- Merde, merde, merde...

Tout en sautillant sur place en tentant d'enfiler dans la hâte son pantalon, Heather se maudissait à voix basse.
Une jambe... Puis elle perdait l'équilibre, manquant de se casser la figure sur le lit de l'hôtel miteux dans laquelle elle avait passé la nuit. À en juger par l'étaut qui lui enserrait la tête, la soirée avait été bien arrosée. Et le bruit de la douche coulant en cascade dans la pièce à côté trahissait qu'elle n'avait pas dormi seule. Dormi, d'ailleurs, était lui même un euphémisme. L'état de la chambre et l'odeur qui y planait suggéraient que bien plus qu'un bon sommeil réparateur y avait été accompli.
Une deuxième jambe et... Houra ! Le plus dur était fait. Mais où pouvait bien se trouver ce fichu soutien-gorge ?
Une sueur froide parcourait la jeune femme, alors que le bruit de pluie battante dans la salle de bain cessait subitement. Eh merde... Elle devait vraiment se grouiller.
Heather s'attelait frénétiquement à retourner tout ce qui lui passait sous la main à la recherche de son sous-vétement, tout en sifflant des jurons, lorsque la porte s'ouvrit finalement, et qu'un homme, d'une quinzaine d'année son aîné, sortait de la pièce, vêtu seulement d'une serviette.

- Ohohoh ! Eh bien, t'es bien matinale toi.

Heather se contenta de l'ignorer, poursuivant ses recherches avec mauvaise humeur.

- Eh bien énergique en plus... Ça te dirait pas qu'on remette ça ?

Le vicieux passa ses bras autour d'elle, par derrière. Il cherchait d'une main sa poitrine. Exaspérée, la jeune femme la lui claqua avant de le repousser.

- Lâche moi, j'ai pas que ça à faire !
- Oula, t'es bien hargneuse tout d'un coup... Il me semble que tu n'étais pas si sauvage hier soir.

La brune grinçait des dents. Il ne pouvait guère l'agacer davantage. Tout ça était un malentendu. Un vulgère accident. Un accident dégoutant. Et elle rêvait de s'enfuir de la scène de crime le plus vite possible, pour oublier la honte que tout cela représentait.

- Mais peut-être qu'il te faut un café ? J'appelle la réception ?
- Non. Laisse tomber.

Enfin ! Le soutien-gorge tant désiré s'était dissimulé sous le fauteuil... Mais comment avait il attérit là, déjà ?
En grognant, elle passa à la hâte le restant de ses vêtements, ainsi que son sac bandouillère. Dos à l'individu qui semblait décidé à se refaire tout le résumé de leurs exploits de la veille, elle vérifia discrètement son contenu. L'appareil photo était bien là... et intact. Ainsi que le dossier. Quelle chance encore qu'il n'ait pas mi son nez dedans celui-là ! Elle aurait été dans de sales draps... Enfin... Plus sales encore que ceux dans lesquels elle avait passé la nuit.
D'un pas décidé, elle se rua sur la porte. Elle n'accordait pas un regard à l'individu derrière elle.

- Eh ! Attend ! Tu ne m'as pas donné ton numéro, Zoé !
- C'est pas la peine.

Et sur cette parole brute, elle claqua la porte et s'empressa de rejoindre la rue.
Bien que le temps fut convert, la lumière du jour aggressait les yeux d'Heather qui plissait pour y voir clair.

- Putain, mais je suis où moi ?! Pis il est quelle heure ?

Bien sûr... Téléphone déchargé... Même pas moyen d'envoyer un message à Marco pour l'avertir qu'elle serait en retard. Oh et puis... Elle arrivait quand elle arrivait, hein !
Marchant à grandes enjambées au hasard jusqu'à trouver un arrêt de bus, la jeune femme sauta dans le premier transport qu'elle trouvait. Puis consultant le plan à l'intérieur, elle se rendait compte du même coup que... Premièrement... Elle était bien loin de son travail... Et deuxièmement... Putain, qu'est-ce qu'elle avait mal à la tête !
Le trajet fut rude... Les changements de bus n'étaient que du menu fretin. Elle lutait tout du long pour ne pas s'endormir... Et dans les instants d'éveil, elle rêvait tour à tour de vomir, se laver (et plutôt deux fois qu'une !) ou de se frapper elle-même.
Quelle conne, bon sang ! Quelle conne !



