Je n’ai pas encore fini l’école de police où le capitaine démon Baahak m’a envoyé que je dois déjà servir de « guide » sur une affaire qui me concerne personnellement. Je dois aider à démanteler le gang des Dragons d’Argent, mon ancien clan… qui a pris un peu trop d’envergure en plus de ça, ces derniers mois. J’ai également entendu dire qu’il y a eu plusieurs incidents et je sais que les flics les ont à l’œil. J’avoue que ça ne me plait pas du tout de devoir piéger mon propre clan. Ce serait un autre clan, je ne dirais pas mais là, les dragons d’argent… Avant d’aller voir le capitaine Dhall qui est mon supérieur dans cette affaire puisqu’il fait partie des forces d’intervention, je profite d’être un moment seul dans ma chambre pour discuter avec ma deuxième conscience. Je ne la maitrise pas encore suffisamment bien et les gens me prennent pour un taré quand ils me voient parler seul… Heureusement que je compense par mes très bons résultats à l’école… Il semblerait que je sois fait pour ce métier, puisque j’ai la faculté d’apprendre assez rapidement et que finalement, ce métier m’intéresse davantage que la fabrique de dope.

En fait, je crois que j’ai raté ma vocation mais il n’y a pas de forces de l’ordre dans ma famille… On est tous un peu barrés et on a chacun pris un départ, soit dans des affaires louches, soit dans le service public autre que la police.

« Ha putain, je ne sais vraiment pas ce que je dois faire… Mon rôle en tant que futur policier, c’est bien d’arrêter les dealers et criminels, mais ça reste quand même mes frères de gang… Et en plus, des démons… »

« Tu fais dans le sentimentalisme Law ? Je croyais que tu t’en foutais royalement des gens, qu’ils soient démons ou pas. »

« Ouais mais là, ce n’est pas pareil… C’est le clan que j’ai créé et dirigé ; je ne peux décemment pas les balancer comme ça… »

« N’oublie pas la chance que le capitaine Erwin Baahak t’a donné. Tu veux vraiment tout foutre en l’air maintenant ? »

« Bien sûr que non, je n’ai pas envie de tout foutre en l’air. Je ne veux pas le décevoir et me retrouver en prison. Mais en même temps, bah j’ai pas très envie de balancer mes potes. »

« Tu me fatigues, tu le sais ça ? Comme d’habitude, tu es indécis. Tu n’as jamais su prendre le meilleur parti et faire les bons choix. Voilà où nous en sommes maintenant. »

« Ha c’est toi qui dis ça hein stupide conscience ?! Si réellement tu m’aidais, je ne serais pas ici en train de me demander quoi faire, et m'engueuler avec toi ! »

« Et toi, si tu étais moins con et que tu m’écoutais réellement, on ne serait pas en train d’avoir cette conversation ! Il va être l’heure de rejoindre le capitaine Dhall. Mais un conseil que tu n’écouteras sans doute pas : balance tout ce que tu sais sur eux et mets les à l’ombre. On s’en fiche de ces types, ici c’est mieux pour toi, et pour moi. »

Raaah quand je disais que cette deuxième conscience me fatigue plus qu’autre chose ! Ça y est, j’en ai mal à la tête… C’est avec un siphon à la place de la tête que je prends mes affaires pour rejoindre l’unité d’intervention spéciale anti-drogue afin de passer à l’interrogatoire et de guider l’embuscade. Un simple bonjour et je vais m’assoir comme un toutou bien gentil ; ce que je ne suis pas mais c’est ma nouvelle hiérarchie et tant que je n’ai pas fait mes preuves, que je n’ai pas été diplômé de l’école, je ne peux pas faire ce dont j’ai envie.

