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Elijah Carlisle
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Elijah Carlisle
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Fortune, fortune, smiling fate
I haven't seen you much of late
Need you now and cannot wait
But wanna look, you're not around
Nevermind in what we do
The night's still good for a gram or two
I'll be drinking late with you
Until the morning comes around

Assis sur un divan en cuir dans son salon privé de l’Éden, Elijah écoutait d’une oreille distraite le groupe de musique qui donnait son spectacle sur la scène devant la piste de danse. En effet, contrairement à la majorité des soirs, il n’était pas seulement accompagné d’Abraham. Il lui arrivait, lorsque l’occasion s’y prêtait, d’inviter des potentiels partenaires d’affaires susceptibles de se laisser influencer par l’alcool dispendieux, les belles femmes et tous les aspects positifs que pouvaient offrir sa boîte de nuit. Après tout, chaque personne, homme ou femme, pouvait être influencée ou achetée. Il suffisait seulement de trouver le bon prix et il y parvenait toujours, tôt ou tard. Ainsi, il était ce soir accompagné de M. Simons, propriétaire de plusieurs immeubles dans les Beaux Quartiers, de Mme Beauregard, propriétaire d’un restaurant sur J. Belfort Avenue, et finalement de M. Da Costa, le propriétaire du dernier casino de Roanapur qui ne lui appartenait pas. Il espérait, à l’issue de cette rencontre, acquérir toutes ces propriétés. Il avait un nouveau projet de complexes de luxe qu’il voulait développer. L’étude de marché préparée par ses experts lui assuraient que la demande était présente pour un tel projet et que les outrageusement nantis – dont il faisait partie, il faut bien le rappeler – de Roanapur se précipiteraient pour une unité de ce complexe. Cependant, pour mettre ce projet en branle, il fallait trouver l’emplacement idéal. Or, les bâtiments possédés par les trois personnes qui l’accompagnaient représentaient ce lieu parfait où les plus grandes extravagances seraient mises de l’avant. Celui qui avait dit que « l’argent ne faisait pas le bonheur » ne connaissait manifestement pas la population fortunée de Roanapur.

Bien sûr, ses trois interlocuteurs allaient fortement s’opposer à vendre leurs propriétés. Cette première soirée n’avait pour but que de sonder le terrain afin d’évaluer le degré d’ouverture quant à une possible acquisition. Enfin, ils pensent qu’ils ont la possibilité de refuser, mais ils comprendront éventuellement que la possibilité ne s’avérait qu’une courtoisie. Alors que la serveuse s’empressait de distribuer les boissons à tous les occupants importants du salon privé, Elijah revoyait les arguments qu’Abraham lui avait préparés. M. Simons devrait être difficile à convaincre. Depuis près de deux semaines, il éventait ses secrets à sa nouvelle conquête – une beauté exotique du nom de Valentina – qu’il croyait avoir rencontré par hasard à l’Éden. Ce qu’il ne savait pas, c’était qu’elle travaillait pour le propriétaire du club et qu’elle lui rapportait chaque bribe de conversations qu’ils avaient eue. L’homme d’affaires connaissait dorénavant le penchant de son « collègue » pour la cocaïne et surtout les dettes qu’il avait accumulées en raison de ce passe-temps. Quant à M. Da Costa, cela pourrait également s’avérer simple : son casino ne rapportait plus autant d’argent qu’il le devrait, puisque la compétition se rendait dans ceux d’Elijah. Ainsi, le vendre semblait être la meilleure option de s’en sortir la tête haute et les poches pleines. Non, celle qui lui donnerait du fil à retorde serait Mme Beauregard. Fière et hautaine, elle n’avait pour le moment aucune raison d’envisager la vente de son restaurant de cuisine française qui fonctionnait très bien. Ses employés n’avaient pas encore réussi à trouver une faille chez la femme d’affaires qu’il pouvait exploiter. Il ne pouvait, pour le moment, que tenter de l’amadouer, même s’il se doutait bien que cela ne serait point suffisant.

Yeaaah, I must be good for something
Yeaaah, yeaah, yeah
Oh sinners come down, come gather 'round
Oh sinners come down, yeah-eh-eh
Dancing on cold feet
Marching on cobble streets
Oh sinners come down, yeah-eh-eh
Yeaaah, I must be good for something
Yeaaah, yeaaah, yeah

Son verre de whisky à la main, Elijah commença son discours en parlant de son projet de luxe. Tous trouvèrent l’idée extrêmement intéressante, pensant d’abord que l’entrepreneur allait leur demander d’investir dans son projet. Leurs visages s’assombrirent rapidement lorsqu’il aborda le sujet du lieu de son projet. Très vite, ils comprirent qu’il ne cherchait pas des investisseurs, mais qu’il désirait plutôt acheter leurs propriétés. Comme prévu, Mme Beauregard refusa catégoriquement. M. Simons, tentant de sauver les apparences et comme il ignorait qu’Elijah connaissait sa situation financière, fit mine de s’insurger. Le seul qui resta silencieux était M. Da Costa qui, comme il l’avait prévu, devait sérieusement envisager son offre, bien qu’il n’eût toujours pas discuté de montant. Sachant qu’il devait calmer les ardeurs, l’homme d’affaires démoniaque prit une grande inspiration et s’adressa à eux de sa voix mielleuse. « Évidemment, chers collègues, je ne faisais que sonder le terrain. Il m’apparaissait que vos propriétés, situées au centre même des Beaux Quartiers, constituaient le lieu idéal pour un tel projet. Si vous n’êtes pas ouvert à l’opportunité, il va de soi que je trouverai un autre lieu pour bâtir ce complexe de luxe. » Un sourire charmeur se dessina sur ses lèvres. « Vous me connaissez ma réputation, je me devais tout de même de tenter ma chance. J’espère que vous me pardonnerez si par malheur, j’ai pu vous offenser. » Il jeta un bref coup d’œil au coin de la pièce où se tenait Abraham, son assistant. Celui-ci réprima un petit sourire. Il savait certainement que son employeur n’avait aucune intention de « trouver un autre lieu ». Ses fausses excuses eurent l’air d’avoir l’effet escompté, puisque la tension descendit rapidement dans le petit salon privé. Le reste de la soirée se déroula sans autres anicroches et les discussions s’orientèrent sur divers sujets immobiliers, politiques et artistiques.

Lorsque ses invités eurent quitté le salon privé, Abraham prit place dans le fauteuil près de lui. « Faites préparer une proposition d’acquisition pour Da Costa. Offrez-lui un peu plus que la valeur de son casino, comme ça il ne pourra pas refuser. Pour Simons, attendons encore quelques semaines, question de voir si Valentina ne récolte pas encore un peu plus d’informations qui nous sera utile. Sinon, je pense qu’en rachetant sa dette, cela devrait être suffisant. Pour Mme Beauregard, nous n’avons absolument rien ? » Abraham fit non de la tête. « C’est une femme extrêmement discrète. Il est très difficile d’infiltrer son cercle privé et notre homme dans son restaurant n’a pas pu récolter d’information suffisante. » Elijah prit une gorgée de whisky, réfléchissant à la façon dont il pourrait obtenir ce qu’il désirait. « Commençons par la faire suivre. Discrètement. Et voyons si M. Lopez ne peut pas infiltrer ses appareils électroniques. » Comme toujours, son assistant prenait des notes sur sa tablette électronique, affirmant que cela sera fait dans les plus brefs délais.

Down and out, and out of luck
We're spinning, but the needle 's stuck
Let's go have some fun before
They go and put us in the ground
Lions sit in solemn lines
Drinking gin and dropping lines
Wasting beats in this heart of mine
Until the morning comes around

L'entrepreneur fit signe à Sabrina, la serveuse attitrée à son salon privée, de lui quérir un autre verre de whisky. Sabrina était à son emploi depuis longtemps déjà et il lui faisait confiance. Elle avait plus d’une fois prouvé son allégeance. Son nouveau verre en main, Elijah ferma les yeux quelques secondes, écoutant les dernières notes de la chanson jouée par le groupe de musique. Le téléphone d’Abraham sonna, tirant l’homme d’affaires de ses pensées. Son assistant raccrocha et rangea son cellulaire dans la poche intérieure de son veston. « Le videur à l’entrée vient de m’informer que mademoiselle Bell vient de passer les portes. Elle se dirige vers le bar. » Le démon se leva de son fauteuil et se dirigea vers la rambarde. En effet, une beauté rousse, luxueusement vêtue, venait de prendre place au bar et faisait signe au barman. « Est-on absolument certain », demanda-t-il à son assistant. « Affirmatif, monsieur. Nos hommes chargés de sa filature sont positifs. » Abraham pianota sur sa tablette électronique et sortit un document qu’il tendit à son employeur. Elijah prit la tablette et parcourut le document. Hors de tous doutes, mademoiselle Bell s’avérait une personnalité intéressante. Loin d’être une tête vide, elle semblait même être douée d’une certaine intelligence et d’un sens de la répartie. « Selon vous, sera-t-elle ouverte à être recrutée », demanda-t-il à Abraham en lui tendant la tablette électronique. « C’est difficile à dire, monsieur. Je pense qu’il faudra beaucoup de persuasion. Contrairement à d’autres collègues, si je puis m’exprimer ainsi, mademoiselle Bell semble avoir quelques principes. » Le démon soupira. Une pute avec des principes ? On aura tout vu.

Accoté nonchalamment à la balustrade, l’homme d’affaires observa la jeune femme à la chevelure flamboyante pendant quelques instants. Il fallait avouer qu’elle savait ce qu’elle faisait. Déjà, un homme s’approchait pour entamer une discussion avec elle et quelques autres hommes la dévisageaient avidement. Elle pourrait définitivement s’avérer un atout si elle acceptait son offre. Elijah vida son verre d’un trait et le déposa sur la table qui se trouvait près de lui. « Allez quérir mademoiselle Belle et amenez-là vers mon bureau. » Abraham opina du chef et quitta le salon privé. Lentement, l’homme d’affaires se dirigea vers son bureau, situé à l’extrême droite des différents salons privés. Il tapa le code sur le clavier près de la poignée et entra. Tout de suite, son regard se posa sur la toile The Lady of Shalott d’Arthur Hughes posée sur le mur derrière son imposant bureau en chêne. Il se dirigea vers la table où étaient posées diverses bouteilles d’alcool et se servi un autre verre de whisky et alla s’asseoir derrière son meuble de travail.
***

Abraham descendit les escaliers et se prit la direction du bar. La demoiselle en question n’était pas difficile à trouver : elle se démarquait grandement par la couleur étincelante de sa chevelure. Lorsqu’il arriva près d’elle, mademoiselle murmurait quelque chose à l’homme assis devant elle. Abraham se racla discrètement la gorge, mais de manière à ce qu’il soit tout de même entendu de la jeune femme malgré le haut volume de la musique. « Veuillez m’excuser, mademoiselle Bell, mais mon employeur aimerait s’entretenir avec vous. » Voyant qu’elle s’apprêtait à lui répondre et que cette réponse allait sans doute se situer dans la catégorie « d’aller se faire foutre », il tendit la carte d’affaire d’Elijah Carlisle à la belle-de-nuit avant d’ajouter « Je peux vous garantir que vous employeur vous dédommagera pour le moment que vous lui accorderez. Cela en vaudra certainement plus la peine que de perdre votre temps avec ce… gentleman. » En parfait gentleman qu’il était – parce qu’Abraham, tout comme son employeur, appréciait donner cette impression d’être un galant homme – il recula d’un pas pour laisser la jeune femme se lever. « Si vous voulez bien me suivre. » Lentement, tout en s’assurant qu’elle le suivait, il prit la direction du deuxième étage et se dirigea vers le bureau de son employeur.