Finalement, Heather passait la porte du cabinet à grandes volées. Ce n'était pas pour le spectacle, mais tout simplement parce que son humeur était au summum de l'exécrable. Et mieux valait le signifier... Pour le bien commun.
Si tôt fut elle entrée que Marco lui sautait dessus, visiblement fou de rage.

- Mais putain, Heather, qu'est-ce qui tourne pas rond chez toi !? Ça fait des plombs que j'essaie de t'appeler !
- Ca va, lâche moi. J'ai plus de batterie.

Elle poursuivait son trajet, lançant sur une chaise sa veste et son sac au passage, ne prenant que le dossier.

- Ton rendez-vous t'attend depuis une heure et demi ! Putain, mais t'as complètement vrillé toi ! ... Mais attend... T'étais pas déjà habillée comme ça, hier ? Heather, qu'est-ce que t'as fait ? Me dit pas que...

Elle dégagea sèchement le bras qu'il venait de lui attraper, et après lui avoir jeter un regard noir, elle lui claqua la porte de son bureau au nez.
Yeux clos, elle plaqua son dos à la porte, comme pour en interdir l'accès à quiconque essayait de l'ouvrir. Elle poussait déjà un long soupire, comme pour extérioriser tout ce dégoût qui lui nouait le ventre et lui remontait dans la gorge. Et sa propre haleine infecte chargée d'alcool n'allait pas pour arranger la nausée dont elle souffrait. Heather était tentée de se laisser glisser le long de sa barricade de fortune, jusqu'à toucher le sol, et dormir là, telquel, comme pour se laisser mourir de honte, mais une présence, un regard insistant, lui interdit de le faire.
La jeune femme ouvrit les yeux. Dans son minuscule bureau sombre et désordonné, se trouvait, assise sur une chaise, une dame qui la fixait. Une quarantaine d'années bien consommées, dissimulées sous une couche évidente de maquillage. Un chignon élégant, d'un faux blond sans doute tiré du flacon d'un coiffeur hors de prix. Un tailleur des hautes sphères, d'un grand couturier bien sûr. Ses yeux manifestaient, outre l'agacement, un jugement évident.
Heather, bien que dans un bien piteux état, n'eut pas à chercher loin dans sa mémoire pour reconnaître sa cliente.

- Bonjour, Mademoiselle. Auriez vous eu un soucis de réveil, ce matin?
- Ouais... Ouais, on va dire ça...

La brunette fit le tour de son bureau (enfin, ce qui devait en être un, car il était noyé sous la paperasse) d'un pas trainant, avant de se laisser tomber sur son fauteuil.

- Ne perdons pas notre temps en banalité. Avez vous trouver quelque chose? Mes soupçons étaient ils fondés ? Est-ce que... Mon... Mon mari...?

Heather fixait ses mains. Et dire que depuis le matin, elle cherchait tout justement à effacer de sa mémoire le souvenir de son mari... Un petit silence plâna, alors qu'Heather chassait une fois de plus de son esprit les relans de la soirée de la veille. Puis poussant un petit soupire, elle posa le dossier devant la femme, lui laissant le soin de l'ouvrir elle-même. Elle prit la parole alors que la dame blêmissait, les yeux gonflés de larmes, suffoquant presque, en découvrant les photos à l'intérieur.

- Votre mari rencontre cette femme tout les jeudi après-midi, dans l'hôtel au coin de la rue de son lieu de travail. Ils prennent une chambre durant deux heures, puis repartent chacun de leur côté.
- Qui est-elle ?

L'aplomb dont elle faisait preuve était le témoin de sa haine montante. C'était tout ce qu'il méritait, ceci dit. Mais malgré la rage chargée de désespoir de son épouse, il était difficile pour Heather de compatir ne serait ce qu'un tant soit peu pour cette dinde des beaux quartiers. Elle insistait face au silence de la détective.

