Les jambes de Philomena cédèrent sous le poids de sa fatigue une fois qu’elle fut adossée au mur de brique derrière elle. Pourquoi réagissait-elle de la sorte ? Il ne s’agissait pas de la première fois qu’elle subissait une blessure par balle. Son corps tolérait la douleur plus que n’importe qui à sa connaissance. Elle avait déjà survécu plusieurs jours avec une balle dans la cuisse avant qu’on puisse faire venir un chirurgien pour l’extraire. Ciel, elle avait été à quelques secondes près de s’extraire elle-même le projectile à ce moment, si elle n’avait pas eu la certitude qu’elle ruinerait probablement sa jambe plus qu’elle ne l’était déjà. Jamais pareille faiblesse ne l’avait assaillie. Comme pour répondre à sa propre interrogation, elle perçut une odeur âcre assez caractéristique. Du poison. La balle du révolver était probablement enduite de poison et voilà pourquoi ses forces la quittaient à une vitesse aussi fulgurante. Merde ! L’odeur lui était familière, mais pas assez pour qu’elle puisse cerner avec précision l’identité du poison. Elle en usait régulièrement, certaines missions exigeant – à son grand regret – quelque chose de plus subtile et moins voyant qu’une exécution sanglante. Ainsi, elle possédait de minuscules lames semblables à des aiguilles qu’elle recouvrait de poison. Seule une égratignure suffisait pour que le venin agisse. Il devait simplement être en contact avec le sang. L’hémoglobine n’était pas en manque dans sa présente situation. La main droite sur sa plaie n’empêchait pas le liquide poisseux de s’écouler entre ses doigts. Était-ce là le but du poison ? Accélérer l’écoulement de son flux sanguin pour qu’elle meurt au bout de son sang ? Si tel était le cas, mais c’était d’un ennui ! Elle refusait de mourir aussi bêtement : à cause de sa propre distraction et d’un poison à l’action aussi décevante. Elle aurait préféré sentir son sang bouillir. Au moins, elle quitterait ce monde comme elle avait vécu : chaotiquement, mais dramatiquement.
L’assassin posa son regard sur le dandy qui s’occupait d’un autre assaillant. Un sourire parcourut félin les lèvres de la jeune femme. Comment un homme aussi soigné pouvait-il dégager autant de noirceur et de fureur ? Oh certes, pour n’importe qui, il faisait usage d’un contrôle hors du commun, son parfait opposé même, pourrait-on dire. Mais elle n’était pas dupe. Elle reconnaissait dans tous ces mouvements parfaitement retenus un besoin viscéral qui faisait écho au sien, mais qui se manifestait différemment. Malgré les apparences, cet homme possédait un besoin de violence auquel il ne pouvait pas s’empêcher de répondre. Certains diront qu’elle projetait sans doute ses propres désirs sombres sur son partenaire. Après tout, son état s’empirait. Mais une douce certitude s’installait dans tout son être. Un jour ou l’autre, elle allait lui faire avouer. Avouer que leurs propres démons se complétaient. Avouer que sous cet extérieur soigné dormait une bête assoiffée qui menaçait de s’échapper. Elle briserait ses défenses, elle en était certaine.
Le dernier assaillant quitta la ruelle en courant, échappant au sort du destin que lui réservait une arme à feu dépourvue de balle. Dommage que l’homme à la chevelure blanche ne fût pas armé de couteaux de lancer. Leur ennemi n’aurait pas pu sortir vivant du carnage que sa bande avant initié. Philomena tenta de se lever, mais ses jambes refusèrent de bouger. Était-ce le poison ou bien la perte de sang ? Les deux probablement. Ainsi, lorsque le dandy s’approcha d’elle, la regardant de haut, elle ne put que soutenir son regard. Un regard qui ne trahissait rien de ce qu’il ressentait présentement. Lui aussi était blessé, mais il ne semblait pas être en aussi mauvais état qu’elle. Sans doute s’était-il épargné une balle enduite de poison. Elle s’était toujours crue chanceuse, voilà que sa bonne étoile paraissait lui faire faux bon. À moins qu’il s’agisse d’un mal qui aurait des bénéfices plus tard. Elle éprouvait beaucoup de difficulté à s’imaginer ce qu’ils pourraient être.