***

Yeaaah, I must be good for something
Yeaaah, yeaah
Oh sinners come down, come gather 'round
Oh sinners come down, yeah-eh-eh
Dancing on cold feet
Marching on cobble streets
Oh sinners come down, yeah-eh-eh
Yeaaah, I must be good for something
Yeaaah, yeah

La porte s’ouvrit sur Abraham qui s’effaça pour laisser entrer son invitée. Un sourire satisfait se dessina sur le visage du démon. Mademoiselle Bell possédait assurément plusieurs atouts qui jouaient en sa faveur. Il pouvait tout à fait saisir la fascination de ses clients. En gentilhomme, il se leva et vint l’accueillir. « Mademoiselle Bell. Je vous remercie d’avoir accepté mon invitation. » Il lui tendit la main et y déposa un baiser lorsqu’elle la prit. « Puis-je vous offrir quelque chose à boire ? Champagne, whisky, vin ou autre chose ? » D’un geste de main, il l’invita à s’asseoir sur le canapé de cuir qui se trouvait au milieu de la pièce alors qu’Abraham s’empressait de servir le breuvage à la dame. « Je ne pense pas que nous nous soyons déjà rencontrés. Je suis Elijah Carlisle et je dois dire que c’est un plaisir de faire votre connaissance. » Il posa sur elle son regard de glace qui, pour une rare occasion, pétillait de plaisir – et d’un peu de malice.

_________________
« The kid has got a darkside, Best believe it
Push too far you'll see
The kid has got a darkside, Back against the wall
La la la la la
The kid has got a darkside, Best believe it's the
Last trick up his sleeve
The kid has got a darkside, That you don't wanna meet at all. »

Primerose
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Probablement quelque part dans le Sins District
Elle déambulait dans les rues du Sins District avec la grâce d’un cygne. Elle était superbe, elle le savait. D’autant plus que cet émerveillement distinct pouvait se lire sur tous les visages des prolétaires qui osaient poser leur regarde indigne sur elle. Sa robe d’un vert profond moulait son corps parfait comme une seconde peau et ses pieds graciles étaient chaussés de sublimes escarpins dorés reflétant les mille et une lumières d’une Roanapur nocturne. À ses oreilles pendaient de sublimes boucles d’oreilles chatoyantes de la même teinte métallique que ses souliers et elle tenait un petit sac à main assorti. Sa chevelure flamboyante bouclée mi-longue avait été délicatement remontée sur sa tête en un chignon romanesque, les véritables mèches ayant été accentuées de quelques rallonges factices, histoire de donner davantage de volume et de corps à sa coiffe, qu’elle savait superbe d’ailleurs. Puisque cette soirée s’annonçait plutôt torride (enfin, en termes de météo, surtout), la belle avait choisi délibérément de ne pas couvrir ses délicates épaules, donnant ainsi davantage de valeur à son cou gracile et ses clavicules délicieusement saillantes.

Ce soir, la prédatrice était en chasse. Elle avait besoin d’argent et souhaitait refermer sa poigne sur un plus gros calibre que d’ordinaire. Autant dire que Primerose s’était évertuée à être la plus séduisante possible sans flirter avec la grossièreté! Elle avait un rencart ce soir, avec client potentiel venu d’outre-mer pour profiter de la plage et des charmes de Roanapur. Un Américain œuvrant dans le domaine des affaires, principalement en hôtellerie. Vu sa beauté époustouflante (oui bah... forcément, la modestie était sa principale qualité hein...), il n’était carrément pas étonnant qu’elle ait pu captiver son attention lors de leur rencontre alors qu’elle déambulait nonchalamment sur le J. Belport Avenue.

Son regard émeraude se posa sur l’enseigne somptueuse qui s’étalait devant elle. L’Éden. Établissement hautement huppé qui n’avait franchement rien à envier aux bars somptueux du J. Belport Avenue. Seuls les plus prisés accédaient à ces lieux et bien qu’elle fît assurément partie de la basse caste de la société, Primerose était parfaite pour feindre une richesse qu’elle ne possédait guère. De son déhanchement naturel, l’Aldagoon se dirigea vers le bouncer aux airs de gorille qui gardait jalousement l’entrée de l’Éden, à l’instar de l’illustre Cerbère (huhuhu) guettant férocement les portes infernales. Sourire aux lèvres, la vipère se rapprocha du colosse puis laissa ce dernier la détailler de tête en cape, sachant qu’elle était analysée en sa « qualité » de convive. Un regard entendu fut suffisant. La main du bourru s’empara du ruban d’un rouge satiné et décrocha ce dernier pour donner l’accès à la catin de luxe, laquelle ne se fit pas prier.

- Merci infiniment, se contenta-t-elle de déclarer, passant le seuil du jardin d’Éden qui s’offrait à elle.  

Ses prunelles perçantes scrutaient le long couloir dans lequel elle s’engageait d’une démarche frôlant la nonchalance. Au bout de quelques instants, elle accéda à la pièce de résistance de cette tablée divine : un bar somptueux à la parfaite sonorité d’ambiance et fréquenté que par des gens huppés et riches comme Crésus. Le tableau de chasse impeccable pour une prédatrice comme Primerose. Instantanément, un sourire ceignit ses lèvres vermeilles alors qu’elle se dirigeait vers le comptoir pour profiter des boissons alcoolisées de l’Éden.

Installée sur l’un de ces somptueux tabourets exempts de la moindre saleté, la fleur infernale eut un air radieux en notant la venue de son futur client, lequel était d’une beauté presque divine. Dans un geste gracile, elle se releva pour l’accueillir et la bise fut de mise. Verre en main, les deux individus se dévoraient du regard et papotaient, Primerose s’adaptant avec aisance à chacun des sujets déterminés par son client fortuné. Les choses allaient de bon train... jusqu’à ce qu’on vienne les interrompre. De concert, les futurs amants tournèrent le regard en direction d’un homme à la dégaine de majordome, vêtu d’un complet beaucoup trop parfait. Ce dernier s’adressa directement à Primerose, prétendant que le patron des lieux requérait sa présence. Si d’emblée la prostituée voulut l’envoyer paître, le fait qu’il s’adressa à elle sous l’appellation « Mademoiselle Bell » la perturba au plus haut point. Certes, Erin Bell était son véritable nom... mais personne ne connaissait réellement cette appellation en Roanapur. Enfin, sauf peut-être les papiers officiels du gouvernement... La jeune femme n’utilisait que le sobriquet « Primerose » depuis sa venue sur l’île, il y a de cela dix ans. Erin Bell... écho lointain d’un passé se répercutant depuis la Grande Pomme, lequel elle tentait de faire disparaître.

- Je... Je suis occupée, vous voyez bien, se contenta-t-elle de rétorquer, peu soucieuse de donner l’opportunité à ce nouveau venu de la déstabiliser davantage. Dites à Monsieur Carlisle que je n’ai pas de temps à lui acc...

Et le majordome l’interrompit, prétextant que son employeur aurait de quoi amplement la dédommager pour le dérangement. Certes, elle ne connaissait Monsieur Carlisle que de réputation, n’ayant jamais eu affaire à lui par le passé. Riche investisseur et grand homme d’affaires, l’homme était – à ce qu’on disait – un redoutable négociateur. Elle l’avait vu régulièrement dans les médias, en photos ou filmé à la télé. Le type avait une belle gueule et l’assurance d’un roi. Le genre qui valait mieux se méfier, si elle se fiait à son instinct.

There’s nothing more dangerous than a boy with charm, disait cette chanson populaire de Christina Aguilera, sortie en 2006. Franchement, Primerose ne pouvait qu’être d’accord avec cette elle.

Ramenant son regard émeraude vers l’Américain qui semblait, néanmoins, légèrement froissé par les propos du majordome, Primerose esquissa un sublime sourire.

- Donne-moi quelques minutes, très cher, fit-elle de sa voix suave. Je serai brève et nous pourrons continuer notre soirée sans davantage d’interruption...

Petit clin d’œil et la catin se releva d’un mouvement félin.


**************************


Le type vêtu comme un pingouin ouvrit la porte devant elle, puis s’éclipsa pour la laisser passer. Un simple regard fut adressé à ce dernier, juste avant qu’elle n’entre dans la pièce vaste et tout aussi somptueuse que le reste de l’établissement. Au fond de la salle qui semblait être un riche bureau, un autre individu se redressa de toute sa hauteur et de toute sa magnificence. Fort d’une élégance digne de la noblesse, le propriétaire des lieux l’accueillit comme il se devait, effectuant (dans la foulée de l’étiquette dont il savait faire preuve) un élégant baise-main sur les jointures de la catin. Elijah Carlisle. Elle savait qui il était. Elle était quand même à l’affut de la culture populaire. Ce qui avait eu ce chic de la surprendre fut cette décharge qui lui parcourut le bras, imperceptible pour qui n’avait pas la faculté de le percevoir. Une aura vibrante entourait l’homme devant elle, signe distinct que Monsieur Carlisle était tout sauf un simple mortel. Les démons savaient se reconnaître entre eux, elle en avait la certitude. Et il fallait être aveugle (ou ignorant) pour ne pas voir qu’il n’y avait de divin en ces lieux que le nom de l’établissement.

Mademoiselle Bell... Encore cette appellation. Comment savait-il?

- Champagne, se contenta-t-elle de rétorquer, acceptant volontiers de siéger sur ce luxueux divan de cuir véritable. Je sais exactement qui vous êtes, ne vous en déplaise, continua-t-elle alors qu’une flûte d’alcool effervescent lui fut tendue. Je me tiens à l’affût des journaux et de ce qui se passe sur notre belle île, Monsieur Carlisle. Vous et votre établissement êtes réputés. Ce qui m’intrigue, en contrepartie, c’est votre intérêt en mon humble personne. Quelque chose me dit que vous ne désirez pas parler de la météo des derniers temps... Je sais, la perspicacité a toujours été ma principale qualité.

Elle maniait l’ironie avec brio, ça, c’était évident. D’ailleurs, elle nota bien le regard dont la gratifia son interlocuteur : doté d’une pointe de malice et d’amusant. Une lueur d’intérêt qu’elle avait l’habitude de susciter chez les prolétaires, mais qui la déstabilisait lorsqu’elle apparaissait dans les prunelles de l’élite de la société. D’autant plus qu’elle avait la certitude des origines de l’homme d’affaires devant elle... Lorsqu’un Aldagoon devenait intéressé à ce point, il y avait de fortes chances pour que les choses tournent mal. Ou alors se faisait-elle des idées? Hmmm... Pas impossible. Elle en avait de toutes les couleurs dans sa vie, alors elle avait cette tendance à se méfier, et ce, tout naturellement.