- Qui est-ce ? Ce n'est pas sa secrétaire, je l'aurai reconnu !
- Non, ce n'est pas sa secrétaire. Et j'ignore qui c'est.
- Comment ça vous l'ignorer ?! Je vous ai engagé pour ce job ! Vous deviez découvrir si mon mari avait une liaison, et avec qui ! Vous avez été grassement payé et vous avez eu un délai plus que raisonnable pour le faire !
- Votre mari vous trompe avec elle...

Elle désigna la jeune femme sur les photos.

- ... et ça ne change rien de savoir qui elle est.
- Non ! Non c'est faux ! Et c'est inacceptable ! Pourquoi ne pas avoir fait des recherches sur elle, alors que je vous avez expressément demandé de le faire !
- Elle prends un taxi quand elle sort, et se rend dans un immeuble où il y a une bonne trentaine d'appartements. Impossible de savoir quel nom et le sien, et je n'ai jamais réussi à la voir partir de chez elle, et...
- Ce n'est pas mon problème, bon sang ! Nous avions un accord, et vous ne l'avez pas respecté...

Heather se massait le front avec frénésie. Elle sentait qu'elle était à deux doigts de péter sévérement les plombs. Mieux valait pour cette cliente qu'elle ferme sa grande bouche botoxée et qu'elle file à l'anglaise avant qu'il ne soit trop tard...
... Bien entendu, ce n'est pas ce qu'elle fit.

- ... C'est une honte ! Rendez moi mon argent. Immédiatement. J'exige que vous me remboursiez !
- J'ai fais mon travail, vous avez la preuve qu'il vous trompe. Le divorce sera en votre faveur et...
- Qui parle de divorce?! Qui êtes vous pour fourrer votre nez là-dedans ?! Ca ne vous regarde pas ! Et en plus de cela, vous avez totalement baclé votre enquête ! Tout ça, ça ne vaut rien ! Ca ne prouve rien ! Quelques photos prises à l'arrachée de deux personnes dans la réception d'un hôtel ne prouve en aucun cas un adultère ! Vous êtes...

Heather leva de yeux noirs sur la femme alors qu'elle s'apprêtait à prononcer le mot "pitoyable". Son sang ne fit qu'un tour, et elle prit immédiatement un coup de chaud absolument incontrolable.

- Ca prouve tout ! Votre mari se tape cette gonzesse toutes les semaines ! C'est un salopard, un chien en rute. Il la baise deux heures durant dans votre dos, pendant que vous vous faites faire une manucure, ou que vous faites du shopping dans des boutiques de luxe ! Et on s'en fou bien de qui c'est, cette meuf là, sur les photos ! Vous savez pourquoi? Vous voulez que je vous le dise? Parce que ce gros dégeulasse ne s'arrête pas là ! Dès qu'il en a l'occasion, il saute toutes les putains de gonzesses qui sont assez naïves pour passer à porter de sa main !

La femme, scandalisée, se leva immédiatement, et après un regard haineux envers Heather, tourna les talons. Alors qu'elle vociférait vouloir parler à son patron immédiatement, souhaitant surement exiger son remboursement immédiat, Heather, qui avait basculé dans son pire côté, mit un point d'honneur à finir d'achever toutes formes de pardon dans le coeur de l'épouse.

- Madame Benoït...

Elle s'arrêta dans le pas de la porte, méprisant la détective d'un regard hautain.
Heather, d'un pas lent, s'approcha de celle-ci, un mini sourire sadique aux coins des lèvres.

- Où était votre mari hier soir, selon vous? Et surtout... Avec qui?

Elle laissa juste le temps à la femme de comprendre ses insinuations, avant de lui claquer la porte au nez, qu'elle vérouilla immédiatement. Qu'on lui foute la paix. Qu'on lui foute juste la paix...

Lorsque les hurlements et le tapage de la dinde furent terminés, la brunette se décida avec lassitude à se relever. Elle prit son sac, puis main sur la porte, elle prit une grande inspiration... Là, il allait falloir être rapide.
Puis elle ouvrit grand la porte, et d'un pas précipité, prit la direction de la sortie.
Alors qu'elle posait la main sur la poignée, on lui attrapa solidement le bras. C'eut été trop beau...
Marco, furieux, avait à son tour le masque des pires jours. La tension était palpable dans la pièce, électrique, étouffante... Craignant sans doute des dommages colatéraux, la secrétaire du cabinet préfèra se reculer dans un coin, espérant s'y faire oublier le plus possible.