« Je suis prêt… »

L’homme qui me fait office de supérieur sur cette mission finit par arriver et fuck pour moi, il est accompagné d’un chien. Pour sûr, le canidé va tout de suite comprendre que je ne suis pas humain, ils ne sont pas aussi stupides que les humains. Enfin bon, je le vois s’approcher de moi et commencer à se mettre en position de défense. Comme un air de défi dans le regard, mes yeux le regardent droit dans ses yeux et finalement, je pense que j’ai gagné. Il ne devrait pas s’approcher de moi encore très longtemps. En plus, je n’aime pas trop les canidés. Je suis plutôt chats. Mon attention se reporta sur le policier ; ses paroles inutiles parce que je n’ai juste pas le choix que de devoir balancer mon clan si je ne veux pas aller en taule. Mais je compte bien lui rendre la tâche un peu plus ardue. Hors de question que je lui balance toutes les informations d’un seul coup. Je pourrais même presque aussi le mettre sur de fausses pistes pour appréhender les quelques démons qui travaillent dans ce laboratoire de fabrication d’amphétamines. Oui, je pourrais. A voir comment je suis d’humeur.

Ah on est à la bourre ? Il m’a semblé pourtant que l’on était largement dans les temps, après avoir consulté ma montre. Enfin, passons. Je l’observe pour essayer de savoir ce qu’il pense et commence à me renfrogner quand il fait allusion que ce sont les marins ou les pédés qui s’appellent Lawrence. Mec, tu veux que je te frappe tout de suite ou bien ? Jamais un stupide humain ne m’aura fait un tel affront et n’a insulté mon si beau prénom. Car même si je n’ai rien d’un type qui vit dans la légalité, j’aime mon prénom et pour rien au monde, je ne le changerais. Mes yeux brillants se changent en colère, noire comme la braise. Mon gars, t’es mort. T’es le premier que j’étriquerais à la moindre occasion, ça, tu peux en être certain. C’est bon, ce connard m’a déjà soulé pour la journée.

« Je m’appelle Lawrence et ce n’est non négociable. Je ne répondrais pas au nom de Némo, que vous soyez mon supérieur ou pas, j’ai un prénom. »

Mon ton est calme mais très froid. Je sais que ça peut me coûter des problèmes de parler comme ça à un supérieur mais je n’aime absolument pas que l’on dénigre mon prénom et qui je suis. Car oui, ce prénom c’est le mien, il fait partie de moi donc en dénigrant mon prénom, c’est comme si on me dénigrait. La petite voix qui ne me laisse jamais tranquille est plutôt d’accord avec moi, mais me demande quand même de rester calme et d’avoir du sang froid face à lui. Ces stupides humains ; franchement, des fois je me demande pourquoi mon père a épousé une humaine. Je sais très bien que l’opération doit aller très vite ; c’est assez connu. Les flics aiment prendre les dealers par surprise ; c’est là où ça marche le mieux pour créer de la confusion et permettre une arrestation rapide.

Sauf que dans ce cas là, les pauvres, ils ne savent pas qu’ils ont affaire à des démons. Mais bien sûr, je ne le leur dirais rien à propos de cela. Ça risquerait de me mettre dans la merde en même temps ; et je dois couvrir mes arrières après tout. Enfin bref, je grogne intérieurement avant de le suivre jusqu’au fourgon blindé qui nous attend. Un gilet pare-balle m’est donné et la vache qu’il est plutôt lourd. Mais je ne dis rien et me contente de le mettre, aidé d’un collègue. Nathan me fait un petit cours sur les gilets que nous sommes en train de porter et qu’il espère que les autres en face n’auront pas de gilets plus protecteurs que ceux que nous avons. Nan mais ducon, tu crois sincèrement que les démons ils mettent des gilets pare-balles toi ??? Hé non mais ils ont vraiment fumé ces humains. On a des griffes et d’autres ressources pour se protéger ; puis il croit vraiment lui qu’ils auront eu le temps de s’équiper alors que c’est une attaque surprise.