- Ce champagne est délicieux, répliqua-t-elle, surprise alors qu’elle venait de prendre une gorgée. C’était la première fois qu’elle en buvait un de cette qualité! Puis, optant pour une position davantage décontractée, la démone planta son regard émeraude dans celui de son interlocuteur, tentant de lire ses intentions par son non-verbal. Si d’emblée elle pouvait aisément deviner les pensées des gens, cette fois-ci, c’était différent. Dites-moi, où avez-vous entendu mon nom, Monsieur Carlisle? Pardonnez mon franc-parler, mais si j’ai acquis une certaine réputation ces dernières années, je peux dire d’ores et déjà que je n’ai jamais décliné l’identité de Bell depuis ma venue sur cette île. Alors vous comprendrez que mes interrogations sont légitimes. On me connaît sous le nom de Primerose et je tiens à ce que ça reste ainsi. Voyez ça comme une simple requête de ma part.

Croisant ses longues jambes à la peau presque nacrée, la rouquine prit une nouvelle gorgée de son champagne et tenta de détailler à nouveau son vis-à-vis. Son majordome, de son côté, se faisait très discret, presque absent même. Quelque chose lui disait que le but de sa visite n’avait probablement aucun lien avec une passe rapide, à même ce bureau beaucoup trop massif pour s’abaisser à être de la qualité d’un mobilier IKEA.

- Votre homme de main m’a parlé de dédommagement pour le dérangement imposé... J’ose imaginer que vous savez dans quelle sphère d’affaires j’œuvre. Autrement, il n’aurait pas employé cet argument pour me convaincre. J’espère de tout cœur que ce n’est pas ce que je crois, autrement, vous risquez de ressentir une pointe de déception, je préfère vous en faire part dans les meilleurs délais. Ou alors, si vous désirez mes services pour votre besoin personnel, alors là, je suis tout ouïe...

Elle jouait d’emblée cartes sur table. Pas de flafla, pas de détour. Primerose n’avait aucune envie de tourner autour du pot, puisque son charmant client l’attendait toujours, à l’étage inférieur. Autant dire qu’elle n’avait pas de temps à perdre.

_________________
I've always liked to play with fire [PV Primerose] Sans_t27

I'm bulletproof, nothing to lose
Fire away, fire away
Ricochet, you take your aim
Fire away, fire away
Shot me down but I won't fall
I am titanium

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Alors qu’Abraham était en route pour aller quérir la flamboyante – si l’on en croyait le dossier de son assistant – mademoiselle Bell, Elijah réfléchissait, assis à son bureau, à ce qu’il pourrait utiliser comme arguments afin de convaincre la belle-de-nuit de travailler pour lui. En effet, son bras droit lui avait fait savoir son inquiétude quant à la volonté de la prostituée de travailler pour lui. Elle serait difficile à convaincre, selon lui. Un sourire se dessina sur ses lèvres. Il avait toujours apprécié un défi et il fallait dire que rarement un défi n’avait été aussi agréable à regarder. En fait, cela était faux. Il se souvenait encore d’un échange particulièrement prolixe devant La Fornarina de Raphaël quant à la possibilité d’acquérir la toile. Le débat, épuisant, s’était soldé par l’acquisition de l’œuvre par l’homme d’affaires anglais. Il n’y a rien qui lui résistait bien longtemps et il espérait avidement que mademoiselle Bell ne ferait pas exception. Il ne pouvait s’empêcher de penser à toutes les informations qu’il pourrait récolter si elle venait à travailler pour lui. Évidemment, plusieurs prostituées à son emploi s’avéraient absolument magnifiques, mais il peinait à en trouver une qui, en plus d’être ravissante, serait en plus captivante d’esprit. Si la beauté seule – et bien sûr un certain talent pour la fornication et la séduction – satisfaisait dans la majorité des cas, certains des hommes chez qui il envoyait ses employées quérir des informations avaient également besoin d’être stimulés intellectuellement. Une coquille vide ne comblait pas toujours, il pouvait certainement en témoigner. Selon les données préparées par Abraham, la demoiselle qu’il allait rencontrer dans les prochaines minutes pourrait certainement remplir ses critères.

Mais que pouvait-il dire ou faire qui pourrait la convaincre ? Si l’argent réussirait sans aucun doute à lui obtenir le tête-à-tête qu’il requérait, le dossier préparé par son assistant soutenait que cela ne serait pas suffisant pour la suite des choses. Il allait devoir user de tout son charme et de toutes sa rhétorique pour persuader la jeune femme. Certes, il allait tout de même commencer par lui proposer une petite fortune – personne n’était à l’abris d’une surprise, il n’était pas totalement exclu qu’elle refuse –, mais se doutait bien qu’il aurait à discuter plus amplement avec la belle-de-nuit pour déterminer son prix. Parce qu’elle en aurait un. Tout le monde avait un prix, il ne cessait de le répéter. Il s’agissait d’un mantra qu’il avait appris très tôt et jamais il ne s’était révélé erroné.

Le son du clavier numérique à l’extérieur de sa porte le tira de ses pensées, lui signifiant le retour d’Abraham en compagnie – il l’espérait bien – de son invitée. Comme toujours, son second ne l’avait pas déçu, puisque la belle rouquine entra dans la pièce. Activant tout son charme anglais, il avait accueilli la jeune dame en parfait gentilhomme. Le baisement faisait toujours effet sur la gent féminine et, au lieu de le trouver excentrique ou bien complètement ridicule, on le trouvait romantique et tellement audacieux de conserver cette habitude vieillie. Après lui avoir proposé une consommation, ils s’installèrent tous les deux sur le divan en cuir qu’il lui avait désigné d’un geste de la main. Lorsqu’elle répondit à sa présentation, il ne put s’empêcher de sourire. Abraham avait raison, elle était tout à fait dotée d’un sens de la répartie qui était absolument divertissant. Le démon faisait tellement affaire avec des personnes incapables de démontrer le moindre signe d’honnêteté que cette franchise s’avérait rafraîchissante et c’est pourquoi il éclata de rire lorsqu’elle lui répondit avec ironie. La rencontre débutait bien, c’était encourageant.

Alors qu’elle prenait une gorgée de champagne et qu’il l’imitait avec son whisky, il en profita pour l’évaluer du regard. Il hocha de la tête lorsqu’elle commenta la qualité du champagne. Évidemment qu’il était délicieux. Il ne s’offrait que le meilleur et se faisait toujours un point d’honneur de faire de même pour ses invités, peu importe leur extraction. Cela ne venait point d’un noble sentiment, ce qu’on pourrait aisément croire si l’on se fiait à ses discours, mais plutôt du fait qu’il adorait quand on enviait tout ce qu’il pouvait s’offrir. Souvent, cela suffisait à s’acheter l’admiration – et éventuellement la loyauté – de ses interlocuteurs. Cela ne faisait que prouver à quel point la majorité de la population de l’île, mais aussi du globe, s’avérait superficielle. Mais il digressait, d’autant plus que la charmante prostituée assise devant lui venait d’ouvrir la bouche.

Sa mâchoire se serra lorsqu’elle l’informa qu’elle ne répondait plus au nom d’Erin Bell. Cette information aurait dû apparaître dans son dossier. Un de ses employés avait négligé son travail et cela était inacceptable. Il suffit d’un coup d’œil à Abraham pour lui signifier son mécontentement. Celui-ci, anticipant les réactions de son employeur, pianotait déjà sur son téléphone portable. Lorsqu’on possédait un empire comme le sien – tant celui que le public connaissait, que celui qu’il possédait dans l’ombre – il ne pouvait pas tout superviser. Il exigeait l’excellence de la part de ses employés et tolérait mal les erreurs. Il espérait seulement que cette omission de la part de la personne responsable du dossier de Primerose n’allait pas lui coûter l’opportunité d’un partenariat avec elle.

« Je vous prie de m’excuser pour cette erreur de ma part, mademoiselle Primerose et j’espère grandement ne pas vous avoir vexée. » Il prit une autre gorgée de whisky et se composa un sourire timide. « Vous voyez, mon équipe de sécurité insiste pour faire une recherche très détaillée sur les activités des personnes que j’ai l’intention de rencontrer. Comme je suis curieux de nature, j’ai tendance à lire ces dossiers. J’aime beaucoup avoir le plus d’informations en main possible sur une personne lorsque je la rencontre pour la première fois, justement pour éviter ce genre de situation. Il s’agit d’une habitude qui m’a toujours été extrêmement utile dans mon domaine. » Son sourire timide redevint charmeur. « Il va de soi qu’un de mes employés s’est manifestement permis un peu de laxisme. Il sera sanctionné et je puis vous assurer que votre ancienne identité disparaîtra de nos dossiers. J’espère que cela ne gâchera pas le reste de notre entretien. »

La demoiselle croisa les jambes et but une nouvelle gorgée de champagne. Elijah l’observa alors qu’elle inclinait légèrement la tête vers l’arrière afin de permettre au doux nectar de se diriger plus rapidement vers sa gorge. Bien qu’elle ne fît pas partie de la haute société, la jeune femme semblait parfaitement en mesure de faire comme si elle appartenait à cette caste. Encore un point en sa faveur. Elle s’intègrerait bien dans les réseaux dans lesquels il espérait l’introduire. À son tour, il croisa ses jambes, de manière à ce que son pied entre en contact avec celui de son interlocutrice. De façon nonchalante, il déposa son bras droit sur le dossier du divan, ce même dossier lui permettant de soutenir son verre de whisky. Son autre main se posa sur son genou gauche et se mit à pianoter. Il allait faire sa proposition à la jolie rouquine, mais celle-ci le devança, prenant la parole avant qu’il en ait eu l’occasion.

Il l’écouta attentivement et il haussa un sourcil alors qu’elle mettait les cartes sur table. Décidemment, elle ne passait pas par quatre chemins pour véhiculer le fond de sa pensée. La prédiction d’Abraham s’était avérée véridique : Primerose serait difficile à convaincre. Déjà, il entrait dans le jeu des négociations avec des points en moins en raison de l’erreur commis par son employé. Si cela lui coûtait ce partenariat, cet employé allait définitivement en ressentir les conséquences. Son visage était revenu au neutre alors qu’elle prononçait son petit discours. Déterminé à lui faire comprendre que rien de l’atteignait, il l’écouta jusqu’au bout. Bien sûr, il dut réprimer un sourire à sa proposition peu voilée de faire appel ses services pour ses besoins personnels. S’il se prit à compter les endroits de la pièce où il se plairait bien à recourir aux services de la rouquine, il n’en restait pas moins qu’il voulait d’abord parler d’affaires. Business before pleasure, disait-on. Bien qu’il se plaisait souvent à inverser l’ordre habituel de cette citation, mademoiselle Primerose avait décidé que les affaires seraient d’abord de mise en mentionnant le dédommagement proposé par Abraham.

« Cela serait en effet hypocrite de ma part de nier connaître votre choix de carrière. Abraham a dit vrai, je suis prêt à vous offrir le triple de ce que vous prévoyiez empocher après vos efforts auprès de votre rendez-vous de ce soir, simplement pour le plaisir de discuter avec vous. » Il inclina la tête de côté et la dévisagea. « Bien que votre offre soit extrêmement tentante, j’ai bien peur de devoir la décliner… pour le moment. »

Alors qu’il remettait à plus tard son offre, il ne put tout de même s’empêcher de déplacer sa main gauche, alors posée sur son genou, sur celui de son interlocutrice tout en plantant son regard dans celui de son invitée. Après tout, pourquoi s’empêcher de flirter ? C’était bien une seconde nature pour lui aussi et il fallait avouer qu’une certaine tension s’était installée dans le bureau.

