Mh...
Il hésita un instant puis fini par se dire que non. Non, elle portait des chaussures Vans, et franchement, il trouvait ça moche. Allez zou ! Une autre !
Ah, tiens celle-là elle faisait mimi. De grands yeux expressifs, blonde comme le soleil sur le miel, et pâle comme un flocon de neige. Voilà qui était rafraîchissant sous ce cagnard ! En plus elle avait de ces... POUMONS !!
C'est important nan ? Pour vivre. Ouaip les poumons c'était la vie ouaip.
Fallait dire qu'en même temps l'angle faisait tout.
Mh que faire...
Visiblement une nana juste en vacances dans le coin. Il pourrait peut-être lui faire le coup du guide sympa, et finir par le fameux coup du 'You can't go back without a French Kiss.'
Ouaip ça lui plaisait bien ouaip, comme angle d'attaque.

Se fourrant une paluche dans le calebard pour se gratter nonchalamment le derrièren il posa son portable de l'autre pour chercher à tâtons le paquet de Beef Jerky.
Et là il se rendit compte avec horreur... Qu'il était vide.

Oh fuck no ! Oh ma god no way !

Nathan se redressa avec une boule au ventre. Hier soir il avait fini son dernier sachet de bœuf séché sans même une pensée pour son lui du futur qui aurait la flemme d'en branler une aujourd'hui ! D'avoir une activité relou comme... Aller faire les courses !
Rien que d'y penser il savait il avait envie de se laisser crever de faim ici.

...
Bon, non quand même pas.
Pfff ! Sans grande conviction le policier jeta les jambes en dehors de son lit et se frotta la tête en se demandant ce qui pouvait bien rester de comestible dans la baraque. Traînant ses pieds jusqu'au frigo il l'ouvrit sans rien en attendre... Et fut tout de même déçu.
Qui était le con qui avait posé un sachet de nouilles chinoises dans le frigo?!! Les steaks, échalotes, poivrons et sauces barbecues avaient disparues, tout comme les merguez, la salade, les tomates et le grand saladier de ponch !
Wow, avec l'équipe il avait encore fait de la magie hier soir...

Au moins, il n'avait pas reçu comme la dernière fois ce curieux message sur Whatsapp 'écoute, flippe pas, mais je suis dans ton placard'.
Qu'est-ce qu'ils étaient cons les gars quand même !

Un petit sourire éclaire quelque peu son visage fatigué.
pfffffff fais chier tiens !

Sam vint tourner autour de ses mollets.
Il lui jetait un drôle de regard, comme pour dire 'j'te jure même moi je trouve c'est abusé!'

-" Hé bonjours toi mon toutou !"

Le flic se pencha en avant et prit la tête de son ami à deux mains avant de lui caresser la tête, les oreilles et lui poser un bisou sur le museau.

-" On n'a plus de miam mon gros. Rien a becqueter. T'y crois ça ? "

Sam lança des aboiements courroucés.

-" On ne peut pas bouffer des nouilles dès le matin nan ? C'est nul ! En plus il faut des oeufs avec et des saucisses.... Tu sais ce que ça veut dire ça ? Qu'il va falloir s... "

Il avait failli lâcher le mot maudit. Il plaqua une main sur sa bouche au dernier moment... Mais il en avait déjà trop dit.



Le chien lui sauta dessus cherchant de ses pattes à s'appuyer contre lui ! Il se mit à courir partout comme un fou et le policier su qu'il n'aurait plus la paix à présent...
Bon, au moins ça avait le bon point de lui botter le cul pour sortir en courses.

L'américain ouvrit son ordinateur pour lancer une musique sur itunes.


Voilà qui était mieux.
Il envoya valser son caleçon. Oups, sur la gazinière.
Nathan attrapa un débardeur à capuche, et enfila un short beige de la marque 5.11 qu'il affectionnait tant.
(débardeur look)
(short look)

Puis il passa ses fidèles mitaines en cuir noir, en aillant un regard sombre pour ces mains affreuses.
Thyne, je te retrouverais you motha fuck ! 'Before I'll Die Alone I'll Have Ma Vengeance.' Pas vrai ?
Enfin, il chaussa des Salomons (pompes look) et se coiffa d'une casquette Oackley beige.

Il s'en séparait assez peu, vu qu'elle avait connu l'Afghanistan avec lui. Il avait maintenant tendance à la considérer comme un genre de grigri.
Et il trouvait qu'en plus ça lui donnait un style ravageur et branché.
Après avoir soigneusement inspecté brossé sa barbe, et y avoir appliqué de l'huile nourrissante, le flic se sentit prêt à lever le camp.
Et il était temps. Sam s'impatientait et grattait à la porte comme si sa vie en dépendait !

-" Oh ! Tu te calmes grand couillon sinon on reste ici ! "

Il espéra que son bluff prendrait. Il retourna s’asseoir sur son lit en croisant les bras.
Mauvaise pioche, le chien fondit sur lui et dans un saut se retrouva à côté lui collant sa truffe froide dans l'aisselle !

-" WHAT A BI...!!!"

Ah, il voulait se battre ?!
Il allait voir ce qu'il allait voir le clebs ! Nathan lui tomba dessus et roula sur le lit avec le chien comme dans une confrontation enragée !
Sam donnait des coups de langues et de pattes, tentant de se libérer ! L'américain gagna la confrontation et se leva, soulevant le chien et le gardant contre son torse. Lui, lui jetait un regard surpris de se trouver là.

- " Voilà pour toi ! Tu m'embêtes, tu ne cours pas dehors ! AHA ! Tu ne t'attendais pas à ça pas vrai mon pote ?"

Avant de sortir il prit son flingue de service et l'accrocha à sa ceinture, au-dessus de sa fesse gauche.
Il songea aussi à prendre sa plaque de policier, histoire qu'on ne l'emmerde pas pour port d'arme, en cas de contrôle.

Vraiment se lever comme ça de bon matin pour aller faire les courses, voilà qui ne le mettait de fort méchant humeur !
Même pas un café, un Redbull, un Jack Da' pour rendre le tout un peu plus cool. Rien putain.

Bon aller ! Il claqua la porte derrière lui, s'assura de la fermer à double tour et lâcha son chien que se mit à son rythme.
Pour cette fois ci le policier n'avait pas prit sa musique, ça devrait aller vite. Et puis son popod demeurait introuvable.

Tant mieux ceci dit, ça lui permettrait de profiter au mieux de l'air de la ville au petit matin.
Putain c'était bon quand même un petit congé de temps en temps. Le temps était clair aujourd'hui encore, et à en juger du ciel pur, aucun nuage ne viendrait rafraîchir la fournaise de la journée qui s'annonçait.