Wha non mais je crois que je vais continuer à fumer en cachette parce que là, ça en prend vraiment de la bonne. Je mets un bras devant ma bouche alors que celle-ci se déforme dans un rire silencieux de moquerie. Je suis à deux doigts de m’écrouler par terre tellement que c’est drôle. Mais ma chère conscience me rappelle à l’ordre en me disant que ce n’est pas le moment. Effectivement, il est l’heure de faire le choix le plus crucial pour la suite : dois-je vraiment leur donner toutes les informations ou devrais-je en cacher certaines ? Certes, ils ont déjà dû survoler le laboratoire en question mais dans ma description, je n’ai pas tout avoué. Il y a des tunnels cachés où l’on peut se réfugier, des salles blindées résistantes à des mortiers. Je réfléchis à ce que je vais lui dire pendant qu’il me parle de la radio et de son utilisation. J’ai l’impression de passer pour un débile alors que je sais exactement comment on se sert de la radio. C’est le même principe que les talkies walkies, suffit de se brancher sur la bonne radio. Par contre, le souci que j’ai, c’est que je ne vais pas avoir le temps de dire aux mecs du clans de se carapater pour qu’ils échappent à l’arrestation.

J’avoue que j’écoute à moitié et me contente d’hocher pour dire que j’ai bien compris. Par la suite, un Glock 17 m’est remis. Ouuh trop chouette, je n’ai pas pu récupérer mon autre arme, qui est toujours cachée dans le laboratoire en question où nous allons faire une descente. Je ne voulais pas qu’elle me soit confisquée mais bon, maintenant que j’ai un nouveau joujou à disposition, je n’ai plus réellement besoin de celui fournit par le clan de l’église de la violence.

« Si je sais m’en servir ? … »

Une voix dans ma tête est entrain de me dire : « ta gueule, ne lui dis pas tout, dis juste que tu as appris à l’école voilà. »

« Oui, j’ai appris à m’en servir pendant les entrainements au tir. »

« Voilà, ne dis rien de plus sinon il va se douter de quelque chose. Je ne sais pas si le capitaine Baahak lui a dit que tu étais un ancien dealer alors ne pèse pas plus les soupçons sur toi Law. » Oui merci, maman… Oui, en soit, ma deuxième conscience n’a pas tort. A peine le temps de vérifier l’arme de fond en comble, que la radio grésilla pour donner l’ordre de marche. 5 minutes… Juste le temps de leur donner quelques informations qui serviront pour la descente. Ce n’est clairement pas de gaieté de cœur que je le fais mais pas comme si j’avais le choix ; et si je suis prêt ? Bien sûr que non. Je ne suis pas prêt à démanteler mon ancien clan, à foutre mes acolytes démons en prison. Je ne veux même pas voir leur visage quand ils vont savoir qui les a balancés…

« Je suis prêt Monsieur… »

Je me contente de marcher à sa suite, en réfléchissant toujours aux informations que je pourrais donner. La rue Lebastard n’était pas très loin et nous allions rejoindre les autres assez rapidement. Une fois tout le monde sur place, ce fut à mon tour de devoir dévoiler tout ce que je savais. Enfin, bien entendu que je ne vais pas tout leur dire. Mais j’ai des yeux coincés de partout autour de moi là à me fixer que je n’ai absolument pas pu avertir le Dragon d’argent de filer de là illico presto. Alors je vais essayer une tactique qui devrait faire qu’ils ne vont pas les trouver tout de suite.

« Dans ce laboratoire, il y a plusieurs passages… Il y a une sorte de tunnel tout au Sud qui donne sur la rue perpendiculaire à celle dans laquelle nous sommes. C’est un passage secret pour rentrer dans le laboratoire. Sinon, il y a une entrée du côté de l’entrepôt désinfecté à 300 mètres d’ici, qui donne sur l’entrée principal du laboratoire. De plus, le bâtiment dispose d’une salle blindée type bunker, si l’envie vous prenait de tout faire exploser. »

C’est tout ce que je dirais ; je leur donne uniquement les points d’entrées et les points disons stratégiques. J’étais ultra content quand j’ai fait installer cette salle bunker. En fait, je doute qu’ils se risqueraient à faire exploser le bâtiment comme ça, vu la teneur en drogue qu’il y a à l’intérieur. Tout le monde sait qu’il faut être fou pour faire exploser un bâtiment plein de produis hautement inflammables et qui entrent dans la constitution de l’amphète.