« Cependant, au risque de ressentir une pointe de déception, comme vous l’avez si joliment formulé, j’aimerais tout de même vous faire part de ma proposition. J’aimerais également que vous l’écoutiez jusqu’au bout avant de me cracher au visage. » Il retira lentement sa main du genou de la jeune femme avant de poursuivre. « Vous avez sans doute pu le constater, je suis d’avis que l’information permet de se rendre aussi loin dans la vie que l’argent. Dans mon domaine, j’ai réalisé que la bonne information et le bon montant pouvait permettre d’ouvrir des portes que seul l’argent n’aurait pas pu déverrouiller. » Il prit une inspiration. « Vous êtes perspicace Primerose – puis-je vous appeler Primerose ? – Vous avez tout de suite deviné ce que je voulais vous proposer. Et comme je ne suis pas tout à fait idiot, je suis bien conscient que vous offrir un montant d’argent – aussi exorbitant soit-il – ne suffirait pas à vous faire accepter ma proposition. » Une fois de plus il plongea son regard dans celui de la rouquine. « Ainsi, j’espère grandement que nous pourrons trouver un terrain d’entente. Vous le savez mieux que quiconque, ma chère, les hommes sont en très grande majorité extrêmement stupides. Il suffit qu’une jolie jeune femme s’intéresse à eux pour qu’ils se mettent à déblatérer n’importe quelle information pour paraître intéressant. Les hommes riches excellent dans ce domaine parce qu’ils se considèrent importants et supérieurs aux autres. » Un sourire vorace apparut sur ses lèvres. « J’aimerais donc vous proposer un partenariat. Je pourrais vous fournir l’accès à l’Éden, qui s’avère un terrain de chasse intéressant et peut-être même une amélioration par rapport à votre présente clientèle. En échange, si vous récoltez de l’information, je vous serais très reconnaissant si vous vouliez me les partager. »

Voilà, il avait tout déballé. Il lui faisait une offre différente de ce qu’il avait initialement prévu. Normalement, il recrutait des prostituées des bas-fonds, leur donnait une énorme pile de billets d’argent et l’opportunité de travailler à l’Éden, mais elles lui étaient redevables et il faisait planer cette menace sur leur tête. Cependant, la situation qu’il leur offrait était tellement mieux que ce qu’elles avaient eu à endurer, qu’elles acceptaient toutes sans hésiter. Primerose était différente. Déjà, elle était plus indépendante et, il fallait le dire, quelques mots échangés avec elle lui avaient permis de réaliser ce qu’elle pourrait certainement rapporter si elle acceptait son offre. Ainsi, il était prêt à déroger de sa proposition habituelle pour l’amadouer. Voyant qu’elle s’apprêtait à répondre, il s’empressa de la devancer.

« Je suis un homme d’affaires, Primerose. Je prends plaisir à conclure des ententes. Bien sûr, dans la plupart des cas, les ententes ont tendance à m’avantager. Cependant, je sais reconnaître une belle opportunité lorsque j’en vois une. Vous êtes une formidable opportunité – en plus d’être une femme fascinante – et je suis prêt à vous rencontrer à mi-chemin. Puis-je vous offrir un autre verre de champagne ? »

Elijah conservait un calme inébranlable. Le pire qu’il pouvait arriver était qu’elle refuse, auquel cas il devrait seulement s’assurer qu’elle ne répète pas le contenu de leur conversation. Et à vrai dire, cela allait peut-être s’avérer plus facile que de la convaincre d’entamer un partenariat avec lui. Mais la soirée était jeune. Tout était encore possible.

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« The kid has got a darkside, Best believe it
Push too far you'll see
The kid has got a darkside, Back against the wall
La la la la la
The kid has got a darkside, Best believe it's the
Last trick up his sleeve
The kid has got a darkside, That you don't wanna meet at all. »

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Le charme britannique à son meilleur, voilà ce qui venait en tête de la rouquine lorsqu’elle apposait son regard sur M. Carlisle, lequel éblouissait la pièce grâce à sa prestance. Toute son attention était tournée vers l’hôte des lieux alors qu’elle admirait ses traits, la prestance et la confiance incroyable qui animaient chacun de ses gestes assurément calculés. N’était-ce pas une tactique, justement, là, tout de suite, alors que le bellâtre prenait une gorgée de whisky et se composait d’un sourire timide? Elle l’écoutait parler alors qu’il se confondait en excuses pour l’utilisation de sa véritable identité. Hmmm... Elle appréciait sa compréhension et ne doutait pas que son équipe de recherche ne soit d’une efficacité déconcertante...Ce qui la perturbait davantage était surtout qu’il ne fasse une requête à son égard à elle. Que lui voulait-il? Si c’était qu’elle signe un contrat la liant à quelconque forme de proxénétisme de sa part, il pouvait bien s’enfoncer sa proposition bien loin dans le derrière. Devait-elle se méfier encore davantage qu’elle ne l’avait préalablement escompté?

Hochant de la tête sans articuler le moindre mot, la beauté fit signe à son interlocuteur de poursuivre dans sa lancée alors qu’il lui assurait que son informateur allait être sanctionné pour avoir divulgué une telle information sur elle. Allons, allons... elle n’était pas ici pour entendre de telles sottises, pas vrai? Bon après, c’était peut-être irrévérencieux de sa part, mais elle avait entendu toutes sortes de promesses par le passé et la majorité n’était en rien tenue. Elle avait entendu trop souvent de belles paroles en l’air et elle doutait que M. Carlisle ne fasse exception à la règle. Désillusionnée? Probablement.

Ah tiens, il quittait désormais ses faux-semblants malaisés pour une attitude plus séductrice, plus chaleureuse. Voilà qui semblait davantage authentique au yeux de la rouquine qui écouta les propos de son interlocuteur avec un sourire amusé. Petit jeu de pied et position décontractée, il jouait fort, Elijah! Elle notait d’ailleurs, mentalement, cette offre que venait de lui faire le richissime homme alors qu’il précisait vouloir offrir le triple du prix de son client de plus tôt, ne serait-ce que pour discuter avec elle sans contrainte de temps.

- Vous êtes un fin négociateur, M. Carlisle, fit-elle, à la fois sincère et taquine. Si tel est le cas, alors soyez assuré que vous avez la soirée en ma compagnie... Toutefois, il serait plus avisé d’en informer mon client, histoire de ne pas le faire attendre pour rien...

L’homme avait ce regard de braise qui en faisait assurément fondre plus d’une. Pour sa part, elle était loin d’être imperméable à ce charme ravageur, mais elle savait se contenir, se considérant elle-même comme une solide adversaire en matière de séduction. Naturellement, ses prunelles quittèrent les traits magnifiquement masculins de son compagnon, alors que la main de ce dernier se faisait plus baladeuse, bien que discrète. Sa paume calculatrice reposait sur le genou dénudé de la catin en un geste découlant davantage du flirt que de la simple chaleur humaine. Dire que la situation ne l’excitait pas du tout était un vulgaire mensonge... mais elle devait garder en tête que le richissime bellâtre avait assurément un plan derrière la tête, lequel risquait de ne pas plaire à Primerose, à long terme. Ne pas succomber à la tension qui régnait dans l’air, c’était la clé!

- Soit. Je suis toute ouïe, fit la démone alors qu’elle prenait une nouvelle gorgée de champagne, promettant ainsi silencieusement d’être sage et d’écouter les propos de Carlisle jusqu’au bout.

Sourcils froncés, l’Aldagoon femelle tentait de deviner à l’avance l’issue de leur échange. M. Carlisle y allait d’un préambule fort intéressant concernant la quête d’information, laquelle était selon lui plus puissante que n’importe quelle fortune de ce bas monde. Certes, il semblerait que le but initial de leur petit tête-à-tête était une proposition de proxénétisme, suggestion qui aurait assurément rebuté la catin indépendante. Toutefois, il apparaissait que l’illustre millionnaire eut changé d’avis dès le tout début de leur échange actuel.

- Parlez-vous en connaissance de cause, M. Carlisle? Lorsque vous parlez de ces hommes riches si facilement influençables... stupides même, si je reprends vos propos? Balança-t-elle à brûle-pourpoint alors que son interlocuteur venait de dépeindre un portrait peu reluisant d’une grande majorité d’hommes riches, lesquels étaient qualifiés, en quelque sorte, de naïfs lorsque venait le temps d’impressionner une jolie jeune femme.

Certes, le sourire qu’exhibait Primerose pouvait laisser entendre à de l’impertinence de sa part, mais elle jaugeait un peu cet homme qui se targuait de vouloir ses services à tout prix. Primerose ne se considérait pas comme l’une de ces prostituées de bas niveau, lesquelles ouvraient aussi rapidement la bouche que les cuisses lorsqu’une simple liasse de billets leur pendait au bout du nez. Certes, son insolence pourrait lui coûter cher, advenant qu’elle réussisse à écorcher l’ego (souvent démesuré chez cette classe d’individus) d’Elijah Carlisle, mais l’une des beautés de son indépendance découlait également de sa liberté à pouvoir s’exprimer comme elle le souhaitait. Elle n’était PAS un petit chien prêt à se coucher sur commande. La loyauté se gagnait et se méritait... Si ses affronts n’avaient rien de direct, elle tentait de voir où était la limite auprès de cet homme d’allure si calme. Allait-il péter un câble, comme beaucoup de richissimes individus refusant de travailler trop fort pour obtenir gain de cause? Des enfants gâtés pourris nés avec une cuillère en or dans la bouche... Comme elle les enviait, au fond.

- Un partenariat, dites-vous? Fit-elle en se lovant davantage sur son siège, détaillant son vis-à-vis d’un air inquisiteur. Un service en emmenant un autre, je cueille des informations pour vous en échange d’un laissez-passer au sein de votre organisation... Voilà qui pourrait être intéressant... Sans quitter Elijah du regard, elle termina sa flûte de champagne en une rasade.

Malgré tout, elle mit quelques instants de réflexions à cette proposition qui, somme toute, était tout sauf banale. Ouvrant finalement la bouche pour aborder avec davantage de profondeur le vif du sujet qui les intéressait, la jeune femme sursautant au même moment où Carlisle jugea bon de l’interrompre. Était-ce une façon discrète de lui rappeler qui était le patron? Ou simplement un besoin criant d’apporter ces précisions afin de mettre toutes les chances de son côté? La deuxième option lui semblait, pour dire vrai, plus plausible que la première.

- Est-ce vrai? Votre plus grand plaisir est de conclure des ententes comme en ce moment? Fit-elle avec un sourire légèrement amusée alors qu’elle acceptait volontiers une nouvelle coupe de champagne. Chacun ses préférences! Vous voyez, pour ma part, me pourvoir du tout dernier sac à main signé Yves Saint-Laurent me procure un plaisir nettement supérieur que de parler affaires avec un potentiel proxénète ou partenaire... tout dépendant de l’angle d’approche. Mais après, on m’a toujours qualifiée de superficielle, vous voyez... Je porte ce chapeau volontiers.

