’humaine suivait sa tendance, bien que l’aldagoon prostituée ne prenait pas la peine de confirmer visuellement cette information.
- Pars ici!!
Elle bifurqua vers la droite, réalisant à peine que les deux gardes de sécurité (mis hors d’état de nuire un peu plus tôt) reprenaient lentement leurs esprits et sautant par-dessus ces derniers.
La porte était juste là. Devant elle.
Encore quelques pas et elles pourraient disparaître dans les entrailles de la ville...
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I'm bulletproof, nothing to lose Fire away, fire away Ricochet, you take your aim Fire away, fire away Shot me down but I won't fall I am titanium
Dire qu’il se retrouvait précisément à l’endroit où il avait entamé sa soirée. Pourtant, les deux individus avec qui il avait débuté la veillée – et dont il ne se souvenait même plus des noms – semblaient bien loin. Le souvenir de sa nuit de frivolités paraissait s’évanouir, comme si cela s’était déroulé plusieurs semaines auparavant. Pourtant, cela ne faisait que quelques heures. Le point positif, toute cette série d’événements l’avait débarrassé de sa gueule de bois. Point négatif, s’il ne trouvait pas un moyen de sortir d’ici au plus vite, il allait finir comme tapisserie dans son propre club. Les idées dans son cerveau défilaient à toute vitesse. Évidemment, la flatterie semblait fonctionner et il fallait continuer en ce sens. Mais au fond, à quoi cela servait s’ils ne réussissaient pas à mettre leurs assaillants hors d’état de nuire ? De fait, le fait que Maman semblait redouter le soleil résidait en un élément intéressant, mais Elijah n’avait pas non plus l’intention de devoir demeurer avec elle toute la journée dans son propre club alors qu’elle se réfugie de l’astre du jour. Parce qu’il était certain qu’aucun d’eux ne sortirait vivant d’une journée en captivité avec une redoutable Adlagoon dont la stabilité émotionnelle s’avérait aussi fiable que celle d’un funambule sans expérience sur une corde hautement perchée.
Alors que le milliardaire reprenait son souffle après sa propre analyse des mises en scène artistiques de la démone incomprise, Primerose renchérit pour pousser plus loin la réflexion. Il jeta un coup d’œil ennuyé envers Kallatriel, qui ne semblait pas vouloir piper mot pour les aider à sortir de ce foutu bourbier. Sure, mate, don’t worry, we’ll work to save your fucking feathered ass. Cela étant, Méléna ne semblait pas tout à fait encline à apprécier la race angélique – et c’était tout à son honneur – mais he-angel ici présent semblait avoir réussi à se tailler une place auprès d’elle. Come on, man, you can lick her boots too. Il reporta son attention sur la rouquine qui réfléchissait maintenant sur l’hypocrisie angélique quant à leur pureté. Comme elle avait raison ! Nul doute qu’on les endoctrinait, mais comme tout ce qui semblait blanc comme neige aujourd’hui, cela résultait souvent de violence et de noirceur. Rien n’était vraiment ce qu’on laissait paraître. Et les adeptes de leur Déesse avaient eu des millénaires pour raffiner leur tissu de mensonges et leur prétendue pureté. L’homme d’affaires se força à calmer ses pensées, de peur d’aller immédiatement se ranger aux côtés de Maman, ce qui ne consistait définitivement pas en une option qu’il voulait considérer. Après tout, ce n’était pas parce qu’ils partageaient certains points de vue que cela voulait dire qu’il voulait s’affilier avec elle.
Heureusement pour lui, l’affreuse Adlagoon reprit finalement la parole. Voilà qu’elle avait également rétracté sa griffe-épée. Let’s continue that way, shall we ? La perspective de ne pas se faire éviscérer toute de suite le rassura quelques instants. Wait, what ? Depuis quand les démons levaient des fonds ? Une personne aussi redoutée qu’elle n’avait certainement pas besoin d’user d’un misérable ange pour amasser illégalement de l’argent, non ? C’était pourtant facile, il en était la preuve même. Était-ce là la raison de son partenariat avec madame Salvatori ? Avait-elle besoin de fonds et la mairesse avait les moyens de la subventionner ? À quel prix ? Il repensa à la jeunesse apparente de la dirigeante de l’île sur la vidéo de surveillance. Était-ce le prix demandé à Méléna en échange d’une allocation monétaire ? Il ne put se pencher davantage sur cette intrigante ligne de pensée puisque leur antagoniste réagit à un autre point soulevé par la prostituée dans son précédent monologue, à savoir l’utilisation de mademoiselle Vesperati pour représenter Ève. À sa grande surprise, puisqu’il trouvait l’interprétation de Primerose assez convaincante, cela ne plut pas à leur terrifiante adversaire qui s’emporta. Qui l’avait choisie ? Et choisie pour quoi ?
Ses pensées s’arrêtèrent là alors que Méléna explosa en un cri strident. Alors que sa bouteille de whisky éclatait en milliers d’éclats, l’entrepreneur se retourna pour faire dos à la volée de verre et surtout à l’onde de choc sonore, posant ses mains sur ses oreilles pour protéger ses tympans tout en s’accroupissant pour éviter la bourrasque provoquée par la rage de la femme démoniaque. Bloody hell ! Manifestement, Primerose venait de mettre le doigt sur un sujet sensible. Voyant que le danger semblait passé, Elijah se releva lentement pour faire face à la démone qui criait qu’il (de qui s’agissait-il, il se le demandait bien) l’avait choisie. Puis une autre voix retentit, comme si elle s’était détachée de la voix double utilisée par Maman depuis le début de leur interaction. La voix semblait répondre à la démone, affirmant qu’il l’avait choisie. Les yeux du milliardaire s’agrandirent alors qu’il comprit que Méléna n’était pas la seule hôtesse de son corps. Il y avait quelqu’un d’autre là-dedans ! Un homme, apparemment. En tout cas, quelqu’un qui ne pouvait pas faire usage de son propre corps et qui s’était greffé à celui de la démone, comme un parasite ayant besoin d’un hôte pour survivre. Comment était-ce seulement possible ? Deux esprits pouvaient-ils vraiment posséder un seul corps ? You got to be kidding me.