Bien sûr j’écoute comment est orchestré l’opération puisque c’est la première fois que je pars sur le terrain. Au moins, comme ça, je verrais la dangerosité du terrain. Le capitaine Baahak est là lui aussi et je sais qu’il a un toujours un œil qui m’observe. Je l’entends grogner à l’encontre de ses hommes et je fais partie de ceux qui vont devoir rester un peu en arrière. Ah s’ils croient tous que je vais sagement rester sans rien faire, ils se fourrent le doigt dans l’œil et très nettement. L’opération débuta à 7h13 très précisément et toute la faction se mit en branle pour rejoindre son affectation. Je me ferais bien une petite clope moi… Je n’ai pas spécialement envie de voir le massacre qu’il va y avoir. Ça me fait déjà chier plus qu’autre chose que de me retrouver ici mais bon.

Manque de pot, des coups de feu s’échangent déjà et nous n’avons plus l’effet de surprise tant attendu par tout le corps policier. La radio grésille et nous laisse entendre que l’équipe 2 est prise au piège à cause d’une gatling vulcan… Ha, ils ont réussi à se la payer finalement ? J’avais opposé mon avis au leur car je trouvais cet engin trop gros et à mon sens inutile puisque nous avions des griffes et autres pour se défendre. D’un air complètement détaché, je me fais engueuler par le capitaine. Je hausse simplement les épaules avant de lui répondre.

« Je ne pensais pas qu’ils avaient réussi à réunir l’argent nécessaire pour se l’acheter. »

Ca fait des mois que je ne suis plus vraiment sur le coup car je suis les cours à l’académie de police et que je ne retourne pas souvent au laboratoire, de peur de me faire chopper inutilement. En soit, je m’en fiche un peu qu’ils se l’aient acheté. Et puis après tout, je n’ai jamais dit que je comptais les aider à 100% sur cette affaire. Enfin, un petit moment après, un gars nommé Slarko fit son entrée sur le toit du bâtiment, proche de notre position. Je le reconnaitrais d’entre mille avec son bandana sur la tronche. Ha, il l’a toujours son Uzi je vois… Je regarde mon pauvre Glock 17 alors que tous mes autres collègues ont un flingue autrement plus développé que ce que j’ai et je soupire. Je ne sais pas si je peux réellement faire quelque chose avec, mais je ne compte pas les laisser s’amuser tous seuls non plus !

L’échange de coups de feu commencent dès lors, entre Nathan, Josh et Slarko. Je profite que tout le monde soit occupé à se défendre pour m’approcher de la position du démon et tente de tirer une première fois. Même si j’ai un œil plutôt averti, malheureusement, je rate mon coup. Je vais devoir m’approcher ou tenter une autre action. Je ne me suis jamais réellement battu contre lui parce qu’il est arrivé bien après que je fonde le clan, et peu après le moment où j’ai intégré l’école de police. Du coup, je ne connais pas ses capacités. Bon, de ce que je vois tout de même, c’est qu’il n’a pas l’air de savoir ultra bien tirer, ce qui est une chance pour nous tous.

Sans un mot, comme je connais le coin par cœur, je me faufile à travers les débris et autres taules pour parvenir à me hisser jusqu’au toit, grâce à mes pattes démoniaques. Profitant d’un moment où personne ne pouvait me voir, j’ai volontairement transformé mes pieds et jambes pour retourner avoir des griffes et monter plus facilement. Mais qu’est-ce que je déteste quand je reprends ma forme démoniaque. Je ne suis pas si moche que ça sous cette forme mais chaque fois j’en ressens des chatouilles et c’est assez désagréable. Ma deuxième conscience me hurle de retourner nous mettre à l’abri bien sagement au lieu de tenter des trucs inutiles mais j’aime le danger alors, comme d’habitude, je fais fi de ses avertissements. Slarko est là mais il est de dos, un avantage pour moi. Seulement, la poussière du toit et le vent se levant, je suis un peu déstabilisé quand je tire. Mon coup part mais dans le macadam et je suis forcément repéré. Je vais vite me cacher derrière de la taule pour éviter de me faire transpercer mais je rends les coups de feu. Manque de pot, ils n’arrivent jamais à destination.