Il s’abaissait maintenant à son niveau. Allait-il en finir avec elle ? Après tout, il lui avait promis qu’il serait celui qui mettrait fin à ses jours. Elle se trouvait là devant lui, presqu’incapable de bouger. Il lui suffirait de glisser cette lame arrondie sur sa gorge ou bien de la suffoquer de sa main gantée. Elle se débattrait, évidemment, mais le poison l’engourdissait lentement. La jeune Serbe ne pourrait pas résister longtemps et il aurait sa vengeance pour le quelconque affront qu’il croyait qu’elle avait commis. La faucheuse était sa déesse, et Philomena sa plus grande croyante. Ne lui faisait-elle pas d’offrandes régulièrement ? À plusieurs reprises, elle avait senti la douce caresse frôler ses membres, un rappel constant qu’elle jouait avec sa vie. Cependant, cette présence s’était toujours avérée rassurante. Elle adorait flirter avec la mort et cette journée n’était pas différente. Ainsi, lorsque le dandy posa une main sur le mur à la gauche de sa tête, elle ne put que lui offrir le visage qu’elle présentait toujours à la Mort : une expression enjouée et défiante. L’adrénaline qui emplissait ses veines à la possibilité de la fin de sa vie était exaltante et ce moment ne fit pas exception. Pourtant, l’adrénaline se transmua en quelque chose d’autre lorsque les paroles de son partenaire atteignirent son cerveau. De l’excitation, peut-être ? La douce promesse mortelle contenue dans ses mots lui parcourut délicieusement l’échine. Elle n’allait pas mourir aujourd’hui. Et voilà qu’il réitérait son serment d’être celui qui trancherait son fil de vie. Ses dents mordirent sa lèvre inférieure et son regard s’embrasa. Comme elle espérait qu’il respecte sa promesse.
L’assassin ne bougea même pas lorsqu’il porta sa main gantée à sa gorge. Elle appréciait beaucoup trop la sensation du cuir contre la peau délicate de son cou, même si cela lui démangeait de connaitre le goût de sa paume nue. Elle se demandait même s’il n’appréciait pas la voir ainsi, elle presque à sa merci, son cou entre ses doigts. Elle ne pouvait nier le fait que cette prise ne la laissait définitivement pas indifférente. Soutenant son regard une fois de plus, elle ressentit la pression qu’il exerçait sur sa carotide. Comme elle aurait aimé agripper cette main et l’intimer à appuyer plus fort. Elle voulait qu’il lui fasse mal. Mais même ses bras ne semblaient plus vouloir lui répondre.
Le brouillard qui s’emparait déjà de son esprit dansa devant ses yeux, obscurcissant sa vue. Une chanson parvint à ses oreilles, mais elle ne put en décoder les paroles. Était-ce son dandy qui chantait pour l’apaiser ? Elle ne put dire. Son corps devint mou et son esprit s’envola.
L’assassin posa son regard sur le dandy qui s’occupait d’un autre assaillant. Un sourire parcourut félin les lèvres de la jeune femme. Comment un homme aussi soigné pouvait-il dégager autant de noirceur et de fureur ? Oh certes, pour n’importe qui, il faisait usage d’un contrôle hors du commun, son parfait opposé même, pourrait-on dire. Mais elle n’était pas dupe. Elle reconnaissait dans tous ces mouvements parfaitement retenus un besoin viscéral qui faisait écho au sien, mais qui se manifestait différemment. Malgré les apparences, cet homme possédait un besoin de violence auquel il ne pouvait pas s’empêcher de répondre. Certains diront qu’elle projetait sans doute ses propres désirs sombres sur son partenaire. Après tout, son état s’empirait. Mais une douce certitude s’installait dans tout son être. Un jour ou l’autre, elle allait lui faire avouer. Avouer que leurs propres démons se complétaient. Avouer que sous cet extérieur soigné dormait une bête assoiffée qui menaçait de s’échapper. Elle briserait ses défenses, elle en était certaine.