He-angel s’approcha de l’instable diablesse, l’intimant une fois de plus à quitter en raison de l’ascension toujours continue de l’astre du jour. Comment ne pouvait-il pas considérer cette situation complètement aberrante ? Servait-il vraiment deux entités partageant un seul et unique corps ? Il paraissait un tant soit peu intelligent, il devait forcément le savoir. Cela ne le perturbait-il pas ? Est-ce que le soleil avait une incidence quelconque sur ce partage corporel ? Était-ce pour cette raison qu’elle devait l’éviter ? Tant de questions se formaient dans son esprit et aucune réponse ne lui parvenait. Frustré, Elijah serra imperceptiblement des dents. Il détestait ne pas savoir. Cependant, Méléna restait comme figée, ignorant la presque supplication de son serviteur à plume, répétant comme en état de choc qu’il (toujours cet il inconnu) l’avait choisie… jusqu’à ce que Raevalon surgisse des lèvres hideuses de Maman. L’homme d’affaires haussa un sourcil et tourna aussitôt la tête vers Abraham qui haussa les épaules, signifiant lui aussi que le nom ne lui disait absolument rien. Ainsi, Il se prénommait Raevalon. Les révélations commençaient à surgir. Et He-angel en apporta davantage. Le dieu des humains ? Avant que la Déesse ne… quoi ? Il fut aussitôt interrompu par le second hôte du corps de la démone qui l’intima furieusement de se taire. Une corde sensible peut-être ? Une information qu’il n’aurait pas dû révéler devant ce public particulier ?
Des pensées défilèrent une fois de plus à toute allure dans l’esprit de l’entrepreneur. Raevalon était le dieu des humains avant que la Déesse… ne le chasse, ne le renverse, prenne sa place ? Était-ce là le tissu de mensonge invoqué sur la statue de Bob le gardien du phare ? Levez les yeux vers le ciel et constatez les mensonges. Un sourire se dessina sur les lèvres du propriétaire de l’Éden. Oh that’s fucking brilliant ! La mythologie angélique était-elle basée sur le plus ancien des mensonges ? Méléna était-elle donc à la tête d’un groupe qui cherchait à rétablir la vérité ? La Déesse avait-elle banni ce Raevalon qui n’avait pas eu d’autre choix que de se réfugier à l’intérieur de l’une de ses plus fidèles suivantes ? Rien n’était véritablement ce qu’on laissait paraître et la religion des humains ne faisait pas exception. Tout reposait toujours sur un mensonge. C’était la triste, mais réelle vérité.
Cette révélation fit également réfléchir Primerose qui prononça quelques paroles à voix haute. Elle retournait au parallèle entre Adam et Ève qui avait si profondément révolté Méléna. Oh darling Primerose, I think your onto something. Avait-elle raison ? Méléna était-elle en réalité Lilith, la femme délaissée par Adam pour Ève ? Cela voulait dire que Méléna avait plus de 2000 ans d’âge ! Fucking hell ! Mais si on poussait plus loin cette réflexion… pouvait-on également présumer que la Déesse était en fait Ève ? Et qu’elle s’était ensuite retournée contre lui et l’avait chassé ? Était-ce pour cette raison que la diablesse détestait autant la Déesse et les mensonges qui entouraient toute la mythologie mise en place par ces self-righteous d’emplumés au service, finalement, d’une frauduleuse déité ? La voix de la prostituée prononçant le nom de la première femme d’Adam fit dévier ses pensées ailleurs. Lilith n’était-elle pas une démone ? La première démone ? La mère de tous les démons ? Il jeta un coup d’œil vers Primerose. Il était évident qu’elle pensait la même chose que lui.
Il n’eut pas le temps de pousser plus loin sa réflexion que son corps entier se tendit, généralement le signe qu’une entité surnaturelle – autre que toutes celles qui se trouvaient dans la pièce – s’approchait. Toutefois, la sensation s’avérait tellement puissante qu’il ne pouvait pas s’agir d’une seule entité. Elijah entendit la voix de la rouquine puis le son du plafond qui tombait en ruines. Oh for fuck sake ! WHAT THE FUCKING BLOODY FUCK IS GOING ON ? Il regardait les débris du plafond qui tombaient comme au ralenti puis lança un regard courroucé à Kallatriel. Who called the fucking chicken police ? Car il était évident qu’une escouade d’emplumés venait de défoncer le toit de son établissement pour venir s’attaquer à Méléna. Sure, by all means, destroy everything ! Fucking bloody chickens ! Il continuait à rager lorsque la voix de Primerose criant son nom le ramena à la réalité. Quelles étaient ses options ? Il pouvait rester pour tenter d’en savoir plus, mais il était évident qu’il ne ferait pas le poids contre une armée du plus proche poulailler. Et il pouvait parier tout ce qu’ils possédaient que la bande de poules endoctrinées ne l’épargnerait pas. La décision s’imposa d’elle-même.
« Abraham, avec moi ! » cria-t-il à son assistant qui s’était rapproché.
Il avait senti son téléphone vibrer dans la poche de son pantalon, mais n’avait pas pu lui jeter un coup d’œil. Cela irait définitivement à plus tard. La priorité consistait à sortir d’ici le plus rapidement possible. Jetant un regard à Primerose, il vit qu’elle était en train d’aider mademoiselle Vesperati à se relever et toutes les deux se dirigèrent vers la sortie. Bien. Avec son second, l’entrepreneur se mit à courir à la suite des deux femmes, mais il se rendit compte qu’elles se dirigeaient vers l’entrée de service. Mauvaise idée. Il était certain que les sacs à plumes posteraient des effectifs à toutes les entrées du club afin d’empêcher toute retraite possible. Il ne restait qu’une seule solution. Se forçant à accélérer, il sauta lui aussi par-dessus les corps de Greg et Mayron qui reprenaient lentement conscience. Il attrapa de justesse le bras de la prostituée avant qu’elle n’atteigne la porte.