Même si je suis très bon tireur, je ne suis pas en très bonne posture pour arriver à diriger un bon tir. Et ce pistolet, rah… ils auraient pu m’en donner un qui permettent une meilleure précision grâce au viseur. Là, j’ai un pistolet de petite fille quoi ! On ne peut vraiment rien en tirer… Enfin, je lève légèrement la tête de l’endroit où j’ai réussi à me protéger pour voir l’homme qui me fixe, prêt à en découdre.

« Haaaa alors ARDWEL ! Tu vas sortir de ta cachette ou bien ? Battons-nous comme des hommes ! »

« Si on se bat comme des hommes, c’est uniquement à mains nues ! Pas d’armes. »

« Okay, battons-nous avec nos poings. Sale enfoiré de balance. »

Je n’ai fait que me protéger après tout. Il était hors de question que j’aille en prison, car de fil en aiguille à cause du fait que je me parle à moi-même un peu trop souvent, que je m’engueule avec ma deuxième conscience, on m’aurait de nouveau envoyé en hôpital psychiatrique. Et ça, il en était hors de question. J’attends qu’il ait posé son arme avant de me lever et venir vers lui, posant ma propre arme au sol. J’en profite pour enlever ce casque qui pèse dix tonnes sur ma pauvre tête. Mais hors de question de me battre sans le gilet pare-balles. C’est tout de même ma sureté. Cette opération part vraiment en vrille ; je n’aurais pas pensé que ça partirait autant en couilles. Je n’avais pas prévu la sulfateuse faut dire… Les poings bien en avant, on se jauge l’un l’autre, on se tourne autour puis on finit par se jeter dessus en même temps. Un coup de poing droit dans la figure, un crochet du gauche dans le bras.

On se bastonne pendant un bon petit moment jusqu’à ce que j’arrive à lui foutre un bon pain dans la tronche pour le faire tomber au sol. J’ai pas mal de forces mais lui est plutôt résistant. Un œil au beurre noir de mon côté qui partira bien vite une fois que j’aurais avalé du sang frais, je n’attends pas mon reste pour déguerpir. Mais au moment de récupérer mon arme, je me fais tirer dessus. Au niveau de la jambe gauche. Raaah merde ! Cela ne devait pas se passer comme ça… Je me retourne très rapidement, pour lui tirer dans la main afin qu’il relâche son arme. Cette fois, le tir est bien cadré et se loge exactement là où je veux, l’autre braillant tout en laissant tomber son arme.

« AAAARDWEEEEEL TU VAS ME LE PAYER SALE VERMINE ! »

Son ton est plus que lugubre mais je n’ai pas spécialement peur. Cependant, il ferait peur à n’importe quel humain qui n’a pas assez de force de caractère pour lutter contre ce genre de ton. Oups, il est très très en colère… Va-t-il se contrôler et ne pas montrer sa forme démoniaque ? C’est le timing que je prends pour sauter du toit du bâtiment et me ramasser comme un con sur les fesses, sur le sol. Whaza que ça fait mal ça…

A l’intérieur du bâtiment, c’est branle-bas de combat. Mes anciens bras droits Argen et Madox, armés de fusils d’assaut, se lancent à la poursuite des policiers qui sont tapis dans les souterrains. Les deux autres hommes du clan tentent, tant bien que mal de mettre à l’abri la marchandise mais ils se font surprendre par l’unité qui est passée par la grande porte directement. Etant les nouveaux cuisiniers du clan, que j’avais recruté, ils n’ont absolument pas d’expérience en combat. A moins que cela n’ait changé avec le temps…