Se penchant vers l’avant, la rouquine déposa sa flûte de champagne maintenant pleine sur cette table basse dont la qualité était indéniable. Si ça se trouvait, ce simple exemplaire de mobilier valait plus cher que la totalité de son appartement minable. Elle planta son regard émeraude sans vergogne dans les magnifiques prunelles de son vis-à-vis, puis d’un air sérieux, sonda ce dernier, comme si elle tentait de découvrir les plus petites facettes de son âme. Normalement, la démone était perspicace et arrivait à lire sans mal dans la majorité des gens qu’elle croisait... Mais elle savait que, dans le cas échéant, les choses seraient davantage compliquées. Déjà, elle était de plus en plus persuadée qu’Elijah Carlisle était d’origine démoniaque. Elle le ressentait, jusqu’au plus profond d’elle-même. Il n’était PAS un average dude.

- Aussi simple que ça, donc? Un bête échange de services. Je soutire les vers du nez de mes clients, vous fait un rapport en bonne et due forme, et en échange, vous me permettez de chasser à ma guise sur votre territoire sans prélever un pourcentage de mes gains. Aucune autre forme transaction entre nous, aies-je bien saisi votre offre, M. Carlisle? Répéta-t-elle le plus sérieusement du monde. Puis, elle reprit une pause décontractée, détaillant le reste de la sublime pièce dans laquelle ils se trouvaient. D’ailleurs, le bras droit du richissime homme d’affaires se tenait toujours à l’entrée, discret, mais toujours présent. Vous savez comment j’ai réussi à survivre seule ces dix dernières années, M. Carlisle? Sans protection, sans personne pour gérer mes affaires? Parce que soyons honnêtes, les chances étaient minces pour moi de sortir vivante d’une grande majorité de mes transactions, d’autant plus que je suis régulièrement harcelée par les Red Skulls... Et bien, la méfiance, est ma meilleure carte. De nouveau, elle planta son regard directement dans celui de son hôte, à l’instar d’une vipère tentant d’ensorceler sa proie. Where’s the poop, Elijah? Fit-elle en plissant des yeux et articulant le tout très calmement, forte de son bel accent américain.

Si cette question semblait carrément vulgaire, la belle la posait pour une raison bien précise : un truc sentait mauvais dans toute cette histoire. Ladite méfiance qui l’habitait lui hurlait de rester sur ses gardes, que l’homme devant elle ne respecterait pas sa parole et qu’elle se retrouverait empêtrée dans ce bourbier malodorant dès qu’elle aurait le dos tourné.

- Quelle garantie aies-je que vous tiendrez parole? Clarifia-t-elle d’un ton monocorde. Soyons honnêtes : si l’un d’entre nous possède le moindre pouvoir sur l’autre, c’est carrément vous. Entre une prostituée notoire du Sin District et le richissime Eljiah Carlisle, qui croyez-vous aura le dessus en cas d’altercation? J’ai tout à perdre, vous avez tout à gagner. Alors pardonnez mon ton acerbe.

Jetant une nouvelle œillade en coin en direction du majordome, Primerose décida d’y aller d’une nouvelle tactique pour lui faire comprendre qu’elle n’était pas dupe.

- Pouvons-nous parler ouvertement, seul à seul? Certains oreilles indiscrètes m’empêchent d’articuler pleinement le fond de ma pensée...

De toute façon, qu’avait-il à risquer? À voir sa tenue plus que moulante, il pouvait aisément voir qu'elle n'était pas armée, Primerose ayant laissé son aiguillon chez elle, pour une rare fois. Et en termes d’altercation... il la supplanterait haut la main. Elijah était un homme intelligent et c’est sans surprise qu’elle le vit accéder à sa requête, faisant signe à son compatriote de quitter les lieux. Il serait tout près, elle n’en doutait en rien...

- Vous et moi connaissons la réalité, fit-elle sans détour, lorsque la porte fut bien refermée et qu’elle fut assurée qu’ils étaient seuls. Les Aldagoons ont des mœurs malléables et l’honnêteté ne figure pas forcément dans la liste exhaustive de leurs plus grandes qualités. J’en sais quelque chose, croyez-moi... En un clignement de yeux, ses jolies prunelles d’un vert éclatant se muèrent en deux puits couleur d’encre, dont le néant absolu encerclé d’une peau couleur anthracite desséchée avait ce chic d’en effrayer plus d’un. Mais pas Elijah Carlisle. Entre démons, ils se reconnaissaient toujours... Et hop, un autre papillonnement de paupières et elle revint exactement comme avant. Cette simple démonstration avait pour but de démontrer toute sa volonté d’être transparente avec lui... mais également qu’elle en avait vu d’autres. Discutons sérieusement sans faux-semblants ou à couvert. Si j’accepte votre offre (parce que oui, j’évalue le tout), je veux une preuve tangible que vous ne reviendrez pas sur votre parole... Que vous n’ajouterez pas de clauses, à brûle-pourpoint pour votre simple plaisir ou par élan de mesquinerie. J’ai déjà eu affaires à plusieurs de nos semblables et la plupart du temps, les choses se sont mal terminées. Un contrat, peut-être? Vous, les hommes d’affaires, vous vous y connaissez en législation, pas vrai?

Et elle prit une nouvelle gorgée de champagne, ses magnifiques lèvres carmines esquissant un sourire presque coquin.

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Fire away, fire away
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Définitivement, la compagnie de mademoiselle Primerose s’avérait absolument rafraîchissante. Elijah avait l’habitude d’insinuer un sentiment de peur chez ses interlocuteurs, de sorte que tous le traitaient généralement avec un respect qui devenait ennuyant. La candeur de la rouquine, alors qu’ils venaient tous les deux de se rencontrer pour la première fois était la bienvenue. Il devait s’avouer que cela faisait longtemps qu’on s’était adressé à lui sur ce ton, un respect mêlé de provocation et de flirt. Les occasions où cela se produisaient étaient rares et cela plaisait bien à l’entrepreneur. Bien sûr, la demoiselle en question devrait savoir quand s’arrêter puisque, bien qu’il appréciât cet esprit provocateur, il demeurait quand même la position d’autorité dans la pièce. Un fait que la charmante Primerose ne devrait pas oublier, pour son propre bien. Cependant, un peu de flirt ne ferait certainement pas de mal et, tout comme cela devait sans doute être le cas pour sa compagne, il s’agissait d’une activité qu’il appréciait grandement. Après tout, une grande partie de ses responsabilités consistait à séduire les autres : les futurs investisseurs, les médias, le public, ses partenaires d’affaires, etc. Il demeurait rare, en revanche, qu’il se frotte à quelqu’un pour qui c’était également une grande partie du métier. Si la femme à la chevelure de flammes acceptait son offre, elle constituerait une grande arme dans son arsenal.

Ainsi, il ne s’offusqua pas lorsqu’elle insinua qu’il pourrait lui-même être stupide. Mais quel sens de la répartie ! Il éclata plutôt d’un rire franc. Cette femme maniait les répliques aussi bien que ses atouts naturels. J’ai fait partie de ces hommes dans ma jeunesse, chère demoiselle, et j’ai appris de mes erreurs. Voilà pourquoi je peux affirmer avec certitude que les hommes qui n’exercent pas le même self-control que moi sont des proies faciles, se dit-il mentalement, un sourire félin aux lèvres. Nul besoin de lui avouer cette partie de son passé, la prostituée n’avait pas besoin d’en savoir plus sur lui. En fait, personne, sauf peut-être Abraham, ne connaissait quoi que ce soit à propos de son passé. Tout ce qu’on trouvait sur le web, avait été réécrit selon son bon vouloir. Qui était vraiment Elijah Carlisle ? Personne ne le savait vraiment et c’était ce qu’il désirait. Pourtant, il continua sa tirade dont le seul but était de se procurer les services de la demoiselle. Oui, il voulait seulement qu’elle récolte des informations, du moins pour le moment. Qui sait, si elle acceptait leur partenariat, peut-être voudrait-elle s’investir davantage. Cela était déjà arrivé. Le nom d’Alexia Vesperati lui vint en tête. Leur partenariat avait été minime au commencement, puis la jeune femme avait apprécié travailler avec le démon milliardaire. Elle avait voulu en faire plus pour lui. Elle demeurait, encore aujourd’hui, l’une de ses meilleures informatrices.

Lorsqu’il eut enfin terminé son monologue, il fallait le dire, il aimait bien s’entendre parler, il se tut et attendit la réponse de la rouquine. Oui, chère Primerose, il offrait un partenariat honnête. S’il aimait profiter de ses clients en proposant des ententes qui avaient tendance à l’avantager, il savait également faire preuve de courtoisie et proposer des partenariats qui étaient gagnants pour tout le monde. Après tout, on ne se faisait pas attribuer le qualificatif de philanthrope en exploitant tout le monde. Voyant que la fille de nuit ne semblait pas encore encline à donner une réponse, l’entrepreneur ajouta à son discours, dans le but de la convaincre pour de bon. Il pouvait déjà visualiser les informations qu’elle serait en mesure de récolter. Sa vivacité d’esprit, en plus de son physique attrayant, faisaient d’elle une addition intéressante. Certes, pour beaucoup d’hommes, un joli minois et un peu d’attention suffisaient à ce qu’ils livrent leurs secrets sur un plateau d’argent. Pour d’autres, cependant, une stimulation intellectuelle s’ajoutait au combo préalablement évoqué. Ces derniers étaient toujours ceux qui donnaient plus de fil à retordre à l’homme d’affaires. Il ne s’agissait pas seulement de bêtes héritiers qui ne savaient que faire de leur argent. Nombre d’entre eux avaient travailler pour amasser leur fortune et ne se laissaient pas facilement berner. Pourtant, il avait l’impression qu’une personne comme Primerose pourrait parvenir à abattre toutes les défenses qu’on érigerait. Peut-être la surestimait-il. Pourtant, sa première impression était souvent la bonne et il se trompait rarement. Voilà aussi le pouvoir des informations qu’on lui récoltait.

La voix de sa compagne le tira de ses pensées. Même en si charmante compagnie, il formait déjà des plans ambitieux sans son esprit. Il reporta alors son attention sur la jeune femme qui se moquait encore une fois de lui. Il se leva pour se rendre au petit bar, lui afin de lui verser un autre verre de champagne qui lui tendit, toujours affublé d’un sourire charmeur.

« Il y a des ententes dont les résultats sont particulièrement plaisants, croyez-moi ma chère, même celles établies avec un potentiel proxénète, comme vous l’avez si directement formulé », lui répondit-il en plantant son regard à la fois glacé et enflammé dans les prunelles de la prostituée. Proxénète. Il détestait ce mot. Les femmes et les hommes qui offraient leur corps en échange d’informations pour lui le faisaient librement. Bien sûr, il se faisait parfois exigeant, désignant une cible particulière, mais ses employés avaient toujours une porte de sortie. Il approcha son visage de la jeune femme afin de lui susurrer à l’oreille « Après, si vous voulez absolument le dernier sac à main signé Yves Saint-Laurent, vous n’avez qu’à accepter mon offre et vous pourrez vous l’offrir. Celui-là et bien d’autres. »

Lentement, Elijah reprit nonchalamment sa position initiale, sa jambe gauche croisée sur la droite, sirotant une gorgée de whisky. Son aptitude à passer d’une émotion à l’autre, de décontenancer ses interlocuteurs avait toujours été l’une de ses plus grandes forces. Il savait conserver un visage impassible dans toutes les situations et toutes ses réactions étaient toujours complètement calculées. Rares étaient ses moments de spontanéité. Primerose fit un mouvement pour déposer son verre de champagne sur la table base et il serra imperceptiblement des dents. Les sous-verres étaient pourtant sa flûte. Aurait-ce été trop difficile de déposer cette dernière sur l’objet dont c’était précisément la fonction ? Dissipant cette pensée, il laissa la rouquine planter son regard dans le sien. Un jeu qu’ils connaissaient bien tous les deux pour s’y être adonnés avec de nombreuses personnes, sans aucun doute. Cependant, elle n’y lirait rien qu’il ne veuille partager. Puis elle s’élança à son tour dans un monologue qui s’ouvrait d’abord sur le doute et la méfiance qu’elle ressentait.  