« Pas par là, on se fera assurément prendre ! Venez avec moi. »
Il prit la direction de l’endroit où il venait. Il se pencha vers ses deux gardes du corps. En jetant un regard à Abraham, ils se penchèrent tous les deux pour aider les hommes à se relever. Il n’était aucunement question de les laisser là. Il se plaça devant le groupe et avança un peu en direction de la section VIP, d’où ils venaient, avant de bifurquer vers une porte, à droite, qui menait aux cuisines. Arrivé au centre de la pièce, il laissa Greg (qu’il supportait) s’adosser au réfrigérateur le plus près, avant de pousser un îlot sur roues posé sur un énorme tapis. Il releva le tapis et révéla une trappe qu’il s’empressa d’ouvrir.
« Vous n’imaginiez tout de même pas que je n’avais pas d’endroit pour sortir d’urgence. Cette entrée ne figure sur aucun plan, personne ne sait qu’elle existe. Elle mène à un tunnel qui nous conduira dans un autre bâtiment. Lorsque la voie sera libre, nous pourrons quitter en toute sécurité. »
L’homme d’affaires sortit son téléphone portable de sa poche et activa la fonction « lampe de poche ».
« Si vous voulez bien me suivre. Abraham, vous fermerez la marche. »
Lorsque tout le groupe fut en sécurité dans le tunnel, il prit les devants et s’avança dans les entrailles de la terre, songeant à la bataille qui faisait assurément rage au-dessus de leurs têtes, détruisant son Éden bien-aimé. Il serra des dents à cette pensée. Toute cette histoire n’était définitivement pas terminée.
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« The kid has got a darkside, Best believe it Push too far you'll see The kid has got a darkside, Back against the wall La la la la la The kid has got a darkside, Best believe it's the Last trick up his sleeve The kid has got a darkside, That you don't wanna meet at all. »
Sous l'onde de choc dégagée par le cri de Méléna, le petit ange bleu, s'aplati au sol comme le reste du groupe hétéroclite de cette folle nuit. Cependant, il ne se releva pas immédiatement comme le reste de la clique. Ce ne fut pas la force de frappe qui le terrassa quelques minutes de plus, mais ce qu'il entendit des propos qui suivirent....
Un dieu des humains?
Il y avait alors bien une entité, quelqu'un à l'origine des hommes?
Ses confessions à l'église de la violence, vouloir comprendre, mettre des mots sur la disparition soudaine de sa femme, tout cela aurait pu être entendu, perçu?
Mais comme les confessions à la Déesse, les appels restaient sans réponse....
Tout les dieux étaient donc si indifférents au devenir de leur création?
Well.... Dans ce cas si le dieu présumé des humains avaient été forcé à l'exile, selon la phrase resté en suspend du traitre à Sullustéhan.
Alors donc le concept du Paradis et de l'Enfer n'était pas que pure création humaine? Et la mythologie des anges dans tout ça?
Kalla ne se releva pas immédiatement, il devait mettre de l'ordre dans ses idées, il se coupa donc momentanément de la ruche, qui buzzait littéralement d'inquiétude, comme une ruche d'abeille dont la reine serait sous attaque d'un intrus.
Il se redressa lentement, plusieurs minutes après ses compagnons de fortunes. Et toujours sans un mot écouta attentivement la suite des évènements. Sa superbe accompagnatrice en tenue d'hôpital avait mentionné le nom de Lilith, la première femme d'Adam et mère des démons. Bien que Kalla était relativement ouvert pour un ange, ce nom l'avait fait grincer des dents, cette théorie soulevé par la rose épine, mettait l'homme et l'adlagoon au premier plan de l'humanité et les anges au second plan. Les grands usurpateurs de l'histoire.....
Cela mettait en lumière leur Déesse comme un personnage retord et calculateur! S'en était trop pour l'ange. Cela était intolérable à concevoir.
Si ces confrères et consoeurs entendaient cela, c'était assurément une déclaration de guerre imminente.... Se reconnectant à la ruche, l'ange bleu fut littéralement submergé par le flot de fiel de ses compatriotes, la flotte ruche était en furie, quelqu'un diffusait....
Ce n'était assurément pas Aemulus dont l'esprit avait été fermé d'un bout à l'autre. Malgré son apparente sympathie, Aemulus avait refusé les demandes de connections de Kallatriel, et son esprit n'apparaissait littéralement nulle part sur les ondes de la Cité.
Bien-sûr il avait été banni de la flotte ruche, mais un individuel pouvait quand même tenter une connexion. Il avait essayé plusieurs fois de rentrer en contacte avec lui, pour gagner du temps et le détourner de son objectif de fuite avant l'aube. Mais toutes ses requêtes avaient été renvoyé, comme un manant toquant désespérément à la porte d'un château fort pour demander asile. L'ange d’albâtre était resté de marbre, et son esprit, une forteresse imprenable.
Non, celui qui diffusait à l'heure actuelle était Aurélion, l'ange uni-ailé souffrant le martyre et dont Kalla avait assumé quelques minutes auparavant qu'il avait perdu connaissance. L'ange à bout de force diffusait depuis le début de la conversation. La flotte ruche n'avait rien loupé et les esprits s'échauffaient à grande vitesse et s'embrasaient comme des feux de paille.
Kalla avait été distrait par tout le déroulement de cette rencontre et n'avait pas remarqué que si Aurélion n'avait pas répondu à ses demandes relatives à son état, c'était qu'il gardait ses dernière forces pour diffuser.
