Il a bifurqué dans la ruelle à gauche !

Le souffle court, le sabre rangé dans son fourreau mais accroché à ton dos, Elinelle et toi suivez les instructions d’Angélique et Amenadiel qui suivent le fugitif via les toitures. Le démon a usé d’ingéniosité, préférant fuir dans la ville afin de vous empêcher d’utiliser la voie des airs pour mieux l’intercepter. Vous foncez à travers les rues, esquivant les passants et humains innocents qui évoluent dans leur quotidien sans se doute un seul moment qu’ils viennent de croiser les serviteurs de Dieu en pleine mission.

Il se dirige dans south zone ! Il vise une zone isolée ! Préparez-vous à la confrontation !

Elinelle et toi échangez un regard en augmentant la cadence de votre course effrénée. Mesmère est un démon catégorisé comme Dangereux et donc nécessitant une escouade entière pour en venir à bout. Cette mission vous a été confiée il y a quelques jours et il fallut une bonne dose d’investigations avant que la bête ne soit dénichée. A présent que vous l’avez enfin trouvé, il est hors de question qu’il vous échappe. Mesmère est un tueur reconnu, un violeur de femme et un exécuteur d’enfant. Il est l’engeance du Mal que tu n’auras aucun mal à exécuter n’est-ce pas Eva’ ? Ton regard aussi tranchant que ta lame, tu finis par atteindre ta destination. La créature s’est arrêtée dans une cour encerclée de toutes parts de bâtiments menaçant de s’effondrer. Une seule entrée. Une seule sortie. Amenadiel et Angélique descendent des toits pour venir à vos côtés, dressant ainsi un mur Céleste entre le démon et la sortie.

Mesmère vous fait face, la mine incroyablement calme pour quelqu’un qui se retrouve piégé comme un rat. Tu dégaine immédiatement ton sabre, tes jambes s’écartant afin de te mettre en position. Angélique recharge ses armes, Amenadiel enfile ses gants de protection et Elinelle pointe son arbalète armée en direction du démon. Un silence lourd s’installe. Les regards se jaugent. Le temps semble comme ralenti…

Tout à coup, Mesmère lâche un hurlement bestial et fonce droit sur votre quatuor. Sa silhouette humaine semble alors se disloquer d’un seul coup, un bruit sinistre retentissant et en une fraction de seconde, l’homme devient monstre. Deux horribles têtes aux crocs saillants se disputent le trône de son cou, six pattes immondes foulent le sol avec aisance et le propulse droit sur Elinelle qui rate sa cible. Ton amie esquive de justesse l’attaque et tu entends d’ores et déjà les coups de feu d’Angélique qui ne manque jamais une cible pourtant la bête semble être dotée d’une cuirasse redoutable, les balles de ton aînée ne faisant qu’égratigner la carapace. Tu fonds à ton tour sur le monstre qui se propulse au-dessus de ta tête, atterrissant juste derrière ton dos et faisant claquer ses mâchoires non loin de ta chair. Tu te décales et tente un coup de sabre que l’une de ses pattes pare via son armure, un terrible bruit osseux se faisant entendre. Une carapace d’os brûlé. Amenadiel lui assène un coup qui le fait tituber mais Mesmère réplique rapidement d’un coup de poing dévastateur qui s’écrase dans le mur le plus proche, créant d’imposantes fissures dans ce dernier. A n’en pas douter, le combat promet d’être difficile mais au moment où tu t’apprêtes à t’élancer une nouvelle fois, un hurlement strident suivi d’une détonation te déstabilise complètement et te fait te retourner ; là, un démon gigantesque à l’allure de chien démoniaque a rejoint la mêlée pour venir planter ses crocs directement dans le bras d’Elinelle qui a su lui faire immédiatement lâcher prise via quelques grenades miniatures jetées directement contre son museau. Instinctivement, vous vous réunissez les 4 en vous plaçant dos à dos, faisant ainsi face en duo à un démon.

Depuis quand ces enfoirés bossent en équipe ?!