Autant dire que pour le coup, Nathan prévoyait ni plus ni moins qu'un bon Subway avec tous les légumes, de la dinde et du bacon, pas de fromage et huile d'olive ! Avec ça il s'achèterait de nouveaux sachets de bœuf séché, une vingtaine d’œufs, des tranches de pain de mie, du thon, de la mayo, de la salade iceberg, des tomates, et il aurait de quoi se faire de bons sandwichs !
Rien de trop chiant à préparer pour un week-end pépouze à rien fiche à par son sport ! Ouaip, ça c'était un programme qui lui plaisait ça...

Les mains dans les poches et dans ses pensées, il avait tout juste assez de conscience pour vérifier que Sam restait bien toujours à moins de 5 yards de lui. Oui, il était en train d'aller pisser contre une voiture, tout se passait bien.

Et alors cette nana là, la blonde. Il pourrait la dater non ?
Nathan rouvrit son portable et ouvrit l'application. Derrière lui des portières claquèrent.
Nathan se dit qu'il allait se prendre un selfie à son avantage.
Il leva son appareil en mode photo et s'inspecta. Mais plus que son image c'est plutôt le trio derrière lui qui retint son attention.

Ils avaient tous un vêtement rouge sur eux et un air patibulaire. Pas bon.
Autant Nathan était sûr de pouvoir se faire deux ou trois gugus autant... Autant là y'en avait un qui avait une batte de baseball l'autre un couteau et l'autre... Putain mais il se baladait avec un putain de UZI dans les mains !!
Bordel de merde.

Ils le suivaient.

- " Hep ! Hé toi le go muscu' là ! "

Nathan se retourna faisant mine de ne rien comprendre.

- " Hu ? Ya talkin' to me bro ? What' up ? "

Si les deux hommes de mains parurent décontenancés par son américain, celui avec une lourde chaîne en or autour du cou prit le pli aisément.
Zut...

- " Shut up you bitch ! Your dog just pee on my car ! So you'll have to pay ! "

Ah, c'était donc ça.
Saisir la moindre excuse pour lui extorquer quelque chose.
Franchement il n'était pas d'humeur...
Et puis... Thyne était des Red Skulls aussi. Peut-être qu'ils le connaissaient et qu'ils pourrait lui dire ce qu'ils savaient.
Où il pouvait le trouver?

Les deux armés se refermaient sur lui, menaçants. Ils savaient qu'en tant que membres d'un gang violent, ils étaient globalement crains de la population lambda.
... Mais lui n'était pas un lambda.

-" You can kiss ma ass... "

Nathan dégaina son  Taurus PT99 et pressa la détente. L'arme cracha ! Le poignet du mec tenant le couteau explosa ! Une gerbe de sang jailli et l'homme tomba à genoux se tenant la main en râlant. Celui  la batte réagit ! Il fonça en avant armant un coup !
Le policier se baissa ! L'air vibra au-dessus de sa tête. Il saisit le bras de l'autre et frappa de son coude de haut en bas sur le coude de son adversaire ! L'articulation cassa. Mais dans le sens inverse qu'il ne devrait ! Nathan profita que l'autre tomba à genoux pour poser son pied sur sa joue et envoya un coup, envoyant l'autre bouler loin de son arme.
Sam aboyait et sauta au bras de celui au UZI ! Des coups partirent dans le ciel.

Le flic aurait pu s'en tirer parfaitement, si dans sa vision périphérique il vit soudain sortir d'autres mafieux des voitures alentours !!
Et merde ! Le mec à la chaîne devait être un gradé ! Avec toute une ribambelle d'hommes à ses ordres !
Putain de... !!

-" Butez le ! Celui qui m'fume se bâtard gagne une prime ! BUTEZ LE CE FILS DE PUTE !!"

Nathan partit en courant dans la rue en appelant Sam !
C'était un coureur chevronné et il avait bon espoir de leur mettre profond à la course à pieds !
Des tirs claquèrent non loin de sa tête !

Le chien courrait entre le mur et son maître, comme à l’entraînement. Il ne semblait pas blessé, aussi Nathan était rassuré.
Il courrait comme un dératé, poursuivit de cris, de bruits de pas, et de balles fusants en tous sens !
Il sauta sur une benne à ordures et passa par-dessus une palissade en bois, et s'assura que son ami puisse passer d'un bond ! Puis il repartit en sprintant l'adrénaline lui donnant des ailes ! A mi-chemin il se retourna et tira quelques coups dans le bois pour décourager ses poursuivants ! Mais ils n'abandonnaient pas la course.

Le policier s'engouffra à la suite d'une femme dans un hall d'immeuble. Il referma la porte verrouillée d'un digicode derrière eux. Mais cela n'arrêta pas les autres. Ils tirèrent dans la fenêtre pour la détruire, et tenter d'ouvrir la porte. Lui baissa la tête de la pauvre femme et repartit dans le couloir. Il grimpa les escaliers quatre à quatre, Sam toujours à son niveau !
Derrière lui il les entendaient le poursuivre, n'en aillant que faire de la civile sur leur passage.

Il cavala dans le couloir du premier étage, et se retrouva vite face à la fin, une simple fenêtre lui faisant face.
Et merde et merde et MERDE !!

Il fit feu à trois reprises de son arme sur la fenêtre pour la briser et sauta par l'encadrement béant ! Derrière lui les vociférations s'éloignaient.
Avec tout son élan il passa au-dessus de la ruelle et traversa une autre fenêtre la brisant de son épaule et se coupant aux joues, au front, aux bras !
Heureusement il n'avait brisé qu'une vitre, l'autre étant ouverte elle n'avait que frappé fort contre le mur.

Nathan fit une roulade et observa où il se trouvait.
L'endroit était sombre, en bordel. Il y avait du linge de femme ici. Et une baraque aussi bien en bordel que sa propre vie.

En grognant, le flic prit un des rideaux qui avait été arraché du mur.
Il s'en servit pour emmailloter ses avants bras. Les blessures étaient superficielles, il avait eu beaucoup de chance.

Cherchant autour de lui pour une bouteille d'alcool, il trouva un Bacardi sur le buffet d'une cuisine à l'américaine.
Il déboucha l'alcool et en imbiba ses bandages improvisés. Puis bu au goulot sans aucune gêne.

Il lança à la cantonade.

-" Yo si y'a quelqu'un, j'te dois une 'teille de sky. T'inquiète, ça va bien se passer ! "

Sam aboya pour appuyer son affirmation.

Dehors les autres cherchaient à trouver où il était tombé. Ils n'arrivaient pas à le localiser avec précision.

-" Calm down Sam. it s okay now. "

Mais il se trompait sur toute la ligne...