Les escadrons étaient en mouvement.....Le céruléen les percevaient clairement maintenant. Des multitudes d’escouades anges aux couleurs multiples avaient sorti l'artillerie lourde et se dirigeaient vers l'Eden. Son frère Alliel, avide de faire la peau au traitre était dans les premières lignes avec ses hommes.
Revenant au moment présent, Kalla eut à peine le temps d'entrevoir Primerose se préparer à un sprint en direction d'Alexia. Alors qu'il allait ouvrir la bouche pour ordonner à la rousse de se mettre à l’abri au plus vite, Kalla reçu une notification violente, comme un coup de poing en arrière du crâne par son cadet :
-Fait attention à ce que tu fais Kallatriel, je te suggère de ne pas bouger si tu ne veut pas être assimilé au camp adverse.
Alliel n'avait jamais menacé son frère auparavant, mais Kalla savait qu'il était sérieux. La notification avait été envoyée en privée hors réseau ruche.
Kalla serra immédiatement les lèvres et regarda au plafond, d'ou des morceaux de plâtre commençaient à tomber..... Un sombre déchirement se fit entendre et l'ange eut à peine le temps de se tourner vers Prime.
Leurs regards se croisèrent et il espérera grandement que son non-verbal suffirait à la démone, pour ne pas s'attarder plus longtemps. Celle-ci, quittant ses escarpins en moins de deux secondes, se lança dans une course effrénée, attrapa son amie et se dirigea vers la sortie. Carlisle sur ses talons.
Même si Kalla ne ressentait que du dédain pour l'entrepreneur, il savait aussi admettre qu'il était le seul à avoir les ressources nécessaire pour mettre la jeune femme et son amie à l’abri. Cette pensée allégea son cœur dans l'instant, et les regardant disparaître de la pièce, il ferma les yeux au moment ou le plafond cédait devant lui.
L'ange d'azur n'avait pas eut peur de la mort, il n'aurait pas hésité à suivre Prime et Carlisle pour aider si il pensait pouvoir être d'un quelconque soutien. Mais le choix entre mourir en traitre à la cité, souiller le nom de son frère, et aider, sans garantie aucune, à mettre Primerose en sureté, était un choix bien trop cornélien pour ses pauvres épaules. Il céda donc le terrain au millionnaire et ne bougea pas d'un iota, priant de toute ses forces (déconnecté de la ruche) pour que l'entrepreneur ait un filet de sécurité qui l'attende dans une des salles connexes.
Le plafond venait de s'effondrer dans un craquement lugubre. Et Kalla se tenait toujours les yeux fermés, reconnecté à la ruche, il ressentait maintenant tous les esprits de ses congénères, autour de lui comme un bouclier protecteur, lui envoyant des demandes sur son états, le submergeant de chaleureux soutien. Mais l'énergie se détourna rapidement dans une autre direction, une énergie de colère intense, d'affront qui devait être lavé! L'attaque allait être lancée.....
Ton sommeil est profond et doux, un nuage de coton qui enrobe tes membres avec toute la tendresse d’une mère enlaçant son enfant. Ta respiration fend calmement l’air, ta poitrine se soulevant délicatement. Puis des ténèbres se mettent à remuer autour de toi, ondulant avec une tension mortelle dans la voix. Tes sourcils se froncent. Les ombres se changent en silhouettes puis en scènes et une explosion d’événements et de sensations vient alors t’écraser la conscience et te noyer le corps. Tu te débats dans tes draps, une pellicule de sueur vient s’emparer de ton corps avant que tu ne te redresses violemment en position assise, haletant et tremblante. Une vive douleur te mord le dos, à l’emplacement de l’une de tes ailes.
-Quelle horreur… -Evangéline ? Tu as reçu le message ?
Tu passes une main sur ton visage humide.
-Comment l’ignorer… -Réunissons nous. Je viens vous prendre vers le magasin « cyclomancien », on ira plus vite avec ma voiture. -C’est à l’Eden c’est ça ? -Oui…Je crois….Je crois qu’Aemulus est là.
Ton corps se fige. Il t’avait semblé apercevoir ses traits parmi le marasme chaotique des images envoyées…Si c’est le cas… Le Traître en personne… Tandis que tu sautes hors de ton lit, tu entreprends de mettre une tenue appropriée pour te battre car oui, l’aube de cette journée ne commencera pas par un bon petit déjeuné. Tu attrapes machinalement tes vêtements et en profites pour porter plus loin le message, cherchant à capturer l’attention de tes frères et sœurs ailés non loin sur l’île. Plus vous serez nombreux, moins il y aura de risques de blessures. Une fois le message transmis, tu achèves d’enfiler ton legging noir et l’accompagnes d’un débardeur de la même couleur, près du corps afin de limiter les prises potentielles et dans cet état d'esprit tu emprisonnes ta chevelure dans un chignon serré. Une paire de baskets blanches s’invite sur tes chaussettes de la même teinte puis, avec un air solennel, tu viens t’accroupir devant le coffre contenant ton sabre vêtu de son fourreau ténébreux. Tu l’attrapes avec douceur et l’observes un instant comme si tu te préparais avec un ami à affronter un mal sombre. Puis tu franchis le seuil de ton appartement.