Amenadiel a raison, ce n’est pas dans les habitudes des démons d’unir leurs forces…Et s’ils commencent à changer et à s’adapter ainsi…Cela change bien des choses quant à l’approche de ces monstres.
Elinelle et toi faites face à Mesmère tandis qu’Amenadiel et Angélique affrontent la bête à la mâchoire béante et déformée. Les monstres grognent et s’agitent, ils ont faim de sang angélique. Les mains crispées sur ton sabre, tu abaisses les paupières un court instant, inspirant profondément alors que le temps ralenti sa course…

Soudain, dans un même mouvement, ton escouade se divise en deux et se jette impétueusement sur ses adversaires. Tu attires l’attention de Mesmère tandis qu’Elinelle se place danss un angle moins propice à ses attaques, utilisant son arbalète pour le harceler. Habile et aussi agile d’une panthère, tu enchaines les mouvements tranchant et vif à l’encontre du monstre mais la créature se tenant fièrement sur ses deux puissantes jambes, dispose non pas de deux mais de quatre bras pour parer tes multiples assauts. A chaque attaque qu’il contre, il en profite pour t’attaquer, te forçant à esquiver et t’éloigner pour mieux revenir à la charge. Tes muscles brûlent, ton cœur s’affole, le combat est acharné. A force de tirer sur Mesmère, Elinelle finit par fendre l’une des plaques osseuses qui recouvrent son dos, un craquement sinistre parvenant à raisonner jusqu’à tes oreilles.

On va l’avoir !

Tu halètes mais redouble d’effort, te jetant une énième fois sur le monstre. Le démon emprisonne ton arme dans l’une de ses immenses pattes et alors que tu t’apprêtais à libérer ta lame, tu ne peux éviter complètement son attaque, ses griffes acérées venant déchirer la peau de ton ventre. Ta mâchoire se crispe sous la douleur et tu recules d’un pas, le monstre jette ta lame au sol et tu portes ta main sur les coulures de sang qui se forment déjà sur ta chair meurtrie. Le démon lâche un grognement satisfait, ton corps se tend et se prépare à l’attaque que tu peux prévoir au fond de ses prunelles. La bête s’élance vers toi puis, soudain, contracte son corps avec force pour faire volteface et fondre droit sur Eilinelle. Elle n’a pas le temps de réagir. Le monstre attaque.

La patte monstrueuse déchire la chair de son abdomen aussi aisément qu’une feuille de papier. Une souffrance innommable t’assaille en même temps qu’Eilinelle et te coupe le souffle. Tu t’effondres à genoux sur le sol alors que la Bête soulève à bout de bras, le corps de l’ange rosé. Un torrent de larmes, mélange de souffrance physique et d’horreur, explose au bord de tes prunelles anthracites, noyant allègrement tes joues et ton corps entier est rongé de tremblements de terreur et de peine. Ton regard remonte jusqu’à la scène cauchemardesque, le temps s’arrête l’espace d’un instant semblant partager ton effrois… Tout à coup une rage vive s’empare de tout ton être. Tu te redresses sur tes jambes, retirant ta main de ta blessure pour te mettre à courir en direction de Mesmère. Tu t’accroupis afin de récupérer ton sabre et te jette à corps perdu contre le monstre qui n’a d’autre choix que de laisser tomber sa proie au sol s’il veut esquiver ta lame. Ton arme frappe le sol avec une telle violence que l’onde de choc remonte jusque dans tes bras pour venir malmener ta prise mais tu n’en as cure, enchaînant les attaques sur le démon surpris par tant de véhémence.
Il parvient tout juste à parer tes assauts si rapides, ton épée venant briser un peu plus à chaque coup sa carapace déjà mise à mal par Eilinelle. Tu frappes encore, encore, encore, encore, encore. Le monstre perd pieds et patience, dans un geste vif et brutal, l’un de ses bras évite ta lame pour venir frapper ton visage mais avec une vélocité incroyable, tu déploies tes ailes d’un blanc immaculé pour venir t’enrober dans un cocon de plumes salvatrices. Sa patte se heurte contre le mur de neige, te propulsant à quelques mètres de là mais il ne te laisse aucun répit puisqu’il faut sur toi pour te plaquer contre le mur le plus proche, une vive douleur venant planter ses crocs dans ton dos. Usant du nombre élevé de ses appendices et de sa force démoniaque, Mesmère agrippe tes ailes et tire brutalement sur ses dernières, te forçant à te dévoiler entièrement à son regard alors que ta résistance futile donne naissance à un cri de douleur dans le creux de ta gorge. Dans un ultime effort, il écarte entièrement tes ailes et l’une de ses pattes vient saisir ta gorge délicate avec sauvagerie, broyant lentement ton larynx. L’air vient rapidement à te manquer, ton corps se retrouvant parcourut de milles et une aiguilles tandis que ta conscience menace de t’abandonner.