Le dernier assaillant quitta la ruelle en courant, échappant au sort du destin que lui réservait une arme à feu dépourvue de balle. Dommage que l’homme à la chevelure blanche ne fût pas armé de couteaux de lancer. Leur ennemi n’aurait pas pu sortir vivant du carnage que sa bande avant initié. Philomena tenta de se lever, mais ses jambes refusèrent de bouger. Était-ce le poison ou bien la perte de sang ? Les deux probablement. Ainsi, lorsque le dandy s’approcha d’elle, la regardant de haut, elle ne put que soutenir son regard. Un regard qui ne trahissait rien de ce qu’il ressentait présentement. Lui aussi était blessé, mais il ne semblait pas être en aussi mauvais état qu’elle. Sans doute s’était-il épargné une balle enduite de poison. Elle s’était toujours crue chanceuse, voilà que sa bonne étoile paraissait lui faire faux bon. À moins qu’il s’agisse d’un mal qui aurait des bénéfices plus tard. Elle éprouvait beaucoup de difficulté à s’imaginer ce qu’ils pourraient être.
Il s’abaissait maintenant à son niveau. Allait-il en finir avec elle ? Après tout, il lui avait promis qu’il serait celui qui mettrait fin à ses jours. Elle se trouvait là devant lui, presqu’incapable de bouger. Il lui suffirait de glisser cette lame arrondie sur sa gorge ou bien de la suffoquer de sa main gantée. Elle se débattrait, évidemment, mais le poison l’engourdissait lentement. La jeune Serbe ne pourrait pas résister longtemps et il aurait sa vengeance pour le quelconque affront qu’il croyait qu’elle avait commis. La faucheuse était sa déesse, et Philomena sa plus grande croyante. Ne lui faisait-elle pas d’offrandes régulièrement ? À plusieurs reprises, elle avait senti la douce caresse frôler ses membres, un rappel constant qu’elle jouait avec sa vie. Cependant, cette présence s’était toujours avérée rassurante. Elle adorait flirter avec la mort et cette journée n’était pas différente. Ainsi, lorsque le dandy posa une main sur le mur à la gauche de sa tête, elle ne put que lui offrir le visage qu’elle présentait toujours à la Mort : une expression enjouée et défiante. L’adrénaline qui emplissait ses veines à la possibilité de la fin de sa vie était exaltante et ce moment ne fit pas exception. Pourtant, l’adrénaline se transmua en quelque chose d’autre lorsque les paroles de son partenaire atteignirent son cerveau. De l’excitation, peut-être ? La douce promesse mortelle contenue dans ses mots lui parcourut délicieusement l’échine. Elle n’allait pas mourir aujourd’hui. Et voilà qu’il réitérait son serment d’être celui qui trancherait son fil de vie. Ses dents mordirent sa lèvre inférieure et son regard s’embrasa. Comme elle espérait qu’il respecte sa promesse.
L’assassin ne bougea même pas lorsqu’il porta sa main gantée à sa gorge. Elle appréciait beaucoup trop la sensation du cuir contre la peau délicate de son cou, même si cela lui démangeait de connaitre le goût de sa paume nue. Elle se demandait même s’il n’appréciait pas la voir ainsi, elle presque à sa merci, son cou entre ses doigts. Elle ne pouvait nier le fait que cette prise ne la laissait définitivement pas indifférente. Soutenant son regard une fois de plus, elle ressentit la pression qu’il exerçait sur sa carotide. Comme elle aurait aimé agripper cette main et l’intimer à appuyer plus fort. Elle voulait qu’il lui fasse mal. Mais même ses bras ne semblaient plus vouloir lui répondre.
Le brouillard qui s’emparait déjà de son esprit dansa devant ses yeux, obscurcissant sa vue. Une chanson parvint à ses oreilles, mais elle ne put en décoder les paroles. Était-ce son dandy qui chantait pour l’apaiser ? Elle ne put dire. Son corps devint mou et son esprit s’envola.