Les quelques rayons de soleil filtrant à travers les rideaux et les bruits environnants à l'extérieur, dans la rue, irritaient au plus haut point les sens de l'endormie. Grognant sans même ouvrir les yeux, elle s'agita, se tournant dans l'autre sens, et attrapant un oreiller à l'aveugle, se le colla sur le visage, de sorte à estomper et le tumulte et la clarté bien trop agressive à son goût dans son état actuel. Un mal de crâne de tout les diables lui enserrait la tête, et bien qu'elle ait passé la majeure partie de la journée de la veille - ainsi que de sa nuit - à vomir ce qui ressemblait à la totalité de ses entrailles, des crampes persistaient, à intervalle régulier, à venir troubler son repos.
Quelle connerie d'avoir autant bu... Bon ce n'était pas la seule connerie qui avait été faite dans un lapse de temps étonnamment court, mais sans cette fichue boisson, il était certain qu'elle se serait trouvée bien plus raisonnable. Elle payait amèrement la note salée d'un enchaînement d'erreurs innommables, et dont elle préférait oublié qu'elles eurent un jour eu lieu. Mais elle pouvait s'estimer heureuse : les conséquences de celles-ci eut pu être bien plus dramatiques que cela.

La veille, Heather s'était couchée pêle-mêle sur son lit. La bière qu'elle avait entamé avant de s'assoupir avait glissé de sa main, renversant une bonne partie de son contenu sur le plancher, qu'on devinait déjà bien sale, là où les déchets et autres bazars permettaient d'en voir la couleur. La brune avait gardé une bonne partie de la nuit son téléphone à la main, nourrissant l'espoir un peu fou d'avoir quelques nouvelles de son associé, les heures passant. Espoir détrompé, évidemment... Marco devait être à l'heure actuel aussi bien fou de rage que mort d'inquiétude. Il ne méritait aucunement ce qu'elle lui faisait subir C'était un bon gars, ce Marco.
A son premier réveil, tard dans l'après-midi, et après un orchestre de vomissements aussi pénibles que douloureux, elle avait reposé son cellulaire sur la table de chevet encombrée, résignée à devoir recommencer le même patacaisse qu'à l'accoutumée pour retrouver une relation complice et solide avec l'homme en question.

Les heures s'étaient enchaînées... Les levés hâtifs et maladifs aussi. Par deux fois, Heather avait du se traîner dans sa douche, prise de sueurs insupportables. Encore une joie de cette merveille qu'est l'alcool, n'est-ce pas ! Faiblarde et terrassée d'un puissant mal de tête, elle s'était recouchée tel quel, sans prendre un tant soit peu la peine de sécher sa longue chevelure brune. De ce fait, ils se trouvaient sauvageons, ondulés, emmêlés et encore humides au petit matin.
Le peu de sommeil dont elle avait jouit était hanté de fantômes, de monstres et de douleurs. Des larmes lui avaient coulé sur les joues, même endormie, entraînant avec elles le peu de maquillage qui lui restait pour laisser place à des traînées noires jusqu'à dans son cou.
Spectacle affligeant... En plus, avec l'alcool, elle émettait des ronflements sonores et désagréables. Heureusement, une fois encore, qu'il n'y avait aucun témoin de la scène...

Alors oui, fatalement, la cacophonie extérieure et la lumière timide du jour lui étaient tout bonnement détestables. Et tout à la fois, elle n'avait ni la force ni le courage d'aller à sa fenêtre pour hurler aux demeurés qui brayaient à l'extérieur de bien vouloir fermer leur put*in de gueule, ni même de refermer correctement, ou encore de tirer le rideau de sorte à être plus totalement plongée dans le noir.
Fallait dire que, hé, la fenêtre était super loin... Elle était dans la pièce d'à côté !

Au vu de cet état moribond, vous comprendrez que de la fusillade, Heather n'eut qu'un vague écho, qu'elle ignora totalement. Déjà, il fallait bien comprendre que dans ce quartier malfamé, il était monnaie courante d'entendre des bruits de feu, des hurlements de terreurs, des courses poursuites endiablées ou encore des tonnerres de sons provenant de lutte en tout genre. Et la jeune femme, même s'il s'était avéré qu'elle était pleinement consciente, n'aurait pas lever le petit doigt pour prêter main forte à la victime - pas plus qu'à ses agresseurs soit dit en passant -. Parce que, d'une part, elle doutait être d'une quelconque aide. D'autre part parce que... Bah chacun ses problèmes, hein, merde !
Dans tout les cas, la scène n'avait pas dû se produire directement sous sa fenêtre, car son cerveau préféra complètement occulter cet avertissement de potentiel danger imminent. A la place, il préféra l'intégrer dans un nouveau rêve horrifique, dont il avait le secret. Tourmentée, Heather grimaçait dans son sommeil... Mais au moins dormait elle...

Enfin, jusque là...
Car bien qu'elle fut dans le mal, avec une gueule de bois des lendemains des plus grandes cuites, endormie, et la tête enserrée de son oreiller, difficile d'ignorer le vacarme qui suivit, et qui surgit à l'intérieur même de son appartement.
La jeune femme sursauta, tirée brutalement de son sommeil par un bruit assourdissant de verre briser, de corps lourd tombant sur le plancher et de claquement contre les murs. Hébétée, le cœur tambourinant contre sa poitrine, elle s'était redressée dans un réflexe défensif en une position assise, dans son lit. Elle observait sa chambre plongée dans la pénombre... Et n'y trouvait rien d'anormal : le désordre honteux qu'elle y accumulait depuis toujours était toujours bien à sa place, et aucun intru n'y était à signaler.
Bon... Son esprit lui avait il jouer un vilain tour ? Avec t'elle confondu la fiction de sa tête avec la réalité de sa vie ? Semblerait il...
Elle se serait presque recouchée aussitôt, si un grognement d'homme, dans le salon, ne s'était pas fait entendre.
Inutile de vous dire que ce fut comme si Heather avait instantanément désaoulé. Son cœur faisait des bonds, à lui briser la cage thoracique, et sa vue se rétrécissait sous l'effet de la peur et de l'adrénaline qui lui était injecté d'un seul coup dans chaque parti de son organisme.
Il y avait bel et bien un intru chez elle. Un homme... Et il n'avait pas l'air de grandement se soucier de la propriétaire des lieux.