Haletante, te voici courant dans les ruelles de Roanapur, usant de toute ta célérité afin de rejoindre le point de rendez-vous le plus tôt possible. Lorsque tu arrives sur place, Amenadiel apparaît au même moment, la mine sévère et Eilinelle et Angélique patientent dans la voiture de cette dernière. Le silence vous enrobe mais vos regards déterminés suffisent à traduire la tension guerrière qui coule dans vos veines. Les portières claquent et les roues crissent sur la pierre tandis que votre char vous emmène sur les lieux devenus maudits en cette journée qui s’éveille à peine. Lorsque vous arrivez devant l’Eden, vous convenez immédiatement de vous séparer en deux groupes : Amenadiel et Eilinelle passeront par l’entrée principale tandis qu’Angélique et toi grimperez sur les toits afin d’utiliser une approche plus furtive. Tu réajustes la sangle qui maintient ton sabre sur ton dos puis après un dernier échange de regard, votre escouade se met en marche. Sans un bruit, telles des ombres pourtant célestes, Angélique et toi, vous infiltrez par une sortie de secours et avisez sans peine une porte menant au toit de la bâtisse. Nulle résistance n’est rencontrée…
-Pas de soldats…Pas d’anges rénégats… Soit ça sent vraiment très mauvais, soit notre présence n’a pas du tout été anticipée… -Je préfère rester optimiste.
Un coup d’épaule de ta part suffit à faire céder la porte peu usitée et menant directement sur les sommets et le spectacle qui s’offre à vous n’a rien de rassurant ; en effet la belle voûte de verre a été complètement explosée par les premiers anges arrivés sur place et des voix vous parviennent depuis l’intérieur. Ta sœur et toi échangez un regard avant de vous accroupir près du sol, vous approchant à pas feutré de la scène. Tu penches délicatement ton minois au-dessus de l’immense faille et découvres une représentation théâtrale aux notes sordides. Ton regard accroche en premier lieu le vestige d’une aile ensanglantée et ton cœur se serre, repensant à la souffrance physique que tu as éprouvée lorsque les images t’avaient assaillie. Les cercles formés sur le sol font naître des picotements le long de ta chair délicate, les aspects rituels de l’endroit te glaçant jusqu’aux os. Mais ce n’est ni l’ange que tu devines, mutilé, ni même les autres personnes présentes qui retiennent toute ton attention dans cette scène d’horreur mais un seul et unique visage : Aemulus se tient à quelques mètres de toi. Tu n’en crois pas tes yeux, le Traître à ton peuple, le Menteur du Ciel se tient au centre de cette terrible machination qui, sans aucun doute, doit être aussi sombre que son esprit. Ta mémoire retourne quérir les informations envoyées tantôt à travers l’esprit de connexion et lorsque les mensonge sur votre Dieu se soulève dans ta conscience, une vague de trouble mêlée de fureur vient faire bouillir le sang dans tes veines.
-Eva.
Ta sœur ressent sans peine la colère qui commence à poindre dans ton cœur mais tu choisis la voie du sang froid et tandis que tu reportes ton regard d’argent sur elle, tu constates qu’autour de vous, d’autres anges arrivent doucement sur les toits environnants. Le message est passé. La nuée de la Toute-Mère s’avance avec colère en direction du Traître. Tu te détaches de la fenêtre brisée et avances vers le rebord du toit, risquant un regard en contrebas et constates que quelques anges s’infiltrent dans l’Eden, prêtant ainsi main forte à tes amis déjà engagés. L’avantage du nombre et de la surprise est non négligeable maintenant reste à définir l’approche. L’instant est si critique…Aemulus est un ange insaisissable et l’occasion qui se présente est si belle ! Mais vous savez tous que c’est un guerrier terrifiant et vous ignorez en quoi consistent les capacités de l’adlagoon femelle qui l’accompagne.
-Un assaut frontal et chaotique n’est pas la solution.
Une voix masculine s’est élevée et vous acquiescez tous en silence.
-Il faut occuper toutes les issues et se refermer sur eux comme un piège à ours.
A nouveau l’accord est fait.
-Une distraction est nécessaire quand bien même Le Traître ne mettra pas long à comprendre.
Angélique et toi entremêlez vos regards et dans un même mouvement, déployez vos ailes aux couleurs éclatantes. Les trois appendices d’un orange vif d’Angélique semblent répondre aux nuances dorées du soleil levant alors que la blancheur immaculée des tiennes paraissent briller dans l’aube, telle une flamme d’espoir. Vous serez l’appât, vous serez la distraction et si le moment est venu pour vous de quitter vos corps de chair pour rejoindre les ailes de Dieu alors… Qu’il en soit ainsi. Angélique sort ses armes à feu quant à toi, la lame de ton sabre tranchant s’étire vers le ciel, profitant de l’effervescence ambiante afin de te galvaniser. Et dans un seul et unique mouvement, ta sœur et toi vous jetez au sol, amortissant votre chute par quelques battements d’ailes. La démone et le traître ont reculé de quelques pas, évitant ainsi d’être écrasés par votre entrée. Tu brandis ton sabre devant toi, repliant légèrement tes genoux afin de te placer en posture de combat. Ton regard d’ordinaire si doux se voile d’une ombre noire de colère, contraste saisissant par rapport à la blancheur de tes ailes déployées. Elles aussi se tiennent prêtes à encaisser le moindre assaut. Puissent tes congénères enfin abattre cette brebis malade quand bien même tu devras y perdre la vie dans un combat sanglant.
Son sang n'avait fait qu'un tour lorsqu'il avait éprouvé l'émoi de ses sœurs et frères sur le canal Béni de la Ruche. Comme tous les enfants de la Mère il avait assisté avec une rage bouillante à toutes les atrocités entendues et ressentis par son estimé collègue au supplice. Et comme bien d'autres de ses congénères, l'ange s'était apprêté pour ce qui paraissait être l'affrontement de sa vie.
Dans la lumière blafarde du matin, Belverios se tenait sur les toits alentours de l'Eden, parmi les siens, observant le spectacle désolé qu'offrait le club privé, éventré, permettant au jour de révéler ce qu'il cachait vraiment : Des esti démons en maudit, ainsi que des traîtres à leur sang persécutants les anges les plus respectables de la Cité.
Comme tout autre, il se caractérisait par son silence. Des tous les frères qui avaient répondu à l'appel, Alliel Lacroix de Sullustéhan était le membre le plus gradé, et c'était lui qui assumait la responsabilité du commandement.