L’homme d’affaire demeura impassible à toutes ses interrogations. Elle serait aussi difficile à convaincre qu’il l’avait anticipé. Ce qui s’avérait normal. Primerose était indépendante depuis tellement d’années, il comprenait sa réticence à ne pas vouloir s’enchaîner à quiconque. Pourtant, ce n’était pas comme s’il allait la marquer au fer rouge pour signifier qu’elle était sienne, même si la pensée d’une telle action n’était pas totalement déplaisante. Leur partenariat serait discret et nul autre n’en aurait connaissance que lui-même et Abraham. Ainsi, il resta d’un calme imperturbable jusqu’à la fin de toutes ses interrogations. Alors qu’elle reprenait son souffle après avoir mis au clair toutes ses préoccupations, il se prépara à répondre. Il ouvrait la bouche lorsqu’elle le devança et demanda qu’ils discutent tous les deux, sans la présence de son second. Il lança un regard à son bras droit et d’un hochement discret de la tête, il lui signifia qu’il pouvait quitter la pièce. Puis, le démon reporta son attention vers la demoiselle, se demandant ce qu’elle pouvait bien pouvoir lui dire qui devait rester loin des oreilles de celui qui connaissait tout de sa vie. Bien sûr, Primerose ignorait cela, donc ses précautions étaient probablement justifiées.

Sa compagne reprit la parole et ses propos le surprirent en ce qu’il ne s’attendait pas à ce qu’ils soient prononcés en cette soirée. Bien entendu, il n’en montra rien. Il se doutait bien, depuis qu’il fréquentait la jeune femme, qu’elle appartenait à sa race. Pourtant, il n’avait pas anticipé qu’elle lui dévoilerait sa nature démoniaque tout comme il n’avait pas prévu lui dévoiler la sienne. Ah, mademoiselle Primerose, avec une pareille franchise, vous devez souvent vous mettre les pieds dans les plats. Un sourire carnassier se dessina sur son visage lorsqu’elle le laissa entrevoir son regard démoniaque. Un jour, il la verrait sous sa véritable forme et non pas seulement un maigre aperçu. Elle devait être aussi séduisante sous son autre forme. Ce sourire resta sur ses lèvres jusqu’à ce qu’elle se taise enfin.

« Vous ai-je dit que votre franchise est absolument rafraîchissante ? Sans parler de votre audace, chère Primerose. J’irais même à dire qu’il n’y en a pas deux comme vous. » Pour une fois, il était sincère. Il savait que cette pluie de compliments ne servirait pas à la faire travailler pour lui, mais il appréciait son honnêteté et il la gratifia de la sienne. « Au risque de paraître complètement imbus de moi-même, mais avouons-le, je le suis vous devez savoir que je me considère différent de nos compatriotes. Lorsque je m’engage dans un partenariat, je l’honore pendant toute sa durée et j’en attends de même de tous les partis impliqués. Les gens qui n'ont pas respecté les ententes établies ne sont aujourd’hui pas en mesure d’en témoigner », lança-t-il comme s’il parlait de la pluie et du beau temps.

Elijah se rapprocha à nouveau de la belle prostituée et d’un sourire félin, il lui murmura à l’oreille. « Si c’est un contrat qu’il vous faut pour vous rassurer à mon sujet, un contrat vous aurez. Et nous pourrons y mettre toutes les clauses que vous voulez, pour autant qu’elles soient réalistes et acceptées par les deux partis. » L’Adlagoon se recula doucement et pencha légèrement la tête sur le côté pour contempler la femme qui lui faisait face. Lentement, il laissa le dos de son index parcourir le bras de la rouquine. « Outre la garantie que je ne reviendrai pas sur ma parole et que je ne vous demanderai pas autre chose que des informations, impliquant ici que vous pouvez les obtenir de la façon dont vous le désirez pour autant que cela ne remonte jamais jusqu’à moi, y a-t-il autre chose que vous voulez ajouter ? » Son doigt descendait et remontait sur le bras de la demoiselle en une délicieuse caresse. « Bien sûr, il y a la question du salaire. Ces sacs à main Yves Saint-Laurent ne se paieront pas d’eux-mêmes, n’est-ce pas ? » Il fit mine de réfléchir. « Je vous propose 2000$ par rapport ainsi qu’un bonus de 5000$ à chaque fois que les informations recueillies joueront en ma faveur, qu’en dites-vous ? »

Il termina son verre de whisky, qu’il déposa sur un sous-verre sur la table basse qui lui faisait face. « Comme pour tous mes contrats, je vous propose également une porte de sortie. Vous pourrez cesser de travailler pour moi lorsque bon vous semblera, mais vous devrez m’aviser cinq jours à l’avance. De plus, vous devrez remplir un accord de non-divulgation et si vous y tenez, j’en remplirai un à votre égard. Dans tous les cas, même si vous refusez ce soir, vous devrez en signer un, j’imagine que vous comprenez. Si, au cours de notre partenariat, vous voulez modifier des clauses du contrat, vous n’aurez qu’à m’aviser et nous en ferons produire un nouveau avec les modifications demandées. »

Il posa sa main gauche, qui quelques secondes auparavant tenait son verre vide, sur le genou de la demoiselle. Se dotant de son plus beau sourire séducteur, il planta à son tour son regard dans les prunelles d’émeraude de la rouquine. « Vous voyez bien que forger des ententes peut s’avérer plaisant… Qu’en dites-vous Primerose, ai-je réussi à vous convaincre ? »

Si elle acceptait, il ferait revenir Abraham qui contacterait un de ses avocats afin qu’un contrat soit rédigé. Tous les deux n’auraient plus qu’à le signer et l’affaire serait réglée. Cela pourrait être le début d’un partenariat fatidique pour ceux et celles qui pensaient s’opposer à lui. Il n’avait pas fait tout son numéro de charme à Primerose, assumant qu’elle verrait sans doute à travers son jeu. Il en avait mis, il pensait bien, juste assez pour attiser la curiosité de la jeune femme.

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« The kid has got a darkside, Best believe it
Push too far you'll see
The kid has got a darkside, Back against the wall
La la la la la
The kid has got a darkside, Best believe it's the
Last trick up his sleeve
The kid has got a darkside, That you don't wanna meet at all. »

Primerose
Niveau 2
Primerose
Messages :
70
Exp :
234
Date d'inscription :
11/11/2021
Localisation :
Probablement quelque part dans le Sins District
Flirt et négociations se mariaient à merveille. Visiblement, cet état de fait était bien connu des deux partis opposés, lesquels se détaillaient mutuellement avec cet intérêt non dissimulé. Primerose risquait gros, elle s’en doutait bien. Exposer ainsi sa nature démoniaque relevait généralement de l’imprudence, mais elle était plutôt certaine que Carlisle possédait la même origine qu’elle. D’ailleurs, ce dernier salua son audace, visiblement amusé par sa petite démonstration. Pour sa part, Primerose se contenta de lever sa flûte de champagne, comme si elle trinquait en son honneur. Elle ne savait dire s’il était honnête ou pas, mais à priori, elle avait tendance à croire qu’il usait de franchise à son égard. Imbus de lui-même, Elijah Carlisle? N’était-ce pas un peu un euphémisme? Enfin, pas qu’elle connaissait personnellement le bellâtre, mais les rumeurs couraient, les gens parlaient. Et puis, juste à voir ses apparitions régulières dans les divers médias, il était évident qu’il ne se prenait pas pour un 7up flat. Après... son charisme fou jouait forcément à son avantage, peu importe la situation.

- Si vous dites vrai, Monsieur Carlisle, alors votre offre est d’autant plus alléchante, je dois bien l’admettre.


D’ailleurs, il semblait apprécier le terme « alléchant » puisqu’il renforcit immédiatement son emprise séductrice sur elle (enfin, façon de parler...) en se rapprochant davantage et en susurrant quelques propos à son oreille, de cette voix légèrement rauque qui devait assurément en faire fondre plus d’une. Penchant légèrement la tête sur le côté, il lui offrir cette expression charmante qui, d’emblée, devait fonctionner presque à chaque fois. Tiens, était-ce son indexe qu’elle sentait glisser le long de son bras gracile? Pour dire vrai, ce contact très bref eut quand même pour effet de la faire frissonner. Son petit manège se poursuivait alors qu’il assurait à la prostituée de l’honnêteté de sa parole et alla même jusqu’à lui demander si d’autres clauses devaient figurer sur ce contrat hypothétique. Primerose était mutine. Elle réfléchissait à la suite de cette rencontre, bien que le fil régulier de ses pensées fut quelque peu embrumé par le charme ravageur du richissime entrepreneur. Pouvait-il cesser ce manège, quelques instants, histoire qu’elle puisse retrouver contenance? Pour sa part, M. Carlisle n’en avait pas fini avec elle. Sans même attendre quelconque réplique de la part de la rouquine, le démon décida de renchérir en glissant subtilement sur un sujet plutôt sensible : les articles de haute couture qu’elle appréciait tant. Les prunelles de Primerose se glissèrent rapidement vers son vis-à-vis, cherchant une faille dans cette offre beaucoup trop alléchante pour être vrai... sans compter ces primes monétaires promises pour toute information pertinente rapportée au magnat boursier. Franchement, il frappait fort pour une simple prostituée comme elle.

Il comptait réellement mettre la main sur elle... dans tous les sens du terme, pas vrai? Autant lui proposait-il une porte de sortie tout indiquée en cas de pépin, mais il venait maintenant de glisser sa paume chaude sur son genou, laquelle fit vibrer la belle beaucoup plus qu’elle ne l’avait initialement escompté. Se faire désirer de la sorte de toutes les manières possibles avait ce je-ne-sais-quoi d’excitant. Certes, il la trouvait désirable, c’était inscrit dans les magnifiques prunelles de son interlocuteur (et franchement... qui pourrait vraiment lui résister?), mais ses compétences attiraient également sa convoitise... Et DIEU SEUL SAIT que Primerose aimait être convoitée... Elijah Carlisle l’avait vraisemblablement compris...

Petit futé...

Avait-il réussi à la convaincre? Bien sûr que oui. Mais l’orgueil de Primerose étant démesuré, elle se devait d’opposer un MINIMUM de résistance! Il en allait de sa réputation, tout de même.

- Faites-vous toujours des offres aussi alléchantes à toutes les femmes que vous approchez, M. Carlisle? Fit-elle avec un sourire en coin. Ou dois-je me sentir privilégiée d’un tel intérêt?