Tout doucement, Heather se laissa glisser sur le côté de son lit.
'Garde ton calme, ma fille... Ce n'est pas le moment de flancher...'
S'accroupissant le plus doucement qu'elle était capable, elle tâtonna sous sa paillasse pour y saisir sa petite batte de baseball.
'Tu vas t'en sortir... Tu dois t'en sortir !'
Les bruits à côté ne semblaient pas menaçant. On ne la cherchait pas, on ne s'approchait même pas de la porte de sa chambre. Soit l'intru n'avait absolument pas conscience de la potentielle existence de quelqu'un de vivant en ces lieux - ce qui n'était pas un scénario totalement improbable, quand on voyait l'état désastreux de l'appartement -, soit il s'agissait d'un cambrioleur, qui cherchait tranquillement son futur butin dans les placards. Le bruit de verre et de tissu déchiré lui laisser suggérer qu'il s'agissait bel et bien de la deuxième hypothèse.

Il ne lui traversa pas même l'esprit de s'habiller un tant soit peu pour faire face à son agresseur. Elle était tel qu'elle s'était habillée la veille, à la sortie de sa douche : un shorty / sous-vêtement noir à dentelle et un simple débardeur kaki trop court qui laissait voir une bande de sa peau blanche en dessous - et sans doute jusqu'à son nombril si d'aventure elle levait les bras -, au décolleté tout aussi simple au droit. Léger, direz vous ? Vous vouliez qu'elle l'accueille dans quelle tenue, le cambrioleur au juste, à cette heure ? En tenue de soirée ? Mais bien sûr, et pourquoi pas lui préparer un dîner aux chandelles aussi ?
Note, d'ailleurs : Heather n'était pas vraiment pudique. Mais vous l'aurez compris, là n'était même pas la question.

A pas de loup, la brune marcha prudemment jusqu'à la porte entrouverte de sa chambre. Sa poigne était solidement agrippée à son arme de fortune. Elle glissa un œil sur ce qu'elle pouvait deviner du salon, pour y découvrir la moitié d'un homme imposant et qu'on n'avait pas besoin de deviner baraqué, dos à elle, qui semblait s'afférer sur quelque chose qu'elle ne pouvait voir.
Stupeur...
'Eh merde... Là c'est sur que s'il s'en prend à toi, t'as aucune chance... Il doit faire trois tête de plus que toi, et le double de ton poids... AU MOINS !
Pas de confrontation physique possible...

-" Yo si y'a quelqu'un, j'te dois une 'teille de sky. T'inquiète, ça va bien se passer ! "

Putain, il était sûr de lui en plus ce connard ! Il ne prenait même pas la peine de jeter un regard dans la direction de sa chambre. Il affirmait ça, tranquillou, sans craindre un instant celui ou celle qui pourrait lui tomber dessus.
' En plus, il se siffle ma bouteille, ce gros con ! Quel culot !'
Heather respirait péniblement, tentant à la fois d'être discrète, mais aussi de ne pas perdre connaissance sous l'effet de la peur. Il fallait qu'elle fasse quelque chose... Qu'elle se protège, et qu'elle jarte des lieux cet individu sans gêne qui représentait une bien trop grande menace pour sa vie...
Elle rassembla tout son courage, resserrant un peu plus sa poigne sur la batte, et observa par le mince interstice que lui offrait la porte pour agir au moment qui lui offrirait le plus de chance de réussite...

Et elle le trouva dans les quelques secondes qui suivirent. L'homme, s'avalant une nouvelle rasade de SON sky, s'approcha de la fenêtre qu'il venait à l'évidence de briser de toute son imposante masse, et observa l'extérieur dans une posture qui se voulait, sans nul doute, discrète.
C'était le moment d'agir ! Ouvrant la porte à grande volée, Heather se rua sur l'homme en brandissant son arme au dessus de sa tête. Un cri qui se voulait terrible résonna dans la petite pièce encombrée.

- Yaaaargh !!!

Après un saut lui permettant d'atteindre sa cible, la balle de baseball s'abattit furieusement sur la tête de l'indésirable. Le bois craqua... L'homme chancela, tombant d'un genoux à terre. La bouteille de sky se brisa à son tour contre le sol.
Heather n'eut pas le temps d'être fière d'elle ou de se sentir soulagée... Car l'intru, à l'évidence,, devait être certes sonné, mais n'avait aucunement perdu connaissance. Il grognait, mécontent - tu m'ETONNES ! -, et sa respiration était forte et pas bien commode.
La jeune femme avait envisagé de lui coller un nouveau grand coup en pleine poire, mais lorsqu'elle regarda sa batte, elle eut la déplaisante surprise de constater que celle-ci s'était toute fendue, et ne semblait plus solide pour un sous.
Serrant les dents, apeurée, Heather fit deux pas en arrière, prête à s'enfuir au premier signe d'hostilité ou de riposte de l'homme.

Avec un aplomb qu'il ne pensait jamais lui avoir apprit, Sam avait sauté à sa suite entre deux bâtiments.
Lui s'était tout de même bien mieux réceptionné, et reniflait partout où sa truffe trouvait de nouvelles odeurs. Il ressortit la tête d'une pile de vêtement et Nathan le vit coiffé d'un string.

-" Ah ah ah mon grand si t'avais vu ta gueule ! "

Sam aboya.
Dehors aussi ça vociférait à sa recherche. Il n'en aurait que pour quelques minutes avant qu'ils fassent le lien avec la fenêtre brisée. Le Taurus en main, le flic passa un œil prudent à l'extérieur, sentant le picoti de l'alcool sur ses coupures agréablement lui mordiller les nerfs.
Tant que t'as mal, c'est que t'es en vie, pas vrai ? C'est ce que les instructeurs lui répétaient sans cesse.

- " Where is this fucking son of a bitch ?! "
- " Gros balourd sort ta sale gueule ! "

Sam aboya encore.

- " Hé ho, arrête de leurs répondre ! Si tu les provoques, ils... "
- Yaaaargh !!!

Yargh ?



Un choc.
Une douleur crânienne soudaine.
Par réflexe Nathan balaya l'espace autour de lui de sa grosse patte, cherchant à attraper la pétasse qui lui avait smashé le crane mais déjà l'autre avait reculé hors d'atteinte.

Il ressentit une puissante envie de trouver la personne et de lui coller une bastos dans chaque genou, histoire de lui apprendre la vie !
Mais à la violence pure succéda vite les automatismes de l’entraînement.

Sam aboyait vers une jeune femme se tenant dans l'encadrement d'une porte, en retrait.
'Fin une jeune femme... Une épouvantail tombée du lit, les cheveux pas biens essorés, dans tous les sens, le regard hésitant entre la colère et la peur, l'air mi revêche mi endormi mi terrifié.
Une épouvantail toute fine tout juste vêtue du minimum syndical pour que la décence ne se satisfasse de la situation.
Tout juste.