Tss, mal aux fesses et mal à la jambe, je sais que des yeux noirs de colères sont entrain de me fixer même s’ils ne me regardent pas directement. Je les sens sur moi, c’est comme un mauvais pressentiment ou une plaie qui ne part pas mais qui est là, toujours sans que l’on ne puisse rien y faire. Je savais très bien les risques en sautant du toit, dans mon état et le fait que je pisse du sang noir n’est pas franchement à mon avantage. J’ai cru entendre pas mal de coups de feu dans l’entrepôt, à l’escalier est, juste au niveau de ma position actuelle. Je suppose que l’un des cuisiniers est mort. Et si je m’introduisais dans le bâtiment pour aller boire un peu de son sang ? Je suis en train de réfléchir à cette éventualité quand j’entends Nathan crier à la snipeuse qu’elle peut tirer et qu’ils peuvent dégommer Slarko. Ah je veux bien qu’on les bute mais s’il vous plait, pas tous… Ou alors sans qu’il y ait trop de sommation.

« Linda à Nathan, oui j’ai la cible bien en visuel. Écarte-toi, il est à moi. »

La jeune femme attend que l’homme s’écarte pour pouvoir direct d’un seul coup avec son arme ; une balle se logeant directement dans la tête pour ainsi achever l’homme au bandana qui était un peu trop fier et sûr de lui, malgré la blessure que je lui ai infligée. Et forcément, je me fais engueuler dans le même temps par le policier. Ce que je fous ? Ho rien. Seul le capitaine Baahak et les quelques démons policiers sans doute présents par ici peuvent comprendre. Le sens de la loyauté à la sauce démon. Bon, du coup, ça fait état de trois ennemis déjà tués si j’ai bien suivi. Je pense qu’ils restent mes deux anciens bras droits à présent. Ils sont bien plus coriaces que ceux-là ; ils ne se feront pas avoir comme ça. Et moi, j’ai plutôt intérêt à enlever mes petites fesses de là si je ne veux pas mourir tout de suite. Bon, ça ne résout pas mon souci de si je me tente à entrer dans l’entrepôt pour aller boire le sang de l’autre ou pas… Il y a toujours des coups de feu mais plus par ici, ce qui me laisse une chance de survie mais je suppose que déjà les gens ne comprendraient pas pourquoi, dans mon état, je me risque à entrer dans un bâtiment infesté d’ennemis, et en même temps… Si je vais boire le sang du démon, que je guéris, ils vont trouver ça hyper louche. Ha j’avoue que je suis indécis sur ce que je devrais faire.

Tactiquement, aucune solution n’est bonne. Je finis par tout d’abord déchirer un morceau de ma chemise pour pouvoir me faire une sorte de garrot afin d’arrêter le saignement. Pas très envie de tomber dans les pommes tout de suite. Quand j’ai la tête qui tourne un petit peu moins, je finis par me relever non sans un grincement de douleur, pour rejoindre au plus vite la formation que j’étais censé ne pas quitter. Le capitaine Baahak est là et je sais qu’il est très très énervé contre moi. Je ne peux que lui donner raison. Il secoue la tête, ne m’adressant aucunes paroles avant de me faire un signe l’invitant à le suivre quelques pas plus loin à l’abri des regards ; même si sa voix porte plus que tout et que forcément, tout le monde l’entend.

« Non mais CRETIN DES ILES ! Est-ce que tu te rends un peu compte de ce que tu viens de faire ??? Tu aurais pu nous mettre tous en danger ! »

« Pardon Monsieur… »

« Ne recommence plus jamais ça gamin. Maintenant, je veux toute la vérité. Celle que tu ne m’as pas dite. Soit, tu me dis tout, soit tu ne finis pas ta formation et tu vas direct en prison, je me suis bien fait comprendre ? »

« Oui Monsieur… Il ne reste que deux ennemis c’est bien ça ? »

« Affirmatif. »