Alors qu'il organisait l'ordre de bataille les théories et discussions stratégiques allaient bon train.
-Un assaut frontal et chaotique n’est pas la solution.
Une voix masculine s’est élevée et vous acquiescez tous en silence.
-Il faut occuper toutes les issues et se refermer sur eux comme un piège à ours.
A nouveau l’accord est fait.
-Une distraction est nécessaire quand bien même Le Traître ne mettra pas long à comprendre.
-Sauver nos confrères reste la priorité. Aemulus est désigné cible numéro 1. Son identification a bien été relayée au Q.G et nous avons bien l'autorisation de l'éliminer. La Menteuse de la Mère est désignée cible numéro 2. Mes soeurs, mes frères. Pour Sullustéhan. Pour la Déesse !
-Attendez, c'est Carlisle ici, le responsable ! Il fait l'objet d'une investigation lancée par Belverios, mais qui est la femme rousse avec eux ? Quelqu'un à des informations ?
Belverios n'avait d'yeux que pour l'ange déchu. Il allait rectifier d'un coup de hache la plus grande Erreur qu'il ai pu exister dans l'Histoire des Anges de Sullustéhan.
-Amenadiel, Angélique, avec moi en assaut frontal. Nous allons prendre l'attention et contrôler l'ennemi. Eilinelle, Evangéline, Valerian, Séréna, Victoria, Iris et Belverios en soutien. Encerclez la zone de combat, nous allons utiliser une formation 'Cercle Béni' pour voir comment réagit l'ennemi. Le démon Carlisle ainsi que la femelle non-identifiée ne sont pas nos cibles pour le moment. Les autres, restez en retrait, vous serez la seconde vague d'assaut ! Agissez en équipes, comme à l’entraînement !
L'ange assassin passa ses gants de cuir noir et resserra sa prise sur la poignée de sa hache tactique de combat.
-Attention... AU COMBAT !! POUR LA DEESSE !!!
'La maison est derrière Le monde est devant Nombreux sentiers ainsi je prends
A travers l´ombre
Jusqu´à la fin de la nuit Jusqu´à la dernière étoile qui luit
Brumes et nuages Noyés dans l´obscurité Tout va se mêler Tout va... se mêler '
- " Attention les gars, c'est sans doute un groupe terroriste ! 5 minutes ! Chacun tient son secteur. On n'est plus sur du petit trafiquant de cartel, une explosion a secoué l'Eden. Calibre RPG. Alors je vous veux à trois cents pour cent ! "
Nathan grinça des dents en rajustant son casque d'intervention. Dans le fourgon blindé qui fonçait dans les rues en rugissant de toutes ses sirènes, il commençait à gamberger, comme tous les autres. Un appel avait alerté d'un danger au club privé du riche magnat des affaires Carlisle Elijah. Maintenant il était fait état d'une explosion sur l'Eden. Ils attaquaient dans le noir complet ! Aucune information sur le groupe qu'ils allaient affronter ! Un bâtiment instable à cause des dégâts reçus. Des armes lourdes étaient à prévoir pour leurs ennemis. Une vrai situation de zone de guerre.
Le policier passa un regard sur chacun des membres de son équipe. Il se rappela sa formation militaire. 'En combat urbain pour un affrontement de haute intensité, l'espérance de vie d'un soldat est estimée à cinq minutes.' Cinq putains de minutes ! C'était dire le charnier ! Qui ici aurait la chance de vivre une sixième minute ? Une septième ? Qui ici verrait la fin des combats ? Nathan se promit que tous reviendraient vivants, et que leurs ennemis crèveraient la gueule ouverte sur le pavé...
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Aemulus se sentit parcouru d'un frisson. Depuis sa position en contrebas, il voyait les silhouettes noires de ses anciens compatriotes qui se découpaient dans les couleurs roses et or du ciel. Voir ces troupes répondre à l'appel avait quelque chose de glaçant et de beau à la fois. L'efficacité ange était admirable. L'esprit de l'ange lui narra un autre temps. ll avait fait partit des premières troupes dépêchées à Roanapur. Avant même la première vague d'assaut officielle. Il connaissait toutes les tactiques militaires de combat, et mieux que ça, il avait aidé à théoriser les nouvelles formations anti-démons apprises aux recrues par les instructeurs de la Cité.
Dans le cas présent, à leur place, l'ange déchu aurait opté pour une formation de 'Cercle Béni'. Ils allaient se déployer tout autour d'eux, en envoyant une première vague de combat pour les occuper et les fatiguer. Se faisant, les autres allaient les encercler, attendre une ouverture pour les assaillir à l'improviste. Une stratégie agressive qui permettait de mettre fin au combat rapidement. Ce qui avec le levé du jour était essentiel pour les anges. Plus ils restaient là, et plus les chances d'être vus par des témoins humains augmentaient. Sans compter les caméras de sécurités, ou amateurs.
Le traître entendit que les adlagoons présents décampaient, mus par un instinct de survie particulièrement aiguisé. Il patienta que l'humaine soit évacuée et laissa sa véritable apparence percer son camouflage. Ses quatre ailes dorées pendaient lamentablement de son dos. Cassées par la Déesse, elles ne lui étaient plus d'aucune utilité, l'entravant d'un poids horrible, et symboles évidents de sa déchéance. Il n'avait aucune envie de se battre. Mais Méléna représentait le plus grand espoir vivant de mettre fin à la guerre qui tuait tant et tant de ses sœurs et frères. Elle devait vivre pour que tout prenne fin. Il allait s'en assurer. ... Même si pour cela il devait tuer plus de encore de ses congénères...
L'esprit de la Reine de l'Ombre n'était plus là. Elle était de retour si loin en arrière. Par delà les années noires. Par delà l'obscurantisme divin. Alors que la Paix existait encore. Tout ce temps. Tout ce gâchis...