- " Il doit fait du parkour bande de cons ! Montez sur le toit de l'autre immeuble là !! TROUVEZ LE MOI ! "

D'une paluche Nathan tira le rideau à moitié décroché du mur espérant masquer la fenêtre.
Manque de bol, l'autre fixation céda à sa pression et s'effondra. ...Merde.
Sam s'époumonant toujours le policier l'attrapa et lui gratta la tête de sa main libre, l'autre toujours refermée sur son arme à feu.

- " Hey Bellatrix you f'kin" moron ?! Told you will be okay gad damnit ! "
Lorsqu'il s'emportait sa langue natale revenait toujours au galop.

Dans un tout autre contexte, lui ne se serait pas gêné pour mater tout son saoul un corps féminin offert à la contemplation de ses mirettes, mais le coup sur la tête lui en avait passé le goût.

- " Je reste juste deux secondes, le temps que... Quelques copains perdent ma trace, ensuite je te laisse... Pioncer. Ou tomber dans le coma, je ne sais pas bien où tu en étais. Tiens, viens là. Assied toi en face de moi. Non, non, reste dans cette tenue tiens. J'aime bien. "

Il s'assura qu'elle ai bien vu qu'il était armé d'un flingue, des fois qu'elle ai besoin d'au moins une bonne raison de considérer sérieusement ce qu'il racontait.

Ramassant sa casquette qui était tombée pendant le coup, Nathan se laissa tomber sur un divan très encombré ce qui amortit considérablement ses cent kilos.
L'endroit était assez typique des résidences de la South Zone. A bien des égards assez proche même de sa propre piaule. D'ordinaire il ne serait pas montré si corrosif, mais bon, chacun ses problèmes. Elle lui en mettait plein la gueule, il n'allait pas la laisser s'en tirer à si bon compte.
Prenant le partie de ne pas encore sortir sa plaque des fois qu'il aurait besoin d'un argument percutant surprenant, le flic se vissa le chef visière en arrière. En intérieur, pas besoin de rabattre de l'ombre sur les yeux. Et puis fallait bien rester stylé en tout temps en tout lieu.
Redressant ses lunettes de soleil sur son front il réfléchi à signaler sa situation à ses collègues.
Le problème c'est que les connaissant, ils descendraient dans le quartier sur équipés d'armes de guerre prêts à tout détruire pour le sortir de là.
Or le coin était une véritable poudrière et les flics pas bien accueillis. Un enveniment provoquerait de nombreux dégâts irréversibles, coûteux et qui ne manqueraient pas de faire des victimes innocentes.
Autant qu'il se planque, attente que sa se tasse, et gagne un coin sécurisé plus tard.

Tirant son portable de la poche de son short il constata avec renfrognement qu'il avait une rayure qui divisait l'écran en deux et qui n'était pas là ce matin. 'Fait chier tiens.

Aussi serein que s'il était chez lui, le policier se connecta sur un site de livraison de nourriture.
Puis il éleva la voix mais sans lever les yeux de son T9.

- " Voilà ce qu'il va se passer pin up gurl. Suis en train de commander un mac do. Aze je t'avance un menu après tout j'ai bousillé ta fenêtre. D'ici à ce que ça arrive, un connard risque fort de venir cogner à ta porte et demander si tu m'as pas vu. Du coup, toi, tout naturellement, tu vas répondre...? "

Il espérait qu'elle ne serait pas farouche et ne joue pas avec sa patience.
Sam oscillait entre la curiosité de la nouvelle, et le retrait défensif. Elle avait frappé son humain après tout. Aussi il se tenait assit les sens en éveil contre le tibia du flic.

Celui-ci sélectionna sur le site un un Mac Deluxe avec de la salade et se permit de rajouter une boite de vingt nuggets. De plus il ajouta un mac flurry kit kat ball sans nappage et tendit son portable à l'autre.

- " Tiens fait ton choix... "

Il se passa une pogne dans la barbe, songeur.
Toute seule sa main s'était glissée sur le rond du Karambit sous sa ceinture. Si la nana ne se montrait pas coopérative il serait obligé de neutraliser celui qui viendrait poser des questions ici. Et en silence.
Autant l'avoir déjà en main ?

Nathan tira la lame courbée aux airs de griffe, un doigt dans le rond au bout du manche se mit à faire des ronds pensifs, lame vers le bas.
Il ne savait pas dans quel timing on viendrait toquer. Il ne pouvait faire qu'attendre. Et espérer que la miss n'était pas une rebelle au caractère bien trempé.
Mauvaise pioche...

Il lui semblait que son coeur cherchait à s'enfuir de sa poitrine, tant il cognait fort et rapidement. La vision déjà chancelante, et tremblante de peur des pieds à la tête, elle avait opté pour un bond en arrière qui lui avait très probablement sauvé la vie - si,si, à son sens tout du moins ! -. Une grosse paluche, semblable à une patte meurtrière d'ours, balaya en arrière en cherchant à se saisir d'elle. Pas besoin d'être Einstein pour comprendre que, d'une main, il n'aurait eu aucun mal à la maîtriser et lui occasionner des dégâts, celui-là. Mais aucun soulagement à la perceptive de son esquive ne se fit ressentir chez Heather. Pire encore, sa panique n'allait aller qu'en croissant. Car à l'instant même où elle comprenait que l'intru était bien loin d'être mi KO, et que son arme défensive n'était désormais pas plus efficace qu'un bout de bâton qui ne tarderait pas à se changer en cure-dent, elle entendit un massif et terrifiant abboiement sur sa droite qui manqua de la faire sérieusement perdre connaissance. Bon dieu, en plus il avait un clebs ! UN CLEBS ! Genre, pourquoi faire? Est-ce que Jason Momoa se ballade avec des putains de chiens?! Bah non hein ! Il en a pas besoin ! Vu qu'avec une pichnette il t'explose la cervelle !
Mais ce n'était pas tout... Car si tôt s'était elle figée, les yeux équarquillés sur le molosse qui la menaçait verbalement d'une vendetta, que du coin de l'oeil, elle voyait l'homme se redresser péniblement - et pas bien content -. Et quel objet tenait il dans la main, que les petits yeux experts de la détective ne manquèrent pas  de remarquer ? ... Un peu tardivement, nous en conviendrons ...
" Eh ben là... Je suis dans une belle merde... "
La jeune femme eut beau, en cet instant, essayer de rassembler le peu de bon sens que sa terreur pouvait bien lui laisser, elle ne voyait aucune bonne issue pour sa petite personne. Un face à face avec l'individu, pour des raisons plus qu'évidentes, n'était absolument pas envisageable. Courir à la porte pour s'enfuir n'était pas non plus une option possible, étant donné que le chien se trouvait entre elle et la sortie, et que son sourire plein de dents assérées ne semblait pas l'invité aux caresses. Se réfugier dans la chambre, pourquoi faire? Il n'y avait aucun verrou - là encore : pourquoi faire..? - et au moindre mouvement, l'autre connard n'aurait qu'à presser sur la détente de son joujou à la con pour l'immobiliser ad vitam æternam.
Ce salopard, il cumulait... C'est pas très très gentil, ni très très fairplay ça, mon bon Monsieur !
Enfin dans la tête de Heather, c'était plutôt un truc du genre :
" Quel sale enfoiré d'ordure ! "
Le monstre posa sur elle un regard furieux, et la dévisagea de bas en haut. Non, n'imaginez pas qu'une quelconque gêne passa par la tête de la brune. Elle ne réalisait rien ni de sa tenue, ni de sa coiffure, ni de sa gueule de zombi fraichement déterré de sa tombe. Non, elle se figurait qu'il la jaugeait, et en arrivait à la même conclusion qu'elle : baisée.