« Vous vous en doutez, ils vont être très prudents… S’ils agissent comme je le pense, alors il faut faire replier les deux équipes tout de suite. Une qui se poste à l’entrée principale du bâtiment et la seconde qui se place au niveau du tunnel d’entrée que j’ai indiqué. Mais en restant dehors. Ils savent qu’ils vont être piégés à un moment donné. Donc, soit ils se séparent et comme ça, vous les avez tous les deux, soit ils partent ensemble dans la même direction. Mais le plus plausible est qu’ils se séparent. Pour de meilleures chances de capture ou d’annihilation, vous n’avez qu’à lancer des fumigènes dans le bâtiment à gogo. Et s’ils se trouvent qu’ils ne sortent pas, c’est qu’ils se seront réfugiés dans le bunker. »

« Tss… Et quelle probabilité qu’ils se cachent dans le Bunker ? »

« Je dirais 70%. »

« Sauf qu’ils ont appris avec le meilleur… Si c’était toi, tu ferais quoi ? »

« Pour sûr, je me cacherais dans le bunker parce qu’il est quasi indestructible. »

« Et tu ne pouvais pas nous dire tout ça avant hein ! Je te jure qu’à la fin de ta formation, je vais te faire trimer comme jamais que tu regretteras amèrement d’être sorti du ventre de ta mère. »

« Il y a une façon de l’ouvrir sans tout faire exploser aux alentours… Et par pitié, ne parlez pas de ma mère. »

« Quelle est cette façon ? »

« Ils ne le savent pas mais j’ai récupéré la dernière combinaison qu’ils ont mise en piratant leur système. »

« Ha tu es plus malin que tu en as l’air. Je savais bien finalement que tu ferais un bon élément. Mais ça n’enlève rien au fait que tu vas trimer jusqu’à la mort mon petit. »

Je m’en doute, je m’en doute… Non sans un regret, je finis par sortir un papier de ma poche où est noté la combinaison du bunker au capitaine. Celui-ci m’ébouriffe les cheveux, ce dont j’ai horreur avant de donner les instructions à toutes les unités. Et moi, on me traine jusqu’au fourgon où je dois attendre bien sagement. Heureusement pour moi, ce sont les deux seuls démons de l’unité car ils ne s’étonnent pas du sang noir qui git sur mon pantalon militaire. Je pourrais envoyer un message à mes anciens frères de clan mais manque de pot pour moi, Erwin me l’a expressément demandé avant de me balancer dans le fourgon comme un malpropre. Grognant de plus belle, je n’ai eu d’autres choix que de fermer ma sale gueule. Voilà, à présent, ils sont satisfaits. Soit, ils les tuent, soit, ils les arrêtent. Bras croisés, je bougonne dans mon coin tout en écoutant la radio grésiller de temps à autre ; à priori ça ne va pas tout seul. Je lui ai dit toute la vérité ; à présent, ce n’est plus mon problème !

Le regard venimeux de Monsieur qui n’était pas censé me laisser filer me laissa complètement indifférent alors que je suis pris en charge rapidement pour voir l’état de ma blessure. On s’étonne un peu que je saigne du sang noir mais sans plus. Une aubaine pour moi… Il va falloir que je fasse plus attention lors de prochaines interventions même si je doute qu’on me laisse en refaire une autre avant ma sortie de formation, après la pagaille de ce matin. Et en regardant ma montre, il était à peine huit heures. La journée risque d’être bien longue… Je soupire et après un rapide examen, la balle est tout de suite ressortie, une chance. J’aurais quand même besoin d’une vraie prise en charge médicale mais celle-là, je peux m’en charger moi-même. Il suffit que je trouve du sang frais.

