Daxton n'avait pas bien besoin de jouer des mains pour que l'ordre qu'il voulait faire régner soit respecté.
Le basané au crane rasé recouvert de tatouages était aussi haut que large et son costume trois pièce peinait à ne pas craquer sous la pression des muscles bovins du goon. Ses larges mains jointes et recouvertes d'anneaux d'argents et d'or étaient jointent sur son nombril.
Les clients du Rouge Héritiers faisaient la queue pour entrer. La boite de nuit n'ouvrirait aux VIP que dans une petite heure, mais déjà la populace s’agglomérait devant les portes. Virer les crackheads, les ivrognes, les anges, et les forceurs allait prendre du temps. Il avait déjà repéré un ou deux profils inadmissibles à l'intérieur.

Le néon rouge au-dessus de lui jetait une ambiance déjà surchauffée sur ces dames aux tenues trop courtes, et sur ces hommes venus pour encore écourter lesdites tenues. L'excitation dû à l'expectative de la soirée était palpable.

Puis, derrière ses lunettes noires, les yeux rouges de Daxton se posèrent sur un être autre.
Il ne donnait pas l'impression de savoir concrètement ce qu'il foutait ici. Devait-il faire la queue ou non ? Il semblait se murmurer à lui-même bien des choses.
D'ordinaire, le videur ne l'aurait jamais laissé entrer. Mais les ordres, c'est les ordres, pas vrai ?

Il avait son signalement, il lui fit signe de se rapprocher et l'observa une fois en face.
Un léger picotement sur sa nuque ne l'effaroucha pas. Il n'y avait presque que des démons ici. Donc la gêne caractéristique de se trouver face à un non-humain n'était pas étrange. Mais lui paraissait autre. Habituellement les goons transpirent la confiance, voir l'arrogance. Ça plus des cheveux clairs comme l'aube, une petite taille et une carrure frêle, ça laissait supposer certaines choses.
Mais rien n'était sûr.
Et puis les ordres, c'était les ordres, pas vrai ?

-" Kappa non ? Suis moi."

Il y eu un mouvement de colère.
Pourquoi lui pouvait-il entrer dans le bâtiment et pas les autres ? C'était quoi ce favoritisme ?
Daxton laissa Ash gérer le débordement. Ignorant la foule, il ouvrit les deux portes sombres de l'endroit et mena le nouveau venu par les salles de danse, les alcôves, derrière le bar, et par des portes de service.
Après une descente de deux étages par l'escalier du personnel, le duo parvint enfin devant une double porte anti incendie.

-" Je ne peux pas aller plus loin. Mes ordres c'est de t’amener ici. Et les ordres, c'est les ordres, pas vrai ? Tu ouvres la porte, et ensuite je sais pas."

Il resta là jusqu'à ce que Kappa ne se décide à pousse le double battant.
Une fois fait, il entra sur une salle blanche carrelée.
L'endroit devait bien faire une trentaine de mètres carrés. Une évacuation d'eau se trouvait au milieu de la salle.
Il y avait du monde ici. Si la pièce se trouvait presque vide de mobilier, des raques de métal couvraient la partie gauche. On y trouvait des surmanches en plastique, des masques de tout genre, différentes, scies, couteaux et même des hachoirs ou une tronçonneuse. Quelques barriques de plastiques bleus s’alignaient contre le mur.
Face à Kappa se trouvait une simple table de camping sur laquelle était disposés en ordre un tournevis, un couteau, un revolver, un marteau, et une hache incendie.

De l'autre côté de la table, une douzaine de personnes. Des démons. A genoux. Torses nus et visiblement grelottant de froid.
Ils devaient être là depuis un moment. Les mains liées dans le dos, la tête basse. Certains levèrent la tête et le reconnurent, surpris.

Contre le mur avec les raques, une femme en tenue complète pour ne pas se tâcher de sang attendait.
Devant la table, les espèces de généraux de Méléna rencontrés il y a trois jours. Dubh, Ercan, Aemulus.

Et c'est le loup qui vint vers Kappa.

- " La reine a dit qu'elle avait tenue parole. L'équipage complet du S.S. Maria. Il n'appartient qu'à toi de prendre leurs têtes comme bon te semble. "

Un sourire mauvais étira ses lèvres.
Mais derrière lui, parmi les prisonniers, des airs terrifiés et des chuchotements vinrent.

- " Je ne veux pas mourir moi !"
- " Mais c'est qui ? J'ai rien fait !"
- " Je ne faisais que barrer moi, j'y suis pour rien. "
- " C'est une erreur pitié laissez moi partir !"