HJ:

Son cerveau, tant en proie à la peur et l'adrénaline, fit totalement abstraction de ce qu'on entendait en dehors de cet appartement. Cela ne ressemblait, pour elle, qu'à du brouhaha dont elle ne distinguait rien. Elle manqua de ce fait une information cruciale : il était recherché... Mais oh eh bon ! Vous seriez au top dans cette situation, vous peut être?
Mais à la peur, se succéda bientôt l'incompréhension... Puis l'irritation... (Et même si elle ne le savait pas encore, ce serait bientôt la colère qui reprendrait ses droits).
Parce que, non content d'être de s'être introduit en grand fracas et sans permission aucune dans son logement, d'avoir bousillé sa fenêtre, d'AVOIR BU SON SKY, et d'être un gros tricheur d'ours armé et accompagné de Cerbère lui même, ce salopard avait le culot... de l'ignorer?! Elle venait de lui fracasser de toutes ses forces une batte sur la tête, et ce connard là lui avait juste jeter un regard avant de retourner faire sa commère à la fenêtre ?! C'était même plus de l'irrespect ou de l'ignorance à ce stade, frère, là c'était du foutage de gueule interplanétaire !
Heather fixa son dos, les yeux écarquillés, et pour peu elle en aurait fait un signe au chien en mode "Non mais... Sérieux?!". Mais bon, celui-ci continuait de se montrer agressif, et la jeune femme oscillait entre dégommer l'autre con pour son impolitesse, et montrer patte blanche à son familier infernal.
Et, enfin, une grosse voix sortie de la bouche de l'homme - qui ne lui accordait malgré tout toujours pas d'intérêt-. Heather sursauta, puis fit une grimace très particulière, et facile à traduire par l'injonction suivante :
" Heiiin ?!"
C'était quelle langue ça? De l'anglais...? Ca y ressemblait vaguement, mais avec un accent dont ne sait où, et des mots qui semblaient complètement mâchés et massacrés... Déjà qu'Heather n'était pas une flèche en langues étrangères (notamment parce qu'elle avait quitté le cursus scolaire de façon prématurée), là, ce n'était ni plus ni moins que du charabia à ses oreilles... Ce qui n'avait rien de rassurant. Aussi, la jeune femme demeura immobile, fixant l'homme qui, pour sa part, se laissait tranquillement tomber sur son canapé dégoulinant d'affaires de tout type. Il reprit la parole, et cette fois, ce fut compréhensible. Il parlait français, et son explication visant à dire qu'il se tirerait bientôt avait un petit quelque chose de réconfortant. Même si c'était en total adéquation avec le fait qu'il prenne ses aises... Et qu'il soit armé jusqu'aux dents. Sans parler de son clébard qui avait bien du mal à la boucler...
Se sachant impuissante face à lui, elle obéit sagement dans un premier temps, s'approchant à pas lents et méfiants vers la table basse qui faisait face à son ravisseur. Mais en l'entendant  parler de sa tenue, elle se stoppa net, affichant dans un premier temps une mine d'incompréhension. Puis, lui vint à l'idée de baisser les yeux sur son propre corps pour réaliser que...
AH ! Bon ben euh voilà hein ! Bon, n'allez pas croire, comme dit plus tôt, Heather n'était pas spécialement pudique et n'avait honte ni de son corps, ni de se montrer à moitié nue devant quelqu'un. Mais bon, tout de même ! Elle préférait que ce soit SON choix de s'exhiber ainsi, et certainement pas devant un connard tel que celui-ci. (Bon, on passera l'épisode de la veille hein, inutile de ressacer le passé) Levant les yeux, elle jeta sur lui un regard de mépris et de dégoût, un peu comme le "Gros dégueulasse !" qu'elle aurait tant aimé lui cracher à la gueule. Mais en cet instant, la jeune femme se montrait encore un tant soit peu raisonnable, et elle reprit son avancement lent jusqu'à s'asseoir sur la table basse, face à lui. Elle gardait le silence, comme un bon toutou obéissant (c'est à dire pas dû tout comme le copain à quatre pattes qui s'en donnait à cœur joie dans son salon !!).
Attentive et suspicieuse, Heather semblait bien moins effrayée. Peut être était ce l'attitude hautaine de l'homme, ou son manque d'option, ou peut être encore un taux d'alcoolémie toujours présent dans ses veines... Mais la brune se sentait, à cet instant précis, davantage froissée que terrifiée. Et puis, s'il avait voulu s'en prendre à elle, ne l'aurait il pas déjà fait?
L'irritation n'allait pas cesser de grimper, car bientôt, l'inconnu sortait son téléphone, comme si de rien n'était. Heather haussa un sourcil en le regardant, formulant un nouveau "sérieux?" silencieux.
Et quand l'homme reprit la parole, autant vous dire qu'un nouveau bond de mauvaise humeur allait vite repousser Heather dans la direction du... Bah du Heather quoi. Le regardant avec insistance, sa posture commençant à changer pour devenir plus "agressive", elle répondit d'un ton sec et plein de sarcasme, si rapidement que son cerveau n'eut même pas le temps de l'avertir qu'elle faisait potentiellement une connerie.

- Qu'est-ce que je vais lui répondre ?! Je sais pas..! Je pourrai peut être lui demander le numéro d'un bon dératiseur, histoire de me débarrasser du gros blaireau qui tape l'incruste chez moi ?!

Mais l'homme semblait, une fois de plus, littéralement s'en fiche, et lui tendit son téléphone pour qu'elle choisisse à son tour de quoi se sustenter. Parce que, évidemment, quand on voit son appartement se faire prendre d'assaut par un gros machin armé, on pense immédiatement à se commander un Cheese & Bacon ! Toujours sans réfléchir, elle tapa d'un revers dans sa main, faisant subir un nouveau vol plané à l'appareil qui, pour sa part, n'avait rien demandé à personne. Les traits d'Heather commençait à se tirer en colère. Ses sourcils étaient froncés, ses yeux plus noirs que d'habitude, un de ses poings était serré et l'autre main pointait un doigt accusateur sur l'énergumène avachit sur son divan. Le petit côté théâtral d'Heather remonta instantanément à la surface alors qu'elle continuait dans sa lancée de "non-réfléxion".