- Tu te rends compte de ce que tu as encore fait, Heather ?! Tu te rends compte de la somme sur laquelle on vient de s'asseoir, une fois de plus ? T'es pas fichu de te contrôler un minimum ?! Putain, mais c'était quand même pas compliqué ! Tu suivais le mari, tu mettais un nom sur sa greluche, et on encaissait le pognon. Comment veux tu qu'on s'en sorte, hein ?! Je te signale que les contrats, ça courent pas les rues, et que la concurrence est rude ! Putain, mais c'était simple comme bonjour cette filature !
- Cette grognasse nous aurait pas payé de toute façon ! C'est une grosse rape de bourge ! J'te parie qu'elle va faire comme si de rien n'était ! Ca serait dommage de perdre la gold card de son mari hein !
- TA GUEULE ! C'est pas la question ! J'm'en fou moi d'elle ! C'est toi, toi et tes déconnades à la chaîne là, je supporte plus ! T'as merdé, merdé complet ! Tu es IRRECUPERABLE ! Putain mais qu'est-ce que t'es allé foutre à te le taper ce connard là encore ! Tu pouvais pas garder tes cuisses fermées pour une fois !

Autant avait elle de l'affection pour lui, autant il dépassait sévèrement les limites. Le visage d'Heather se figea dans une expression de profonde haîne. Les insinuations sur sa vertue n'étaient vraiment pas de son goût et elle n'entendait pas laisser passer cela. D'une voix lente, mais chargée d'aggressivité, elle l'avertie une seule et unique fois :

- Ferme là.
- Non mais je rêve, putain ! Tu te prends pour qui au juste ? Tu crois que t'en serais où, sans moi, hein ? A moitié crevée, une seringue dans le bras, avec plus d'alcool dans le sang que le bar d'un putain de night club ! Et tu survivrais comment, hein ? Tu vendrais ton cul sur un trottoir, comme une vulgaire pute ! Mais dis moi, Heather, c'est p't'être ce que tu voudrais, non ? C'est la vie à laquelle tu aspires, en vrai ? Non mais parce qu'à partir complètement en vrille comme ça, on est en droit de se le demander ! J'en ai marre de tout ça, de me faire du soucis pour toi, alors que toi tu fais n'importe quoi ! Tu sais quoi ? ...

Et ce qui suivit ne fut pas la goutte d'eau qui fit débordé le vase, non... Ce fut ce qui fit exploser le vase.

- ... Ton père doit se retourner dans sa tombe, tellement il doit avoir honte.

Souvenir:

SPLAM !
Le bruit de la giffle retentit dans toute la pièce, si fort que la secrétaire en sursautant manqua de tomber de sa chaise. La tête de Marco, emportée par la violence du geste, se figea en une expression de colère. Il n'avait pas l'air surpris... En même temps, encore aurait il fallut que ça soit la première fois pour qu'il le soit. Il se taisait instantanément. Heather le fixait, à deux doigts de lui arracher la gorge de ses dents tant elle était... Furieuse? ... Non, il n'y a pas de mot pour décrire le sentiment qu'elle avait en cet instant.

- FERME TA GRANDE GUEULE CONNARD ET NE REPARLE JAMAIS PLUS DE MON PERE !

L'homme, conscient qu'il ne tirerait plus rien d'elle à présent, la lâcha. Immédiatement, la jeune femme sortit tel une tempète du cabinet, et s'en enfuit le plus vite qu'elle le pouvait. Le sang battait de ses tempes comme s'il ambitionnait de lui sortir par les oreilles. Elle n'avait plus idées claires, elle était terrassée par un mal de crâne insoutenable. Mieux valait trouver refuge dans l'endroit pitoyable qu'elle appellait "chez elle".



Heather fixait le fond de sa douche, sans même le voir. L'eau lui dégoulinait en ruisseau sur la tête, ses cheveux pendant dans le vide. Elle était blême, pâle, malade... Mais ce n'était pas l'alcool, sa fureur, ou encore ses relents passés de la veille qui lui tortionnait le ventre... Mais bel et bien sa honte.
Etourdie par le son crystallin de l'eau qui tombait en pluie continue, son esprit flottait dans des limbes sombres d'un passé torturé.