***
‘Was gone these four years past
And when that man came back
Those haunted hollow eyes
He sang the lullaby
‘Was gone these four years past
And when that man came back
Those haunted hollow eyes
He sang the lullaby
Noir.
Philomena se réveilla en sursaut dans une pièce où la noirceur régnait. Seul un rayon de lune éclairait la pièce à travers une fenêtre voilée de rideaux, du moins en avait-elle l’impression. Elle tenta d’ouvrir ses yeux, mais ses paupières trop lourdes refusèrent d’obéir. Une main glissa sous sa tête, la soulevant quelque peu. On murmura quelques douces paroles qu’elle ne comprit pas et un gobelet toucha lentement ses lèvres comme pour les intimer à céder le passage à son contenu. Un liquide se glissa dans sa gorge et d’autres paroles retentirent. Rêvait-elle ?
Philomena se réveilla en sursaut dans une pièce où la noirceur régnait. Seul un rayon de lune éclairait la pièce à travers une fenêtre voilée de rideaux, du moins en avait-elle l’impression. Elle tenta d’ouvrir ses yeux, mais ses paupières trop lourdes refusèrent d’obéir. Une main glissa sous sa tête, la soulevant quelque peu. On murmura quelques douces paroles qu’elle ne comprit pas et un gobelet toucha lentement ses lèvres comme pour les intimer à céder le passage à son contenu. Un liquide se glissa dans sa gorge et d’autres paroles retentirent. Rêvait-elle ?
***
You’ll pay for what you reap
When I come calling
I am the storm, the eye
I am the lullaby
You’ll pay for what you reap
When I come calling
I am the storm, the eye
I am the lullaby
Noir encore.
Ses paupières refusèrent toujours de s’ouvrir. Une douleur lui transperça l’abdomen et elle laissa s’échapper un gémissement. Sa peau brûlait et de fines gouttes de sueur perlaient sur son épiderme. Sa gorge en feu la faisait souffrir et un marteau tambourinait violemment dans sa tête. Ses entrailles semblaient vouloir s’extirper de son corps et un haut le cœur l’assaillit. Par réflexe, peut-être, elle tourna la tête et vida le contenu de son estomac. Des mains retinrent ses cheveux alors qu’elle vomissait dans un contenant qu’on avait approché. Puis, on la repoussa doucement sur le lit. Les mains s’affairèrent à passer un tissu engorgé d’eau froide sur son front et sur ses joues. Tout lui faisait mal. Mourait-elle ?
Ses paupières refusèrent toujours de s’ouvrir. Une douleur lui transperça l’abdomen et elle laissa s’échapper un gémissement. Sa peau brûlait et de fines gouttes de sueur perlaient sur son épiderme. Sa gorge en feu la faisait souffrir et un marteau tambourinait violemment dans sa tête. Ses entrailles semblaient vouloir s’extirper de son corps et un haut le cœur l’assaillit. Par réflexe, peut-être, elle tourna la tête et vida le contenu de son estomac. Des mains retinrent ses cheveux alors qu’elle vomissait dans un contenant qu’on avait approché. Puis, on la repoussa doucement sur le lit. Les mains s’affairèrent à passer un tissu engorgé d’eau froide sur son front et sur ses joues. Tout lui faisait mal. Mourait-elle ?
***
Noir. Non. Pas exactement.
Finalement, ses paupières obéirent à son commandement silencieux. La pièce dans laquelle elle se trouvait tourna autour d’elle. Rapidement, elle referma les yeux le temps que tout se stabilise. Que te disent tes sens Philomena ? La voix de Goran retentit dans son esprit. Le temps que sa vue se consolide, elle pouvait faire usage de ses autres sens. Elle était couchée dans ce qui était assurément un lit. De chaudes couvertures la recouvraient. Le frottement de ces dernières contre sa peau lui apprit qu’elle était nue. Elle ne dormait jamais nue, ce qui voulait dire qu’elle ne s’était pas mise au lit toute seule. De plus, les draps sous son corps n’étaient pas du même matériel que les siens. Elle n’était pas dans son propre lit. Instinctivement, elle porta sa main droite sous l’oreiller afin de saisir la dague qui y était toujours dissimulée. Sa main ne rencontra que des draps et la taie. Évidemment stupide, tu n’es pas dans ton lit.