- Mais fiche moi la paix avec ta merde là, putain ! T'es tranquille, là?! Pépouze ?! Tu veux pas que je te fasse une pédicure aussi ?! Une lessive ?! Une petite danse du ventre !?? Tu crois que c'est un putain de Macdo qui va me dédommager ?! T'as conscience qu'une fenêtre ça coûte au moins... Au moins... Euh.....

Légers bégaiements, phrase suspendue...
Dans combien ça pouvait aller chercher, un truc pareil...?
Plus vexée encore de son ignorance et de s'emmêler les pinceaux dans sa plaidoirie aussi fracassante que sonore, elle secoua la tête et conclut :

- Bref, putain, on s'en fou ! Ca coûte vachement plus cher que ça !

Et c'est à ce moment préci que les yeux d'Heather furent attirés sur sa boucle de pantalon... (Bande de dégeulasses ! C'est le mouvement de l'autre qui avait attirer son regard ! Pas un quelconque intérêt pour ce qui se trouvait en dessous !) Et c'est aussi à cet instant qu'elle regretta de ne pas savoir faire preuve de plus de tempérance et de notion du danger encourut. Une pensée pour Marco la traversa...
" Il a raison... T'es vraiment bonne qu'à t'attirer des emmerdements... Et toujours raison : un jour tu vas payer cher tes conneries. Et il n'est pas improbable que ce soit aujourd'hui... "
Heather se redressa assez subitement, faisant un pas en arrière, puis un autre... Et encore un... Jusqu'à coller son dos contre le mur dans une attitude défensive. Le déglutissemant qu'elle fit en se rendant compte de son erreur devait pouvoir se lire sur sa gorge.
Là... Elle avait sans doute franchit la limite...

Tout les jours, elle se mettait en danger. Tout les jours, elle enquêtait sur des gens instables, dangereux, et sans moral. Tout les jours, elle dupait le monde, se créant une fausse identité, se plongeant dans des milieux qui n'étaient pas les siens. Se mêlant à des affaires qui n'étaient pas les siennes. Elle jouait, marchant sur un fil tendu telle une funambule, faisant chaque jours le pari qu'il n'y aurait pas de repésailles........ Se pouvait il vraiment que ce soit ça, sa fin ? Un concours de circonstances, sans rapport aucun avec tout les risques qu'elle avait pu prendre ? En petite tenue, la gueule toujours enfarinée de ses excès de la veille, dans ce qui aurait dû être son refuge, sa zone sécuritaire ? Alors qu'elle n'avait même pas pû présenter ses excuses et se rattraper auprès de Marco ? Le lendemain de l'anniversaire de la plus grosse tragédie de sa vie ? Et du ciel, lui, que devait il se dire en la voyant parler de la sorte dans une pareille situation ?
" Je sais... C'est pas dieu possible d'être si conne !"

Et alors que les secondes lui semblaient à la fois durer une éternité, et passer en un claquement de doigts... Alors que son coeur s'emballait et frappait désormais si fort contre sa poitrine qu'il lui semblait possible d'en compter les coups... Alors ses yeux commençaient à picoter, comme pour prévenir l'arrivée imminente de larmes... Alors... On frappa à la porte.
Enfin, frapper... Doux euphémisme. On tambourinait à la porte. On la martelait avec rage à grands coups contre le bois d'une solidité toute relative.
Heather eut un nouveau violent sursaut, et elle se sentit au bord de défaillir. À l'acharnement physique, suivit bientôt une voix furieuse d'homme dans le couloir :

- EH OH ! LA PETITE GARCE ! C'EST PAS BIENTÔT FINI LE BOUCAN ?! TU VEUX PAS QU'J'T'AIDE AUSSI A BEUGLER COMME UNE DEMEURÉE !

Aucun doute... Il s'agissait d'un de ses odieux voisins.
Les insultes et coups continuèrent encore, mais la décence veut que tout ne soit pas rapporter par écrit  (Parce que la narration se doit d'être polie, putain de merde !).
En tant normal, il ne faisait aucun doute que la détective aurait immédiatement prit la mouche, et serait sorti de sorte à faire profiter toute la bâtisse de leur prise de bec. Ou peut être encore aurait elle prit un malin plaisir à la faire encore plus c... Causer !... en faisant encore plus de boucan, bien à l'abris dans son appartement. Parce que de toute façon, ce type, ce n'était qu'un gros em... Enquiquineur !
Mais là... La situation était bien différente. Inédite même. Là... C'était peut être sa chance. C'était peut être son sauveur ! Une opportunité inespérée. Mais encore fallait il pouvoir placer ses pions. Encore fallait il avoir une certaine liberté de mouvement... Encore fallait il duper l'autre géant qui lui servait de ravisseur.
Les yeux sombres de la brune allaient de la porte à la brute dans son salon... Puis refirent le trajet inverse... Et une fois encore dans l'autre sens, en passant par le chien. Heather s'éclaircit légèrement la voix, et parla à voix plus basse :

- Il vaudrait mieux que j'aille l'envoyer bouler. Sinon il ne va pas nous lâcher...

Se contrôler... Ne pas stresser... Ne pas faiblir... Jouer le jeu.
N'était elle pas une comédienne aguérie, après tout..?

- ... et... si j'ai bien compris... Il serait regrettable qu'il attire l'attention sur vous... Non ?

Putain la situation n'était pas pour lui plaire.
Bizarre de songer ceci alors qu'une jouvencelle au regard noir le fusillait du regard en tenue de nuit, le moindre des tissus pour seule tenue. D'ordinaire il aurait pu trouver la situation des plus torrides. Il en aurait largement profité lâchant son meilleur 'How you doin' ?' qui faisait tant d'effet. Elle lui serait tombé en moins de deux dans les bras.
Mais là rien n'était si simple. Poursuivit par des Red Skull passablement énervés, chez une écervelée échevelée éventuellement bonasse sous un meilleur jour, il se dit que l'heure n'était pas au jeu de la séduction.
... Bien que la perspective de potentiellement mourir bientôt fut un puissant aphrodisiaque.