Enfin, on se réunit tous dans le fourgon pour rentrer au QG et on est plus qu’entassés là-dedans. Je m’attends à une leçon de morale de la part de Monsieur je fais la fête à mon toutou parce que soi-disant, il lui a encore sauvé la vie. Oui, oui, j’ai bien entendu ce gars complètement baba de son chien. Au secours, on dirait un de mes frères avec son enfant. Fin, c’est mieux d’être gaga de son enfant que de son chien à mon sens. Mais bref, la leçon de morale ne tarde pas à venir et m’assène un coup assez sévère. Moi dangereux ? Trop dangereux pour ce métier ? Ha je croyais que de temps à autre, la flicaille aimait bien les types audacieux comme moi, qui prennent des risques pour sauver un collègue, buter un ennemi. J’aurais eu mieux fait de me reconvertir en chasseur de primes en fait. Une sorte de super héros qui ramène les délinquants de tous types en prison, mais qui n’est pas vraiment un policier.

Je garde un masque pour la forme ; pas de sourire, le regard légèrement bas mais au fond de moi, ça bouillonne puisque je parle avec ma deuxième conscience du constat de cette opération et de tout d’un tas d’autres choses. Je préfère parler à voix haute car après tout, je parle à quelqu’un d’autre en soit. Mais, je ne veux pas retourner en asile donc j’essaie de me contrôler, quitte à me mordre la lèvre jusqu’au sang tant c’est démangeant.

« Alors Law, fier de toi ? T’aurais pu éviter un coup de théâtre comme ça hein ? On fait quoi s’ils nous virent vraiment de l’école ? On finit en taule ! »

« Relax, je sais très bien que Baahak ne fera pas ça. Au pire, je prendrais quoi ? Une mise à pied pour quelques jours, une surveillance accrue mais j’ai confiance en cet homme. »

« Mouais, la dernière fois que tu as eu confiance en quelqu’un, ils te l’ont foutu à l’envers. Tu sais ton ancien clan ? Il faut tout de même se méfier… »

« C’étaient des connards tss… Et dangereux, il peut bien le dire. Il n’a encore rien vu ! Il me fait rire cet humain ; ah si tu savais comment ça me démange de lui montrer ma vraie forme pour le faire flipper. »

« Il ne te revient pas hein que tu dis ça… Law, calme-toi, apprends à mieux maitriser ton sang-froid et à ne pas tout de suite monter dans les tours. Ce n’est pas bon… »

« Nan sa tête ne me revient absolument pas. Tin, pourquoi toi t’es toujours la petite voix d’angelot de mes deux qui essaie toujours de me faire changer en bien ? »

« Sans doute parce que c’est ce que tu dois être au plus profond de toi. Je ne suis qu’une partie de ta conscience, celle qui est plus raisonnée et raisonnable, tout simplement. »

Je ne me suis pas aperçu tout de suite que je marmonnais dans ma barbe. C’est quand je reçus un petit coup de coude de la part d’un des gars. Oups… Ne disant rien de plus, la discussion se termina comme elle est venue. De retour au QG, on m’emmena ensuite à l’hôpital. Les deux blessés les plus graves y étaient déjà. Pas de chance pour eux… C’est clair que de se retrouver devant une gatling n’est pas franchement une partie de plaisir. Ça perce tout et n’importe quoi ça. Une fois remis d’aplomb, dans la journée, je pus retourner au QG. Me portant comme un charme, ayant des béquilles pour la forme mais dès que je serais seul, je compte bien guérir tout ça rapidement. Ha mais non Law, ne pèse pas plus les soupçons sur toi. Je crois qu’on m’a assigné à faire un rapport pour l’opération de ce matin. Mais comme je n’en ai jamais fait, qui est-ce que je me tape pour ça ? Ce cher Dhall bien entendu ! Censé être mon tuteur pour la journée… Une fin de journée cauchemardesque m’attend. J’aurais eu mieux fait de m’enfuir tant que je le pouvais tiens.

« Je compte sur vous Monsieur mon tuteur, pour m’aider à rédiger ce rapport, puisque je n’en ai jamais fait. »

Pesant bien chaque mot tout en ayant un regard des plus tristes pour faire genre je m’en veux d’être parti comme un con ce matin, pour aller me battre avec un des ennemis. De petits tremolos dans la voix mais pas trop non plus. La dose exacte pour qu’il croie que je me sens suffisamment coupable. Alors qu’en fait, bah, je ne regrette absolument pas mon geste.