Les draps sentaient le savon propre et elle pouvait percevoir l’air salin de la mer qui s’infiltrait par une fenêtre ouverte. Un doux vent faisait également claquer des rideaux près d’elle. Tout autour d’elle paraissait paisible, voire immobile, ce qui contribua à faire diminuer la panique qui s’emparait lentement de ses entrailles. Sa gorge était sèche, comme si elle n’avait pas bu d’eau depuis plusieurs jours. La jeune femme passa sa main gauche sur son corps et celle-ci s’arrêta sur son abdomen. Un bandage recouvrait l’entièreté de son ventre. La scène de la ruelle lui revint en mémoire. On lui avait tiré dessus d’une balle empoisonnée. La promesse du dandy et sa main sur sa gorge. L’avait-il amenée à l’hôpital ? Pourtant, cet endroit ne sentait pas le désinfectant. Non. Elle se trouvait dans un endroit privé. Est-ce qu’un bon samaritain l’avait trouvée et amenée chez lui le temps qu’elle se rétablisse ? Combien de temps avait-elle été inconsciente ? Merde ! Elle n’avait pas eu le temps de contacter Goran. Et s’il pensait qu’elle avait déserté ? Et si Danijel pensait qu’elle l’avait abandonné ? La panique s’empara d’elle peu à peu. Elle devait trouver son téléphone portable et contacter son handler. Ok monde, il est temps d’arrêter de tourner.
La jeune Serbe inspira profondément puis expira de la même façon, intimant à la pièce autour d’elle d’arrêter de valser. Graduellement, elle ouvrit les paupières, laissant sa vue s’ajuster à la lumière qui berçait l’endroit. Elle se trouvait dans une chambre. Ses yeux se posèrent aussitôt sur un terrarium qui reposait devant le lit. La pièce était peu décorée, voire presqu’impersonnelle. Elle repéra la fenêtre, mais de sa position couchée, elle ne pouvait pas apercevoir ce qui se trouvait à l’extérieur. À côté d’elle, une petite table de chevet sur lequel reposait un verre d’eau et une pile de vêtements propres. Elle ressentit une légère déception lorsqu’elle vit que son téléphone portable ne s’y trouvait pas. Philomena poursuivit son inspection et son regard se figea quand il rencontra une silhouette légèrement familière. Le dandy se trouvait près de la porte, l’observant de son regard toujours inexpressif. L’avait-il ramené chez lui pour la guérir ? Était-ce lui qui l’avait dévêtue ? Avait-il conservé ce regard sans expression lorsqu’il avait parcouru les courbes de son corps ? Lorsque sa peau nue avait dévoilé ses nombreuses cicatrices ? Avait-il rougi lorsque ses mains gantées avaient frôlé sa poitrine ? Toutes ses pensées provoquèrent une douce chaleur dans ses entrailles, différente de la douleur froide qu’elle y avait ressenti auparavant.