Meuh nan !
Qui allait mourir ? Eux sans doute. Il avait la situation bien en main ! Et si besoin il pouvait appeler les renforts !
Non. Il s'agissait là plutôt d'un jeu. D'un jeu sordide avec à la clé la vie ou la mort. Et autant la sienne pouvait être jouée sur un simple flip du sort, autant il embarquait sans aucun remord celle d'une parfaite inconnue innocente.
Ouaip.
Il n'en n'avait rien à foutre à ce point. Il n'avait rien à perdre. Si ça n'est Sam.
Le reste il n'en n'avait rien à foutre.
Allez. A la rigueur qui paierait pour les charges de sa sœur ?
Voilà sans doute ce qui le raccrochait le plus à la vie jusqu'ici.
La sacro sainte filiation à la famille. Et Sam.


Il n'y songeait pas en songeant au big mac et ses pickles lorsque l'autre morue vint lui baiser son trip.
Un revers négligeant de la main fit voler son T9 dans les airs.

HE VIEILLE PUTE !!!

Nathan bondit à la suite de son portable, inquiet pour la sauvegarde de son mobile !
Il le retrouva sur une pile de vêtements et constata avec soulagement que le vaillant mobile volant n'avait pas une éraflure !
Encore une preuve de la supériorité des Iphone sur le marché des T9 !


Cette dinde allait payer son geste inconsidéré !
Imagine que son portable rendait l'âme ?!
Plus de porn au coin du lit ! Plus d'appli de rencontre ! Plus de contacts avec son équipe ! Plus de photos de soirées complètement alcoolisées au bord de la galette ! Plus de tiktok de meufs dansant de manière sexy, plus de commandes de bouffe deliveroo à l'arrache lorsqu'il se fait faim en soirée. Plus de gps lorsqu'il est trop bourré pour rentrer chez lui après une grosse soirée.
UN PORTABLE C'EST IMPORTANT MERDE !

Le policier s'assura que tout allait pour le mieux pour son outil technologique de liaison personnel, et fusilla la nana de son regard unique.

-" T'as intérêt à ta putain de danse du ventre, grognasse ! Faudra au moins ça pour me calmer après ta réaction de merde ! Tu sais combien ça coûte cette merde ??! Plus que ta pov' fenêtre ! "

'Tain, fallait vraiment qu'il tombe chez la plus chiante des meufs de la ville aujourd'hui en plus ! Cent pour cent elle le tuerait par sa verve avant que les balles des Red Skull ne le rattrapent !
Fallait bien qu'il se tire d'ici où il la suiciderait avant la fin de la journée la tchoin !

Bon bah rien à bouffer pour elle !
Bien fait ! Elle n'aurait que ses yeux pour pleurer  !

Il sentait une joie dévorante le gagner en imaginant ce scénario lorsque la porte faillit sauter hors de ses gonds sous une martelade énervée !

- EH OH ! LA PETITE GARCE ! C'EST PAS BIENTÔT FINI LE BOUCAN ?! TU VEUX PAS QU'J'T'AIDE AUSSI A BEUGLER COMME UNE DEMEURÉE !

Le flic fronça les sourcils.
Visiblement il n'était pas le seul à trouver que la résidente brisait les burnes. Il ressentit une vague de sympathie pour le voisin qui s'en venait casser les couilles.

- Il vaudrait mieux que j'aille l'envoyer bouler. Sinon il ne va pas nous lâcher... et... si j'ai bien compris... Il serait regrettable qu'il attire l'attention sur vous... Non ?

Nathan passa les doigts sur ses lèvres fit 'non' de la tête.

- " Juste ferme ta grande gueule et tout ira bien. (Il se leva et alla ouvrir la porte en un sourire, retirant son t-shirt pour le jeter au sol). Yo bro' ! "

L'autre parut interloqué.
Le policier faisait face une fois la porte entrouverte à un petit vioque dégarni du crane à l'allure anciennement sportive. Inconnu se pointait sans pression dans une tenue crasse, traduisant une pauvre extraction ou mode de vie. Nathan, torse poil devait détonner avec ses larges épaules, ses pecs' dessinés, ses biceps imposants et ses tatouages de mec vraiment balèze.

- " Mec, première fois avec ma go ! Va pas me casser mon coup, je suis à bloc ! Tu veux pas rentrer chez toi et me laisser gérer ça ? Promis je lui dis de faire moins de bruit. "

Il lui adressa un clin d’œil mutin.
Si Nathan s'attendit à ce que l'argument aille dans son sens, il ne songea pas que cela soit si parfait.
L'autre grommela quelque chose dans sa barbe au sujet du fait que tant d'autres étaient observés ici, et tourna les talons sans plus de forme de communication.
Ouaip arrache toi vieux pépère et fou la paix aux honnêtes gens.

Quoi qu'il douta qu'elle fut une honnête gens.

Nathan sourit de sa superbe face au vieux toquard qui s'était présenté !
Mais lorsqu'il cala qu'un trio de Red Skulls s'avançaient dans le couloir et toquaient aux portes en quête de lui, il fit moins le malin.

Il referma la porte sans plus cérémonie et pointa le canon de son flingue sans aucune forme de respect vers la femme caractérielle qui lui brisait les corones dans ce salon dépravé dégueulasse dégoûtant délavé dépravé.


-" Ok. Le tutoriel est fini la chieuse. Main't'nant faut que tu fasses un perfect ou c'est game over. T'as compris ou faut que je sois plus convainquant ?? "

Comme pour appuyer ses paroles, Sam se mit à grogner vers la jeune femme, et Nathan arma son flingue en un 'clic' peu rassurant.
En vérité c'était plus pour l'effet psychologique. Son arme n'avait pas besoin d'une activation manuelle.
Mais l'effet était toujours intéressant.

- " Ok tu veux pas graille mac do, c'est ton problème. Mais que tu le veuilles ou non, je reste un bout. Alors tu t'y fais, ou tu crèves. Et si c'est pas de ma main, c'est de la leur. Héberger un flic, tu sais comment on voit ça dans les cartels du coin ? ? "

Dernière chance pour elle de se ranger du bon côté.
Autant jouer cartes sur table.

Il était figé dans l'instant lorsque la porte tambourina encore !
Décidément, journée bien agitée !

- " Hola ! Ouvrez ! Au nom de Gilberto ! Affaire pressante ! "

Gilberto.
Nathan avait enfin le nom du caïd du coin qui faisait la loi.
Avec il pourrait lancer une enquête et possiblement le foutre sous les verrous.

Mais fallait-il encore que l'inconnue joue le jeu. Et à en juger par son caractère de merde, c'était pas du tout joué d'avance !

Toujours gun braqué sur la femme, Nathan lui pointa la porte, pour qu'elle aille se présenter et répondre aux vociférations.
Simplement espérait-il qu'elle se rangerait de son côté ou son salon se transformerait en champ de bataille.

Et il avait prévu de vendre chèrement sa peau...