Elle minaudait presque, caressant le revers de la main de son futur partenaire du bout de ses doigts parfaitement manucurés. Elle allait s’assurer que quelques détails figurent bel et bien sur ce contrat avant de signer quoi que ce soit. Elle n’était pas sotte au point de vendre son âme au diable sans s’assurer que les petites lignes seraient respectées.

- J’adore être convoitée. Vous l’avez deviné dès l’instant où j’ai mis les pieds dans votre bureau, pas vrai? Si ce n’est pas avant, même. Vous m’avez cerné dès le départ. J’aime les hommes bien préparés, je dois l’admettre. Dites-moi donc... en plus de ma véritable identité, quelles autres informations vous précieux collaborateurs ont-ils colporté à mon sujet? Puis exiger de vous que le tout reste entre nous... et votre bras droit, visiblement? Elle n’était pas idiote. Elle avait bien compris que cet Abraham était sans conteste au courant de tout.

La curiosité la taraudait, elle devait bien l’admettre. Qu’avait-il déterré sur elle? Après tout, la dernière fois qu’elle s’était fait appeler « Erin Bell » remontait à son ancienne vie, lorsqu’elle vivait dans la Grande Pomme. Ses doigts quittèrent momentanément le revers de la main de son interlocuteur et se glissèrent sur son poignet, puis son avant-bras dans un geste presque langoureux.

- Quant aux clauses à ajouter... peut-être pourrions-nous préciser que vous n’avez pas mainmise sur mes gains, que la totalité des revenus que je fais auprès de la clientèle cible me sont attribuables? Nous nous comprenons bien : je serais une collaboratrice, pas une employée. Payée à la pièce... j’aime l’idée. Ça me donne toute la latitude nécessaire. Je me réserve également le droit de refuser une commande au besoin, si le client s’avère être de notoriété violente ou dangereuse. Après tout, personne ne bénéficierait de quoi que ce soit si je devais être sauvagement maltraitée, non? Mon visage n’a de valeur que lorsqu’il est exempt de cicatrice et d’ecchymoses...

Quelque chose lui disait qu’elle n’avait pas énormément à craindre à ce sujet... Toutefois, ayant déjà été sous le joug d’un proxénète par le passé, elle ne pouvait pas s’empêcher d’émettre cette clause qui, franchement, relevait du gros bon sens. Ramenant ses bras contre elle, Primerose se releva d’un mouvement fluide, puis s’approcha de la grande baie vitrée qui surplombait cette partie de la ville. Les lumières et les néons scintillaient de mille feux, rappelant ainsi à quel point Roanapur pouvait, par moment, être jolie une fois la nuit tombée.

- Si vous pouvez élaborer un contrat respectant toutes les clauses nécessaires et spécifiant mon autonomie totale, qu’il soit monétaire ou autre, alors oui, j’accepte votre offre, fit-elle en détaillant les lumières extérieures un peu plus longtemps. En contrepartie, il va de soi que la somme des gains que vous me verserez iront de pair avec la pertinence des informations que je vous fournirai. Puis, elle jeta un regard par-dessus son épaule, plantant ses prunelles émeraudes directement dans les iris inquisiteurs de son nouveau collaborateur. Pour ma part, je m’engage à respecter la confidentialité de ce que je découvre et de tout ce qui vous est attribuable, ne réservant les informations que pour votre usage, peu importe ce en quoi il en retourne. Je suis prête également à accepter une clause de non-compétition, au cas où vous pourriez croire que j’accepterais un contrat similaire avec un autre riche entrepreneur de cette île maudite. Je me donne le droit de briser notre contrat sans préavis en cas de bris de conditions et advenant que mon intégrité physique ou mentale soit en jeu. Est-ce que ça vous convient, M. Carlisle?

Puis, elle se rapprocha de lui, lentement, dans un déhanchement naturellement félin. Passant derrière le canapé où il était installé, la belle se pencha vers l’avant, afin d’avoir un accès tout calculé vers son oreille.

- Je vous assure, M. Carlisle. Si vous désirez ma loyauté, alors vous l’aurez. Et j’ai beaucoup de potins et d’informations dans mon répertoire. Des détails croustillants que certains ne désirent en rien voir déterrer. Si normalement je me fais un point d’honneur à respecter le secret professionnel, pour vous, je ferai volontiers une exception... plus encore, si on m’offre un sublime sac à main Yves Saint-Laurent, je dis ça, je dis rien! Elle gloussa doucement après avoir susurré ces quelques propos, puis se redressa. Un dernier point : notre relation restera strictement professionnelle, si vous le souhaitez bien. Don’t fuck with the payroll, they say. And I won’t make that mistake again.

N’empêche, ce petit jeu de tension et de séduction lui plaisait énormément... C’était... excitant! Quelque chose lui disait que c’était réciproque, d’ailleurs.

- J’attendrai donc votre contrat avec grande impatience! [i]I must say that I’m pretty much looking forward to this! It IS exciting, in some kind of way!

Cette collaboration future était vraiment prometteuse!

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I've always liked to play with fire [PV Primerose] Sans_t27

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Ricochet, you take your aim
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- Si vous dites vrai, Monsieur Carlisle, alors votre offre est d’autant plus alléchante, je dois bien l’admettre.


D’ailleurs, il semblait apprécier le terme « alléchant » puisqu’il renforcit immédiatement son emprise séductrice sur elle (enfin, façon de parler...) en se rapprochant davantage et en susurrant quelques propos à son oreille, de cette voix légèrement rauque qui devait assurément en faire fondre plus d’une. Penchant légèrement la tête sur le côté, il lui offrir cette expression charmante qui, d’emblée, devait fonctionner presque à chaque fois. Tiens, était-ce son indexe qu’elle sentait glisser le long de son bras gracile? Pour dire vrai, ce contact très bref eut quand même pour effet de la faire frissonner. Son petit manège se poursuivait alors qu’il assurait à la prostituée de l’honnêteté de sa parole et alla même jusqu’à lui demander si d’autres clauses devaient figurer sur ce contrat hypothétique. Primerose était mutine. Elle réfléchissait à la suite de cette rencontre, bien que le fil régulier de ses pensées fut quelque peu embrumé par le charme ravageur du richissime entrepreneur. Pouvait-il cesser ce manège, quelques instants, histoire qu’elle puisse retrouver contenance? Pour sa part, M. Carlisle n’en avait pas fini avec elle. Sans même attendre quelconque réplique de la part de la rouquine, le démon décida de renchérir en glissant subtilement sur un sujet plutôt sensible : les articles de haute couture qu’elle appréciait tant. Les prunelles de Primerose se glissèrent rapidement vers son vis-à-vis, cherchant une faille dans cette offre beaucoup trop alléchante pour être vrai... sans compter ces primes monétaires promises pour toute information pertinente rapportée au magnat boursier. Franchement, il frappait fort pour une simple prostituée comme elle.

Il comptait réellement mettre la main sur elle... dans tous les sens du terme, pas vrai? Autant lui proposait-il une porte de sortie tout indiquée en cas de pépin, mais il venait maintenant de glisser sa paume chaude sur son genou, laquelle fit vibrer la belle beaucoup plus qu’elle ne l’avait initialement escompté. Se faire désirer de la sorte de toutes les manières possibles avait ce je-ne-sais-quoi d’excitant. Certes, il la trouvait désirable, c’était inscrit dans les magnifiques prunelles de son interlocuteur (et franchement... qui pourrait vraiment lui résister?), mais ses compétences attiraient également sa convoitise... Et DIEU SEUL SAIT que Primerose aimait être convoitée... Elijah Carlisle l’avait vraisemblablement compris...

Petit futé...

Avait-il réussi à la convaincre? Bien sûr que oui. Mais l’orgueil de Primerose étant démesuré, elle se devait d’opposer un MINIMUM de résistance! Il en allait de sa réputation, tout de même.

- Faites-vous toujours des offres aussi alléchantes à toutes les femmes que vous approchez, M. Carlisle? Fit-elle avec un sourire en coin. Ou dois-je me sentir privilégiée d’un tel intérêt?

Elle minaudait presque, caressant le revers de la main de son futur partenaire du bout de ses doigts parfaitement manucurés. Elle allait s’assurer que quelques détails figurent bel et bien sur ce contrat avant de signer quoi que ce soit. Elle n’était pas sotte au point de vendre son âme au diable sans s’assurer que les petites lignes seraient respectées.

- J’adore être convoitée. Vous l’avez deviné dès l’instant où j’ai mis les pieds dans votre bureau, pas vrai? Si ce n’est pas avant, même. Vous m’avez cerné dès le départ. J’aime les hommes bien préparés, je dois l’admettre. Dites-moi donc... en plus de ma véritable identité, quelles autres informations vous précieux collaborateurs ont-ils colporté à mon sujet? Puis exiger de vous que le tout reste entre nous... et votre bras droit, visiblement? Elle n’était pas idiote. Elle avait bien compris que cet Abraham était sans conteste au courant de tout.

La curiosité la taraudait, elle devait bien l’admettre. Qu’avait-il déterré sur elle? Après tout, la dernière fois qu’elle s’était fait appeler « Erin Bell » remontait à son ancienne vie, lorsqu’elle vivait dans la Grande Pomme. Ses doigts quittèrent momentanément le revers de la main de son interlocuteur et se glissèrent sur son poignet, puis son avant-bras dans un geste presque langoureux.

- Quant aux clauses à ajouter... peut-être pourrions-nous préciser que vous n’avez pas mainmise sur mes gains, que la totalité des revenus que je fais auprès de la clientèle cible me sont attribuables? Nous nous comprenons bien : je serais une collaboratrice, pas une employée. Payée à la pièce... j’aime l’idée. Ça me donne toute la latitude nécessaire. Je me réserve également le droit de refuser une commande au besoin, si le client s’avère être de notoriété violente ou dangereuse. Après tout, personne ne bénéficierait de quoi que ce soit si je devais être sauvagement maltraitée, non? Mon visage n’a de valeur que lorsqu’il est exempt de cicatrice et d’ecchymoses...

Quelque chose lui disait qu’elle n’avait pas énormément à craindre à ce sujet... Toutefois, ayant déjà été sous le joug d’un proxénète par le passé, elle ne pouvait pas s’empêcher d’émettre cette clause qui, franchement, relevait du gros bon sens. Ramenant ses bras contre elle, Primerose se releva d’un mouvement fluide, puis s’approcha de la grande baie vitrée qui surplombait cette partie de la ville. Les lumières et les néons scintillaient de mille feux, rappelant ainsi à quel point Roanapur pouvait, par moment, être jolie une fois la nuit tombée.

- Si vous pouvez élaborer un contrat respectant toutes les clauses nécessaires et spécifiant mon autonomie totale, qu’il soit monétaire ou autre, alors oui, j’accepte votre offre, fit-elle en détaillant les lumières extérieures un peu plus longtemps. En contrepartie, il va de soi que la somme des gains que vous me verserez iront de pair avec la pertinence des informations que je vous fournirai. Puis, elle jeta un regard par-dessus son épaule, plantant ses prunelles émeraudes directement dans les iris inquisiteurs de son nouveau collaborateur. Pour ma part, je m’engage à respecter la confidentialité de ce que je découvre et de tout ce qui vous est attribuable, ne réservant les informations que pour votre usage, peu importe ce en quoi il en retourne. Je suis prête également à accepter une clause de non-compétition, au cas où vous pourriez croire que j’accepterais un contrat similaire avec un autre riche entrepreneur de cette île maudite. Je me donne le droit de briser notre contrat sans préavis en cas de bris de conditions et advenant que mon intégrité physique ou mentale soit en jeu. Est-ce que ça vous convient, M. Carlisle?