N'appréciant pas être couchée et vulnérable alors que l’homme à la chevelure blanche la dominait de toute sa hauteur, l’assassin tenta de se relever. Une vive douleur remplaça la chaleur qui s’y était installée. Merde ! Un gémissement s’échappa de ses lèvres qu’elle pinça afin d’empêcher tout bruit d’en sortir. Elle n’allait pas faire preuve de faiblesse devant cet homme qui avait fait le serment de la tuer. Elle continua de lutter afin de se redresser et de s’adosser au mur. Elle allait probablement ouvrir ses points de suture, mais elle s’en foutait. Elle n’allait certainement pas restée allongée comme une infirme devant cet homme. Il venait peut-être de lui sauver la vie, mais ce n’était que pour mieux y mettre fin. Lorsqu’elle réussit enfin, au bout de plusieurs efforts, elle retint le drap sur sa poitrine en croisant ses bras par-dessus. Elle parcourut une fois de plus la pièce, cette fois à la recherche d’un objet qui pourrait lui servir d’arme contre lui. Mais bien sûr, il avait pris soin de tout retirer. Ses nombreuses dagues brillaient par leur absence, tout comme son bracelet garotte. Elle pourrait assurément lui balancer le verre d’eau à la figure pour créer une diversion, mais elle savait bien qu’elle n’était pas en état de prendre la fuite et encore moins de remporter un combat contre lui. Son épaule droite était amochée, mais il aurait tout de même l’avantage contre elle.
Philomena poussa un bref soupir. Elle devait trouver un moyen de prendre l’avantage dans cette situation. Elle savait qu’elle n’était pas la plus rusée, mais elle savait faire perdre aux gens leur contrôle mieux que personne. Et puis, il s’agissait d’une merveilleuse occasion d’en apprendre plus sur cet homme mystérieux… et de savoir sur quels boutons presser pour lui faire perdre le contrôle.
« Qu’est-ce qui s’est passé ? Depuis combien de temps suis-je ici ? »
Avant même qu’il ne puisse répondre, elle emplit son regard de braise et mua ses lèvres en un sourire satisfait.
« Est-ce aujourd’hui que tu remplis ta promesse de prendre ma vie ? »
Elle ignorait pourquoi cette perspective l’excitait tant. Peut-être parce qu’elle se rendait compte à quel point sa vie était ennuyeuse et que cet homme la faisait sentir vivante, même s’il lui promettait la mort.
Finalement, ses paupières obéirent à son commandement silencieux. La pièce dans laquelle elle se trouvait tourna autour d’elle. Rapidement, elle referma les yeux le temps que tout se stabilise. Que te disent tes sens Philomena ? La voix de Goran retentit dans son esprit. Le temps que sa vue se consolide, elle pouvait faire usage de ses autres sens. Elle était couchée dans ce qui était assurément un lit. De chaudes couvertures la recouvraient. Le frottement de ces dernières contre sa peau lui apprit qu’elle était nue. Elle ne dormait jamais nue, ce qui voulait dire qu’elle ne s’était pas mise au lit toute seule. De plus, les draps sous son corps n’étaient pas du même matériel que les siens. Elle n’était pas dans son propre lit. Instinctivement, elle porta sa main droite sous l’oreiller afin de saisir la dague qui y était toujours dissimulée. Sa main ne rencontra que des draps et la taie. Évidemment stupide, tu n’es pas dans ton lit.
Les draps sentaient le savon propre et elle pouvait percevoir l’air salin de la mer qui s’infiltrait par une fenêtre ouverte. Un doux vent faisait également claquer des rideaux près d’elle. Tout autour d’elle paraissait paisible, voire immobile, ce qui contribua à faire diminuer la panique qui s’emparait lentement de ses entrailles. Sa gorge était sèche, comme si elle n’avait pas bu d’eau depuis plusieurs jours. La jeune femme passa sa main gauche sur son corps et celle-ci s’arrêta sur son abdomen. Un bandage recouvrait l’entièreté de son ventre. La scène de la ruelle lui revint en mémoire. On lui avait tiré dessus d’une balle empoisonnée. La promesse du dandy et sa main sur sa gorge. L’avait-il amenée à l’hôpital ? Pourtant, cet endroit ne sentait pas le désinfectant. Non. Elle se trouvait dans un endroit privé. Est-ce qu’un bon samaritain l’avait trouvée et amenée chez lui le temps qu’elle se rétablisse ? Combien de temps avait-elle été inconsciente ? Merde ! Elle n’avait pas eu le temps de contacter Goran. Et s’il pensait qu’elle avait déserté ? Et si Danijel pensait qu’elle l’avait abandonné ? La panique s’empara d’elle peu à peu. Elle devait trouver son téléphone portable et contacter son handler. Ok monde, il est temps d’arrêter de tourner.