Cela ne se peut…. Pas ainsi…

Dans un sursaut de vie, tu réunis le peu de force qu’il te reste et dans un geste désespéré, tu redresses furieusement ton sabre, un hurlement bestial déchirant ta gorge tandis que tu libères de sa nuque le poids des deux têtes immondes qui la surplombaient. Le corps décapité a un dernier sursaut nerveux avant de te lâcher complètement, ton corps s’écrasant péniblement sur la terre. Tu inspires une grande goulée d’air en retrouvant ta liberté de respiration mais l’effort provoque une brûlure dans ton buste. Tu grimaces mais ne t’attardes nullement sur ton état puisque ton regard recherche avidement le corps d’Eilinelle. Elle est là, allongée sur le dos à quelques mètres de toi, auréolée d’une poisseuse mare vermeil. Blessée, presque brisée, tu te redresses maladroitement sur tes mains et tes genoux, tes ailes trainant sur le sol, avançant tel un bambin ne sachant pas encore marcher, jusqu’à ton amie.

Lorsque tu arrives à sa hauteur tu découvres qu’Eilinelle est encore en vie… Ou du moins a-t-elle tenté de tenir afin de s’assurer que tu allais bien. Tu t’installes près d’elle et, le plus délicatement du monde, tu passes tes mains sous ses aisselles afin de hisser le haut de son corps contre ton buste, sa tempe venant épouser ta joue. Sa peau est si froide… Tu passes tes bras autour d’elle dans une ultime étreinte et bien que les bruits du combat d’Amenadiel et Angélique te parviennent, tu n’as nullement envie de te préoccuper de ça… Tu ne peux pas… Vos consciences connectées, nul besoin d’échanger le moindre mot entre vous deux. Vos émotions se rencontrent comme deux vieilles amies, s’emmêlent et se mélangent pour ne former qu’un tout dont l’Amour est sans commune mesure. Tu sens son cœur ralentir ses battements. De nouvelles larmes viennent s’échouer par milliers sur tes joues salies par la terre rencontrée tantôt, creusant des sillons de désespoir. Sa respiration se fait laborieuse et l’elixir vital continue de s’échapper, souillant tes cuisses de sa morbide présence. Doucement, tes ailes s’élèvent pour venir se poser de part et d’autre de vos corps, créant ainsi une bulle de pureté et de douceur.

Un grognement monstrueux fend l’air, rapidement suivi d’un silence pesant. Vos amis ont triomphé de leur propre démon et sont venus vous accompagner. Doucement, presque timidement, la flamme de vie d’Eilinelle perd de sa lumière jusqu’à finalement… s’éteindre, ses mains précédemment posées sur tes avant-bras glissant lentement jusqu’au sol.

C’est fini.

Tes sanglots augmentent alors leur intensité et un hurlement déchirant, à en faire pleurer les pierres, explose entre tes lippes et envahit les lieux. Angélique range ses armes à sa ceinture et se laisse tomber à genoux à tes côtés, son front s’arrimant contre ta tempe tandis que ses paupières se referment sur ses océans noyés de chagrin. Amenadiel s’installe derrière vous et, terrassé par la peine, vient appuyer son front contre l’arrière de ta tête, ses larmes s’échouant dans la rivière opaline de tes cheveux. Votre douleur ne connaît pas de limite et votre souffrance s’envole si haut qu’elle atteint le palais d’argent.