Souvenir:

Larmes aux yeux, elle se laissait lentement glisser le long de la paroi embuée de sa douche, puis ramenait ses genoux contre sa poitrine. Elle restait assise là longuement, une éternité, les yeux dans le vague. Son coeur était lourd, chargé de tristesse et de détresse. Marco l'avait sûrement oublié, mais voilà quatorze ans, jour pour jour, que son père lui avait été enlevé. La douleur était tout bonnement insoutenable. D'ordinaire, Heather préférait s'enfermée et restée seule chez elle en ce jour, à boire, parfois même à fumer... Mais faisait tout pour n'avoir aucune intéraction avec rien ni personne, de sorte à pouvoir faire son deuil sans être aucunement dérangée. C'était un rituel qui lui revenait tout les ans... Aussi horrible était il. C'était quasiment incontrôlable. Elle ruminait la seule relation qui lui avait jamais tenu à coeur et que la vie lui avait si brutalement arraché. Les sanglots s'emplifiaient, s'accélèraient, et elle laissait se décharger tout le sentiment d'injustice qui pourrissait sans ses entrailles.
Puis elle repensait à toutes ces choses qui lui étaient arrivées, si tôt son père disparu...

Souvenir:

Le flot de ses larmes, emporté par le ruisselement de la douche, finir par s'estomper. Un sentiment de profond vide l'envahit. Une lassitude extrême. La jeune femme, après s'être frotté le visage, finit par se relever, fermer le robinet d'eau, et sortir de sa douche.
Après s'être rapidement séchée, elle enfila pour seule tenue qu'un shorty et un débardeur qui traînait par terre. Le minuscule appartement dans lequel elle vivait était composé d'une petite pièce à vivre muni d'une kitchenette où s'entassait la vaisselle sâle depuis dieu-sait-quand. Le sol était jonché de papiers, vêtements, livres et autres bazars un peu partout. On devinait même avec difficulté la présence d'une petite table d'appoint, d'une canapé et d'une table basse dans la pièce. Il y avait une chambre, guère plus grande, avec un lit toujours défait, et une armoire dont on ne comprenait pas vraiment l'utilité, vu que la majeur partie de ses vêtements et de ses chaussures (très nombreux tout deux, soit dit en passant) était éparpillée au large sans cohérence aucune. Le peu que contenait le meuble était en boule, fourré ici à l'arrache. Et bien sûr, il y avait aussi une petite salle de bain, dans laquelle on retrouvait beaucoup de maquillage et accessoires divers, dont elle se servait pour ainsi dire que pour ses filatures sur le terrain.
La brûne ouvrit son frigo, tentée d'avaler un petit quelque chose pour calmer les spasmes de son estomac. Outre le fait qu'il était despéremment vide, il était facile de cerner le genre de personne et de vie qu'avait Heather... Deux bières, un bocal de cornichons (ou plutôt de vinaigre où avait été autre fois stocké des cornichons), et une part de pizza... (... Quand avait elle mangé de la pizza pour la dernière fois, d'ailleurs..?) Sans surprise... Elle opta pour un petit déjeuner liquide. Soigner le mal par le mal, comme on dit.
Puis, la jeune femme alla se jeter sur son lit, et brancha son téléphone. Après quelques minutes, elle le ralluma... Aucun message. A nouveau cette boule au ventre. Est-elle allée trop loin, cette fois ?

Souvenir:

Heather alluma une ciguarette.
Non... Il n'y avait pas de raison... Ca serait comme d'habitude. Demain, elle irait au cabinet. En passant la porte, elle croiserait le regard de Marco. Il y aurait un long silence gênant... Puis, il lui parlerait de quelques banalités, d'un ton distant. Il lui exposerait les nouvelles affaires disponibles, de sortes à ce qu'elle fasse ses choix... Puis, passé ce cap, la complicité et la bienveillance reviendrait comme avant, proggressivement. Ils n'en parleraient jamais plus, et feraient comme si rien ne s'était passé. Comme toujours...
Elle n'avait plus qu'une chose dans sa vie de stable... Une seule, et unique. Un pilier, un repère... Comme, peut-être, un frère ? Son phare au beau milieu de la tempète déchainée... Et c'était Marco.