En ce temps ils étaient tous quatre dans ce havre de paix. Il y avait encore le lac irisé. Elle revoyait parfaitement Raevalon riant aux éclats, faisant rouler le tonnerre. La Déesse coulant sur lui un regard intense, avec sa canne à pêche. Et Drasil. Il n'était pas encore atteint. Avant son mal, il souriait encore, certes un peu pâle. Il ne voulait pas que le poisson morde à l'hameçon de Dieu. Belle matinée ensoleillée. Comme maintenant.
Il l'avait choisit. Il l'avait choisit. Chut, chaque chose en son temps. Revient. Revient au jour présent. Tu es en danger. En danger ? Non. Ils n'empêchent rien du tout. C'était le plan. Se révéler au grand jour. Laisser entrevoir l'Ennemi. Cesser de se cacher, prendre l'attention. Alors seulement la suite serait possible... On va y arriver...
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L'enfant adlagoon ne savait plus trop quel sujet pourrait maintenant intéresser tata. L'odeur saisissante de sang accrochait ses narines. Même dos tourné il savait très bien dans quoi la sœur de Maman était en train de se baigner. Depuis tout à l'heure il lui racontait ses journées, et toutes les plaisanteries qu'il avait pu tenir à ses victimes. Tient, hier encore il avait déboulonné les contre-poids d'une grue, manquant de la faire s'effondrer dès la levée de charges excessives. Le grutier avait failli voir son appareil aller s'écraser sur les maisons environnantes ! Quel rigolade face à sa face blême de peur ! En plus si tôt matin il était déjà à trois grammes d'alcool par litre de sang, il avait décuvé instantanément ! Ou alors encore quand il s'était caché sous une statue dans l'église et qu'il avait fait semblant qu'elle bougeait et parlait aux fidèles, crédules ! La mamie avait faillit avoir une attaque !
Il ne savait pas du tout comment ça se passait à côté, mais si tata restait ici, ils avaient une chance de partir vivants ! Maman était trop dangereuse, ils devaient tous fuir ! Elle était trop dangereuse ! Surtout depuis qu'elle n'était plus seule.
Le bruit sourd d'une explosion retentit. Toute la pièce vibra, faisant s'entrechoquer les dents de l'enfant.
Nun tira la langue en vilain gamin qu'il était, mais c'était peine perdue. Il entendait dans son dos Sélène Salvatori se redresser et sortir du bain. Il ne pouvait pas la retenir plus longtemps. Il fila sans demander son reste ! Il ne tenait pas à être là quand tout allait...
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Comme un seul homme les anges désignés plongèrent vers le cœur de l'Eden ! Alliel, Amenadiel et Angélique de Sullustéhan fondirent dans l'antre de la bête, toutes ailes prêtent à se replier en position défensive. Ils tournaient autour du duo qui incarnait le mal. Comment attaquer de sorte à ouvrir une brèche dans la défense des ennemis de la Déesse ?
Ils s'élancèrent soudain !! Des plumes projetées des ailes d'Angélique sifflèrent de colère ! Méléna planta ses pattes griffues dans le sol, plus profond que les lattes de bois d'acajou du club. Elle agrippa la roche et le béton, l'arrachant de la structure pour la brandir devant elle comme d'un bouclier improvisé ! Les projectiles se plantèrent sans incident. Profitant de l'obstruction visuelle, Alliel et Amenadiel chargèrent ! Eilinelle, Evangéline, Valerian, Séréna, Victoria, Iris et Belverios prenaient positions aux différents coins de la salle, observant les capacités des ennemis. Comprendre pour battre ! Aemulus était vif comme l'éclair ! Il intercepta le frère de Kallatriel et para ses coups avant de le repousser d'un choc à la poitrine ! Amenadiel le premier arma un coup en direction du Traître, mais la porte de la section VIP vola dans les airs ! Forçant l'ami d'Evangéline à bondir en arrière.
Sélène marchait, une expression de fureur déformant ses traits. Eilinelle et Belverios se tournèrent pour faire face à ce nouvel ennemi ! Iris et Victoria s'occupaient d'Aurelion qui venait de perdre conscience, tandis que Séréna forçait Kallatriel à quitter les lieux. Il fallait aider leurs sœurs à transporter en lieu sûr leur frère à l'aile arrachée.
Alliel, lui, n'était pas de taille. C'était rageant, mais simplement un fait. Il échangeait coups sur coups avec Aemulus, mais celui-ci parait inlassablement les attaques ! L'ange malgré son poing américain et son sabre ne parvenait pas à prendre l'avantage ! Son ennemi était trop rapide ! Et ce, malgré Amenadiel qui se battait comme un beau diable ! Le traître frappa cruellement sur l'extérieur du genou l'ami d'Evangéline, le forçant à plier la jambe, sous peine de voir son articulation se briser. Esquivant l'attaque du gauche du petit frère de Kallatriel, le poing américain de l'ange frappa les dents de son confrère par inadvertance ! Aemulus se servait de leurs forces contre eux. Il se jouait de leurs techniques de combat !
Le lourd menhir arraché du sol par Méléna fut projeté dans la direction d'Evangéline qui d'un battement d'ailes évita de se faire écraser ! L'ange armée de son sabre, au coude à coude avec Belverios et Eilinelle tentait de retenir la Reine de L'Ombre. Les coups de hache, et de de katana ricochaient contre une peau démoniaque aussi dure que la pierre volcanique ! Les avants-bras de l'adlagoon, à la couleur presque cramoisie, et à la texture de peau d'alligator repoussaient les assauts coordonnées des anges, mais mettant en difficulté la démone. Elle ne paraissait pas chevronnée combattante. Mais une voix autre vibrait hors de son corps, la prévenant des attaques, comme un gardien toujours vigilant et à la vision absolue. Elle se débattant transperçant les airs et les chairs de coups de griffes enragés ! Seules les parades des ailes parvenaient à détourner les coups puissants qu'elle multipliait.