La jeune Serbe inspira profondément puis expira de la même façon, intimant à la pièce autour d’elle d’arrêter de valser. Graduellement, elle ouvrit les paupières, laissant sa vue s’ajuster à la lumière qui berçait l’endroit. Elle se trouvait dans une chambre. Ses yeux se posèrent aussitôt sur un terrarium qui reposait devant le lit. La pièce était peu décorée, voire presqu’impersonnelle. Elle repéra la fenêtre, mais de sa position couchée, elle ne pouvait pas apercevoir ce qui se trouvait à l’extérieur. À côté d’elle, une petite table de chevet sur lequel reposait un verre d’eau et une pile de vêtements propres. Elle ressentit une légère déception lorsqu’elle vit que son téléphone portable ne s’y trouvait pas. Philomena poursuivit son inspection et son regard se figea quand il rencontra une silhouette légèrement familière. Le dandy se trouvait près de la porte, l’observant de son regard toujours inexpressif. L’avait-il ramené chez lui pour la guérir ? Était-ce lui qui l’avait dévêtue ? Avait-il conservé ce regard sans expression lorsqu’il avait parcouru les courbes de son corps ? Lorsque sa peau nue avait dévoilé ses nombreuses cicatrices ? Avait-il rougi lorsque ses mains gantées avaient frôlé sa poitrine ? Toutes ses pensées provoquèrent une douce chaleur dans ses entrailles, différente de la douleur froide qu’elle y avait ressenti auparavant.
N'appréciant pas être couchée et vulnérable alors que l’homme à la chevelure blanche la dominait de toute sa hauteur, l’assassin tenta de se relever. Une vive douleur remplaça la chaleur qui s’y était installée. Merde ! Un gémissement s’échappa de ses lèvres qu’elle pinça afin d’empêcher tout bruit d’en sortir. Elle n’allait pas faire preuve de faiblesse devant cet homme qui avait fait le serment de la tuer. Elle continua de lutter afin de se redresser et de s’adosser au mur. Elle allait probablement ouvrir ses points de suture, mais elle s’en foutait. Elle n’allait certainement pas restée allongée comme une infirme devant cet homme. Il venait peut-être de lui sauver la vie, mais ce n’était que pour mieux y mettre fin. Lorsqu’elle réussit enfin, au bout de plusieurs efforts, elle retint le drap sur sa poitrine en croisant ses bras par-dessus. Elle parcourut une fois de plus la pièce, cette fois à la recherche d’un objet qui pourrait lui servir d’arme contre lui. Mais bien sûr, il avait pris soin de tout retirer. Ses nombreuses dagues brillaient par leur absence, tout comme son bracelet garotte. Elle pourrait assurément lui balancer le verre d’eau à la figure pour créer une diversion, mais elle savait bien qu’elle n’était pas en état de prendre la fuite et encore moins de remporter un combat contre lui. Son épaule droite était amochée, mais il aurait tout de même l’avantage contre elle.
Philomena poussa un bref soupir. Elle devait trouver un moyen de prendre l’avantage dans cette situation. Elle savait qu’elle n’était pas la plus rusée, mais elle savait faire perdre aux gens leur contrôle mieux que personne. Et puis, il s’agissait d’une merveilleuse occasion d’en apprendre plus sur cet homme mystérieux… et de savoir sur quels boutons presser pour lui faire perdre le contrôle.
« Qu’est-ce qui s’est passé ? Depuis combien de temps suis-je ici ? »
Avant même qu’il ne puisse répondre, elle emplit son regard de braise et mua ses lèvres en un sourire satisfait.
« Est-ce aujourd’hui que tu remplis ta promesse de prendre ma vie ? »
Elle ignorait pourquoi cette perspective l’excitait tant. Peut-être parce qu’elle se rendait compte à quel point sa vie était ennuyeuse et que cet homme la faisait sentir vivante, même s’il lui promettait la mort.