'And you should love it way more than you hate it
Nigga, you mad? I thought that you'd be happy I made it (Woo)
I'm that cat by the bar toastin' to the good life
You that faggot-ass nigga tryna pull me back, right?
When my joint get to bumpin' in the club, it's on
I wink my eye at your bitch, if she smiles, she gone
If the roof on fire, let the motherfucker burn
If you talkin' about money, homie, I ain't concerned
I'ma tell you what Banks told me, "Cuz, go 'head, switch the style up
If niggas hate, then let 'em hate, and watch the money pile up"
Or we can go upside your head with a bottle of bub'
They know where we fuckin' be'

Son ventre émit un grognement.
Il marchait, peu enclin à se soucier de l'air venue du large.
Son cerveau ne tournait que sur deux questions : Kiffer son rap. Et évaluer s'il pouvait trouver de la place pour sa rutabaga dans son putain de ramen à poitrine de porc fumée. Cette envie le tenaillait depuis quelques jours. Il voulait sa putain de soupe avec du gras bien cuit. Son mélange ne serait pas si orthodoxe. Mais il pouvait lier le tout avec un œuf. ET DU FENOUILLE !
Ouaip putain ça pouvait être le début d'une idée ça. En plus il lui en restait quelque part en stock.

Perdu dans ses pensées - et dans son rap - Liam avançait le long de la Lagoon Promenade.
L'endroit plongée dans la douce obscurité de la fin de soleil couchant était un large trottoir sur une digue surplombant en contrebas à droite la place ou venait glisser paresseusement les vagues. La partie gauche permettait aux piétons de déambuler tranquillement, et la partie droite était cyclable. Si bien que de temps à autre un scooter ou une trottinette électrique le doublait à toute berzingue.

Mais lui n'en n'avait rien à foutre.
Il doubla deux amoureux enlacés si serrés sur le banc que Liam eu pu croire qu'ils étaient siamois. Putain mais allez vous avaler la face en privée wesh ! Quel enfer ces enculés trop heureux de répandre leur bonheur là ! Aze on n'en n'a rien à foutre de vos gueules, trouvez vous des love hôtels !
Fulminant, il préféra refaire le tour de tous ses achats de l'après-midi.

Il avait de la sauce d'huitres, de la purée de piment, quatre poireaux, des saucisses à la citronnelle, de la sauce nuoc mam, des olives, des légumes en saumure, des carottes, du céleri, et pour de futurs snack, un pack de douze bières, des grillades de bœuf, et des tranches de canard laqué.
Miam miam miam !

Son ventre émit un grognement.
Ça allait être un régale, bordel !
Taper un bon gueuleton devant Hell's Kitchen, ouaip ça pourrait être sympa.

Son ipod enchaina sur du $uicide Boy$.
Antartica ! Let's go !

Se nourrissant de la rage contenue dans le titre, l'homme rajusta sa prise sur ses courses et avisa un banc plus loin.
Mine de rien il se tirait sa charge depuis un bout, et son sac à dos commençait à lui scier les épaules.
Poussant donc son effort jusqu'à sa zone de repos bien mérité, il posa son pack et son sac avec délicatesse et laissa tomber son cul.
Voilà bien ce qu'il faisait de ses journées de weekend. Des courses.

Un instant son cerveau voulu l'emmener plus loin. Ailleurs.
Dans ce qu'il lui semblait presque une autre vie. Anae.
...
Aze là il sentait un truc désagréable arriver. Mélancolie.
Bon ! C'était pas un pédé lui, il avait pas le temps pour ça !

Liam dégaina son portable et voulu parcourir quelques recettes sur Instagram.
Il zappa les photos yoga d'une nana à la plage au cheveux roses et levant les yeux au ciel. Déjà ça l'énervait ce genre de fantaisie, mais alors ce qui l'insupportait encore plus c'était ses messages en attente.
Même pas envie d'y jeter un œil. Sûrement encore des salaires à honorer, le remboursement de son crédit, divers fournisseurs et maraichers.
Ce soir il n'avait vraiment pas envie de fourrer le nez là-dedans.
Fait chier, tiens !

Au moins la bonne vieille colère remontait.
Déjà c'était bon signe.
Liam, les mains biens ancrées dans les poches de son pantalon porta le regard vers l'horizon. L'habituel glissement lent des bateaux au loin était presque invisible. Ombres noirs sur fond noir, il était dur de distinguer quoi que soit.

Sauf ce genre de lumière sur le sable blanc.
Une silhouette solitaire se découpait, illuminé par un genre de feu de camping.
Le gus avait une guitare et paraissait tirer des notes en solitaire de son instrument.
A cette heure-ci les bronzeurs s'étaient tirés, ne laissant que les hippies, les dragueurs et les drogués persévérer à s'obstiner à squatter les plages.
Vu le chapeau, Liam paria sur le hippie.
Ôtant son casque de ses oreilles il fut curieux d'écouter quel genre de reggae de Bob Marley l'autre était en train de jouer.

Bah déjà à dresser l'oreille, c'était pas du reggae.
Ce qui était déjà une bonne chose.
Et la deuxième, c'est qu'il avait un feu. Et le jeune cuisinier, des brochettes.
Son ventre émit un grognement. Mais là, il était temps de le contenter.
Vraiment, il deviendrait fou avant d'arriver à la casa.

Dans un soupir Liam se releva du banc et prit toutes ses provisions.
Approchant il découvrait l'univers du compositeur solitaire par la complainte de sa guitare.
Il arriva en marchant lentement jusqu'au camp de l'inconnu sans un mot.

Lui était vêtu de son fidèle Baggy délavé, avec aux pieds ses Timberlands couleur ambre. S'il portait un débardeur ample blanc avec une capuche, présentement il ne la portait pas sur le crane. Non il préférait laisser ses splendides dreadlocks longues ramenées en queue de cheval montrer à quel point il était cool.
S'asseyant en face de l'inconnu sans un mot, le jeune homme farfouilla dans ses sachets de courses et en tira les grillades de bœuf, les légumes en saumure et le céleri.
Il planta deux bières dans le sable, puis ouvrit son sac pour en tirer sa mallette à couteaux de cuisine.
Il n'avait toujours dit mot et écoutait la fin du morceau qui visiblement s'improvisait à la volée.

Il attendit patiemment et une fois que le silence tomba entre eux, Liam le brisa d'une voix rauque, son regard habituellement dur très légèrement plus sympathique que d'ordinaire.

- " T'as faim ? "

Et il utilisant un fusil à aiguiser, il commença à le frotter contre son couteau, l'air de rien...