Perforant la salle d'un nouveau cri implacable, Méléna, les bras en croix, la tête en arrière surchauffa sa température corporelle ! Une vague bouillonnante explosa de son être, soufflant toute chose aux alentours ! Les anges, instinctivement se roulèrent en boule dans leurs ailes ! Les revêtements extérieurs des plumes résistaient à la chaleur extrême, protégeant les corps ramassés dessous de la calcination immédiate ! Mais la température insoutenable pouvait faire tourner de l’œil plus d'un être peu habitué à cette chaleur suffocante. Les lattes du sol se brisèrent sous la force conjuguée du cri, et l'onde de choc enflammée ! Mais les enfants de la Déesse tinrent bons, protégés de leurs cocons impénétrables.
Un craquement sourd se fit soudain entendre ! Le sol était comme labouré ! Que se passait-il ?! Tous rageaient de ne pouvoir rouvrir leurs défenses pour se mesurer à l'ennemi. De ne pouvoir voir quel tour il leur jouait ! C'est Amenadiel qui le premier desserra le bouclier de ses plumes pour jeter un œil au-dehors et diffuser ce qu'il voyait aux autres.
Un trou avait crevé le sol de l'Eden. S'enfonçant à n'en pas douter vers les enfers, le tunnel avait perforé avec aisance les différents sols, dalle de béton, caves, et roches sous la ville. Creusé en diagonal, le passage devait mener vers une autre partie de la ville. Mais l'inclinaison et la vitesse d'exécution laissait croire qu'il s'agissait d'une issue pratiquée à la va-vite pour fuir les lieux. Car en effet, il n'y avait plus nulle trace d'Aemulus, de la maire, ou de Méléna.
Elijah et Primerose, secondée d'Alexia avaient fuit. Kallatriel était entre de bonnes mains, et Aurellion aussi. Le succès de sa mission, et le secours des anges aux leurs restait cependant une victoire au goût amer.
Aussi coordonnées que furent leurs attaques, aucune ne fit mouche. Mais tous ici présentaient affaiblis. Le souffle court, la peau brûlée par endroits, ils avaient reçus des blessures mineurs. Pour certains, les habits étaient déchirés. Oui vraiment, les démons étaient forts. Leurs griffes et mutations leur procuraient un avantage au combat conséquent. Et de surcroît l'un des leurs retournaient contre eux leurs propres techniques.
Il fallait dorénavant tout réapprendre. Nul doute que nombres de leurs enseignements militaires étaient connus de l'ennemi et que pour les surprendre, il faudrait s'adapter. Changer de tactiques et de façon de se battre. Déjà, le Q.G enregistrait le plus de diffusions possible et devait se creuser les méninges pour trouver de nouvelles façons de réfléchir, d'agir, et de gagner.
Lorsque Nathan et la brigade d'intervention pénétrèrent dans l'Eden, il n'y avait déjà plus personne. La salle VIP éventrée au toit comme au sol étaient les seuls témoins symboliques du combat qui s'était joué ici des forces de la Déesse, contre les démons des profondeurs. Et malgré le soleil qui brillait par la fracture dans le haut du bâtiment, il était difficile de faire la lumière sur ce qu'il s'était passé en ces lieux. Les caméras de sécurités avaient fondu. Le sol brûlé était inexploitable en terme de traces ADN.
Nathan tentait de garder les assureurs de monsieur Carlisle à distance. Il ne fallait pas contaminer la scène tant que les experts n'avaient pas fini le boulot. Les médias aussi voulaient occuper les lieux. L'explosion et les sons perçus aux alentours rappelaient pour beaucoup l'attentat survenu au centre commercial La Visitation des mois auparavant. Les citoyens étaient inquiets. Un groupe terroriste œuvrait à Ronapur, se dissimulant parmi la population. La ville devait se préparer à vivre des heures sombres...
Le policier ne s'était même pas aperçut qu'il foulait de sa botte une plume. Plume dont Sam avait reconnu l'odeur. Mais déjà il devait se porter au-devant de madame la maire qui venait d'arriver sur les lieux, demandant des explications sur ce qu'il s'était passé.
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Voici qui marque la fin de l'Event La Reine de L'Ombre !
Ce fut une longue aventure qui vous a tenu en haleine depuis Mai ! D'abord né du poisson d'avril, mettant en scène un Event axé autour de Tony, affectueusement renommé Mountain Dew Boy, ce second Event en révèle beaucoup plus sur l'Histoire du forum. Des indices importants ont été révélés grâce à tous vos efforts !
L'Event se termine en fin ouverte. Libre à vous de théoriser sur ce qu'il s'est passé ensuite, pourquoi pas même faire un RP entre vous de ce qui a suivi ?
J'espère que ce second Event vous aura plus. N'hésitez pas à me faire des retours, toute critique positive ou négative me sera très utile pour vous proposer de meilleurs scénarios et gameplays par la suite. J'ai été très heureux de vous MJter, ce fut une expérience très intéressante.
Et maintenant voici le temps des récompenses ! C'est ce que vous attendiez n'est-ce pas bande de petits coquins ?
Elijah Carlisle, Primerose et Kallatriel de Sullustéhan obtiennent une bourse de 50 points d'Expérience pour leur participation acharnée à l'Event !
Evangéline de Sullustéhan obtient une petite bourse de 10 points d'Expérience pour son apparition dans l'Event.
Une zone résumant les Events va être ouverte sur le forum, recueillant les informations que vous avez glané à la sueur du front de vos personnages biens-aimés.
Et enfin voici les avatars pimpés que vous avez gagné ! Vous pourrez les retrouver dans la zone Statut de Personnage correspondant à vous comptes !
Alors bonne continuation et bons RPs sur Angeli ex Inferno !
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