Puis, elle se rapprocha de lui, lentement, dans un déhanchement naturellement félin. Passant derrière le canapé où il était installé, la belle se pencha vers l’avant, afin d’avoir un accès tout calculé vers son oreille.

- Je vous assure, M. Carlisle. Si vous désirez ma loyauté, alors vous l’aurez. Et j’ai beaucoup de potins et d’informations dans mon répertoire. Des détails croustillants que certains ne désirent en rien voir déterrer. Si normalement je me fais un point d’honneur à respecter le secret professionnel, pour vous, je ferai volontiers une exception... plus encore, si on m’offre un sublime sac à main Yves Saint-Laurent, je dis ça, je dis rien! Elle gloussa doucement après avoir susurré ces quelques propos, puis se redressa. Un dernier point : notre relation restera strictement professionnelle, si vous le souhaitez bien. Don’t fuck with the payroll, they say. And I won’t make that mistake again.

N’empêche, ce petit jeu de tension et de séduction lui plaisait énormément... C’était... excitant! Quelque chose lui disait que c’était réciproque, d’ailleurs.

- J’attendrai donc votre contrat avec grande impatience! I must say that I’m pretty much looking forward to this! It IS exciting, in some kind of way!

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Elijah Carlisle
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Son équipe de recherche s’était définitivement surpassée en dégotant des informations sur Erin Bell a.k.a. Primerose. En effet, le rapport qu’on lui avait fourni mettait très bien en valeur les points de pression sur lesquels appuyer pour assurer un maximum de coopération. Mademoiselle Primerose aimait se sentir convoitée, elle avait un goût prononcé pour le luxe et elle possédait une intelligence plutôt particulière pour quelqu’un de sa profession. Non pas que toutes les prostituées étaient bêtes et stupides – Elijah aurait été le premier à crier au stéréotype – mais, il devait tout de même s’avouer que la plupart d’entre elles n’avait pas grandi dans les meilleures circonstances. Toutefois, la rouquine avec qui il négociait et discutait démontrait une vivacité d’esprit qui devait certainement s’avérer populaire avec une certaine clientèle, mais également lui entraîner des ennuis avec une autre partie de la clientèle. En effet, certains hommes – et certaines femmes ! – appréciaient s’offrir du bon temps avec des femmes silencieuses dont la bouche servait à autre chose qu’à palabrer. Heureusement pour la jolie prostituée, beaucoup de cibles du milliardaire appartenaient plutôt à la première clientèle : nombreux étaient ceux qui avaient pour épouse des femmes issues de riches parents, mais qui ne pouvaient soutenir une conversation qui ne portait pas sur le dernier sac à main à la mode ou sur la prochaine couleur des rideaux du séjour. Des trophy wives, les désignait-on. Des épouses qu’on trimballait dans les sorties officielles et qu’on entretenait, mais qui souvent faisaient plus partie du mobilier. Beaucoup d’hommes bien nantis et établis se trouvaient dans cette situation. Ils étaient toujours bien heureux de s’évader, l’espace d’une soirée, avec une autre dame. Certes, parfois ils ne désiraient qu’une folle partie de jambes, mais d’autres aimaient se savoir challengés, désiraient discuter avant l’éventuelle fornication. Il s’agissait souvent de ces hommes qui donnaient le plus de fil à retordre à l’entrepreneur lors de négociations. Pourtant, grâce à ses informatrices, il possédait toujours un as dans sa manche qu’il pouvait utiliser pour remporter ses tractations. Il ne se doutait pas que la demoiselle à la chevelure enflammée assise à ses côtés constituait déjà une mine d’or d’informations. Mais il s’égarait.

Primerose lui demanda s’il avait l’habitude de faire de pareilles offres à toutes les femmes qu’il approchait. Bien sûr que non. Sa façon de procéder était simple : trouver le besoin manquant de la personne qu’il voulait employer et s’assurer de combler ce besoin. Pour certaines personnes, il s’agissait simplement d’avoir un toit sur la tête ou bien d’assurer leur protection, pour d’autres il fallait creuser plus loin. Il se contenta d’adresser un sourire énigmatique à la demoiselle. Après tout, un gentleman ne révélait pas ce genre d’informations. De plus, voilà qu’elle flirtait en retour, caressant sa main préalablement posée sur le genou de la belle rousse. Il ne pouvait s’attendre à rien de moins : tout comme lui, la séduction faisait partie intégrante de son boulot. Il ne put s’empêcher de penser qu’à eux deux, ils pourraient sans doute faire beaucoup de mal. Cette idée lui procura un petit rire intérieur. Décidément, les anges avec leur attitude vertueuse ne faisaient pas le poids contre la versatilité et les ressources des Adlagoons. La voix de sa compagne le tira de ses pensées. Ah, elle voulait savoir ce qu’il savait de son ancienne vie. Tout, voulut-il répondre, mais une fois de plus, cette réponse était dénuée de toute courtoisie. Ainsi, dans un esprit de collaboration, puisqu’il suffisamment certain qu’elle allait accepter son offre, il décida qu’elle pourrait découvrir par elle-même ce qu’il savait à son propos. Au demeurant, Elijah ne voulait en aucun cas gâcher l’ambiance qui s’était lentement installée dans son bureau, passant de la méfiance, au flirt, à une possible collaboration… même si le flirt demeurait toujours dans l’air comme un souffle d’orage après une tempête.

« Lorsque vous quitterez pour la soirée, Abraham vous remettra le dossier que mes collaborateurs ont constitué à votre propos. Vous pourrez le consulter et en faire ce que vous voulez, qu’en dites-vous ? » Il planta son regard dans les iris émeraudes de la prostituée. « Vous avez ma parole de gentleman que ce que j’ai appris à votre sujet via ce dossier restera entre vous, Abraham – vous avez bien deviné – et moi. »

Elle sembla apprécier la réponse, puisque ses doigts poursuivirent leur exploration, passant du revers de sa main pour s’arrêter sur son avant-bras. La peau douce de Primerose contre la sienne lui procura un imperceptible frisson de plaisir. Il avait toujours apprécié les femmes qui savaient flirter dans la subtilité. Savoir en donner juste assez pour attiser la convoitise consistait en une qualité qu’il louait. Qui voulait de ces personnes qui déballaient tout de suite leur jeu ? Where was the mystery ? Where was the thrill ? L’anticipation avait toujours bien meilleur goût, se manifestant comme des braises qu’on ravivait en une flamme puissante. Voilà qu’elle revenait aux négociations en cours. Usait-elle de ses propres tactiques contre lui ? Cela s’avérait plutôt efficace. Pour une fois qu’on lui rendait la moitié de sa pièce, il appréciait tout de même la situation.

« Vos conditions me semblent tout à fait acceptables, mademoiselle Primerose. Quant à votre sécurité et à votre intégrité, vous pouvez me croire sur parole quand je vous affirme qu’elles ne seront jamais en danger. Je me fais d’ailleurs un devoir personnel de veiller à la bonne sécurité tant de mes employés que de mes collaborateurs. Vous n’avez donc pas à vous inquiéter à ce sujet. »

Ce point, il y tenait. Il savait que ses employés et ses collaborateurs – surtout ceux et celles qui se servait de leurs corps pour acquérir des informations – pouvaient parfois courir de graves dangers puisqu’ils se mettaient souvent en première ligne. Ainsi, lorsqu’il faisait des commandes, il s’assurait toujours d’avoir un agent fantôme en filature, encore plus si la commande était une personne un peu difficile.

« De plus, si vous vous sentez en danger, peu importe les circonstances, nous vous fournirons un numéro que vous pourrez toujours contacter et quelqu’un viendra s’occuper de vous mettre en sécurité. Mes employés et collaborateurs prennent parfois des risques pour mon bénéfice, il n’est aucunement question qu’ils subissent des représailles de quelque façon. »

De plus, lorsque cela arrivait, il n’était pas rare que le malfaiteur disparaisse de l’île ou bien se fasse arrêter quelques instants plus tard. Il avait forgé des alliances depuis son arrivée sur l’île et il n’avait aucune honte à s’en servir. La sensation de la douce peau de Primerose disparut alors que la flamboyante femme se levait pour se diriger vers les baies vitrées derrière le divan. C’est en parcourant des yeux les lumières scintillantes de l’île nimbée dans la pénombre qu’elle lui annonça qu’elle acceptait son offre. Un sourire félin s’étira sur les lèvres d’Elijah, soulignant sa joie face à cette annonce. L’homme d’affaires se retourna lentement sur le divan afin de pouvoir la regarder. Ses yeux rencontrèrent tout de suite les prunelles vertes de sa nouvelle collaboratrice. Définitivement, elle savait comment fonctionnait les affaires, puisqu’elle consentait à ses conditions, certaines qu’il avait préalablement énoncées, d’autres qu’elle anticipa.

« Tout cela me convient parfaitement, mademoiselle Primerose. Je pense que nous saurons bien nous entendre. »

Il ne put s’empêcher de lui décrocher un sourire en coin – l’un des multiples sourires de son arsenal de charmeur. Elle s’approchait maintenant de lui, dans un déhanchement qui lui fit se demander de quelle autre façon ces merveilleuses courbes pouvaient bien se mouvoir. Le son de la voix de la belle tout près de son oreille fit s’élever sa température. Comme elle savait si bien user de ses charmes. Cette collaboration allait définitivement lui rapporter gros, il le pressentait. Le serment de loyauté fit s’embraser son bas-ventre, lui pour qui il s’agissait d’une valeur primordiale. Puis, le charme se brisa lorsqu’elle insista pour que leur relation soit strictement professionnelle. Bien sûr, c’était une décision logique à laquelle il adhérait constamment. Cependant, mademoiselle Primerose dégageait un je-ne-sais-quoi qui lui avait donné envie de goûter au fruit défendu. Il cligna des yeux pour reprendre ses esprits avant de se lever et d’aller rejoindre la belle de nuit. S’emparant de la main de la demoiselle, il y déposa un délicat baiser avant de planter son regard dans le sien.

« Don’t worry love, I’m a gentleman. »

Bien sûr, il n’y verrait peut-être pas de grande objection à faire entorse à sa règle si la beauté en manifestait l’intérêt. Pourtant, il était évident que cela ne serait pas en cette soirée. À sa dernière prise de parole, il ne put s’empêcher de répliquer.

« Vous savez, mademoiselle Primerose, certains de mes avocats travaillent très tard. Que diriez-vous de célébrer notre nouvelle collaboration dans mon balcon privé pendant qu’ils rédigent notre contrat ? J’ai une bouteille d’un excellent champagne qui mériterait d’être sabrée pour marquer l’occasion. »

S’effaçant devant la demoiselle, il la pria de passer devant lui en direction de la porte. Il lui suffirait de minutes pour discuter avec Abraham des modalités du contrat.

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